Le site du parti de l'In-nocence

Grandeur de Ray Honeyford

Envoyé par Pierre Jean Comolli 
Un hommage rendu dans "The Guardian" (!!!) à ce héros clairvoyant. L'article est publié en plein scandale des écoles-madrasas de Birmingham.

[www.theguardian.com]
Jusqu'au milieu du siècle dernier, la "classe éduquée" anglaise pensait que le français (comme Ch. Dickens le pensait déjà au siècle précédent) était la langue par excellence de la pensée claire et articulée, de l'idée juste, du raisonnement efficace sur la société. Dans notre époque, l'observation porte à considérer qu'une inversion s'est opérée : c'est à présent en anglais, que "les choses se disent le mieux". La novlangue, paradoxalement, n'a pas encore étouffé cette langue qui, quand elle se prend à dire au réel son fait, sans se détourner du bons sens le plus direct, librement et audacieusement, ressemble au français d'avant :

"commitment [of immigrants] to a British education was implicit in their decision to become British citizens. Maintenance and transmission of the mother culture has nothing to do with the English secular school [but is] an entirely private decision to be implemented by the immigrant family and community out of school … There should be a welcome for the strangers in our midst, but no attempt by the education service to confer a privileged position on this sub-culture or that."

[secular school : l'école laïque]
[in our midst : parmi nous]
[to confer a privileged position on this sub-culture or that : accorder une place privilégiée à telle ou telle sous-culture]
Comme vous avez raison... En fréquentant l'anglais bien écrit et parlé, on retrouve souvent les perfections descriptive et explicative perdues par une langue français dévitalisée en quelques décennies à peine par, entre autres vandales, l'Education nationale. En relisant les Intermittences du cœur de Proust ou la première Méditation des Méditations métaphysiques de Descartes, on a tout simplement trop mal.

Cet "in our midst" m'a enchanté.
Cher amis,

Je pense qu'au-delà des seuls textes littéraires existait un français très classique, très clair, mais qu'on trouvait davantage dans des textes moins ambitieux, des textes à but utilitaire, des textes liés à une profession.

Un excellent exemple est fourni par la "Correspondance diplomatique", de Claudel. On y apprend que ce remarquable écrivain ne consacrait guère plus d'une heure par jour à la "littérature", durant sa mission à Tokyo. Or, sa correspondance professionnelle est merveilleuse de clarté et de précision, il est dommage qu'elle ne soit pas comptée comme littéraire.

Autre grand écrivain du Quai de cette époque : Alexis Léger. Il y occupait de très hautes fonctions. Voici un de ses textes administratifs (le début du fameux mémorandum) :

Au cours d'une première réunion tenue le 9 septembre 1929, à Genève, à la demande du Représentant de la France, les Représentants qualifiés des vingt-sept Etats européens membres de la Société des Nations ont été appelés à envisager l'intérêt d'une entente entre Gouvernements intéressés, en vue de l'institution, entre peuples d'Europe, d'une sorte de lien fédéral qui établisse entre eux un régime de constante solidarité et leur permette, dans tous les cas où cela serait nécessaire, d'entrer en contact immédiat pour l'étude, la discussion et le règlement des problèmes susceptibles de les intéresser en commun.

Unanimes à reconnaître la nécessité d'un effort dans ce sens, les Représentants consultés se sont tous engagés à recommander à leurs gouvernements respectifs la mise à l'étude de la question qui leur était directement soumise par le Représentant de la France et qu'aussi bien ce dernier avait déjà eu l'occasion le 5 septembre d'évoquer devant la Xe Assemblée de la SdN.

Pour mieux attester cette unanimité, qui consacrait déjà le principe d'une union morale européenne, ils ont cru devoir arrêter sans délai la procédure qui leur paraissait la plus propre à faciliter l'enquête proposée: ils ont confié au Représentant de la France le soin de préciser, dans un mémorandum aux gouvernements intéressés, les points essentiels sur lesquels devait porter leur étude; de recueillir et d'enregistrer leurs avis; de dégager les conclusions de cette large consultation, et d'en faire l'objet d'un rapport à soumettre aux délibérations d'une Conférence européenne, qui pourrait se tenir à Genève, lors de la prochaine Assemblée de la SdN.

Au moment de s'acquitter de la mission qui lui a été confiée, le gouvernement de la République tient à rappeler la préoccupation générale et les réserves essentielles qui n'ont cessé de dominer la pensée de tous les Représentants réunis à Genève, le 9 septembre dernier.


De même, la thèse de Louis Destouches à propos de Semmelweis n'était pas écrite dans un but littéraire, elle est cependant de grande valeur littéraire.
Ce doit être le fruit d'une époque : la rente devenant de plus en plus hasardeuse, et les crises économiques des premières décennies du 20e siècle additionnant leurs effets à celles du Canal de Panama et de l'Emprunt Franco-Russe, les grands auteurs français se virent contraints d'aiguiser leur plume à des exercices non littéraires, que certains devenaient obligés d'entretenir la vie durant. Le courageux docteur Destouches, en effet, doit être symbolique de cette transition.

Pour certains de ces auteurs le Quai fut école d'écritude autant que bouée de sauvetage économique (Morand, Claudel, etc.),
Je n'en suis pas si certain, Francis.

Il y a certes, bien des écrivains qui consacrent leur vie à l'écriture.

D'autres ont eu une profession, par choix aussi, alors qu'ils n'avaient aucune contrainte en la matière : Saint-Simon, qui occupa de très hautes fonctions administratives ; Chateaubriand. Plus près de nous, Julien Gracq : ses livres lui auraient permis de vivre de sa plume, ou le ministère lui aurait trouvé une sinécure. Malgré cela, il tint à enseigner jusqu'à la retraite, n'écrivant essentiellement que pendant les grandes vacances...

Je me demande quelle allure peuvent avoir les écrits professionnels de Saint-Simon, membre du Conseil de Régence, ou de Chateaubriand, diplomate, et aussi comment étaient les cours de Louis Poirier...
Prenez aussi l'Angleterre du XIXème siècle : Byron se voulait homme politique, et souffrait de n'être considéré que comme poète (Lamartine se trouva, chez nous, dans la même situation). Fielding descendait d'une illustre famille (ruinée de père en fils, il faut croire) et considérait la littérature comme alimentaire, il fut un magistrat des plus sérieux, voir son rôle dans la fameuse affaire d'Elizabeth Canning.
Oui, mais j'avais en tête cette image de l'écrivain romantique décadent aux mains diaphanes et nerveuses qui jamais je prirent la plume pour autre chose que pour coucher "Les Fleurs du Mal". Même si Baudelaire fut journaliste, il est vrai. Le dilletantisme dans son cas s'oppose "au brave boulot" de secrétaire d'ambassade ou de l'agence Havas, ou comme pour Kafka, de responsable local d'un cabinet d'assurance. Vous imaginez ça, Charles Beaudelaire, Huysmans, le jeune Lautréamont rédigeant des constats de sinistre ? Non, la plume utilitaire à vie, c'est le 20e siècle, le siècle du complet veston et des poètes aux mines obligées et contrites par le siècle du besoin enregimenté, le siècle où les poètes eurent le profil physique des hommes en noir et à chapeau melon de Margritte.
Sur ce point, vous avez raison, je pense à Kafka écrivant des documents relatifs aux accidents du travail... j'en avais vu un, illustré d'un très joli dessin de rabot...

Néanmoins, je pense qu'il y une catégorie d'écrivains qui furent d'immenses écrivains alors que, si on regarde leur vie, leurs centres d'intérêts principaux n'apparaissent pas forcément littéraires : Cervantes plaçait avant tout la carrière des armes ; Goethe fut un administrateur de tout premier plan, et un grand scientifique ; Dante était dévoré par le démon de la politique...

Léger fut tout de même Secrétaire général du Quai d'Orsay, il était plus puissant que le ministre, on sait toute son influence dans les années qui précédèrent la guerre...

Giuseppe Tomasi, quand il décrit le prince Salina, largement à sa ressemblance, nous dévoile sa passion cachée, qui n'était pas les lettres, mais la science...
Deux derniers exemples de personnes qui écrivaient très bien, et qui eurent des rôles publics éminents : Churchill et de Gaulle.
A propos d'Huysmans - qui était fonctionnaire à la Préfecture de police - en hommage, Francis, ce petit extrait qui vous ravira (c'est une lettre du ministre Ogier, qui savait écrire, à la suite d'une attaque d' Edouard Millau, haut fonctionnaire et ancien sénateur, qui savait écrire aussi) :

Millau :

"M. Huysmans, sous-chef du 4e bureau de la Direction de la Sûreté générale, doit demander sa retraite au commencement de février. M. Renard, rédacteur principal au même bureau, demande à le remplacer. Services: Neuf ans comme conseiller de préfecture et sous-préfet, quatre ans comme rédacteur principal.

M. Renard étant un charmant homme qui va régulièrement à son bureau et qui y travaille, je ne vois pas de mal à le voir remplacer Huysmans. Au moins aura-t-il sur son prédécesseur cet avantage qu’il s’occupera un peu du service qui lui sera peut-être confié."


Ogier, à Barthou :

"J’ai la bonne fortune de pouvoir vous mettre à même de rétablir la vérité à ce sujet.

Arthur Meyer a intitulé ses mémoires: "Ce que mes yeux ont vu." L’excellent Edouard Millaud pourrait mettre en exergue de ses souvenirs: "Ce que mon imagination me suggère."

Huysmans fut un employé rigoureusement consciencieux, non seulement par sa ponctualité et son assiduité au bureau, mais aussi par la conscience qu’il apportait à exécuter le service qui lui était confié. A dire le vrai, ce service n’était pas très compliqué et n’exigeait pas un grand effort d’intelligence. C’était des expulsions d’étrangers que s’occupait Huysmans. Il y fallait simplement de la méthode et de l’ordre, et jamais le service ne marcha mieux qu’à l’époque où Huysmans s’en occupa. "

"The age of anxiety" (le Angst des grands penseurs allemands du siècle) qui caractérisa la littérature et la pensée de siècle-là, s'explique aussi par l'angoisse économique permanente dans laquelle tout le monde baigna et qui en 1929 ne fit que franchir un palier supplémentaire; cette angoisse ne connut qu'un court répit en France dans les années 60. Disons que cette précarité fut un facteur d'explication de l'anxiété des auteurs qui, pour avoir traversé le siècle (et quel siècle !) reste très largement négligée.

La créativité littéraire et artistique de ce siècle en Europe fut lourdement grevée par ce phénomène; les adultes n'y connurent aucun âge d'or, du moins jamais entre 1913 et 1960, ni après 1975.
Savoureux, sur Huysmans, ponctuel et assidu au bureau et inflexible envers les étrangers en situation irrégulière ! Qui sait comment aurait fini Arthur s'il ne s'était embarqué pour l'Abyssinie, préfet de police ?
Dans mon idée, Rimbaud aurait en effet plutôt tenu ce genre de fonction, ce serait assez cohérent avec son parcours en Afrique.

Notez, Francis, que Huysmans travailla sous les ordres de Louis Andrieux (j'ignore totalement quelle contribution ce dernier apporta à la littérature).
N'oubliez pas qu'une personne qui écrit clairement aurait de fortes chances d'être incomprise à notre époque, ce qui pourrait nuire à ses évaluations professionnelles ; il est du reste presque naturel qu'à l'ère des écrans s'agrandissant et des définitions d'image s'affinant, l'esprit s'étrécisse et s'obscurcisse à mesure.
Je ne sais si pour Kafka le travail était vraiment alimentaire et pouvait être qualifié de "brave boulot" — après tout sa famille avait certes les moyens de l'entretenir s'il l'avait réellement voulu, et il aurait pu s'arranger dans ce sens —, mais ne participerait pas plutôt d'une quête éperdue de la normalité, d'un parti pris d'être "avec le monde contre soi", et le soi de Kafka était infiniment singulier et hors-norme, hors-monde : à tel point que le travail opérait pratiquement comme un négatif rendant possible, au plan moral et rien moins qu'alimentaire, l'écriture même (on a souvent l’impression que si Kafka avait pu "réussir" sa vie d'homme, d'homme parmi les hommes, se soumettant de plein gré à la Loi commune, il n'aurait pas demandé qu'on brulât son œuvre).
Synchrone chez Kafka, ce négatif fut rétrospectif chez Rimbaud.
Il reste que le 20e siècle fut, pour les intellectuels et les écrivains (mais il en alla tout autrement des artistes plasticiens) le siècle de la vache enragée. Un écrivain à succès antérieur à la première guerre mondiale devenait facilement propriétaire d'une maison patricienne, y menant grand train, on pense à Paul Bourget. Après la première guerre mondiale, c'est fini, c'est "l'économie de guerre" (R.Camus) qui s'installe durablement et pour tous : Colette, écrivain très lue dans l'entre-deux-guerres et au-delà vivote dans des chambres d'hôtel, traverse le siècle dans la même petite robe noire, coiffée du même bibi de folle, doit être logée par l'Etat au Palais-Royal ne fut jamais la diva, la "duchesse" qu'elle aurait rêvé d'être dans sa prime jeunesse. A Coco Chanel, la suite au Ritz à l'année, pas à elle. Ceux qui fréquentent les grandes fortunes, qui cotoyent les grands artistes plasticiens s'en sortent mieux : Cocteau dans les hauts-lieux de la Côte d'Azur, mais n'en deviennent pas pour autant des pensionnaires des palaces. L'Etat joue les petits mécènes, Mitterrand se prend pour Médicis en offrant dérisoirement une rente de situation à Régine Desforges pour qu'elle puisse subsister en menant à bien son projet de la Bicyclette bleue.

Qu'on songe à la demeure de Chateaubriand à Chatenay-Malabry...

L'âge de la télévision et du divertissement audio-visuel de masse ajoutera à cette situation la cruauté du spectacle de l'enrichissement accordé à la médiocrité intellectuelle. Un professeur de philosophie, auteur d'une dizaine d'ouvrages de haute volée, en fin de carrière gagne dix-huit à trente fois moins qu'un animateur-producteur de jeux télévisés. Une jeune actrice de cinéma dix fois plus qu'un auteur de théâtre qui n'aurait jamais écrit pour la télévision ou le cinéma.

En France cette prolétarisation de la vie intellectuelle et de la créativité littéraire eut son coût sur la pensée et la vie de l'esprit dans un assombrissement et un désanchantement chronique (exception faite de la période des Hussards, peut-être dans ce moment de répit économique que connut la société française sur la fin des Trente Glorieuses).

"Quête éperdue de la normalité chez Kafka". Vraisemblablement. Désir d'enfoncement dans le séjour commun. La condamnation des intellectuels, même reconnus, à vivre chichement, petitement, à "marner" contre soi, certains durent s'en faire un outil pour l'évasion, quand bien même celle-ci fut, comme dans le cas de Kafka, non souhaitée, un simple support de l'enfermement.
Il y a de ça, Francis, c'est vrai.

Cependant, il est dangereux de confondre patrimoine et revenus (pour faire court, la valeur relative d'une demeure a très considérablement changé en deux siècles : une belle demeure de 1810 était peu chère, car, si elle avait bel aspect, elle était souvent malcommode et très peu équipée).

A l'époque actuelle, la demeure est souvent la composante majeure d'un capital. Prenez une famille bourgeoise parisienne, habitant un appartement correct, dans un bon quartier. Le capital est important, l'appartement peut valoir un million d'euros, par exemple. Il est cependant "non-liquide", c'est à dire qu'il ne permet pas, ce capital, de vivre de ses rentes et, paradoxalement, on peut habiter une belle demeure et vivre de façon étriquée.

A combien les in-nocents verraient-ils le seuil de revenus pour "vivre largement", concernant un écrivain ayant à faire vivre deux personnes, un couple don ?

En prenant le revenu imposable (cela coupe court aux discussions sur le net et le brut), serait-ce 50 000 Euros, 100 000 Euros, 200 000 Euros ?
Deux cent mille euros, au minimum. A cette hauteur-là, on paye l'ISF (rente négative sur le patrimoine) mais on peut déjà connaître la félicité d'entretenir des pique-assiette dans des résidences secondaires. Dans l'ère moderne, le pique-assiette, pour le rang, est l'équivalent de l'esclave du temps des Romains : sa fonction statuaire et sociale est celle-là. L'esclave ayant été évacué des sociétés occidentales, le parasite vient le remplacer au plan des familles comme à celui de la société dans son ensemble: une société riche et digne doit entretenir un prestigieux volant de racailles parasitaires, il en va de l'image de soi qu'elle se doit de donner au monde.
Justement, on ne paie pas forcément l'ISF, à ce niveau de revenus (l'ISF est sur le capital, pas sur le flux).

Je voulais dire, en gagnant et en dépensant, sans posséder forcément des résidences secondaires ou une demeure somptueuse ?
Ce n'est qu'en goûtant l'ivresse de la dépense inutile qu'un individu, une société sait (illusoirement ou non, peu importe), qu'elle est riche et qu'elle connaît le luxe. Pour la société française en 2014 : l'AME, la CAF. En matière d'économie, se vouloir, se croire, c'est être. L'économie est une discipline irrationnelle.
Passé un certain seuil, la seule dépense pécuniaire est frustrante, insatisfaisante, ne suffit plus à combler l'appétît pour le gâchis luxueux. Celui qui touche 200 000 euros net s'ennuierait à les dépenser, pour se sentir heureux, il lui faut les gâcher par exemple, dans l'acquisition de biens fonciers immenses et inutilisables, impossibles à entretenir, à meubler, à chauffer, à habiter, il lui faudra acheter une forêt, une chasse, pour le pur plaisir que personne ne puisse l'acheter après lui, etc. Il lui faudra savoir que des personnes s'attachent à lui pour lui grignoter sa fortune en les laissant faire comme la truie ses petits dans la têtée.

Etre aimé pour son argent et le savoir installe le sujet à des hauteurs de domination secrète inviolables, inexpugnables.
Très bonne approche, en effet. Plutôt que la chasse ou la forêt, je verrais la villa aux Caraïbes, qui coûte cher, qu'on n'habite jamais et qui se dégrade très vite (j'ai plusieurs exemples en tête).

Je me demande cependant si cet achat somptuaire ne prend pas aussi des formes plus modernes : voir le boom actuel de l'art moderne soutenu par les achats des "Loups de Wall Street".

Un point, à propos du vrai luxe : avoir du personnel, des personnels...
La richesse, cela s'achète.

Le parasite, l'esclave inactif, les trois millions et demi de chômeurs français, les centaines de milliers de quémandeurs transfrontières, y pourvoient.
C'est exactement cela, de mon point de vue.
L'économie, science imaginaire : la monnaie qui achète la richesse est celle du contraste spectaculaire qui l'institue en l'entourant de gâchis humain et matériel. Le gâchis est la monnaie. La richesse privée ou publique s'institue telle par l'effet du gâchis dont elle s'entoure. La société française, l'Etat français sont riches de leurs pauvres et de leurs envieux qui les saignent généreusement et richement.

Le riche n'est jamais tel que par l'imagination et le spectacle de soi mis en scène par cet agent promoteur, ce scénographe qui a nom pauvreté. Plus le pauvre ne sert à rien, plus il est enrichissant ! Ce qui, à la lettre, fait le discours du pouvoir sur les "chances pour la France", que ceux-ci aient nom Mohammed ou Leonarda.
C'est très vrai.

Finalement, n'y a-t-il pas, en France, un type de société que je qualifierais de "Spartiate molle", mais néanmoins très dure aux faibles mais douce aux forts, composée :

- d'une "élite", les Egaux, qui appartiennent à cette caste mondialisée, qui gagne très bien sa vie, qui se coopte et qui se fiche éperdument de l'opinion publique ;

- de trésantes, bien représentés parmi les bobos trembleurs, qui sont intelligents, mais pas suffisamment, qui ont aussi un réseau, mais un peu faible des pattes, qui donc sont écartelés entre leurs différents désirs, et représentent le Bien ;

- de périèques, l'immense et vague "classe moyenne", c'est à dire largement la France pavillonnaire, cette France qui fait tourner la machine et vote très mal ;

- les hilotes, qui comprennent à la fois des autochtones partis en biberine, des immigrés en ascension sociale et des personnes inassimilables.

A certains moments, je me demande si cette Caste Supérieure, les Ὅμοιοι, donc, n'a pas, sur les questions de métissage, une approche radicalement différente de celle des Bien pensants : elle croît au métissage non pour des raisons morales, mais tout simplement pour des questions économiques (une sorte d'application des lois du marché aux populations) et politiques (le rêve de cette "élite" est une société sans politique : dès lors, un système où la ligne d'affrontement se déplace de "dominants / dominés" vers "autochtones / nouveaux venus" supprime radicalement le conflit social, la revendication d'égalité en "droits" se substituant à la notion d'égalité en fait).
15 juin 2014, 21:05   Re : Grandeur de Ray Honeyford
Cher Jean-Marc, je suis entièrement d'accord : la bonne vieille lutte des classes à l'européenne, qui se donnait pour objectif de réduire les inégalités véritables, économiques et sociales, obligeait le patronat à certains sacrifices en faveur des "classes laborieuses". Ce n'est pas pour rien que l'Amérique , phare du capitalisme, a substitué à cette lutte-là, celles artificiellement entretenues et envenimées, en faveur des minorités raciales ainsi que sexuelles. En effet, les droits, si justifiés qu'ils puissent être qu'on accorde à ces "minorités", ne coûtent strictement rien à la finance ni au patronat et leur revendication tapageuse détourne l'attention de ces inégalités économiques et sociales résultant d'un système capitaliste débridé. Les nations d'Europe qui se sont complaisamment soumises à la domination culturelle US ne font qu'imiter leur modèle avec le zèle du néophyte.
Pour étayer les différents propos et confirmer ceux de Cassandre je vous donne deux exemples significatifs.
Dans le secteur du batiment les grands groupes font appel à une main d'oeuvre étrangère (turque, tchéchène, les dernières en date).Ils n'emploient pas directement ces ouvriers mais mandatent des sociétés d'intérim dirigées par des ressortissants du même pays que ces ouvriers. Ces groupes acquittent les charges et salaires aux sociétés d'intérim conformément aux exigences légales.Mais ces sociétés d'intérim ne reversent pas aux ouvriers ce qui leur est dû.Elles exploitent ces pauvres gens et les maintiennent en dépendance par des méthodes musclées.Ces sociétés d'intérim ont une vie éphémère évidemment ,mais elles réapparaissent rapidement sous un nouveau nom.
L'intérêt pour ces groupes du batiment n'est pas une économie directe ,ils payent le travail au prix légal.L'intérêt est social,car cette main d'oeuvre est corvéable interdite de revendications et ils se dédouanent de toute responsabilité quant à son présent et à son devenir.

Autre exemple,le marché des denrées halal.Ce n'est pas d'aujourd'hui ni même d'hier qu'il existe une forte communauté islamiste en Europe, mais ce n'est que depuis dix ans que l'on assiste à une explosion de la vente de produits halal.Les groupes de l'agro-alimentaire et la grande distribution ont vu la poussée islamique et ont compris qu'ils pouvaient créer un nouveau marché et augmenter leur marge en vendant du "religieux", quitte à payer un impôt aux imams.

Ces groupes se contrefichent de la notion de citoyenneté, de culture et de la nocence de leurs actes pourvu qu'ils soient économiquement performants .
Je les accuse ,comme Cassandre, d'entretenir sciemment le combat sociétal pour créer un écran d'opacité autour de leurs manoeuvres financières et de déculturation.Il vaut mieux ,pour eux, que le peuple cherche les responsables de la faillite de nos systèmes sociaux dans une immigration incontrôlée que dans l'aide qu'ils apportent aux sociétés mafieuses pourvoyeuse de main d'oeuvre.
16 juin 2014, 15:29   Re : Grandeur de Ray Honeyford
En simplifiant on pourrait dire que la morale de la lutte des classes à l'européenne, était ; honte à toute forme d'exploitation de l'homme par l'homme ! il n'y a ni blancs, ni noirs, ni jaunes ; ni femmes ni hommes, ni français ni chinois, mais seulement des exploiteurs et des exploités et face aux premiers les autres sont tous frères.
A l'inverse, la morale mondialiste à l'américaine serait : honte à toute forme de discrimination : il n'y a pas de raison de moins exploiter un blanc qu'un noir, un homme qu'une femme, un Français qu'un chinois !

Tous comptes faits, je préfère encore la première, quand elle était menée démocratiquement par un parti communiste français relativement responsable qui oeuvrait puissamment à l'assimilation des immigrés et dénonçait l'immigration de masse.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter