Je propose d’associer nostalgie et exil.
Un certain « anarkali » (http://anarkali.wordpress.com), semble se définir comme : « philosophe, chercheur d’exil ». Sur son site, il y a des tas de choses à grappiller (y taper nostalgie et exil). Comprenons-nous : l’auteur, qui recherche le déracinement, supposé le rendre libre, ne se situe, apparemment pas dans la mouvance de ceux qui déplorent l’état de notre société, mais, comme souvent, la lecture de certains textes de « modernes » peut nous fournir des arguments
a contrario…
Quelques exemples, parmi les citations :
« Allemand » est le nom de la malédiction de la perte des dieux et de la nature : une détresse. « Mais où sont-ils? ». « Maintenant la maison m’est un désert… » L’impossibilité du retour, c’est l’absence de communauté, c’est la déliaison de la communauté*. Plus de lieu où revenir : les dissonances de la vie sont impossibles à résoudre. Nous sommes comme des enfants couchés qui ont voulu regarder le soleil et, les yeux brûlés, se tournent face contre terre. Jean Borreil, La raison nomade, p. 246
Anarkali commente et cite : Cette ontologie propulse l’homme dans l’errance, le vagabondage, dans le souvenir d’une terre perdue ou promise que sa mémoire constamment lui rappelle, et l’impossibilité de la rejoindre. La disjonction des deux produit l’angoisse existentielle: l’homme est étranger sur une terre qui lui est familière. Pour parler comme Jankélévitch, l’accomplissement du devenir est toujours entravé par le « je-ne-sais-quoi » et le « presque-rien », l’inadéquation de l’idée et du fait, du désir et de sa réalisation. Plus encore, cet exil nietzschéen exprime la "modernité" par excellence « dans la mesure où celle-ci se définit par l’impossibilité de compenser le réel par des corrections contrefactuelles. La modernité n’est-elle pas définie par une conscience, préalable à toute chose, de la monstruosité des faits, face auxquels le discours des arts et des droits de l’homme ne constitue jamais qu’une compensation et un premier secours ? ». Peter Sloterdijk, La compétition des bonnes nouvelles – Nietzsche évangéliste, p. 55
A mettre en parallèle avec la citation d’Edgar Quinet, déjà publiée sur le forum du PI :
« … le véritable exil n’est pas d’être arraché de son pays ; c'est d’y vivre et de n’y plus rien trouver de ce qui le faisait aimer. »
Pour ma part, j’ajouterai que quelqu’un qui ressent cette nostalgie, mais qui continue à se dire « de goche » (comme tout le monde le prononce maintenant), est dans une situation totalement contradictoire, car ce qui arrive au monde moderne, en général, et à la France, en particulier, est le produit d’idéologies diverses, mais incontestablement toutes « de gauche ». Et comme, selon la proposition ultra classique, il est impossible de résoudre un problème avec ceux qui l’ont créé…
* J’aurais plutôt énoncé la proposition dans l’autre sens : ce sont les « valeurs (sic)» du monde moderne qui détruisent toutes les communautés naturelles, d’où notre nostalgie…
Par ailleurs, question à Loïk Anton : Pensez-vous que Dürer ou le Zarathoustra de Nietzsche sont « d’extrême droite » ? (C’est vraiment une question au premier degré, sans malice aucune).
« Malheur si la nostalgie de la terre te saisit ! » Nietzsche, Le Gai Savoir, § 124