Le site du parti de l'In-nocence

Assimilation, la fin du modèle français

Envoyé par Pierre-Marie Dangle 
Une recension, par l'excellent Aristide, du dernier ouvrage de Michèle Tribalat :

[aristidebis.blogspot.fr]
Le modèle français, le nouveau en tout cas, et la banlieue parisienne plaisent beaucoup à cette correspondante du "New York Times", qui réside à Pantin:

The Other Paris, Beyond the Boulevards


Small Muslim girls wearing head scarves trail behind their fully covered mothers. Young black men with nothing better to do smoke in front of the public housing entrance. An illegal immigrant from Pakistan sells fruit from a crate on the sidewalk. But there are also boisterous girls in skinny jeans, tousled hair tangling in the wind, a girl from Algeria arm-in-arm with one from Senegal.

I don’t feel despair or fear here, but something more alive than the static elegance of eternal Paris. The future of this great city is on its periphery.
Automatismes idéologiques, écriture-réflexe allant directement de la perception au clavier sans passer par une quelconque pensée, portique mental sous lequel on passe à chaque instant et qui arbore l'inscription "L'Autre est l'avenir du monde" comme celui d'Auschwitz proclamait que le travail rend libre.
Voilà ce qu j'aurais bien voulu écrire à ceux de la "Diversité"


Lettre ouverte à mes concitoyens de la "Diversité"


Chers concitoyens


Ne me dites pas, vous que l’on sait si sagaces, que rien ne vous met la puce à l’oreille dans la l’indignation compassionnelle que la minuscule caste au pouvoir , droite et gauche confondue, affiche à votre égard, à la moindre occasion, depuis trente ans ! Ne me dites pas, vous à qui on ne la fait pas, que vous n’avez jamais été effleurés par l’idée d’un formidable mépris à votre encontre, mépris en tous points semblable à celui que voue cette caste à son propre peuple. Ne savez –vous donc pas qu’elle n’a feint de le respecter que le temps (quelques décennies) de trouver le moyen de s’en débarrasser. Et ce moyen elle a fini par le trouver : vous ! Oui, vous. Comme hier ses ancêtres s’étaient servis du peuple pour se débarrasser de la noblesse, elle se sert aujourd’hui de vous pour se débarrasser de lui et régner seule, à jamais, sur la France, selon son bon plaisir. Elle est devenue, en effet, si étrangère à ce peuple, si imbue de sa supériorité sur lui qu’elle ne le perçoit plus, tout entier, que comme un ennemi de classe à abattre, d'autant plus qu'elle n'a pas réussi à tenir les promesses qu'elle lui avait faites, et elle compte sur vous, au nom de la "tolérance" et des Droits de l'homme, pour faire la sale besogne. C’est que, voyez –vous, elle vous a crus plus bêtes, plus faciles à manipuler, plus prêts aussi à accepter des salaires misérables que lui. Pour arriver à ses fins, elle a tout mis en œuvre afin que vous ne vous assimiliez pas, parce dans le cas contraire, au lieu de le remplacer, vous n’eussiez fait qu’un avec le peuple de France et en partageant ses révoltes, ses combats, ses joies et ses peines vous ne l’auriez que renforcé ! Elle s’est donc acharnée à vous dresser contre lui par tous les moyens. Souvenez-vous : c’est elle, la première, qui vous a rappelé l’esclavage et la colonisation, en taisant que vous en aviez fait autant dans votre histoire, alors que vous étiez tout prêts à tourner la page. C’est elle, la première, qui vous a alertés sur l’abominable racisme du peuple français, que, à ses yeux vous ne sembliez pas assez ressentir, et pour cause, puisque il est l’un des peuples les moins racistes du monde. C’est elle, la première, qui se précipite toutes affaires cessantes afin de jouer l’offensée avant vous et à votre place de peur que vous soyez assez intelligents pour ne pas vous indigner de blagues ou de propos insignifiants que, pendant longtemps, elle et elle seule, s’échinait à faire passer pour odieusement racistes. C’est elle la première, encore, qui a mobilisé une armée de sociologues à sa botte pour élucubrer, à votre place, des excuses improbables et ubuesques à certains de vos agissements que vous n’eussiez pas hésiter, sans elle, à juger condamnables. Comment avez –vous pu vous dont le bons sens est proverbial, ne pas voir dans tout cela une offense au bons sens le plus élémentaire ? Vous que l’on dit volontiers conteurs plein de sagesse , possesseurs d’un trésor millénaire de fables savoureuses, comment avez –vous pu oublier celle du corbeau et du renard : le corbeau, en l’occurrence, étant vous et le renard la caste au pouvoir qui vous flatte sans vergogne pour garder son fromage à elle : le pouvoir. Pourquoi cet aveuglement ? Non parce que, comme soyez sûrs qu’elle le pense, vous êtes stupides, bornés, en un mot : inférieurs, mais parce que, encore trop dépendants d’elle, vous n’êtes pas assez sûrs de vous. Vous n’avez pas achevé de vous décoloniser dans vos têtes.Vous êtes toujours impressionnée par la prétendue « élite blanche » alors que vous valez bien mieux qu’elle. Vous n’osez toujours pas penser par vous-mêmes et vous restez à la remorque de ses représentations au point que vous avez de vous la vision qu’elle veut que vous ayez et dans laquelle, pour votre malheur, vous vous complaisez: désormais : soit, plus d’un demi –siècle après la colonisation, celle d’assignés éternels au statut de pseudo victimes revanchardes incapables, en fait, de faire leurs preuves autrement que dans le sport, exigeant pour survivre le maternage des Français indigènes ; soit celle de primates haineux de la France, violents, grossiers et obsédés sexuels. Pas d’alternative ! Comme vision raciste on fait difficilement pire ! Comment ne voyez –vous pas, vous si avertis, que la bienveillante indulgence de la caste à l’égard de cette image de vous-mêmes n’est qu'une version "hard" du paternalisme colonial que, pourtant vous ne cessez de dénoncer ! C’est la même indulgence que l’on a pour les petits enfants, les handicapés ou l’idiot du village. Avec ce genre d’amis vous n’avez, certes, plus besoin d’ennemis. Oh, je sais ce que vous allez me répondre : on s’en fiche ! quand nous serons les plus forts et que nous n’aurons plus besoin de votre clique au pouvoirs nous la jetterons et prendrons sa place. Et vous aurez bien raison : elle ne mérite que votre mépris. Quand on est capable de trahir, comme elle l’a fait, les siens, sa nation et son peuple, qui ne trahira –t –on pas ? Comment avoir confiance en des êtres pareils ? Après vous avoir instrumentalisé cyniquement, avec l’aide de quelques idiot utiles qui, d’ailleurs, reviennent de leur aveuglement, elle n’aurait de cesse de vous mettre, vous aussi, au rebut d’une façon ou d’une autre. Seulement, elle n’a pas compris que vous finirez, justice immanente, par gagner même contre elle, car vous gagnerez, c’est sûr. Mais gagner quoi ? Un pays au rabais, déculturé, sans prestige, sans âme, celui du tous contre tous et du chacun pour soi, voué de ce fait à la violence et progressivement à la misère ? Un tel pays n’eût jamais fait rêver vos pères et ils n’eussent jamais voulu y émigrer, et je gage qu'il ne fera plus rêver vos descendants. Quelle occasion, vous et nous, avons ratée à cause de cette caste traîtresse, quel pays eussions –nous pu faire sans elle !
Les idées que je développe dans le texte ci-dessus me tiennent à coeur depuis longtemps. D'abord parce que j'y crois , mais aussi parce que , me semble-t-il, elles permettent aux "patriotes" de se dresser contre la situation actuelle de leur pays sans prêter le moins du monde le flanc au reproche de racisme.
Tout l'art cassandrien du contre-pied stimulant.
et je gage qu'il ne fera plus rêver vos descendants.

La rétro-colonisation de l'Europe par ces transfuges du continent africain, lesquels, qu'on ne s'y trompe pas, sont copieusement haïs sur ce continent où on les considère comme des déserteurs, des égoïstes sinon des traîtres, n'est porteuse d'aucun avenir pour personne : ni pour les Européens de souche que la rétro-colonisation évince du berceau de leur civilisation, ni pour ces transfuges dont seuls une poignée (le showbiz sous toutes ses formes dont le sport spectacle) réussit, et pas davantage non plus pour les peuples d'Afrique lesquels, de toute façon, ne peuvent émigrer en Europe dans l'intégralité de leur nombre (la démographie étant ce qu'elle est sur le continent noir) et pour qui cette rétro-colonisation n'ouvre pour tout avenir que celui d'une persistance de la dépendance économique et culturelle à l'Europe.

J'ai toujours été fasciné par un phénomène lexicologique et historiographique particulier que, sans pouvoir aujourd'hui le nommer du terme savant qu'il mérite, ni parfaire l'exposé de ses causes -- incapacité qui ne s'explique par autrement que par mon défaut connaissance de la terminologie de cette discipline, l'histoire et l'épistémologie historique -- je suis réduit à désigner provisoirement comme effet de zoom arrière historiographique. La sujectivité historiographique fausse la perspective historique qui fait croire close une période historique du seul fait que l'historien qui la nomme a besoin de nommer des objets au cours arrêté, cependant que le passage du temps, "le recul historique", vient corriger cette subjectivité, non point en forgeant des concepts de période nouveaux ou en débaptisant des concepts existants pour les refondre dans une terminlogie nouvelle mais en se contentant d'en repousser les bornes, trop tôtivement fixées, et en les reconfigurant dans une dimension historique nouvelle, plus complexe et plus vaste; le phénomène historique ne change pas de nom, ne s'efface pas, ne mute point mais se découvrant incomplètement décrit, insuffisamment inclusif, acquiert la dimension dont il était porteur et qui, jusque là, n'était pas apparue.

L'émergeance de l'historiographe hors de l'événement ou du bloc d'histoire d'où il tire ses observations révèle ainsi que les contours de ce dernier avaient été arrêtés trop tôt, était chronologiquement mouvants. Comment circonscrire et nommer les périodes historiques transgénérationnelles quand "l'histoire en train de se faire", qui fait corps avec ces dernières dont l'issue est nécessairement incertaine, est susceptible d'en redéfinir les bornes, quand la césure entre ces périodes peut être invisible à l'observateur qui s'y trouve plongé ?

A ce phénomène d'incertitude sur la définition des contours d'une "période historique" en train de se vivre (ou de se revivre) ou d'un phénomène historique transnational et transgénérationnel tel que l'est la colonisation, s'ajoute la fractalité des périodes, dont les parties miment le tout. A quel stade de la partie ou du tout notre présent se situe-t-il si la partie mime la finitude du tout auquel elle contribue ? Cette difficulté de tout repère dans l'ordre fractal, soit dans une série historique qui n'existe pas, explique peut-être la difficulté à prédire l'histoire : l'impossibilité de dégager une vision où la série événementielle rendrait visible l'horizon de sa maturité.

Un exemple éloquent de ce trouble de la perspective et du dégagement progressif d'une vérité historique moins subjective (mais non nécessairement plus vraie!) est donné par le concept de "Guerre froide" qui me sensibilisa à cet effet de "zoom arrière" suffisant à opérer une refonte de l'événement dans le sens extensif. Dans les années 70 du siècle dernier, existait la locution "du temps de la Guerre froide"; ce terme désignait alors une période révolue, qui "pouvait resurgir" certes, mais qui était révolue, c'était celle du McCarthysme, celle où Chaplin avait été décrété persona non grata aux Etats-Unis, celle de la Guerre de Corée, de l'explosion de l'atoll de Bikini, du risque de conflagration entre les "deux grands", du téléphone rouge, des missiles soviétique à Cuba. C'était le passé. Or ce n'est que plus tard que cette époque connut une extension à postériori contraire à notre perception historique, et à celle qu'entretenaient ses historiographes des années 70 : passé le cap de la Chute du Mur de Berlin en 1989, les historiographes ont commencé à inclure "nos années 70" dans la "Guerre Froide"; le zoom arrière permis par le passage du temps avait fait que la Guerre froide des années 50 nous avait englobée en relatisant notre époque des années 70 comme partie d'un tout dont nous n'avions point conscience de la dimension, de la complexité et pas davantage de l'ampleur chronologique en lesquelles nous baignions.

Tout ça pour dire qu'il en ira vraisemblablement de la Colonisation comme de la période de la Guerre froide : ce que nous englobons dans ce concept est pour l'heure ni complet ni révolu : les générations futures y inclurons cette queue de comète qui balaie aujourd'hui le continent européen en l'espèce de ces transfuges, débarquant à Lampédusa ou ailleurs et qui, dans le grand futurs des peuples, y compris des peuples africains, seront réenglobés dans l'histoire de la Colonisation de l'Afrique comme séquelle, queue de rat, insignifiant rebut de l'histoire, comme la minuscule secousse qui vient en réplique à un séisme majeur.

L'histoire à venir retaillera ce phénomène à sa juste mesure pour en faire la relique mourante d'une époque qui aura duré trois siècles: la Colonisation avec un grand C, dont ces transfuges auront été les derniers agents de la dépendance et de l'oppression dont elle est porteuse.
23 novembre 2013, 17:00   Re-make re-model
"Quelle occasion, vous et nous, avons ratée à cause de cette caste traîtresse, quel pays eussions –nous pu faire sans elle !"

La dernière phrase du texte de Cassandre est, mot pour mot, applicable à l'Algérie du temps de la présence française, ou à la France au temps de la présence algérienne.

L'ensemble de ce texte m'apparait comme une illustration très fidèle de la mélancolie pied-noir, comme tournure d'esprit et perception de l'Histoire.
24 novembre 2013, 16:05   Re : Re-make re-model
"L'ensemble de ce texte m'apparait comme une illustration très fidèle de la mélancolie pied-noir, comme tournure d'esprit et perception de l'Histoire. "

Peut-être. pourtant je maintiens que les Français, pieds-noirs ou non, eussent été les seuls à pouvoir s'entendre avec les Arabes. En Algérie, en effet, la population d'origine française et la population algérienne, contrairement à la légende noire que l'on substitue à la réalité et à l'inverse, par exemple, de la colonisation anglaise, à catégories sociales égales s'entendaient entre elles,se fréquentaient et nouaient des amitiés solides. On a tendance à oublier, parce que le phénomène est délibérément occulté, qu'il a fallu la terreur épouvantable exercée par le FLN sur sa propre population pour que celle-ci se décidât à se rebeller contre la France et encore ... avec de continuelles réticences. Au cours des années qui ont suivi l'indépendance, hormis la brève période des horribles massacres d'Oran mis en oeuvre par le FLN, les Pieds-Noirs et autres Français n'ont eu qu'à se féliciter du comportement de la population à leur égard au point que certains petits gauchos tiermondistes débarqués de métropole au titre de la coopérartion en ont presque pris en grippe les Algériens ! Puisque ceux -ci étaient assez débiles pour ne pas détester la France eux la détesteraient pour deux !
De même , en France, jusque dans les années 80, immigrés algériens et prolos "de souche", s'appréciaient et cohabitaient sans problèmes. Dans tous les établissements de France, alors que les Arabes y étaient encore minoritaires, c'étaient eux que les élèves français élisaient comme délégués de classe, preuve de l'absolu absence de préjugés racistes à leur encontre. et et les sondages de cette époque montraient qu'ils ne se plaignaient pas d'un quelconque racisme des Français.

Le crime impardonnable de l"establishment", en particulier de la gauche qui avait besoin de s'inventer des ennemis pour exister alors que sa politique était un échec, est d'avoir méthodiquement envenimé la situation en montant la tête des immigrés africains contre les Français par médias interposés, lesquels ont joué depuis trente ans le rôle que la sinistre radio hutue des mille collines a joué contre les Tutsis au Rwanda avec les effets sinistres que l'on sait.
25 novembre 2013, 19:40   Re : Re-make re-model
Bien loin de moi la prétention de discuter dans le détail la description que fait Cassandre de la vie en Algérie avant, pendant et après les "événements". Je décide de la croire sur parole et de ne retenir de ses propos que la théorie générale qu'on pourrait en tirer, savoir : des peuples s'entendent, ont tout pour s'entendre, entente et harmonie incapables, cependant, de résister à la pression d'activistes minoritaires qui parviennent à les dresser les uns contre les autres, un peu comme dans ces histoires où deux êtres que tout réunit ne résistent pas aux menées perfides de collatéraux qui ne veulent pas de cet amour.

Je perçois ici comme un lointain écho rousseauiste (remarque dépourvue de toute perfidie, Rousseau n'étant pas à mes yeux l'objet d'un rejet absolu). A lire les interventions de Cassandre, j'ai l'impression que pour elle le peuple est bon et qu'il ne peut être que perverti par une nomenklatura minoritaire, acharnée à semer la discorde afin de prendre et d'accaparer le pouvoir. De là cette mélancolie de ce qui aurait pu être et ne s'est pas produit.
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