Le site du parti de l'In-nocence

Question à cette honorable assemblée

Envoyé par Gérard Rogemi 
Aurais-je l'autorisation de mettre en ligne une citation puisée dans un livre de Christian Bobin sans être obligé de pendre la fuite sous les huées?
15 septembre 2008, 22:34   Huées écrites
Bien cher Rogemi,

Quoique non-qualifié pour vous donner une autorisation, je suis prêt à lire cette citation, à la condition qu'elle ne cite pas elle-même un passage homophobe de Philippe Muray.
Je vous remercie mais un seul avis est insuffisant... il faut que j'assure mes arrières
Je vous donne mon aval, cher Rogemi, à condition que quelqu'un me couvre.
15 septembre 2008, 22:37   Proctection
Je vous couvre, de ce côté-là.
15 septembre 2008, 22:38   Re : Proctection
Bon... nous sommes parés, nous pouvons nous lancer.
En avant !
Amen, Rogemi; mais vous marchez tous à reculons, mes frères!
15 septembre 2008, 22:47   Loyola
La visite du pape nous a donné des idées jésuites...
15 septembre 2008, 22:50   Re : Loyola
... Et si Rogemi tarde encore, nous allons nous faire prendre à revers !
Utilisateur anonyme
15 septembre 2008, 23:16   Bobin passe aux clous
Peut-être le petit bonhomme est encore au rouge ? Et Bobin attend.
Quoi... comment ? Excusez-moi je m'étais endormi...

Dieu, la croyance et l’âge adulte

“Dieu. Cette vieillerie de Dieu, cette vieille bougie de Dieu brûlant au noir des siècles, ce feu follet rouge sang, cette misère d'une chandelle mouchée par tous les vents, nous, gens du vingtième siècle, nous ne savons qu'en faire. Nous sommes des gens de raison. Nous sommes des adultes. Nous ne nous éclairons plus à la bougie. Nous avons un temps espéré que les Eglises nous délivreraient de Dieu. Elles étaient faites pour ça. Les religions ne nous dérangeaient pas. Les religions sont pesantes et la pesanteur nous rassurerait plutôt. C'est la légèreté qui nous fait horreur, cette légèreté de Dieu en Dieu, de l'esprit dans l'esprit. Et puis nous sommes sortis des Eglises. Nous avons fait un grand chemin, de l'enfance à l'âge adulte, de l'erreur à la vérité. Nous savons à présent où est la vérité. Elle est dans le sexe, dans l'économie, dans la culture. Et nous savons bien où est la vérité de cette vérité. Elle est dans la mort. Nous croyons au sexe, à l'économie, à la culture et à la mort. Nous croyons que le fin mot de tout revient à la mort, qu'il grince entre ses dents serrées sur leur proie, et nous regardons les siècles passés du haut de cette croyance, avec indulgence et mépris, comme tout ce qu'on regarde de haut. Nous ne pouvons leur en vouloir de leurs erreurs. Elles étaient sans doute nécessaires. Maintenant nous avons grandi. Maintenant nous ne croyons qu'à ce qui est puissant, raisonnable, adulte - et rien n'est plus puéril que la lumière d'une bougie tremblant dans le noir.

Cette pauvreté de Dieu, ce grésillement de la lumière dans la lumière, ce murmure du silence au silence… »
**********************************************************************************************************************

Le siècle des marchands

«Au treizième siècle il y avait les marchands, les prêtres et les soldats. Au vingtième siècle il n'y a plus que les marchands. Ils sont dans leurs boutiques comme des prêtres dans leurs églises. Ils sont dans leurs usines comme des soldats dans leurs casernes. Ils se répandent dans le monde par la puissance de leurs images. On les trouve sur les murs, sur les écrans, dans les journaux. L'image est leur encens, l'image est leur épée. Le treizième siècle parlait au cœur. Il ne lui était pas nécessaire de parler fort pour se faire entendre. Les chants du Moyen Age font à peine plus de bruit que de la neige tombant sur de la neige. Le vingtième siècle parle à l'œil, et comme la vue est un des sens les plus volages, il faut lui crier, hurler avec des lumières violentes, des couleurs assourdissantes, des images désespérantes à force d'être gaies, des images sales à force d'être propres, vidées de toute ombre comme tout chagrin. Des images inconsolablement gaies. C'est que le vingtième siècle parle pour vendre et qu'il lui faut en conséquence flatter l'œil - le flatter et l'aveugler en même temps. L'éblouir. Le treizième siècle a beaucoup moins à vendre - Dieu ça n'a aucun prix, ça n'a que la valeur marchande d'un flocon de neige tombant sur des milliards d'autres flocons de neige. »

Christian Bobin "Le Très-Bas"
15 septembre 2008, 23:39   Le Très-Bas
Vous n'aviez aucune autorisation à demander. Le second passage est vraiment très réussi.
Utilisateur anonyme
15 septembre 2008, 23:56   Bobinissisme !!
Bobin ?, c'est encore Muray qui en parle le mieux...
16 septembre 2008, 00:01   Re : Bobinissisme !!
Citation
Bobin ?, c'est encore Muray qui en parle le mieux...

Absolument mais Muray lui-même n'aurait pas craché sur ces deux textes.
Utilisateur anonyme
16 septembre 2008, 00:44   Re : Question à cette honorable assemblée
"Absolument mais Muray lui-même n'aurait pas craché sur ces deux textes."

Moui, disons que pour une fois, la guimauve bobinienne passe mieux...
Dans le numéro 3 de la revue l'Atelier du Roman Philippe Muray fait une critique impitoyable de l'oeuvre de Bobin.
16 septembre 2008, 10:19   Bobin
En tout cas, bien cher Rogemi, j'avais beaucoup aimé "Le Très-Bas", petit livre que je tiens en grande estime.
Utilisateur anonyme
16 septembre 2008, 21:46   Re : Huées écrites
Mais que dit Muray de Bobin, cher Rogémi ? Je brûle d'en savoir plus !
16 septembre 2008, 23:04   Re : Huées écrites
Citation
Mais que dit Muray de Bobin, cher Rogémi ? Je brûle d'en savoir plus !

Ne me dites pas que par pure aversion de P. Muray vous allez vous abaisser à apprécier C. Bobin, cher Corto ?

A propos haben Sie ihn überhaupt gelesen ?

Bon quelques lignes pour la bonne bouche:

"Avec Bobin, au moins, c'est facile, c'est presque trop facile, on ne perd jamais le fil, on n'est pas depaysé, on peut lire en dormant sur ses deux oreilles, il n'arrivera rien, tout se developpe comme prévu. Chez lui, dans son petit monde doux, lent, sérieux, rustique, impayablement gentil et chuchotant, on boit du thé sous les arbres, les femmes repassent, font la vaisselle (on proteste discrétement contre ces travaux ménagers asservissants) ou raconte des histoires tristes et tendres. Les enfants apprennent la musique. On parle à la lumière. On la remercie d'être lumineuse. On est comblé par sa bonté. On glisse dans son portefeuille la photo de l'arbre qu'on préfére, c'est moins compromettant qu'une photo de femme nue, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Pas de sexe bien sûr: des évocations de "passions", ce qui n'a rien à voir."

Ou encore:

" Quand le ciel est bleu, on ne se contente pas d'écrire que le ciel est bleu, on dit " que les anges viennent de laver leur linge et que, n'étant riches que de leur seul amour, ils portent toujours la même lumière, rendue transparente par des milliers de lessives"

Comme le dit Pascal de la guimauve, des sucreries.

Muray appelle cela de la "poetical correctness"
Mais quoiqu'il en soit les deux extraits que j'ai mis en ligne valent qu'on les lise.
17 septembre 2008, 14:03   Ce que je n'apprécie pas
Bien cher Rogemi,


A la suite de vos divers messages sur le sujet, j'ai entrepris une lecture sérieuse de Muray.

Il y a de très bonnes choses, des points très bien vus, un réel style.


Cependant, outre mon penchant à préférer les solutions pratiques aux simples critiques, ce que vous nous dites là renforce une idée que j'avais déjà.


Je m'explique. J'avais lu "Le Très-Bas", lors de sa parution. J'avais été frappé par ce petit livre.

Que Muray critique nos ennemis, soit. Mais il ya chez lui une propension à la critique urbi et orbi qui me dépasse.

Savez-vous si Muray a écrit quelque chose à propos de Thérèse de Lisieux ?
Utilisateur anonyme
17 septembre 2008, 14:04   Re : Au secours !
Ja, ja, Lieber Rogémi, Ich habe einmal ein Buch von Bobin gelesen.
Mais, et je continue en français pour que chacun profite de ce scoop : je suis bien d'accord avec la critique de Philippe Muray sur l'oeuvrette bobinienne que je trouve soporifique....
Ciel ! Je dois être ivre ou gravement malade, ou les deux... Au secours !
Utilisateur anonyme
17 septembre 2008, 14:05   Re : Ce que je n'apprécie pas
Muray a-t-il écrit sur Jmarc ?
20 septembre 2008, 10:25   Styles
Sur Thérèse de Lisieux, je ne sais si Philippe Muray a écrit quelque chose. J'imagine que le catholique fidèle qu'il était (si mes informations sont bonnes) n'allait pas jusqu'à apprécier les modes d'expression insupportablement sucrés, pré-bobiniens, de la piété de ces temps-là, et de Thérèse elle-même. En revanche, j'ai vu un film très remarquable, intitulé aussi Thérèse, et qui prend le contrepied exact de cette esthétique. Je me souviens d'un sermon de prêtre orthodoxe sur le style des icônes qu'à la même époque, vénérait le sublime Séraphin de Sarov. Un "sulpicianisme" redoutable régnait dans toute l'Europe, dont le style de Bobin est la version moderne. Ce prêtre disait que l'esthétique regrettable de ces (pseudo) icônes devait être pour les chrétiens d'aujourd'hui une leçon d'humilité et d'ascèse artistiques. J'avoue que je ne suis pas très convaincu, car il faudrait alors admettre une opposition entre la grandeur du fond (la sainteté, les exploits ascétiques) et la mièvrerie, la faiblesse et la complaisance des formes. Or je ne crois pas possible d'accepter pareille opposition.
Bien cher Henri, vous posez exactement la question que je formulais implictement à propos de Muray.


Grandeur et sulpicianisme sont deux mots qui viennent à l'esprit concernant Thérèse.

C'est pourquoi je serais très curieux de savoir comment Muray traite ce genre de sujet.
En tout cas, le film d'Alain Cavalier Thérèse est un très bon film.
Utilisateur anonyme
20 septembre 2008, 15:16   Re : Le souvenir d'un doute
J'en ai gardé un vague souvenir, s'il s'agit bien du film que j'ai vu il y a une vingtaine d'années. Le souvenir d'un doute.
20 septembre 2008, 15:57   Fond et forme
Jean-Paul II, sur les conseils du cardinal Ratzinger a proclamé la petite Thérèse "Docteur de l'église", titre fort rare, attribué notamment à Jean-de-la-Croix et à Augustin.

Or, ni Jean-Paul II, ni Benoît XVI n'ont pour désir constant de complaire aux modes du temps.

Dès lors, la "mièvrerie" alléguée de l'oeuvre de la "Petite Thérèse" doit-elle, ou non, être prise en compte, où doit-on s'attacher à son seul message ? bien plus, ce côté "sucré" n'est-il pas, en lui même, l'expression de sa lumineuse bonté ?
20 septembre 2008, 16:02   Amour
Par ailleurs, la quetsion de l'amour ayant été abordée par ailleurs, je signale que Thérèse est désignée comme "docteur amoureuse".
20 septembre 2008, 18:35   Re : Amour
jmarc écrivait:
-------------------------------------------------------
> Par ailleurs, la quetsion de l'amour ayant été
> abordée par ailleurs, je signale que Thérèse est
> désignée comme "docteur amoureuse".


On vous suit Jmarc, sur ce chemin ô combien difficile. Il faudrait conseiller, pour aider ceux qui, par ailleurs tout à fait à l'aise dans le shivaïsme ou le Tchouang-tseu, seraient tenté de railler ce docte mystère de la douceur, la lecture de l'un des derniers livres de Blaise Cendrars: Lotissement du Ciel, qui fait comprendre ce miracle du saint "simple d'esprit", et de la toute-puissance de l'Esprit saint dans son mystère et sa force, fontaine de prodiges, sucre du néant.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter