Le phénomène d'inclusion d'une marque personnelle dans une forme verbale, que l'on voit donc en picard comme en français pédagogique, est attesté dans bien des langues agglutinantes comme le turc ou le sumérien. L'action est exprimée par le verbe (ici
mélanj), mais celui-ci ne peut exister seul, il lui faut des particules personnelles (
i-mélanj), éventuellement un objet inclus dans le groupe verbal (
imélanjtou) ou suffixé au verbe, et d'autres préfixes ou suffixes de modalité, d'aspect etc ... Or ces particules n'existent pas seules non plus : elles doivent
répéter le sujet et l'objet déjà exprimés ailleurs.
Fopakimélanjtou, par exemple, forme un groupe verbal très acceptable, qui rappelle, mettons en sumérien, le groupe
mu-n-du-a, "celui qui lui a construit ceci", à partir du verbe construire,
du. Mais
mu-, -n- et
-a ne se comprennent qu'en référence à un sujet et un objet verbaux déjà exprimés avant (ou après) :
léjeun', moijdi (énonciateur du Rectorat d'Amiens)
ki fopakimélanjtou.
On trouve cela fréquemment sur les tablettes cunéiformes de fondation.