Clémentine Autain, Daesh et...la CAF?

Clémentine Autain
‏@Clem_Autain
"La logique guerrière et sécuritaire ne nous aidera pas à combattre DAESH. Il faut opposer à Daesh plus de service public,plus de solidarité"

Mettre Daesh en CAJ (caisse d'allocation jihadiste), comme des zanimaux ?
Comme vous y allez.
Comme elle z'y va.

En grande forme, ces temps-ci, dame Autain:


Clémentine Autain
‏@Clem_Autain
Les chaines humaines sont la meilleure réponse, sans violence, aux désordres du monde

Cependant qu'Alain Juppé appelle à "combattre" sans relâche...la...la...la..."la démagogie" du FN!

[www.lemonde.fr]

... et que notre raton-laveur -- c'est le surnom que les Japonais donnent à Hollande, pour des raisons qui me sont obscures -- national prend vingt points dans les sondages. Comme s'il existait un rapport symbiotique, vous savez comme chez ces créatures animales qui s'entr'épaulent en enchaînant leur existence et en relayant leurs forces et leur efficacité, entre lui et les djihadistes assassins : plus ils frappent fort, plus les bonds et rebonds de sa cote de popularité sont importants. C'est consternant.

Cette question du rapport, du lien logique, est essentielle. L'exercice de la cause étant mort et enterré, ceci ne pouvant plus expliquer cela, on reviendra aujourd'hui avec attention sur l'intervention de Villepin chez Bourdin: à chacune de ses affirmations, on se demande automatiquement, Mais quel rapport?! Le politique diagnosticien des situations et du monde, le chef prométhéen et vif argent capable de trancher dans la minute, n'existe plus, on le sait. Mais avait-il vraiment besoin d'être remplacé par des bourricots pareils, qui ne savent plus que contre-proposer binairement, que parler tantôt l'onusien, tantôt l'européen et l'otanien, et ne proposer que de vagues idées (Villepin tout à l'heure n'aura rien dit d'autre, sans le dire, que, La diplomatie française doit redevenir pro-arabe)?

En tous cas, il est un fait que personne, ni un seul média à ma connaissance n'a relevé : l'hommage spontané qui a été adressé à notre pays à travers le monde, y compris en France même, s'inspirait tout aussi spontanément de la France d'''Avant'' et d'elle seule. Rien de ce qui fait la France nouvelle, la France de la ''diversité'' tant vantée par nos élites, ne semble avoir marqué les esprits où que ce soit sur la planète. C'est bien la vision d'une sorte de France ''éternelle'' que nous a renvoyée le monde entier. Paradoxalement, ce sont peut-être ces étrangers-là qui sont en train de faire redécouvrir aux Français que leur pays tel qu'il existait avant l'immigration de masse, était bien plus aimable que celui d'aujourd'hui.

Je partage ce commentaire de Cassandre : l'hommage du monde, exprimé partout, à une certaine idée de la France, fait la source unique d'émotion, en ce qui me concerne, dans cette affreuse et navrante tragédie.

Une collègue sud-américaine, établie à Rome, rencontrée en Malaisie le dimanche m'a avoué avoir pleuré pendant tout le vol du samedi qui l'avait amenée là de Dubaï, où elle avait appris l'événement sur les écrans TV de l'aéroport. J'en fus touché autant que surpris. Découvrir son malheureux pays encore aimé à ce point -- certains étrangers me posaient la main sur l'épaule comme pour des condoléances -- a quelque chose de bouleversant.

C'est le même sentiment, incompréhensible pour nous aujourd'hui, qui est à la base du syndrome parisien dont sont victimes les Japonais qui visitent cette ville dont ils avaient beaucoup rêvé : la découverte de ce qu'elle est devenue provoquait encore il y a peu une profonde dépression. C'est à présent un peu moins vrai parce qu'on en a beaucoup parlé là-bas et que les gens sont en général prévenus.

1) D'où l'émotion considérable éprouvée par nos vieux. Ainsi mon père de 80 ans a-t-il été bouleversé par les hommages rendus à cette certaine idée de la France qui fut pendant, des siècles, une réalité glorieuse. A la lettre, il n'en revenait pas, pensant que nous ne comptions plus du tout aux yeux des autres depuis longtemps. Cela dit, comme il est déprimant que les hommages des grands pays aient été supérieurs aux cérémonies ridiculement jeunistes de la semaine dernière...

2) Francis Marche, qui connaît si bien l'Asie, ne peut que partager l'observation de Marcel Meyer. Mais que dire à ces touristes asiatiques que plonge dans la dépression la découverte d'une France totalement déréalisée, cette France mythique et illustre à laquelle ils s'attendaient et dont ils ne savaient pas qu'elle avait disparue? Comment s'excuser auprès d'eux? Renaud Camus est-il traduit en japonais et en mandarin?

On parle, on parle et pendant ce temps crépitent les cerveaux droit et gauche: "Voter FN, c'est voter Daech!".

[lelab.europe1.fr]

[www.20minutes.fr]

« Mais que dire à ces touristes asiatiques que plonge dans la dépression la découverte d'une France totalement déréalisée, cette France mythique et illustre à laquelle ils s'attendaient et dont ils ne savaient pas qu'elle avait disparue ? »

Si les touristes asiatiques ont eu tendance à idéaliser Paris, je me demande si nous n'avons pas tendance, nous, à idéaliser les touristes asiatiques. Parce que bon, tout de même, ces hordes de nouveaux riches chinois se pressant comme un seul homme dans un magasin Louis-Vuitton ou aux Galeries La Fayette pour y dépenser quelques milliers d'euros en vulgarités griffées, avant de se ruer au parc Disney-world de Marne-la-Vallée, royaume de la bêtise américano-mondialisée, concédez que ce ne soit pas un spectacle très engageant.

A vrai dire, je ne suis pas du tout certain qu'une quelconque « France mythique et illustre » les intéresse réellement, à moins de voir dans ce syntagme une somme de boutiques, de marques et de parcs d'attraction. Ils sont marris d'être traités comme des veaux ? Mais enfin, un touriste mérite-t-il jamais autre chose ?

Aussi, bien sûr. Mais j'ai la faiblesse de croire que, dans le lot, certains, mieux éduqués que d'autres, viennent en France pour de bonnes raisons. La France racontée et représentée par les plus grands auteurs et peintres exercera toujours une puissante fascination. Après, il est indéniablement malheureux que cette matière ait désormais une emprise moindre que les brochures des tours opérateurs et la publicité de luxe.

Mais enfin, un touriste mérite-t-il jamais autre chose ?

Ah ça oui. Tous nos couples de jeunes mariés chinois pourraient par exemple rentrer chez eux munis d'un coffret vagin de la Reine pour LUI et plug anal pour ELLE.
 

Pierre Hergat, taisez-vous, vous allez donner des idées aux chargés de mission Tourisme de France et de Navarre!

Dans le milieu des années 80 du siècle dernier (ce devait être en 1988) il me fut donné d'amener et d'accompagner à Paris non pas des touristes mais des hommes d'affaires chinois (en fait des fonctionnaires responsables d'un secteur industriel de Shanghaï, des quinquagénaires et sexagénaires, des hommes -- point de femmes -- qui avaient donc connu la Révolution culturelle en ses hauts lieux).

Deux, ou plutôt trois, choses qu'ils voulaient à tout prix voir, visiter et ramener de Paris : le Lido, des parfums Chanel et Gerlain pour leur femme et le Mur des Fédérés du cimetière du Père-Lachaise, dans cet ordre. Ils posèrent un regard indifférent ou blasé sur tout le reste. Je tentais Pigalle, la Tour Eiffel, en vain. Par dépit, je nous fis nous rabattre sur un restaurant bistrot de la place de Clichy (expérience gastronomique mémorable, c'était l'époque), quelque chose comme le square des Batignolles et les embarquai pour Lyon par la gare de Lyon.

Lyon fascinait les Asiatiques, tant les Chinois que les Japonais -- l'écrivain japonais catholique Endo Shusaku [www.picador.com] -- y fit un séjour d'étudiant dans les années 60, nous laissant de très émouvantes nouvelles, notamment une, inoubliable, dans laquelle il découvre à bas bruit le drame que la guerre d'Algérie a causé, par la perte d'un fils, dans la famille de ses logeurs pied-noirs. Cet auteur doit être lu, notamment Silence qui fait découvrir un pan de l'âme japonaise que les Occidentaux méconnaissent totalement : la Japon chrétien, clandestin et fervent.

Je compris progressivement pourquoi Lyon : la tradition des soieries lyonnaises et le fait que, dans les temps réculés du commerce transeurasien, Lyon avait été le point d'aboutissement en Occident d'une branche de la Route de la Soie. Ca aussi, les Français n'en savent pas grand chose, généralement : que Lyon fût partie à l'Orient de leurs fantasmes.

En prolongement de mon dernier message ici, cette nouvelle de Lyon : le musée des Tissus et des Arts décoratifs que cette délégation chinoise des années 80 tenait à visiter dans cette ville est menacé de fermeture.

L'actualité est chargée de nouvelles plus graves que celle-là. Je tiens cependant à dire que ce musée est unique au monde, qu'il est un élément du patrimoine artistique et industriel de la France, et qu'il recèle un témoignage historique des échanges mondiaux que le pays a su tissé pendant des siècles avec l'autre bord du continent eurasien.

Il est plus important pour le pays, sa trace dans l'histoire et son inspiration artistique future que peut l'être cette esbrouffe parisienne qui a nom Institut du Monde Arabe, mangeoire des éléphants socialistes, et qui coûte des centaines de millions d'euros à la collectivité nationale.

[www.lyonmag.com]

Quelle triste coïncidence... Mais, en effet, que pèsent de telles beautés face à une expo de l'Institut du monde arabe parrainée par Joey Starr?..

Une pétition, pour une fois, qu'il faut signer:

NON À LA FERMETURE DU MUSÉE DES TISSUS DE LYON

Je fais le pari que cette action apprendra à Mme la ministre l'existence même de ce musée. Partant, pour en quelque sorte se faire pardonner elle le sauvera de la fermeture.

C'est ce qu'il faut espérer. Il y a une poésie particulière à ce musée. La Route de la Soie tissait des liens aussi légers qu'un voile de soie, d'apparence fragiles et ténus mais qui traversèrent les siècles. Le mot "soie" a presque le même son dans les langues d'Occident qu'en chinois : sseu qui en est la racine. Il se peut que ce soit le seul terme du langage courant qui en Europe ait une étymologie chinoise.

J'ai signé. J'engage tout le monde à le faire. Même si ça ne sert à rien.