Dans Bibliobs, supplément littéraire de l'Obs, un certain Grégoire Leménager s'amuse à opposer Louis-Ferdinand Céline à Nadine Morano, qu'on aurait pourtant cru proches, "sur ce coup-là".
Il cite le fameux et admirable (à mon avis) passage qui se trouve au début de
Voyage au bout de la nuit :
Elle en a bien besoin la race française [d’être défendue], vu qu’elle n’existe pas ! (…) La race, ce que t’appelles comme ça, c’est seulement ce grand ramassis de miteux dans mon genre, chassieux, puceux, transis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim, la peste, les tumeurs et le froid, venus vaincus des quatre coins du monde. Ils ne pouvaient pas aller plus loin à cause de la mer. C’est ça la France et puis c’est ça les Français.»
Avouons qu'il est habile de la part des amis du désastre migratoire d'instrumentaliser ainsi le grand homme, qu'ils voueraient d'ailleurs aux gémonies pour antisémitisme dans un autre contexte.
Enfin, demi-habile. Car un regard même sommairement bathmologique nous apprendrait que le cri de rage de Céline
est une réaction d'amour déçu, qui n'a rien à voir avec la désastrologie migratoire ambiante.