Tous les musulmans ne sont pas des imbéciles, il en est parmi eux qui ont des vues pénétrantes et ont compris avant nous ce que je vous dis de cette compatibilité, et c'est bien sur elle qu'ils tablent pour promouvoir leur programme. Je ne connais pas bien les pays du Maghreb mais je connais des pays musulmans d'Extrême-orient, dont la Malaisie et l'Indonésie, où la république islamique est une réalité. Encore une fois le régime politique est indifférent, neutre, à la nature islamique du corps social et politique, à la constitution politique, au Droit et au système judiciaire. Vous en voulez une preuve tangible ? La voici : sur la seule île de Bornéo cohabitent trois modes de gouvernement distincts dans trois pays islamiques, soit la Fédération de Malaisie, la République d'Indonésie et le Sultanat de Brunei.
La Fédération de Malaisie, ancienne colonie britannique, n'admet qu'une religion officielle: l'islam et sa constitution est républicaine (Le Parlement se compose de la Chambre des représentants et du Sénat. La Chambre des représentants est composée de 192 sièges élus au suffrage universel tous les 5 ans. Le Sénat est composé de 69 membres désignés pour un mandat de 3 ans : 43 sénateurs sont nommés par le Yang di-Pertuan Agong dont 2 pour le territoire fédéral de Kuala Lumpur et 1 pour le territoire fédéral de Labuan et 26 sont élus par les Assemblées législatives des États). Pour plus de précisions sur ce pays, Wikipédia :
La religion d'État est l'islam du courant sunnite et de l'école chaféite, observé principalement par la majorité malaise. La communauté chinoise pratique le christianisme (9,6 %), le bouddhisme (75,9 %), le taoïsme (10,6 %), la religion populaire chinoise et le culte des ancêtres. Les Indiens sont pour la plupart hindous. On trouve aussi des chrétiens (à Penang notamment, ainsi qu'à Kuala-Lumpur, Ipoh et Malacca) et des animistes, principalement au Sarawak et au Sabah. Selon la constitution, bien que les non-musulmans aient en théorie droit à la liberté de culte ils restent victimes au quotidien de sévères restrictions dans la pratique de leurs cultes et du prosélytisme de leur foi, les musulmans n'ont par ailleurs pas le droit de changer de religion et l'apostasie est par ailleurs très sévèrement punie selon les états pouvant varier de séjour en prison à la peine de mort.
L'indonésie, anciennement colonie néerlandaise et portugaise (Timur) est une république dotée d'un régime présidentiel. La liberté de religion est stipulée dans la constitution indonésienne,
le gouvernement reconnaît officiellement six religions : l'islam, le protestantisme, le catholicisme, l'hindouisme, le bouddhisme et le confucianisme. En tant qu'état unitaire, le pouvoir est concentré au niveau du gouvernement national. À la suite de la chute de Soeharto en 1998, les structures politiques et gouvernementales indonésiennes ont été largement réformées. Quatre amendements à la constitution de 1945 ont redéfini le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. Pour en savoir plus, Wikipédia :
La plus haute structure représentative au niveau national est le Majelis Permusyawaratan Rakyat (Assemblée délibérative du peuple ou MPR). Son rôle principal est d'appuyer et d'amender la constitution, d'introniser le président et de formaliser les grandes lignes de la politique nationale. Le MPR comprend deux chambres:
le Dewan Perwakilan Rakyat (Conseil représentatif du peuple ou DPR), qui est la chambre basse et dont les 550 membres sont élus au suffrage direct pour cinq ans dans un système globalement proportionnel ;
le Dewan Perwakilan Daerah (Conseil représentatif des régions ou DPD), sorte de chambre haute dont les membres sont élus au suffrage direct pour cinq ans à raison de quatre par province ou territoire spécial. Le nombre total de membres du DPD (actuellement 128) ne peut pas dépasser le tiers de celui du DPR.
Les réformes menées depuis 1998 ont augmenté le rôle national du DPR au niveau gouvernemental. Le DPD s'occupe des questions régionales.
Au niveau des provinces, des kabupaten (départements) et des kota (municipalités), il existe également des assemblées régionales (Dewan Perwakilan Rakyat Daerah) dont les membres sont également élus au suffrage direct pour cinq ans dans un système proportionnel.
Le Sultanat de Bruneï : Le sultanat a vécu sous protectorat britannique du xixe siècle jusqu'en 1984. Le pays est une monarchie islamique,
le sultan est le chef religieux et joue par sa fonction monarchique le rôle de chef d’État et de chef du gouvernement, cumulant les statuts de Premier ministre, ministre de la Défense, ministre des Finances, recteur de l'université, chef de la police, chef suprême des forces armées et commandeur des croyants, depuis l'abolition de la Constitution en 1962. La dernière élection législative, en 1962, avait provoqué une rébellion, poussant l'ancien sultan, Omar Ali Salfuddin III, à déclarer l'état d'urgence, toujours en vigueur. Depuis, le sultanat surveille tout, notamment les médias. Les autorités peuvent ainsi fermer sans raison les organes de presse et mettre en prison les journalistes accusés d'articles « faux et malveillants ».
Nous avons, sur un même espace, particulièrement bien circonscrit puisqu'il s'agit d'une île,
et où la même ethnie est majoritaire (les Malais), pas moins de
trois régimes politiques nettement contrastés où l'islam est établi comme a) religion d'Etat dans une constitution républicaine fédérale (Malaisie); b) religion dominante dans une régime républicain présidentiel (Indonésie) à la française (des provinces, de l'autonomie territoriale mais point de fédération d'Etats comme en Malaisie) et qui peut être tenu pour laïque (six religions reconnues et protégées); c) une monarchie absolue où le droit islamique est rigoureusement appliqué (Brunei).
Ce qui permet d'établir empiriquement que
1. le régime politique (monarchie, Etat fédéral, république) est
neutre à l'emprise religieuse de l'islam;
2. une forme de laïcité -- cas indonésien où la charia est bannie -- est compatible avec une présence dominante de l'islam;
3. la dominance ethnique (à Bornéo les Malais) est elle-même neutre au régime politique en place dans le monde islamisé (elle n'induit la prévalence d'aucun régime politique particulier).