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Loi sur les enseignes ?

Envoyé par Florentin 
26 septembre 2008, 12:35   Loi sur les enseignes ?
Je remarque de plus en plus d'enseignes libellées en anglais/arabe au lieu de français/arabe. Je croyais qu'il y avait une réglementation à ce sujet.
Cher Florentin,
c'est étonnant : il ne me semble pas (ou encore pas) avoir vu d'enseignes en arabe à Marseille.
Chère Ostinato,
vous y habitez aussi n'est-ce-pas ? Suis-je à ce point inattentive (ce ne serait pas impossible), il y en a peut-être mais pour le moment elles doivent être assez discrètes.
26 septembre 2008, 13:01   Re : Loi sur les enseignes ?
Je parle de ce que je vois ici à Toulouse.
Je tombe des nues.
26 septembre 2008, 14:29   Re : Loi sur les enseignes ?
Non je n'ai pas vue d'enseigne en arabe. A mon avis cela ne saurait tarder, car depuis que le super-marché du coin a été envahi par des produits dits "hallal" qui n'avaient rien à voir avec les interdits alimentaires (c'était 2 très grandes rangées de sodas !), on peut s'y attendre. Maintenant une très importante proportion des clientes sont en robe longue et voilées. Merci "Casino". Cependant je n'ai remarqué que les affiches communautaires et celles de la LCR qui soient bilingues. LCR "Casino" même combat ! des précurseurs ?
26 septembre 2008, 16:50   Re : Loi sur les enseignes ?
Vous êtes certains que les enseignes en français restent autorisées ?
Utilisateur anonyme
27 septembre 2008, 18:49   Re : L'étranger
Dans les stations de Haute-Savoie, l'anglais est très présent sur les panneaux et dans les conversations de bistrots. A propos de langue, une anecdote : comme nous étions les seuls à nous baigner dans l'océan l'autre jour, dans le Médoc, car il ne faisait pas assez beau pour les gens du cru, mais cela allait très bien pour des Savoyards, le craquant responsable de la sécurité (comment les appelle-t-on au juste ?) m'a apostrophé en ces mots : "Vous parlez français ? On est vite l'Allemand ou le Suédois de service, donc l'étranger, dès que l'on ne suit pas strictement le troupeau. C'était la minute du minoritaire.
27 septembre 2008, 19:34   Re : Loi sur les enseignes ?
Comme je me déplace toujours avec un appareil photo, je passe pour un touriste, un étranger en quelque sorte; sauf, bien sûr pour mes amis qui connaissent mes goûts.
Pour en revenir aux enseignes, je trouve une analogie avec les vêtements portant des inscriptions. L'anglais domine, il me semble; c'est un moyen d'expression, de contestation, massivement utilisé. Je crains une transgression en nombre dans le domaine des enseignes qu'il sera difficile de contrôler par la suite.
Voici un exemple:
64bis avenue Jean Rieux 31500 Toulouse: photos de ville sur les Pages Jaunes
ici
27 septembre 2008, 20:45   Re : Loi sur les enseignes ?
S'il s'agit d'une banque, comme il semblerait sur la photo, c'est peut-être pour signaler discrètement une gestion des fonds conformes aux principes de l'islam, certaines banques souhaitent occuper ce créneau.
27 septembre 2008, 22:35   Re : Loi sur les enseignes ?
Certainement, Ostinato, ils ne pratiquent même pas la comptabilité en partie double, c'est à dire le Plan Comptable Général, ce qui me laisse vraiment perplexe.
28 septembre 2008, 07:55   Re : Loi sur les enseignes ?
Entendu dans les couloirs du lycée : " Il m'a dit qu'ça va chauffer pour mon body ". Conversation dans un téléphone portable : "C'est ma life après tout." Etc...
28 septembre 2008, 11:37   Re : Loi sur les enseignes ?
Nous nous approchons à grand pas du pidgin.
On l'écrira en texto.

Dans des catacombes probablement virtuelles, les nouveaux bénédictins conserveront les anciennes langues et transmettront à leurs descendants, en attendant des siècles meilleurs, les œuvres de Proust, de Racine ou de Shakespeare, devenues aussi incompréhensibles aux masses que des langues inconnues.

J'étais, l'autre jour, à un concert de chanson française contemporaine dans une salle de Belleville. Je connais personnellement l'un des deux compositeurs-interprètes qui se sont succédé. C'est un garçon charmant qui écrit des textes intéressants et compose des mélodies que je trouve honorables. Le premier, celui que je ne connaissais pas, je ne sais toujours rien de ses chansons car on ne comprenait pas un mot de ce qu'il chantait, c'est à peine si l'on percevait sa voix. Il n'était pourtant accompagné que du piano dont il jouait lui-même et d'une batterie, mais les deux étaient tellement amplifiés qu'ils couvraient totalement la voix, pourtant elle aussi très généreusement amplifiée (cela n'était donc pas unplugged très loin de là). Le tout faisait dans une salle de peut-être deux cents m², au plafond plutôt bas, un bruit probablement suffisant pour Bercy. C'était extrêmement désagréable et très pénible pour les oreilles. Je suis resté pour le suivant. Lui s'était entouré de quatre musiciens, un guitariste supplémentaire, un bassiste, un percussionniste, un batteur, et de deux oua-oua girls. La seule raison pour laquelle ces sept personnes n'ont pas fait plus de bruit que les deux qui les avaient précédées, c'est que c'était physiquement à peu près impossible. Ah si ! Un phénomène s'est produit que les deux premiers n'avaient pas suscité : nos poitrines se sont mises à vibrer très fort en résonnance avec la basse (qui produisait sans doute des infrabasses). Il y avait là quelques vieux dans mon genre (famille, amis, clochards égarés peut-être), l'œil vitreux, la mine hébétée, mourant d'envie de se boucher les oreilles mais n'osant pas le faire (cepandant, le batteur, moins sot que nous, avait sur les oreilles un casque de protection contre le bruit ; après, je me suis dit que j'aurais dû moi aussi... c'est mes ears après tout), mais le reste du public, composé de jeunes adultes autour de la trentaine, paraissait enthousiaste et se dandinait à ce son d'enfer avec force déhanchements et gestes du bras. Bien entendu, on ne comprenait pas un mot des textes pourtant très travaillés écrits par le chanteur. Je ne sais pas trop pourquoi je vous raconte cela, mais ce qu'a entendu Henri m'y a fait penser.
Utilisateur anonyme
28 septembre 2008, 11:54   La life à Marcel
Ah, Marcel, je vois que vous n'avez pas bien compris ce qu'on vous a expliqué. "Unplugged" ne signifie pas qu'on n'amplifie pas les instruments, mais que le son produit par ces instruments est d'origine acoustique. Une guitare acoustique amplifiée par un micro est unplugged, mais une Fender Statocaster est plugged, que l'ampli soit puissant ou non.

Les concerts où l'on doit se boucher les oreilles, ça ne date pas d'aujourd'hui. Il y a trente ans, déjà, je pestais contre mes amis qui jouaient déjà tous trop fort, sans aucune raison. Même dans le jazz, c'est une véritable manie. On accuse généralement les batteurs, et c'est souvent à juste titre. Mais je crois que le vrai problème n'est pas là. Il existe un seuil, je crois. Un seuil en-deçà duquel on perçoit beaucoup mieux les insuffisances de la musique et des musiciens. Jouer au-delà de ce seuil est donc rassurant pour les musiciens : "il se passe quelque chose", même si la musique est mauvaise.

Quant à ne plus rien comprendre aux textes chantés ou parlés, je suis très souvent en train de me demander si je deviens sourd, quand je regarde des films français en DVD. Les acteurs ne savent plus parler, ni articuler, ni placer leur voix, et les preneurs de son ont l'air de s'en contrefoutre ! C'est absolument exaspérant.
28 septembre 2008, 12:01   Re : Loi sur les enseignes ?
Votre récit, mon cher Marcel, confirme une chose surprenante que j'avais entendue il y a des années sur France-Culture (il y a de nombreuses années) : les seuils de tolérance à la douleur, et peut-être même la sensibilité au plaisir, varient considérablement selon les civilisations ou les cultures. Le spécialiste comparait le Japon traditionnel au moderne, en expliquant que les mêmes sensations n'étaient pas désignées comme douloureuses ou plaisantes à une époque et à une autre. Je ne me souviens plus s'il parlait d'un point de vue linguistique (nommer la douleur ou le plaisir) ou physique (bien sûr, tout est là). En tous cas, je me suis trouvé il y a quelque temps dans une boîte de nuit, avec des trentenaires semblables aux vôtres, et j'ai dû vite sortir car le volume du son me faisait mal alors qu'il semblait leur procurer du plaisir. Peut-être l'âge y est-il pour quelque chose. En tous cas, je ressentais une vraie douleur, je crois bien, et ils me paraissaient plus résistants que moi au bruit. Des samouraïs du vacarme, en quelque sorte...
28 septembre 2008, 12:06   Re : Loi sur les enseignes ?
Pour ce qui concerne les films, il se passe aussi, me semble-t-il, que, de plus en plus, les séquences musicales sont délivrées à plus haut niveau sonore que les parties dialoguées, ce qui rend l'écoute très pénible (et encore davantage lorsqu'une personne tente de dormir dans la pièce voisine : vous vous retrouvez jouant de la zapette toutes les deux minutes afin de corriger ces anomalies décibéliennes...).
28 septembre 2008, 12:24   Re : Loi sur les enseignes ?
Il en est de même de la publicité qui vous sort de votre bienheureux sommeil auquel vous avez succombé devant le film ou l'émission aux vertus soporifiques bienfaisantes.
Utilisateur anonyme
28 septembre 2008, 15:03   Re : Le côté positif
Il y a au moins un élément pleinement rassurant dans votre récit, cher Marcel Meyer, c'est l'ouïe parfaite dont le jeune retraité que vous êtes jouit. C'est très important, savez-vous : il n'y a rien plus que la surdité qui aigrisse son homme. D'ailleurs je me demande..., non rien.
Utilisateur anonyme
28 septembre 2008, 15:21   Re : Trésors des archives européennes
Pourquoi n'essayez-vous pas de consulter le site des trésors des archives européennes, cher Boris ? Toutes les cinémathèques se sont réunies pour mettre à disposition gracieusement les films qu'elles ont restaurés. Il y a plein de film muets parfaitement audibles, ainsi, par exemple :
Le farfale
28 septembre 2008, 15:57   Re : La life à Marcel
» "Unplugged" ne signifie pas qu'on n'amplifie pas les instruments, mais que le son produit par ces instruments est d'origine acoustique. Une guitare acoustique amplifiée par un micro est unplugged, mais une Fender Statocaster est plugged, que l'ampli soit puissant ou non.

Pensez-vous qu'Alain Finkielkraut utilisait le terme en ce sens ? Je l'avais entendu, moi, comme Marcel Meyer, même si le sens technique est certainement celui que vous dites...

À ce propos, il est presque impossible, actuellement, d'assister à un concert indien non amplifié. Même dans les "home concerts", les concerts en appartement, devant vingt personnes. (Il y en a de temps en temps, à Bruxelles, et souvent d'excellente qualité). L'amplification est d'ordinaire très douce, à peine perceptible. Étant, naïvement, un peu puriste en la matière, j'ai interrogé un tabliste à ce sujet, et sa réponse m'a entièrement satisfait. L'ampli est considéré comme faisant partie de l'instrument. Sans lui, impossible d'entendre toutes les nuances qu'il imprime à son instrument, et qui seraient mangées par un son "acoustique" plus puissant, même dans une petite salle. La joueuse de vina était apparemment du même avis.
Ah merci, Corto, pour ce lien !
Utilisateur anonyme
28 septembre 2008, 16:17   Il n'y a rien plus que la surdité qui aigrisse son homme
Mais je ne parlais pas de vieux films, Corto, au contraire. En parlant tout à l'heure avec un ami ingénieur du son, il incriminait, lui, les nouvelles modes en matière de son de l'égalisation. Je ne suis qu'à moitié d'accord évidemment.

Corto, qu'avez-vous dit ?

Je ne vous entends plus, Corto…
"les nouvelles modes en matière de son de l'égalisation"

S'agit-il de nouvelles habitudes en matière de mixage et d'égalisation des différentes voix ou voies (égalisation étant d'ailleurs un mot un peu trompeur me semble-t-il), la "balance" comme ils disent, ou de nouveaux timbres que l'on donne aux voix (ou voies) ?
Utilisateur anonyme
28 septembre 2008, 18:41   Re : Il n'y a rien plus que la surdité qui aigrisse son homme
Il s'agit bien de ce qu'on nomme "égalisation", ou equalizing (equalization) en anglais, c'est-à-dire de la puissance respective qu'on donne aux bandes de fréquences qui composent "le son". Mais je ne peux répondre à votre question, puisque l'égalisation joue sur les deux phénomènes. Utilisée de manière excessive, elle peut en effet déformer un timbre, bien que son but soit généralement de rendre les différentes parties d'une musique compréhensibles, audibles, et donc, dans un mixage, de faire qu'on entende à peu près tous les instruments.

Sur les voix, en particulier, l'égalisation est une donnée fondamentale de la prise de son. En effet, la voix possède une zone de fréquences pertinente pour la compréhension de ce qui est dit : ce sont les fréquences de medium et du haut medium (pensez au téléphone). Quand on aime exagérer les basses, le bas medium et les aigus, comme dans les bandes annonces de films américains, par exemple, on gagne en spectaculaire ce qu'on perd en intelligibilité.

Si vous additionnez une actrice qui ne sait pas parler, qui n'articule pas, un preneur de son qui ne connaît pas son métier, un ingénieur du son qui croit de son devoir d'imprimer "sa marque de fabrique" au son d'un film, et un réalisateur sourd (comme à peu près tous sauf Godard), vous récoltez un film qui nécessite d'être sous-titré.

L'égalisation n'est pas un mot trompeur, Marcel, au contraire. Il désigne le processus par lequel on fait en sorte que l'auditeur ait l'impression que tous les sons sont égaux, alors que tout au contraire, on a travaillé à les rendre le plus dissemblables possible, à en sculpter la signature sonore de manière à ce que d'une part ils s'accordent les uns avec les autres, et d'autre part à ce qu'ils ne se mélangent pas.

Vous avez presque tous un equalizer sur l'amplificateur de votre chaîne Hi-Fi, c'est le Loudness, qui, très en gros, ajoute des basses et des aigus, pour vous permettre d'écouter à bas volume tout en ayant "l'impression spectrale" que vous auriez à volume plus important.
Merci pour ces explications.

"un ingénieur du son qui croit de son devoir d'imprimer "sa marque de fabrique" au son d'un film"

Il me semble que beaucoup de malheurs nous seraient épargnés si tant de gens ne croyaient pas de leur devoir d'imprimer leur marque à tant de choses.

Ah, vous aimez le son des films de Godard ? J'ai moi aussi le souvenir de quelques belles réussites, par exemple du Lautréamont déclamé par Jean-Pierre Léaud devant une belle pièce d'eau en forêt, accompagné par une batterie. Mais j'ai aussi le souvenir de scènes très irritantes, dans des cafés, par exemple, avec des dialogues à peu près inaudibles parce que noyés dans les bruits de fond qui n'étaient plus de fond mais de premier plan. Je sais bien que c'est ainsi dans la réalité mais la sélectivité de l'oreille ne fonctionne plus à travets un micro et quand on fait cela au cinéma, on obtient l'effet que décrivent les gens appareillés : tout est amplifié et ils n'entendent plus rien. J'aurais quant à moi plutôt cité Jacques Tati ou Alain Resnais.
Utilisateur anonyme
28 septembre 2008, 20:36   Re : Il n'y a rien plus que la surdité qui aigrisse son homme
Oui, j'aime énormément les bandes son de Godard. Ce que vous lui reprochez m'est à moi un délice. On trouve la "bande-son" de Nouvelle Vague, en un coffret de deux CD, et, comme le dit Godard lui-même, c'est presque mieux que le film. Si l'on n'entend pas un dialogue dans un film de Godard, c'est qu'il ne veut pas qu'on l'entende, ou qu'il veut qu'on ne puisse l'entendre qu'à la troisième écoute, ce n'est jamais par manque de savoir faire, au contraire. Les bruits de fond sont de premier plan, dites-vous ? Mais oui, ils sont autant de personnages de ses films, peut-être plus importants que Jean-Pierre Léaud ou Alain Delon. Je crois vraiment que Godard est le seul cinéaste au monde (au moins dans ceux que je connais) qui possède une oreille véritablement musicale.
29 septembre 2008, 00:17   Re : Loi sur les enseignes ?
Pour la sortie de Au hazard Balthazar, les Cahiers du Cinéma avaient invité Bresson, Godard, Delannoy à dialoguer sur le son. Ce numéro de Mai 65, si je ne me trompe, est très intéressant.
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