LMPT 1, Gauche morale 0

La gauche morale couine : le Gouvernement recule (peut-être provisoirement) dans son idée fantastique de familles à deux papas, de petits garçons en jupe et de petites filles en marcel disant la clope au bec "Je m'appelle Jislaine et je conduis un gros camion".

Que sont doux à mes oreilles les pleurs du Mélenchon et de la Cosse, en voici le détail :

[www.lexpress.fr]

Même pas fichus de se dresser contre le croissant et le goupillon !

Tout au contraire, on entend soudain évoquer l'âme (ou l'esprit) parmi ceux qui "déconstruisirent" le corpus idéaliste. "Garçon ou fille, mais enfin, qu'est-ce que ça peut faire ? Ces tristes manifestants refusent donc de voir que c'est l'âme qui compte ?"

Dites qu'on s'amuse...

C'est très beau... c'est du Duflot ?

Comme l’esprit humain s’accommode de tout, il s’accommode aussi du mensonge sur les chiffres. Les manifestants parisiens étaient un demi-million, le gouvernement recule. Mais comme le même gouvernement a chiffré les mêmes manifestants à 80 000, chiffre que les médias ont arrondi à « un peu plus de 100 000 », ces médias expliquent à présent sérieusement que le gouvernement recule à cause de 100 000 manifestants.

expliquée par la peur d'alimenter les mobilisations dans la rue telles que celle du week-end passé, qui ont réuni au moins 100 000 personnes à Paris et à Lyon.

Quel est le sens du chiffrage du nombre de manifestants s'agissant de ce type de manifestation ? Il est de bon ton de manifester pour tout un tas de choses, mais pas pour la Manif pour tous ou pour le Jour de Colère. Combien de personnes ne participent pas à ce genre de manifestation de peur d'être vues qui par son patron, qui par son collègue, qui par une connaissance ?

De la même manière, la façon dont la presse (Le Monde, principalement) évoque les défections au FN pour les prochaines municipales est d'une parfaite mauvaise foi et relève de la plus grande hypocrisie professionnelle : un candidat FN a le courage de se déclarer, il se prend sur la tête tous les "amuseurs" professionnels à disposition (le petit journal de C+ étant évidemment en première ligne). Le candidat en question, pliant sous la réprobation des bonnes gens et sous les rires de ces plaisantins de studios télés, se retire. Le Monde peut titrer sur la difficulté rencontrée par le FN pour recruter des candidats. CQFD.

Petite réflexion en passant.

Est-il normal qu'un ministre (M.Valls), qui s'est présenté, pendant l'épisode Dieudonné, comme la République incarnée et le premier défenseur de notre démocratie menacée, annonce que le pouvoir exécutif tordra le bras au pouvoir législatif afin qu'aucun amendement GPA ou PMA n'apparaisse dans feu la loi sur la famille ?

La séparation des pouvoirs, ça ne lui dit rien ? "Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n’est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution." (art 16 de la DDHde 1789)

La séparation des pouvoirs, ce n'est pas cela : dans l'élaboration de la loi, il y a intervention du Parlement et du Gouvernement. Ensuite, le Parlement vote et le Président promulgue.

Ce que nous dit M. Valls n'est que l'application à la lettre de notre Constitution, dont l'article 44 stipule :

Les membres du Parlement et le Gouvernement ont le droit d'amendement. Ce droit s'exerce en séance ou en commission selon les conditions fixées par les règlements des assemblées, dans le cadre déterminé par une loi organique.

Après l'ouverture du débat, le Gouvernement peut s'opposer à l'examen de tout amendement qui n'a pas été antérieurement soumis à la commission.

Si le Gouvernement le demande, l'Assemblée saisie se prononce par un seul vote sur tout ou partie du texte en discussion en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le Gouvernement.[[/b]/i]

L'Assemblée est libre, dans ce cas, d'approuver ou non le texte, à elle de voir.

Merci pour ce petit cours de droit constitutionnel mais ne faites pas semblant de ne pas comprendre de quoi il s'agit ici : de députés aux ordres.

Et M. le ministre de l'intérieur est-il "le gouvernement" ?

Dans la tradition française, législatif et exécutif ne sont pas aussi séparés que dans d'autres pays.

L'Assemblée peut renverser le Gouvernement, le Président peut dissoudre l'Assemblée.

M.Valls a déclaré : le Gouvernement s'opposera à des amendements sur la GPA ou la PMA. Il se peut très bien que le Chef du Gouvernement le lui ait dit, c'est même assez probable : le Gouvernement, de notoriété publique, ne souhaite pas porter cela sur la place publique en ce moment. Dès lors, il utilise ses prérogatives constitutionnelles. Si les députés ne sont pas contents, ils peuvent très bien ne pas voter le texte en question, ou même censurer le Gouvernement.

Les députés de l'actuelle majorité ont été élus, pour la plupart, sous l'étiquette PS, et élus pour conduire la politique du Président et de son Premier ministre. Ils sont tout à fait libres de quitter cette majorité, mais il faudra alors qu'ils s'expliquent avec leurs électeurs.

Vous pouvez appeler cela des députés aux ordres, libre à vous. Je dirai plutôt que ces fonctionnements étranges du Parlement sont dus au fait que la durée du mandat des députés coïncide avec celle du Président, et que la quasi-simultanéité de ces deux élections est largement l'oeuvre de la Vieille Carne d'Auvergne, essentiellement pour des raisons de chiracophobie. Que des députés élus pour soutenir l'actuel Gouvernement le mettent en péril, c'est cela qui serait fort de café, et digne du coup de poignard que le parent de Bokassa porta au Général.

Citation
Jean-Marc du Masnau
Vous pouvez appeler cela des députés aux ordres, libre à vous. Je dirai plutôt que ces fonctionnements étranges du Parlement sont dus au fait que la durée du mandat des députés coïncide avec celle du Président

Je n'avais pas remarqué la liberté des députés sous les septennats que nous avons connus.