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La spoliation

Envoyé par Jean-Marc du Masnau 
09 mars 2015, 11:12   La spoliation
Les plus récents messages sur Twitter que publie Renaud Camus insistent sur des abus linguistiques qui seraient commis.

Un des exemples est l'usage de spolier, précisé ainsi :

La Revue de néo-français "spolier" @Franceculture : « On spolie les biens » (non, on spolie leurs propriétaires)

C'est à se demander si un excès de purisme n'est pas fatal au purisme lui-même.

Il est en effet évident qu'en français on peut spolier des biens, Littré nous donne l'exemple de la lettre chargée qui est spoliée ("Il est impossible de constater dans quel service une lettre chargée a pu être spoliée"), et l'usage de spolier dans le sens de "voler quelques chose" et non de "voler quelqu'un" a les meilleures références littéraires, voir par exemple Chateaubriand : "Sans respect pour le droit sacré des propriétés, ou pour les trésors publics, chacun s'empresse de spolier le bien de l'État, insouciant des saintes lois de la justice".
09 mars 2015, 11:21   Re : La spoliation
Cher Jean-Marc

Reconnaissez que votre démarche relève de la bathmologie la plus pure : vous reprochez à Renaud Camus un purisme de mauvais aloi, auquel vous opposez derechef le meilleur usage (Chateaubriand, excusez du peu), autrement dit vous opposez au purisme un ultra-purisme sensé invalider le purisme coupable. Vous reprochez à une objection contre l'évolution de la langue (un usage de spolier qui confond le propriétaire spolié et l'objet de la spoliation) une contre-objection qui invalide cette distinction pré-moderne (spoliation du propriétaire / spoliation de l'objet) en s'appuyant sur Littré et Chateaubriand qui ne la connaissaient point. Autrement dit, vous faites du sur-Camus contre Camus, lequel, de la sorte, est fondé de vous récupérer dans les plis de la bathmologie, autrement dit les plis siens.

On combat mal un auteur en épousant sa démarche d'esprit.
09 mars 2015, 11:27   Re : La spoliation
Cela dit il est un usage journalistique français voisin de celui dénoncé par Camus : celui de piller, c'est ainsi que sous la plume auguste de l'AFP, par exemple, on lira couramment que "deux Monet ont été pillés dans un musée de Copenhague".

Un exemple saisi à l'instant (recherche Google : 3 secondes) :

1 500 tableaux de maîtres pillés par les nazis récemment découverts à Munich

[www.planet.fr]
09 mars 2015, 11:38   Re : La spoliation
Francis, il y a une différence : on est souvent tenté de corriger les correcteurs, alors qu'on ne corrigerait pas une personne qui ne dirait pas aux autres comment faire. France Culture ne prétend pas expliquer à Renaud Camus comment écrire alors que Renaud Camus explique à France Culture comment parler. Il s'agit d'une application pratique de la maxime : "Quis custodiet ipsos custodes ?".

Le champ d'application dépasse d'ailleurs largement ce cadre de la morphologie :

Pourquoi se message ? hé bien simplement pour redire une chose que je dis depuis des années : un mouvement d'humeur, un sentiment, une opinion, une impression ne rendent pas une chose vraie. Il n'est pas inutile, il est même tout à fait nécessaire de vérifier qu'on ne dit pas une chose contestable quand on veut se poser en arbitre.
09 mars 2015, 13:02   Re : La spoliation
 
J'ai la même chose derrière chez moi, dans une bambouseraie à l'intérieur de laquelle une colonie de moineaux a trouvée à s'abriter. C'est fou ce que les moineaux aiment les bambous.

Tout à coup, quelques uns s'en échappent par le haut, ils montent le plus haut possible, se retournent, et repartent aussi vite s'abriter. C'est génial, ah, ah, ah.

Je crois qu'on appelle ça aussi, le printemps.
 
(C'est où qu'on tweete les moineaux des bambouseraies ?)
 
09 mars 2015, 13:07   Re : La spoliation
Je peux me tromper mais je crois que ce n'est pas ici.
09 mars 2015, 13:21   Re : La spoliation
 
Sait-on jamais.
Vu à travers un tube de bambou, le monde est petit (Lao Tseu)
 
09 mars 2015, 15:23   Re : La spoliation
Je n'aurais jamais pensé que des In-nocents pussent nommer le chaume de bambou un tube, à ce niveau d'abjection la langue descend aussi bas que celle d'un chien altéré interdit de boire...
09 mars 2015, 15:38   Re : La spoliation


Saint Christophe était représenté à tête de chien parce que dans la tradition, le chien veille sur la cité.
Alcibiade, dans le dictionnaire des idées reçues, est célèbre par la queue de son chien. il s'agissait de Socrate qui aimait Alcibiade parce qu'il incarnait la culture grecque.
Diogène est surnommé le chien céleste.
Dans la tradition grecque, les chiens sont les philosophes qui veillent sur la Patrie comme le chien veille sur son foyer.

chien altéré interdit de boire, ça me convient très bien du moment qu'il veille dessus.
Pauvre petit homme vert.
09 mars 2015, 15:54   Re : La spoliation
Ainsi Socrate était le chien d'Alcibiade... il me semblait que la queue du chien d'Alcibiade n'était pour rien dans sa célébrité, c'était l'absence de celle-là qui conduisit à celle-ci. En quelque sort, l'In-queue du chien d'Alcibiade le rendit fameux ou, plutôt, Alcibiade la queue du chien coupa laissant interdits les Grecs.

Pour l'amour que Socrate porta, non au chien en particulier ni à la queue en général, mais bien à Alcibiade, je ne suis pas entièrement persuadé qu'il ne fut que platonique et que sur la culture porté, bien que ce mot commence bien, dans le cas d'espèce.

Pour Diogène, il partageait certes avec le chien le caractère cynique mais, du point de vue de la queue, que vous avez introduite dans le débat, il ne se contentait pas de frétiller de celle-ci mais bien d'empoigner la chose à la vue de tous. Au reste, Diogène quoique Grec parlait le latin puisque, paraît-il, il déclara "Decede de sole meo", en français 'Casse-toi, pauvre con".
09 mars 2015, 15:59   Re : La spoliation
Quand on veut y mettre le ton, il faut aussi y mettre l'orthographe:
casse-toi, pov con ?

Y-avait qu'à demander
09 mars 2015, 16:02   Re : La spoliation
Dans la tradition grecque, les chiens sont les philosophes qui veillent sur la Patrie comme le chien veille sur son foyer.

Renaud Camus, dans le système métaphysique oriental des ba zi (生辰八字), est (qui se prononce xu), soit l'emblème du Chien, le canis major du philosophe-veilleur protecteur de la Patrie. Houellebecq aussi. Par ailleurs on connaît l'importance de cet animal domestique dans l'oeuvre et la vie de ces deux écrivains.

Sur le système des ba zi que l'on doit au savant chinois Xú Zi Píng (徐子平) de la dynastie des Song: [en.wikipedia.org]

Les ba zi ne constituent pas une astrologie (on ne s'y préoccupe d'aucun "alignement d'étoiles") et n'est pas un horoscope mais un système d'analyse raisonnée du temps et de l'univers qui ne connaît guère d'équivalent en Occident, sinon dans la monadologie leibnitzienne.
09 mars 2015, 20:36   Re : La spoliation
Mais non, cher Monsieur Hergat.

Vous devriez savoir que si Diogène, quoique Grec, parlait latin, il le faisait avec l'accent de Narbonne, ainsi que le démontre Pierre Bouducon dans son célèbre ouvrage.

Francis,


Votre calcul m'intéresse, comment parvenez-vous à ce résultat ?
09 mars 2015, 20:45   Re : La spoliation
Je crains, cher Monsieur Hergat, que si on ne parle pas de corde dans la maison du pendu on ne doive pas non plus trop parler de chien ici.

En effet, ce quadrupède semble surtout cité, ces temps-ci, pour ses talents lyriques qui ne sont pas, semble-t-il aussi, du goût de tous.

Deux ouvrages à ce sujet, dont je vous conseille la lecture :

- "Sur l'éducation de Canis lupus familiaris", par le professeur A. Boyer, Privat, 1946 ;

- "Effondrement psychologique du sujet cynophobe soumis à des aboiements constants", par le professeur Meyer Kamisol, université de Berditchev, 1912, traduit du yiddish.
10 mars 2015, 01:10   Re : La spoliation
Mais quel résultat Jean-Marc ?

Je vous ai fourni toutes les pistes Wikipédia pour entamer votre étude. Vous me donnez envie de me fâcher de la façon antipédagogique des vieux maîtres taoïstes de la tradition de 莊子, qui prenaient plaisir à envoyer paître leurs élèves, y compris les meilleurs d'entre eux, dans des buts d'édification.

Ainsi du terrible maître du bouddhisme chán dont l'enseignement entra en symbiose avec la veine taoïste de Zhuang zi (莊子), soit le très fantasque Xuanjian (宣鑑 ?-865) : Comme toutes les formes du bouddhisme chinois, certains des principes du chán sont en adéquation avec des idées taoïstes. On peut citer comme exemple le fait que les bonnes actions sont celles qui ne produisent pas de karma, que la poursuite délibérée d’un but est inefficace; la valeur intrinsèque de la simple concentration sur une activité ordinaire est déjà exprimée dans le Zhuang Zi (fable du boucher Ding). Hu Shi pensait même avoir reconnu le concept de l’éveil soudain dans les textes attribués au moine taoïste Daosheng (道生) né à la fin du IVe siècle. Ce conseil de Xuanjian a également des résonances très taoïstes :
Habillez-vous, mangez, chiez, c'est tout. Il n'y a pas de [cycle] des morts et des renaissances à craindre, pas de nirvana à atteindre, pas de bodhi à acquérir. Soyez une personne ordinaire, sans rien à accomplir.
L'attitude de totale liberté vis-à-vis de la doctrine de certains correspond bien au cadre taoïste où chaque disciple, une fois indépendant, interprète comme il veut l'enseignement de son maître. La recherche de la voie ne connaît pas d'orthodoxie. Les taoïstes ont d'ailleurs un faible pour les moines errants chán dont ils font des héros ou même des dieux, comme Milefo ou Jigong.


[fr.wikipedia.org]

Je le fais de mauvaise grâce Jean-Marc, mais enfin, puisqu'il faut vous aussi vous aider comme un petit enfant qui manipule seul son boulier (son boulier Jean-Marc, point ses boules !), ce site, où vous pourrez vous initier au "calcul" des ba zi (ou "quatre pilliers du destin"), le calcul étant ce qui vous occupe:
[bazi-calculator.com]
10 mars 2015, 15:39   Re : La spoliation
Je vous avoue avoir totalement ignoré ces questions ! mais vous semblez "ne connaître que ça", comme dirait le Journal !

L'entrée d'aujourd'hui, à propos de cette expression, nous montre qu'en matière de langue tout n'est qu'appréciation, bien souvent.

Voyons ce que nous en disent les ouvrages de référence.

Littré ne la connaît que dans un seul sens, celui de l'obligation ("c'est la seule chose à faire", par exemple "Il faut respecter la syntaxe, je ne connais que cela"). Il la classe dans le registre familier.
L'Académie la considère à partir des années 30, avec cet exemple fort à propos : "Marcel ! je ne connais que lui !", dans un sens voisin de celui employé dans l'entrée, et la considère encore comme du style familier, ainsi que, plus tard, le TLFI.

Il est donc possible que les interlocuteurs de M. Golubert aient été froissés car ils n'étaient pas familiers avec le registre familier.

Pour "ça sent l'écurie", deuxième exemple du pacte fondateur, le problème semble être d'une autre nature. En effet, le texte peut laisser croire que le sens voulu est "on approche du but, donc ça sent l'écurie" comme dirait Jolly Jumper, le cheval qui parle. Or, ce n'est pas le sens habituel de cette locution. En effet, "ça sent l'écurie" veut dire qu'on s'empresse de terminer quelque chose, à l'image du cheval qui, à l'approche de l'écurie, accélère spontanément le pas, et non que se rapproche de la fin d'une action ou d'un voyage.
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