Le site du parti de l'In-nocence

M'bala emballé

Envoyé par Jean-Marc du Masnau 
22 janvier 2014, 10:58   Re : M'bala emballé
Vous me lisez mal, ou trop vite, probablement parce que j'ai dû écrire trop vite ou trop légèrement :

Contre le sens : le sur-sens, celui que produit l'investissement permanent du connu dans l'inconnu, soit l'activité de traduction permanente qui consiste à circonvenir (par des voies de pénétration, des passerelles que founissent symboles et signifiants de degrés divers) l'inconnu par et dans le connu, et donc à brider et à faire avorter le sens.

Ce que désigne dans cette phrase le terme "sur-sens" est le surinvestissement du connu dans l'inconnu qui, loin de le recouvrir par superposition parfaite, par interprétation totale (laquelle est toujours impossible, cf Hardy), l'annihile, empêche de voir ce que l'on voit:

Le connu, c'est le salut nazi;
l'inconnu, c'est la quenelle;
l'oblitération du sens par le sur-sens c'est l'interprétation totale et parfaite de la quenelle par le salut nazi.

Dans le réel, l'inconnu, l'inédit, décomposent le connu; il ne le déconstruisent pas, ne l'annihilent pas, mais le décomposant, l'inconnu et l'inédit apparent autorisent des recoupements avec lui, le connu, mais dans une certaine mesure seulement, imparfaite, ouverte, et donc nous écartant autant que faire se peut de la répétition et de la folie du connu.

Par exemple et pour rester dans le cas de Dieudonné : l'homme est moins négationniste de la Shoah, moins révisionniste de l'histoire européenne où la Shoah frappa qu'il n'est relativiste. Relativiste en quoi et pourquoi ? Ce que l'on interprète (les médias en particulier, le corps politique en général) comme concurrence victimaire dans un même espace, dans un même cadre de référence historique dont Dieudonné et ses proches seraient les ardents promoteurs, cache en fait une concurrence entre deux référents géo-historiques, l'européen d'une part, l'intercontinental d'autre part: Dieudonné, avec une insupportable grossièreté lorsque le sujet est évoqué, se tourne vers des juifs européens dont les parents ou grands-parents ont pu être victimes de la Shoah en leur adressant des "je m'en fous, je ne suis pas concerné"; il tient ainsi à se situer en-dehors du camp des bourreaux ou de leurs complices aussi bien qu'en dehors des sympathisants sui generis des victimes, et rappelle par exemple que sa grand-mère est morte, affirme-t-il, sous le napalm de l'armée français jeté sur des civils au Cameroun (probablement lors de la répression menée par la Quatrième république en 1955 sur ce pays aspirant à l'indépendance). Il mentionne la Traite des noirs, qui constitue à ses yeux un crime contre l'humanité comparable à la Shoah. Cette traite était intercontinentale. Si bien que si concurrence victimaire il y a de sa part elle se situe sur deux plans de référence géohistoriques disparates: la Shoah frappa les juifs d'Europe, quelle qu'ait été l'extravagante ampleur du phénomène, celui-ci demeura confiné dans les limites géographiques de l'Europe et dans une durée très concentrée (10 ans à peine). Les juifs de Shanghaï, par exemple, ne furent pas déportés dans les camps de la mort en Europe, et pas davantage les juifs d'Amérique, et pas non plus ceux d'Afrique du Nord qui échappèrent à la solution finale (même si, selon certains historiens, ceux de Tunisie y échappèrent de peu); cependant que la victimologie de Dieudonné, elle, revêt une dimension mondiale, transcontinentale.

Le métis qu'est Dieudonné, par définition sans-peuple, dans sa querelle permanente contre le devoir de mémoire imposé par la Shoah adopte une position assez étonnante, qui est celle de la transcontinentalité de phénomènes victimaires qu'il oppose à l'européanité de la Shoah, caractère transcontinental qui, à ses yeux, appelle une prise de conscience qui doit relativiser la Shoah, autrement dit, notre bonhomme adopte un point de vue critique mondialiste sur le sionisme et ce qu'il désigne comme "culte de la Shoah", et ce alors même qu'il ne cesse de quereller ses adversaires politiques les plus directs, par exemple, les Karlsfeld, en leur reprochant leur cosmopolitisme, leur "double nationalité" franco-israëlienne (alors que lui-même est binational franco-camerounais). Ce que revendique Dieudonné, à travers cette concurrence victimaire et ce duel mimétique avec les juifs d'Europe, c'est d'être plus victime qu'eux (car dans un cadre de référence et une dimension transcontinentale plus vastes), et au fond, plus apatride encore que ne le sont les juifs, puisque lui, métis du mondialisme, à tout le moins issu d'une rencontre de deux personnes originaires de deux continents, en vient à battre les juifs sur leur propre terrain du "cosmopolitisme apatride" comme on disait dans les années 30, et sur tous les tableaux si on retient que sa victimologie est plus vaste, plus monumentale que la Shoah limitée au seul continent européen.

Voilà ce que voir ce que l'on voit veut dire, s'agissant du cas Dieudonné et comment une problématique connue, celle de l'antisémitisme européen, se trouve décomposée dans une confrontation avec un cadre victimaire mondialiste jusqu'ici inconnu, quitte à ce que l'antisémitisme s'y refonde, en effet, pour resurgir, mais de manière et sous une forme entièrement recomposées, créant un défi entièrement nouveau face auquel s'obnubiler sur la quenelle pour y voir un salut nazi modifié revient à s'abrutir dans le néant.

S'agissant du reste, qui nous occupe beaucoup sur ce forum: l'immigration, je vous laisse conjecturer comment l'inconnu décompose le connu (celui du discours qui voudrait que "la France a toujours été une terre d'immigration; qu' il n'y a pas plus d'immigré aujourd'hui que dans les années 30", etc.) pour faire surgir un réel entièrement recomposé, tragique, inédit dans l'histoire du pays : une traversée de Paris à pied, une visite à Marseille suivie une visite à Barcelone, devraient suffire à vous faire reconnaître les dangers que comporte le fait de se protéger intellectuellement de l'inconnu par la relecture du connu.
23 janvier 2014, 05:27   Re : M'bala emballé
Je vous avais en effet mal lu, conjecturant que le "sur-sens" était une sorte de promotion du seul et simple sens, redevable qu'est celui-ci au connu, et que ce sur-sens était au sens ce que le l'inconnu serait au connu (selon vous) : une élévation à la puissance d'un réel plus authentique.

Toujours est-il que de même que nous ne retombons jamais parfaitemment dans le connu, je vous le concède volontiers, c'est en fait impossible, nous ne sommes jamais non plus dans l'inédit et le pur inconnu : il y a toujours reprise et recomposition, dans une certaine mesure, mais aussi reproduction des mêmes schèmes de pensée : en l'occurrence, reprise des poncifs antisémites (suspicion du pouvoir mondial occulte, accusation de fomenter les conflits les plus destructeurs (dont la Seconde Guerre) pour servir des intérêts de communauté, révisionnisme, négationnisme enfin, faurissonades, alliance objective avec les ennemis les plus déclarés des Juifs et de l'Etat juif etc.) ; quelles que soient les circonstances particulières de la renaissance et de la recomposition du thème et de la tendance (l'antisémitisme), il y a bel et bien ressassement des mêmes formes d'une phobie et reprise d'un argumentaire plus que semblable : le réel n'est peut-être pas aussi riche et inventif que vous le réputez, il retombe également dans les mêmes ornières... Je ne retrouverai certainement pas au hasard ce passage où Musil déplorait dans l'HSQ l'indigence étonnante "d'une réalité qui s’engouffre immanquablement dans la demi-douzaine de moules formels disponibles, toujours les mêmes" (citation plus qu'approximative)...

Alors, nous avons le même argumentaire accusatif, peu ou prou, la fixation monomaniaque, le caractère à vrai dire irrationnel d'une hantise dont on ne peut totalement rendre compte, tous signes reliant, au moins de façon assez concluante, l'actuel au passé ; pourquoi voulez-vous qu'il en aille différemment pour ce qui concerne la gestuelle et la symbolique ?
Il y a incontestablement aussi du salut nazi dans la "quenelle" ; croyez-vous réellement que l'adjonction de l'inversion et de la dérision, jusqu'au sympathique mime de l'enculage contemporain de rigueur, croyez-vous que ces apports réalisent une véritable table rase de la chose, jusqu'à nous la rendre totalement inconnue ?
Pas moi.
24 janvier 2014, 05:20   Re : M'bala emballé
Ce que je crois néanmoins indispensable de souligner : cet antisémitisme là -- qui se défend publiquement de l'être, ce qui vaut aussi d'être noté -- retourne comme une crêpe l'antisémitisme du XXe siècle par un débordement mondialiste et libertarien. Il ne reproche plus aux juifs d'être des monstres apatrides et cyniques en portant cette accusation dans un adossement à la nation et au cratylisme mais, à l'inverse, il leur reproche de se comporter comme une tribu provinciale (Dieudonné aime à invectiver un certain Cohen télévisuel en lui reprochant son tribalisme) et somme toute arriérée. A la prudence et la censure, il oppose "la liberté d'expression" (les dieudonnistes manifestaient récemment au cri de "liberté d'expression!") et le rejet de toute barrière prudentielle dans le langage et la spéculation politique. Cet antisémitisme est jeuniste et se veut politiquement audacieux, relativiste, sans tabou. Il se place résolument dans le camp du sans-frontiérisme, voire de l'altermondialisme ("le véritable mondialisme, c'est nous qui l'incarnons, en opposition à l'ancien, celui de la juiverie sioniste"). Cet antisémitisme là n'est pas le point oméga de l'action politique comme il pouvait l'être chez les antisémites du siècle dernier, il est seulement accessoire, emporté avec le reste sur la vague d'un mondialisme nouveau qui se fait fort de rendre la Shoah relative et le sionisme insignifiant et ridicule.

La présentation de Faurrisson sur scène est un numéro de café-concert, dans le goût (plus que douteux, évidemment) du comique troupier, des prestations du pétomane, dans les années 20; il est un acte de dérision spectaculaire (involué) -- Faurrisson lui-même est sorti ridiculisé de cette pantalonnade.
25 janvier 2014, 07:14   Re : M'bala emballé
"Point Oméga" de l'activité politique, peut-être pas, je n'en sais rien ; suffisamment présent et pressant en tout cas pour que cette activité prenne forme et s'officialise dans la création et la direction d'un Parti Anti Sioniste, rien d'autre, ce qui témoigne en outre de l'influence toujours aussi mondialement opératoire imputée aux "lobbys" judaïco-sionistes incriminés...
Quant au registre comique de cette sorte de propagande, j'ai déjà écrit supra que loin d'être une circonstance atténuante et minorante, il constitue à mon avis l'arme la plus aiguisée et adéquate pour mener efficacement certains combats idéologiques auprès des foules contemporaines ; ce qu'il y a de plus glaçant peut-être chez ces amuseurs, c'est l'épouvantable sérieux avec lequel ils dispensent leur ricanant savoir.
25 janvier 2014, 09:12   Re : M'bala emballé
Je suis aujourd'hui plongé dans la lecture de la Tour d'Ezra de Koestler (1945), roman qui illustre une certaine épopée sioniste dont l'action se situe en 1937. On y montre comment les "communautés hébraïques" s'implantaient alors en Galilée, avec d'immenses scrupules légalistes, un très grand respect du droit international, du devoir de dédommager les propriétaires bédoins (propriétaires souvent très théoriques) de ces terres et toujours animées (ces communautés) d'idéaux socialistes "primitifs" (mises en commun de tout "sauf des lits"). On y dresse la chronique (très distanciée de la part de Koestler, comme on peut s'en douter) du sionisme pionnier, pour ainsi dire pur et archangélique.

L'antisémite européen d'alors, qui infligeait humiliations et exactions diverses et déployait sa haine contre les juifs ne pouvait pas savoir qu'en ces lieux naîtrait dix ou onze ans plus tard un Etat juif moderne qui gagnerait toutes ses guerres et qui instaurerait une légitimité à l'existence de ces communautés non plus au regard du seul droit international mais dans et par le droit de cet Etat, aux termes de ses lois.

Pourtant, comme vous le signalez, il existe bien un "parti antisioniste" duquel Dieudonné fut un fondateur. Ce que je m'attache à souligner est donc ceci: il ne se peut pas que l'antisémitisme de ce parti ou de cette mouvance soit sans variante, sans refondation par rapport à l'ancien. Pareille supposition reviendrait à nier que l'Etat d'Israël ait changé la donne, qu'il ait changé le destin des juifs et leur empreinte sur l'histoire et la conscience des hommes en Europe et dans le reste du monde. Il est impossible de supputer que cet Etat, ce pays, Israël, n'ait pas eu pour effet de refonder l'antisémitisme sur des bases tout à fait neuve, et selon moi en le forçant à opérer un renversement : le juif ne peut plus être méprisé comme alors, en 1937, en revanche, du fait de la ténacité du sionisme d'Etat, de la réussite stratégique d'Israël dans les conflits armés qui l'opposent et l'ont opposé au monde arabe, le juif en devient envié pour la force de son Etat-nation et la cohésion de son peuple : et qui d'autre plus qu'un métis (un sans-peuple) dans un Etat-nation (la France) en totale deliquescence est plus optimalement placé pour envier mimétiquement, jalouser comme un pou, pareille réussite ? On voit donc que les motifs de l'antisémitisme de 2013 ne peuvent pas être identiques à ceux de 1937; prétendre le contraire serait commettre un anachronisme.

Un mot encore sur "la conscience des hommes": il faut s'arrêter un instant sur le fait que cet antisémitisme est nié par ceux qui le propagent. Tandis que lorsque Céline écrivait son Bagatelles pour un massacre il était fièrement revendiqué. La différence n'est pas affaire de cosmétique ou de travestissement. Elle est radicale. La mauvaise conscience de l'antisémite moderne c'est la marque d'Israël, son empreinte sur les consciences, l'oeuvre qu'il faut porter à son crédit. Israël cristallise la haine du juif, parce que le juif nu, celui des "communautés hébraïques" de 1937 ne peut absolument être ni haï ni méprisé du fait même qu'il a été à l'origine, qu'il a fourni le mobile héroïque de la création de cet Etat admirable de courage et de force.

L'envie et le désir éventuel de nuire ont changé de motif par un virage à 180°: le juif n'est plus détesté parce qu'il est apatride, riche, individuellement aidé par ses congénères ou que sais-je, mais parce que son peuple est en cohésion, qu'il est soudé dans son Etat-nation quand nous avons perdu les nôtres : peuple et Etat-nation.

Je crois n'avoir plus rien à ajouter sur le sujet, étant pour l'essentiel en accord avec vous sur le reste.
25 janvier 2014, 10:52   Re : M'bala emballé
Francis Marche oublie simplement que le ressort fondamental de l'antisémitisme "classique" a toujours été l'idée que les juifs constituaient (comme aussi les franc-maçons ou, avant eux, les Templiers) un pouvoir occulte mais à peu près tout-puissant, symbolisé notamment par les Rothschild. L'envie, et non le mépris, est au centre de cette haine. Dès lors on ne voit pas bien en quoi l'antisionisme "moderne" à la mode dieudonnesque en différerait fondamentalement.
25 janvier 2014, 11:38   Re : M'bala emballé
Je crois qu'il y a beaucoup de vrai dans ce que dit Francis: Israël (un peu comme la Russie) est devenu la mauvaise conscience de toux ceux qui en occident ont choisi de trahir leur patrie et leur civilisation plutôt que de choisir la voie difficile qui conisterait à les défendre envers et contre tout.
25 janvier 2014, 11:39   Re : M'bala emballé
Cher Marcel Meyer, si je puis me permettre, ce n'est pas l'antisémitisme "classique" que vous décrivez là, mais celui vulgarisé par Drumont à la fin du XIXe siècle.
L'antisémitisme "classique", c'est celui des rois de France, de l'Eglise - pensez à Innocent III au XIIIe siècle qui, au concile de Latran, décide de leur faire porter des tenues particulières "pour mieux les reconnaître" - et de l'Empire.
Cet antisémitisme que l'on peut qualifier "d'Etat" trouvera sa dernière expression politique sous l'Etat français avec le maréchal Pétain et sera là alors, il est vrai, infléchi par les thèses de Drumont.
Auparavant, l'antisémitisme se fondait pour l'essentiel sur la méfiance qu'engendrait les mœurs différentes de la communauté juive - dont la question religieuse - et sur le nécessaire accommodement qu'il convenait d'en faire au profit des finances publiques puisque l'usure leur était réservée. Cet antisémitisme-là, "classique", ne se conçoit que lorsque le pouvoir politique est supérieur à celui de l'argent. Philippe-Auguste, dont les guerres incessantes ruinait le trésor, en est le parfait exemple.
Il y aurait beaucoup à dire sur les origines de l'antisémitisme, je vous renvoie sur le sujet au livre de Bernard Lazare, L'antisémitisme, son histoire et ses causes. Une chose est sûre, c'est que l'antisémitisme "classique" est très éloigné de sa version "racialiste" développée par les théoriciens allemands et mise en pratique par Hitler, et, vous avez raison, qu'il n'a franchement rien à voir avec celui de Dieudonné et des "jeunes issus de la diversité".
25 janvier 2014, 12:43   Re : M'bala emballé
Ah mais je vous en prie, cher Éric Miné, permettez-vous, permettez-vous d'autant plus que vous avez en grande partie raison. Quand j'employais le terme antisémitisme "classique" je songeais à celui des XIXe-XXe siècles. Cela dit cet antisémitisme racialisé n'est pas non plus sans une certaine continuité avec l'anti-judaïsme que l'on pourrait appeler d'ancien régime.
25 janvier 2014, 14:12   Re : M'bala emballé
Au demeurant, l'antisémitisme est une auberge espagnole dans laquelle chacun apporte ses obsessions et phobies propres, lesquelles n'effacent pas forcément celles des autres. On a pu voir ainsi figurer plus d'une fois, au rang des griefs que les arabo-musulmans entretiennent plus que jamais à l'égard des juifs, celui d'avoir tué Jésus (le prophète Issa).
Utilisateur anonyme
25 janvier 2014, 14:16   Re : M'bala emballé
« L'envie et le désir éventuel de nuire ont changé de motif par un virage à 180°: le juif n'est plus détesté parce qu'il est apatride, riche, individuellement aidé par ses congénères ou que sais-je, mais parce que son peuple est en cohésion, qu'il est soudé dans son Etat-nation quand nous avons perdu les nôtres : peuple et Etat-nation. »

Israël est en effet l'objet suprême de l'admiration paradoxale de Dieudonné, pour les raisons que Marche a bien expliquées.

Mais, et ce n'est évidemment pas un hasard, il existe un autre pays auquel l'amuseur voue une grande admiration (notamment sous son régime actuel), très explicite celle-là, et pour les mêmes raisons — cratylisme, orgueil national, peuple intact, Etat-nation solide, refus de soumettre dans le Grand N'importe Quoi multiculturel et d'y laisser son identité : la République islamique d'Iran, pays dont il est un parfait idiot utile, où il se rend souvent afin de s'adonner un léchage de turban hallucinant (il faut le voir ramper devant Ahmadinejad !), et qui semble le financer.
26 janvier 2014, 05:33   Re : M'bala emballé
» il ne se peut pas que l'antisémitisme de ce parti ou de cette mouvance soit sans variante, sans refondation par rapport à l'ancien. Pareille supposition reviendrait à nier que l'Etat d'Israël ait changé la donne, qu'il ait changé le destin des juifs et leur empreinte sur l'histoire et la conscience des hommes en Europe et dans le reste du monde. Il est impossible de supputer que cet Etat, ce pays, Israël, n'ait pas eu pour effet de refonder l'antisémitisme sur des bases tout à fait neuve, et selon moi en le forçant à opérer un renversement

Francis, je crois qu'il se peut, pour plusieurs raisons en apparence contradictoires, mais en fait pas tant que cela : la première est la plus rebattue, ce qui ne veut pas dire qu'elle ne soit également partiellement vraie : en période post-shoatique, si l'on peut dire, l'attaque frontale et directe contre les Juifs est devenue presque impossible en Occident, ce qui nécessitait que l'antisémitisme fît peau neuve et trouvât des moyens de contournement du tabou, pour perdurer ; Israël, le sionisme et les sionistes sont ainsi devenus l'instrument de la persistance de l'ancienne donne, comme vous dites, la seule voie possible d'expression d'une tendance qui en son fond n'a pas changé, n'a jamais changé. L'antisionisme systématique est ainsi l'adaptation de l'ancien à des circonstances nouvelles particulières, la seule façon pour lui de persister et de continuer d'être dicible et visible, ce qui n'implique pas refondation, mais ajustement superficiel pour ménager l'essentiel.

La deuxième raison est que si l'on s'accorde à voir dans l'antisémitisme une sorte d'affection quasi psychotique de l'ordre de la monomanie, de l’obsession et de l'idée fixe, lesquelles sont par définition même déconnectées de la réalité, l'antisémite rabique continuera de remâcher sa phobie, toujours la même, nonobstant les faits, et la création d'Israël ne changera rien quant à son état d'esprit, mais au contraire pourvoira le monomaniaque intelligent, toujours rusé, du moyen adaptatif minimal pour opérer le travestissement lui permettant, comme dit plus haut, de persévérer dans sa "folie".

Une autre raison, plus délicate à exprimer peut-être, et qui est cause principale de mon désaccord avec vous sur ce point, est que le phénomène de l'antisémitisme caractérisé ne pourra jamais être parfaitement expliqué, analysé, rationnellement déconstruit en ses éléments pour en évaluer précisément la nature et les manifestations : ce serait une fixation qui tient à la nécessité pour certains de haïr de façon explicite et exactement ciblée, pour autant qu'un groupe humain particulier est, de tout temps déjà, désigné à cet effet, tient ce rôle par dévolution ancestrale et traditionnelle, et cela suffit... L'on haïrait, pour les raisons les plus diverses et les plus controuvées, contradictoires entre elles-mêmes, parce qu'on a entendu dire qu'il est certains hommes qui sont haïssables, sans plus de justification.
Ce doit être la voie la plus commune en même temps que la plus profonde de la propagation de l'antisémitisme, sorte de fonds populaire quasi patrimonial qui manifeste son ressentiment même en l'absence de son objet, par rémanence, et l'existence d'Israël n'y changera strictement rien.

Je voudrais en outre revenir sur un point que vous avez évoqué précédemment, la "concurrence mondialiste" entre Les Juifs et Dieudonné, selon vous, qui ferait qu'il "les battrait sur leur propre terrain" en matière de cosmopolitisme apatride : ce que je voudrais souligner est qu’Israël ne réalise pas un changement essentiel quant à l'identité du Juif en tant que tel, du point de vue de sa singularité, à mon avis (au contraire même, il le régularise par maints aspects : « Nous serons un peuple comme tous les peuples, avec ses criminels et ses putains ! » exhortait déjà Ben-Gourion): l'"apatride" que vous dites (le Juif) fut peut-être un sans-terre et un exilé, mais jamais un déraciné, un métis ou un bâtard : ce "cosmopolitisme" ne désigne qu'une dispersion géographique du même, jamais sa dilution "qualitative", si j'ose dire (comme c'est le cas pour le "métis mondialisé") et cela depuis l'origine et les circonstances historiques de son exil.
C'est du reste toujours à ce titre, comme membre d'une communauté parfaitement identifiée, identifiable, homogène et historiquement permanente, (presque) toujours remarquablement singulière, qu'il fut poursuivi ; jamais le Juif n'a été un sans-peuple, il est au contraire, du fait même de son exil, la personnification de qui appartient au Peuple par excellence : il n'a jamais cessé d'être Cratyle, de persévérer coûte que coûte dans son être et sa Loi propres, envers et contre tout.

Ce qui me conduit au dernier point, concernant le caractère foncièrement non-inédit, lui non plus, des modalités antisémites "modernes" que vous dites, à savoir le fait que le Juif ne serait plus méprisé avec horreur comme un sous-homme, mais jalousé avec crainte et admiration comme un rival : mais, cher Francis, le juif s'est toujours considéré, au fil de son histoire, comme un pur-sang (il le fut de plus littéralement par filiation matrilinéaire), et ce de droit divin, par-dessus le marché, se présentant comme le peuple élu, comble du snobisme ségrégatif. Or cela a également toujours constitué une dimension intégrante des motifs de haine et de poursuite à son endroit, du temps de l’anti-judaïsme et de l'antisémitisme "classique".
Je ne sais si vous avez lu Les Bienveillantes de Littel, livre assez bien documenté en général, où tout un chapitre est consacré à la rivalité, exposée par le personnage de Mandelbrod, entre deux "races de seigneurs", Juifs et Aryens, et au fait que cette concurrence serait en réalité le véritable moteur de l'antisémitisme nazi : il ne pourrait y avoir deux peuples absolument supérieurs, et une lutte à mort doit être engagée entre eux, pour désigner l'ultime et unique maître du monde.
Marcel a bien raison de parler d'"auberge espagnole", aux constituants à configuration toujours variable.
28 janvier 2014, 08:10   Re : M'bala emballé
Quenelles : la cuisine française du chef Valls s'exporte en Chine :

Quenelle d'enfants chinois

Qui a dit que le commerce extérieur était en déficit ?
28 janvier 2014, 22:45   Re : M'bala emballé
En tout cas, M. Valls est bien le seul à faire quelque chose de concret contre le sieur M'bala et ses quenellophiles.

M. M'bala, sauf votre respect, a quelque peu le fisc au cul, ces derniers temps, et il se pourrait fort bien que ces intérêt poussé pour ses diverses entreprises finisse par lui coûter cher...

Quant au Quenelleux toulousain (celui de la Super Quenelle, celle devant l'école juive de Toulouse), je suis bien content de voir que lui et ses amis sont pourchassés.
29 janvier 2014, 14:34   Re : M'bala emballé
Bon. Il est temps de reconnaître qu'Alain Eytan, hélas, a probablement raison. Le racisme antisémite, le mépris racial, le juif sujet d'animalerie, ne sont pas éteints. Le bonhomme M'balla M'balla qui nous parle de match retour des années 30 et illustre son propos en recourant à une imagerie que j'avais eu le tort de croire d'un autre âge, commence à faire froid dans le dos :

video: [www.youtube.com]
Utilisateur anonyme
29 janvier 2014, 15:10   Re : M'bala emballé
[On attend qu'un brillant exégète vienne nous dire que non, que c'est de l'humour, que ce n'est pas grave, qu'on doit pouvoir rire de tout, qu'après tout, c'est cela, la liberté d'expression — laquelle signifie pouvoir dire tout et n'importe quoi, etc.]
29 janvier 2014, 19:30   Re : M'bala emballé
Il n'y a plus grand monde pour plaider l'humour et le pas grave, hors du cercle des groupies de Dieudonné. Mais de brillants non-exégètes peuvent plaider la liberté d'expression totale, je crois, oui, Chomsky et d'autres l'ont fait.

Je ne sais pas trop où me situer, je dois l'avouer, s'agissant de cette question. Imaginons un nazi, un vrai, en France, en 2014, qui se mette à hurler des "Zieg Heil !" place du Capitole, à Toulouse (disons). Tout le monde lui rira au nez, une énorme majorité de passants lui rira au nez. Est-ce que ça vaut le coup de lui envoyer la maréchaussée ? Je préfère l'imaginer rentrant chez lui, ridicule et piteux. Si la police, les médias, les ministres, les intellectuels viennent lui braquer un projecteur sur le nez, qui y gagne ? Que vont penser les passants ? Certains ne vont-ils pas s'interroger sur son combat ? Certains ne vont-ils pas compatir et plaindre son sort ?

Bien évidemment, s'il crie "mort aux juifs !" : maréchaussée.

Vous me direz que mon exemple n'est pas très subtil, que c'est beaucoup, beaucoup plus compliqué que ça. Que quand la saloperie nous tombe sur la tête on doit s'en vouloir d'avoir été bien tolérant, bien naïf et bien bête. Que je surestime les passants, place du Capitole. Que de nos jours ce ne sont pas les aryens qui veulent "prendre leur revanche", mais les chouchous divers qui explosent de ressentiment. Vous aurez raison.

Mais où mettre la limite ? Où sont les bornes ? Quand, qui, comment, pourquoi ? Vous me direz que dix ans de sketches et d'interviews pointant du doigt le grand complot juif, c'est bien assez passer la limite, dépasser la borne, que pour lui, ses copains, maintenant, pour l'ensemble de leur œuvre, c'est payé. Vous aurez raison.

Et pourtant quelque chose en moi s'irrite, s'interroge. Qu'est ce que la liberté d'expression ? Doit-on laisser dire ce qui nous fait "froid dans le dos" ? Peut-être pas. Sûrement pas. Ou bien si ?

Vous me direz que personne n'a grand chose à faire de mes interrogations ? Vous aurez raison.
Utilisateur anonyme
29 janvier 2014, 19:54   Re : M'bala emballé
« Il n'y a plus grand monde pour plaider l'humour et le pas grave »

Vous plaisantez ? Moi, ces derniers temps, j'ai l'impression de n'avoir rencontré (et entendu) que cela...
29 janvier 2014, 20:16   Re : M'bala emballé
Le problème, c’est aussi qu’avec le relativisme ambiant, plus personne ne sait qualifier correctement les faits. Quand une Femen mime l’avortement du petit Jésus sur l’autel de l’église de la Madeleine avant de pisser sur les marches de l'autel, les médias et les politiques parlent de provocation ou, pour les plus critiques, de détournement d’un juste combat pour l’égalité des sexes, tout en répétant jusqu’à plus soif qu’on est dans le cadre d’une lutte, et donc d’une mesure de rétorsion contre l’Église catholique, misogyne et réactionnaire. Or il y a blasphème, parfaitement délibéré et assumé (il s’agit d’insulter la divinité) et il y a sacrilège (on a profané un autel). Et il n’y a pas de réplique ou de rétorsion qui tienne, le pape n’étant jamais venu pisser dans le local des Femen. On est donc aussi dans le cadre de l’attaque d’un lieu de culte, pas différente dans son principe de l’attaque d’une église copte par les muftis égyptiens. Mais cela personne ne le dit.
Par contre quand un imam met lui-même des graffiti anti-musulmans sur le muret de sa propre mosquée (en arabe, parce que les imams ne sont pas tous des lumières !) afin de créer de toute pièce une attaque islamophobe, tout le monde raconte qu’on a vandalisé une mosquée. Vandalisé, pas moins ! synonymes : piller, saccager, ravager. (On me dira que comme vandaliser est un néologisme, le mot a le sens qu’on voudra.)
Mais vous trouverez aussi, en sens inverse, des gens qui pensent qu’une pièce de théâtre idiote ou une photo moche et jaunâtre constituent d’épouvantables blasphèmes antichrétiens qui imposent des nuits entières à prier le chapelet sur le trottoir.
Et il y a des gens qui pensent que les bras tendus et les appels à remettre en marche les crématoires sont des traits d’humour pétillant. (Les mêmes pensent souvent qu’une banale caricature d’un enturbané dans un journal satirique constitue un blasphème, une profanation, une atteinte au plus intime de l'être, une attaque raciste, etc.)
Ce que j’essaie de dire, c’est que chacun a droit à ses opinions, mais qu’on ne peut pas sans danger attribuer n’importe quel qualificatif à n’importe quel fait ou objet, de façon discrétionnaire, en fonction du capital victimaire dont dispose tel ou tel groupe.
29 janvier 2014, 20:32   Re : M'bala emballé
Citation
Afchine Davoudi
« Il n'y a plus grand monde pour plaider l'humour et le pas grave »

Vous plaisantez ? Moi, ces derniers temps, j'ai l'impression de n'avoir rencontré (et entendu) que cela...

Ah bon ? Mais où ? Qui ? J'entends "antisémite", "haine", "fou dangereux", moi, partout.

Que ses derniers rares défenseurs plaident le quatrième degré de la super-transgression, peut-être, mais enfin ils ne sont pas bien nombreux.
Utilisateur anonyme
29 janvier 2014, 20:40   Re : M'bala emballé
Laissez tomber...
29 janvier 2014, 21:15   Re : M'bala emballé
Citation
Afchine Davoudi
Laissez tomber...

Oh, bien volontiers, ces quelques premiers mots (sur lesquels vous vous êtes jetés) se voulaient être mes derniers mots relatifs à cette fatigante "affaire".

*

Quant au (gros) reste du message donc, et si c'est bien à lui que vous réagissiez, Henri Chatterton, je ne peux qu'être d'accord avec tout ce que vous répondez. Mais je m'interroge plus précisément sur la loi, sur le texte. Comment éviter le tout (censure) ou rien (liberté d'expression totale) ? J'ai cette "atteinte à la dignité humaine" en travers de la gorge. Oh, j'y tiens à la dignité humaine, j'y tiens fort. Mais je tiens fort aussi à ce que la littérature, par exemple, lui mette un coup de pied où je pense, à la dignité humaine, quand il lui chante de le faire !
29 janvier 2014, 22:31   Re : M'bala emballé
La limite, cher Stéphane, c'est ce qu'on nomme dans la tradition juridique française l'ordre public.

Il s'agit d'une notion générale dont l'application tient à l'existence d'un faisceau d'éléments : tel comportement, tel jour à telle heure en tel lieu, sera considéré comme portant atteinte à l'ordre public, alors qu'à une autre heure et ailleurs il ne le sera pas. Cela n'a rien à voir avec les lois mémorielles.

Le maintien de cet ordre public est du ressort de l'exécutif, sous le contrôle du juge (on interdit d'abord, on juge après), cela me semble sain. Cette notion est présente dans notre loi depuis 1804, promulgation du Code Napoléon.

Sous la Troisième République, on faisait un usage très extensif de cette notion d'ordre public, voici ce que le grand Clemenceau disait à la tribune à propos de la censure de Thermidor : « Et maintenant si vous voulez savoir pourquoi, à la suite de cet événement sans importance d’un mauvais drame à la Comédie Française, il y a eu tant d’émotion dans Paris et pourquoi il y a à l’heure présente tant d’émotion à la Chambre, je vais vous le dire. C’est que cette admirable Révolution par qui nous sommes n’est pas finie, c’est qu’elle dure encore, c’est que nous en sommes encore les acteurs, c’est que ce sont toujours les mêmes ennemis. (…) Il faut donc que la lutte dure jusqu’à ce que la victoire soit définitive. En attendant, je vous le dis bien haut, nous ne laisserons pas salir la Révolution française par quelque spéculation que ce soit, nous ne le tolèrerons pas ». Le régime actuel, par comparaison, est laxiste.
29 janvier 2014, 22:36   Re : M'bala emballé
Cette affaire, au demeurant, ne me paraît pas fatigante : elle montre qu'il y a dans ce pays bon nombre d'exaltés, bon nombre de gens (du bord droit mais aussi du bord gauche et aussi de nulle part et d'ailleurs, toute allusion aux positionnements politiques successifs de Paul-Marie étant fortuite) qui en veulent aux juifs et au Juif, pour des raisons aussi diverses que nombreuses et mystérieuses.

Ces gens-là, il faut les mettre à l'écart, et ne rater aucune occasion de leur rentrer dedans, d'où qu'ils viennent et qui qu'ils soient. Une passage de balayeuse Boulevard Voltaire serait sans doute nécessaire, avec peut être le concours de l'engin dont voici la photographie.

29 janvier 2014, 23:34   Re : M'bala emballé
Bien sûr cher Jean-marc, bien sûr.

Mais atteinte à la dignité humaine, quand même, ça n'est pas risque de trouble à l'ordre public. Je ne vois pas de limite à ce concept d'atteinte à la dignité humaine, justement.
30 janvier 2014, 03:38   Re : M'bala emballé
Mais il n'y a pas non plus de seuil ou de limite à la notion de trouble à l'ordre public. Lors de la première du Sacre du Printemps de Stravinsky à Paris en mai 1913, il y eut une sorte d'émeute, avec invectives et injures publiques, menaces de violence, etc.. Faut-il qu'au chef de cet événement Le Sacre du Printemps soit interdit à la ville toujours et partout ?

Cette notion de "trouble à l'ordre du public" est une impasse politique et juridique et une arme à double tranchant susceptible de se retourner en un instant contre tout opposant au totalitarisme. Je sais qu'Alain Finkielkraut l'a faite sienne s'agissant de Dieudonné mais elle n'en est pas moins une fausse bonne idée de sa part.

La dernière vidéo de Dieudonné mise en ligne ici montre un homme s'adressant à un autre publiquement (à M. Copé), il s'agit donc d'une sorte de lettre ouverte vidéographique. Il ne s'agit ni de littérature, ni de représentation ni de quoi que ce soit qui ait un rapport quelconque avec la licence poétique, littéraire ou la moindre distanciation. Et cette vidéo non datée n'est susceptible de causer aucun trouble à l'ordre public. Elle animalise un groupe humain et lui promet "si le vent tourne", le génocide. Rien de moins et rien de plus. Elle ne comporte aucune haine, aucun violent appel au meurtre. Et elle n'appelle aucune censure. Personnellement, je suis favorable à sa large diffusion. Elle permet d'entendre le programme et le fond de la pensée de son auteur. Il ne faut absolument jamais qu'elle soit censurée : elle est utile, à titre d'information et de mise en garde, à ceux qu'elle vise, lesquels grâce à elle savent désormais à quoi s'en tenir s'agissant de Dieudonné.

Cette vidéo de Dieudonné, loin d'être censurable pour "trouble à l'ordre public" devrait être au contraire largement diffusée pour sa valeur d'utilité publique !
30 janvier 2014, 04:07   Re : M'bala emballé
On est toujours le raciste de quelqu'un, les Juifs vis-à-vis des "goys" ne font pas exception.

"... si [...] le judaïsme n'est pas une religion mais un héritage biologique qui se vérifie dans l'ADN mitochondrial, alors c'est bel et bien le summum du racisme."

Marie Delarue, "Yair Netanyahou, complice de génocide ?", sur Boulevard Voltaire.
30 janvier 2014, 16:51   Re : M'bala emballé
Repensant à tout ça je m'aperçois qu'en donnant raison à Alain Eytan je me suis aussi donné raison : dans la première partie de ces échanges j'ai soutenu que le Droit s'opposait à la passion (la haine antisémite) en rétablissant les prérogatives de la chronologie et que de la sorte il rendait concevable l'amnistie, le pardon lui-même : la justice qui applique le Droit est l'amie du tampon dateur, du procès-verbal, de la datation des dires dans le procès qu'elle intente au crime et dans tout l'exercice de ses instructions, enquêtes, mises en état, etc. cependant que la passion de censurer, d'interdire, de frapper extrajudiciairement comme Zorro, comme Manuel Valls, était soeur de la haine, y compris de la haine antisémite délictueuse qu'à l'occasion cette passion vengeresse et censurante prend pour cible en frappant "pour l'ensemble d'une oeuvre" sans référence quelconque à l'avant ni l'après d'un point dateur et que, partant de ce principe, elle s'autorisait la frappe ante, a-chrono-logique; dans un second temps (cf. ma lecture de La Tour d'Ezra), j'ai soutenu que le temps chronologique qui avait permis la survenue dans l'histoire de la moderne nation d'Israël avait nécessairement éteint les formes les plus primitives et virulentes de la passion antisémite qui avait précédé cette survenue (les vertus "viriles" prouvées de cette nation dans sa courte histoire invalident, frappent de mort morale définitive toute la propagande par le mépris qui visait les juifs dans les années 30 du siècle dernier, avais-je ainsi conjecturé).

Or on me suggère, Alain Eytan d'abord, puis Dieudonné par une monstration éloquente, que cette seconde hypothèse, celle d'une extinction des passions par l'action du temps qui en l'occurrence a permis la naissance d'un Etat-nation dont l'héroïsme dans la lutte pour sa survie force le respect et invalide tout mépris, toute passion méprisante à l'égard de ceux qui inspirèrent la création de cet Etat, est invalide. Il faut donc revenir à ma première proposition qui s'en trouve ainsi renforcée : la passion est la némésis du temps et lui résiste, et lui est, très largement, immune, ou à tout le moins peut-elle le distordre et composer des durées passionnelles capables de causer l'engloutissement de pans immenses du réel, celui, par exemple, qui contient la naissance, les victoires, la durée de l'Etat juif.

La passion, la conservatoire haine, l'intemporel amour, sont les seules armes à la disposition des humains pour forcer le réel à disparaître et faire plier le temps et l'emporter dans leur valise ana-chrono-logique qui est leur repaire et leur fort. Il n'est pas de logique à la haine antisémite et toute logique ainsi abolie il n'est plus d'ordre chronologique non plus : la permanence et l'immarcescibilité de cet antisémitisme s'en trouvent affirmées ou réaffirmées en point oméga de l'action contemporaine. L'anti-sémitisme vainc les lois logiques du temps lui-même et l'anachronisme dans lequel il se vautre est si fort qu'il en décapite l'histoire et le réel ordinaire et toute l'ipséité qui en fournissait la matière : son révisionnisme /relativisme va jusqu'à oblitérer la survenue et l'existence de l'Etat juif lui-même. L'expression de l'antisémitisme contemporain qui superpose le faciès juif à celui d'un dromadaire, en 2013, vient nous faire la consternante démonstration par l'imaginaire qu'Israël n'existe pas et n'a jamais existé. Face à cette démonstration, le temps lui-même met un genou à terre; il plie et se rend à la passion : les prétendus "anti-sionistes" ne savent plus même qu'existe l'Etat d'Israël et ses glorieux faits d'armes et les juifs s'en trouvent n'avoir jamais, pas une seule seconde, quitté le statut de sous-humanité qu'ils leur prêtent.

L'anachronisme en acte, en démonstration, en manifestation de rue, rapproche les hommes de la folie collective et rend toute pensée en mesure de produire l'impensable.
Utilisateur anonyme
30 janvier 2014, 22:22   Re : M'bala emballé
« Face à cette démonstration, le temps lui-même met un genou à terre; il plie et se rend à la passion : les prétendus "anti-sionistes" ne savent plus même qu'existe l'Etat d'Israël et ses glorieux faits d'armes et les juifs s'en trouvent n'avoir jamais, pas une seule seconde, quitté le statut de sous-humanité qu'ils leur prêtent. »

Oui et non. La télévision iranienne, quand elle en parle, a pour règle absolue aujourd'hui de ne jamais dire « Israël », mais le régime sioniste, ou l'entité sioniste. Pourtant, jusqu'à la révolution islamique, les juifs d'Iran vivaient assez paisiblement et prospéraient, surtout du côté d'Ispahan. Face à maints régimes arabes, l'Iran et Israël étaient de facto alliés.
02 février 2014, 09:34   Re : M'bala emballé
Intéressante controverse, sur Causeur, à propos de "Jour de colère", opposant notamment Jacques de Guillebon à Frédéric Pichon, présenté comme avocat du groupe qui a organisé la manifestation.

J'aurais voulu que les organisateurs, au lieu de balayer la chose d'un haussement d'épaule, désavouent plus nettement ce que l'on voit dans


ce montage. C'est un montage, il ne montre qu'un aspect, minoritaire c'est entendu, marginal c'est un peu moins certain, mais bien là, bien visible, bien audible.
Utilisateur anonyme
02 février 2014, 10:11   Re : M'bala emballé
Pour en revenir à la liberté d'expression et à ce qui est inacceptable ou pas, sachez que Mme Filippetti et la commission de classification des œuvres cinématographiques ont décidé que le film « Nymphomaniac volume 1 » de Lars Von Trier pouvait être vu par un enfant de 13 ans.

La justice administrative a eu une nouvelle fois à trancher. Elle l'a fait en rappelant à Mme Filippetti le "grand nombre de
scènes de sexe non simulées et du climat général très sombre du film".

Dire que la ministre évoquait le "caractère pédagogique" du film...
02 février 2014, 10:30   Re : M'bala emballé
La télévision iranienne, quand elle en parle, a pour règle absolue aujourd'hui de ne jamais dire « Israël », mais le régime sioniste, ou l'entité sioniste.

J'ai connu ça ailleurs, dans un contexte tout autre -- encore que ce "tout autre" pourrait être relativisé -- celui de Taïwan dans le début des années 80 du siècle dernier, où le mot "République populaire de Chine" était interdit : il fallait dire "Da Lu" ("le Continent") ou bien "Gung Guo" ("le pays des Cocos") ou "Gong Chong" ("la Chine communiste") ou encore, "le pays des voleurs"; et le nom "la Chine" lui-même était déconseillé : il fallait dire "la République de Chine" (qui désignait le régime installé à Taïwan en 1949).

Il y avait une très forte rivalité mimétique entre ces deux pays, chacun voulant interdire à l'autre d'exister, traitant l'autre en usurpateur de son nom. On le voit, ce type de négationnisme en acte et en actualité (on nie que l'autre existe hic et nunc) vole en éclat un jour ou l'autre et l'histoire elle-même l'oublie assez vite, n'en retient guère le souvenir, et c'est ainsi que l'histoire, par consensus, par intérêt général va jusqu'à se montrer négationniste envers le phénomène lui-même (les contacts et les échanges directs, y compris les investissements entre les deux pays frères ennemis sont aujourd'hui nombreux et pacifiques comme si rien de tout ça n'avait eu lieu dans un passé assez récent).
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