On a beau dire, un bon shoot de FN, ça soulage. Après, on se sent mieux. Evidemment, le problème avec la came, c’est qu’on ne retrouve jamais l’effet du premier gros shoot, du genre de celui de 2002, la liesse de l’élection de Chirac, l’homme le plus rejeté par les Français d’alors et cependant élu à plus de 80%. C’était le bon vieux temps, on pouvait vraiment respirer.
Aujourd’hui, on plane moins longtemps et même très peu. Le « sursaut » n’est qu’un tressaillement, on est loin de ressentir les effets d'un bon « flash ». Vite une autre dose. La République française est accro au FN, elle en a besoin comme un camé de sa défonce. Sans le FN, plus de cohésion nationale, sans le partage périodique d'une bonne rasade nationale de détestation commune, tout fout le camp. C’est une drogue dure : il faut augmenter la dose après chaque prise.
On en est entre 30 et 40% de dosage dans le corps électoral que, déjà, les nouvelles échéances se rapprochent : les présidentielles. Aussi les sempiternels « analystes » et les non moins indéboulonnables politiciens prétendent que cette fois ils ont compris le message, qu'on ne les y reprendra plus, qu’ils ont entendu « l’exaspération » du peuple, exactement comme le camé, encore groggy, prétend que c'est la dernière fois et, dans le même temps, téléphone à son dealer, à tout hasard. Car on ne voit vraiment pas pourquoi une bande de politiciens routiniers, sans projet ni imagination, ne repiqueraient pas à un système qui assure leur réélection depuis trente ans et qui a eu toutes les occasions de vivre des « chocs » et de « sentir le vent du boulet ». On peut être certain que, non seulement ils ne feront rien pour lutter contre ce qu’ils appellent les causes du vote FN mais qu’ils entretiendront sournoisement ces causes, de sorte à distiller une nouvelle et forte dose de FN à faire prendre à la population, à créer les conditions d’une nouvelle « menace historique », en prenant le risque d’une fatale overdose.
Peuple de gauche, prépare-toi à reprendre le maquis des urnes en 2017, aux côtés des résistants Sarkozy, Juppé, Hollande ou Valls ! Et en 2022, relis Houellebecq, dont l'hypothèse romanesque, si les choses continuent comme ça, devient de moins en moins fantaisiste.