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Moderne contre Moderne au théâtre

Envoyé par Marcel Meyer 
Le théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis a voulu présenter Exhibit B, un spectacle du Sud-Africain Brett Bailey consistant en un "zoo humain" montrant des tableaux vivants de Noirs dans des postures humiliantes, référence plus ou moins abusive à certaines expositions coloniales.

Le spectacle a dû être annulé, non à cause de manifestations de patriotes dénonçant une Nième autoflagellation fondée sur une caricature de notre passé colonial, mais à cause de gens, apparemment surtout d'origine maghrébine et africaine si l'on en croit les clichés publiés par Le Parisien, qui protestaient contre le "racisme" du spectacle, au grand dam de Fleur Pellerin et de toute notre nomenklatura cultureuse et malgré le soutien de Lillian Thuram et de la LICRA.

Ce savoureux malentendu se conclut par une belle salve de langue moderneuse : dans un communiqué, Jean Bellorini, le directeur du théâtre, déclare que « Devant l'empêchement du public à accéder au théâtre, les représentations suivantes n'ont pu avoir lieu. » Dans Le Figaro, cette belle salade est encore améliorée, elle devient « Devant l'empêchement du public, par la violence des manifestants, à pouvoir à accéder au Théâtre pour les représentations suivantes, celles -ci n'ont pu avoir lieu » !
« Devant l'empêchement du public, par la violence des manifestants, à pouvoir à accéder au Théâtre pour les représentations suivantes, celles -ci n'ont pu avoir lieu »

Du petit nègre, en somme.
Il faut dire aussi qu'il y a urgence à donner ce genre de spectacle à Saint Denis : la population y aime encore trop la France.
Les expositions coloniales, c'était bien. Dommage qu'elles n'aient plus lieu.



(Bruxelles, 1958)

Etonnant, non ?
Cette photo ne me paraît pas particulièrement choquante.La foule me paraît plutôt amicale et bienveillante. C’est Gide qui soulignait que tout est dans le regard et non dans la chose regardée. Je crois que là encore on calomnie la France d'alors en prêtant au peuple français un racisme que dans son ensemble il n'éprouvait pas. Il s’agissait pour l’essentiel de reconstituer des villages africains avec leurs habitants vaquant à leurs occupations traditionnelles. En quoi était-ce choquant ? Est-ce que ce n’est pas ce que font nos ethnologues et nos ethnosociologues ? Est-ce que ces Africains ont été maltraités pendant leur séjour ? Pas que je sache. Le peuple de Paris qui venaient les observer leur lançait-il des injures, des quolibets, des cacahuètes ? Pas que je sache, non plus à moins d'exceptions toujours possibles. Alors pourquoi le suspecter de mépris et non lui prêter une curiosité et un intérêt estimables pour ces mœurs étrangères qu’on lui mettait sous les yeux ? Les animations culturelles qui aujourd’hui font la promotion de la Diversité s’y prennent-elles autrement ?On dira qu'on n'a pas laissé le choix à ces Africain, mais c’est aussi ce qu’on a dit des Maghrébins venus travailler en France. Les Africains seraient donc si bornés qu’il ne se soit pas trouvé quelques centaines de personnes pour être tentés par l’expérience excitante de voyager et de séjourner dans un pays inconnu, puissant et prospère, aux frais de la République, et de faire, au cas où on les y aurait obligés, contre mauvaise fortune bon cœur ? Car même si on les y avait un peu forcés, à partir du moment où ils n’ont pas été ni brutalisés ni maltraités, je ne vois pas qu’il y ait si grand crime.
Si on proposait à ma fille d’aller animer aux USA, tous frais de voyage et de séjour payés, un village corse reconstitué avec ses occupations traditionnelles, je crois qu'elle ne se ferait pas tellement prier.
Je ne savais pas que l'on avait encore procédé à de telles exhibitions à l'exposition universelle de Bruxelles en 1958. En France cela s'est fait entre 1878 et 1931, date à laquelle les concerts de protestation mirent fin à la chose.

On comprend évidemment très bien pourquoi cela paraît aujourd'hui choquant, même si Cassandre a sans doute raison de dire que les contemporains n'y voyaient peut-être pas, en général, malice. Et les photos que l'on peut voir du spectacle dont il est ici question suggèrent une représentation nettement biaisée de la chose, ne serait-ce que par le fait que les hommes et les femmes exhibés y sont en cage. Reste aussi que l'urgence n'est peut-être pas, aujourd'hui, de nourrir le ressentiment post-colonial de nos aimables banlieusards. Reste aussi qu'il est tout à fait extraordinaire de voir les bien-pensants obligés de défendre ce spectacle contre ceux-ci.
Je suis très étonné qu'une telle scène ait pu se produire aussi tard...
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