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Surpopulation et arsenic (Asie du Sud-Est, Cambodge)

Envoyé par Francis Marche 
On se souvient d'une des dernières déclarations publiques de Claude Lévi-Strauss avant sa mort, à plus de 100 ans : que l'humanité, surabondante, est en passe de s'auto-intoxiquer.

C'est ce qui est en train de se produire en Asie du Sud-Est, dans le bassin du Mékong en général, et au Cambodge en particulier. L'humanité en explosion démographique s'empoisonne à l'arsenic. Oui, à l'arsenic, mais comment ?

Le bassin du Mékong, riche de nombreux affluents, draine une partie de l'Himalaya, ces cours d'eau emportent un peu du sol et des roches de ce massif et ces eaux turbides et chargées d'alluvion contiennent des composés d'oxyde de fer et d'arsenic, ce dernier naturellement présent dans ces boues où étant lié à l'oxyde de fer il est neutralisé par lui. Il en est ainsi depuis la nuit des temps, sans que cet arsenic ne présente de risque pour la santé humaine. Or la situation évolue de manière dramatique depuis une quinzaine d'années : les concentrations d'arsenic libre sont en augmentation dans les eaux de consommation et les sols des rizières du bassin du Mékong. Mais comment et pourquoi ?

Des chercheurs de l'université de Stantford ont pu démontrer que les zones humides (les bas-fonds inondables) jadis cycliquement asséchés sont désormais inondées de manière pérenne sous l'effet des perturbations climatiques et des aménagements du territoire, si bien que certaines bactéries et certains microbes, privés d'oxygène aérien attaquent les composés d'arsenic et d'oxyde de fer afin d'en libérer l'oxygène, et ce faisant, libèrent l'arsenic. Des expériences ont prouvé cela : on a inondé de manière permanente des bas-fonds saisonniers et constaté une augmentation de la teneur en arsenic de ces eaux. Mais ce n'est pas tout : la construction de barrages hydroélectriques et les travaux d'irrigation au Cambodge ont précipité le phénomène et les besoins d'une population en explosion démographique et en urbanisation galopante imposant ces aménagements, l'empoisonnement à l'arsenic de populations rurales, puis urbaines galope tout aussi vite.

Deux facteurs, bien entendu liés : le réchauffement climatique et la perturbation des cycles hydriques et celle de l'hydraulique du bassin d'une part, et la pression démographique d'autre part, s'accompagnant d'une explosion des besoins énergiques, sont cause de l'empoisonnement des eaux et des sols (et donc du riz).

Voilà comment se transcrit, dans l'écologie de tout un sous-continent, la parole quasi-prophétique de Lévi-Strauss.

Le Cambodge actuel concentre à peu près toute l'horreur que l'on doit craindre d'un développement anarchique, couplé à l'incurie politique et écologique, et à l'irresponsabilité démographique.

Comment ne pas s'attrister de cela ? Et de l'indifférence qui l'accompagne. Le pire et le plus paradoxal tient encore au fait que les Cambodgiens, fondamentalement, sont aujourd'hui un peuple heureux, comme il ne le fut jamais au XXe siècle.

Par ailleurs, mais toujours au Cambodge, la curée sur les forêts continue, les meurtres de ceux qui la dénoncent aussi:

Le Cambodge aussi est une terre hostile aux journalistes spécialistes dans l'environnement. Entre 2012 et 2014, quatre y ont été assassinés. Deux d'entre eux ont été tués alors qu'ils enquêtaient sur des activités de déforestation illégale. Un autre a été battu à mort par des pêcheurs illégaux après la publication d'un article qui avait «conduit la police à prendre des mesures répressives à l'encontre de ces hommes peu scrupuleux», détaille RSF. Enfin, le dernier a été abattu par des militaires pour avoir refusé de donner la carte mémoire de son appareil photo alors qu'il terminait un reportage dans une forêt protégée.

[www.lefigaro.fr]

Les peuples heureux sont impitoyables. Il y a quelque chose d'effroyable dans le bonheur indifférent et inconscient des peuples anciennement pauvres et malheureux.
J'avais lu quelque chose d'approchant à propos de la disparition des premières villes Sumériennes.
Sumer est LA civilisation. Celle qui a tout inventé, la Culture qui inventa l'agriculture intensive, et par le fait, la première région du monde qui eut à supporter la surpopulation humaine. La civilisation sumérienne eut une telle maitrise de l'eau que l'agriculture permettait plusieurs récoltes par an (penser aux jardins de Babylone, quelques siècles plus tard qui entretiennent cette idée). C'était il y a 5000 ans. Pour la première civilisation de l'Histoire, on peut déjà parler d'ingénierie hydraulique tant leur savoir était étendu.
Évidemment, comme bien souvent, ce qui permit l’essor de ces villes fut aussi à l'origine de leur disparition: l'équilibre fragile entre la pression des eaux douces du Tigre et de l'Euphrate et la pression des eaux salées du golfe persique s'inversa au niveau du Chatt-Al-Arab, et toute leur civilisation s'effondra en quelques dizaines d'années.
Ainsi, plus on remonte vers le Nord, plus les villes Sumériennes sont récentes. Jusqu'à Babylone, qui est Akkadienne.
Dans le Chatt-Al-Arab, ça fait plus de cinq milles ans que la salinité empêche toute culture.
C'est à ce type de problématique, hydro-chimique s'agissant de l'arsenic du bassin du Mékong, que l'on mesure la grossièreté de l'ingénierie humaine, qui ne savait pas, ne se douta jamais que les récoltes d'un riz sain dans ces plaines pouvaient dépendre de l'action de quelques microbes insoupçonnables qui consentaient, tant que l'assèchement saisonnier des bas-fonds maintenait son cycle, à ne pas empoisonner le milieu à l'arsenic. La fragilité des équilibres homme-nature, et bien sûr la complexité des facteurs interagissant pour les maintenir, parce que ces équilibres étaient ancestraux, demeure encore insoupçonnée : il suffit d'un rien et tout part à vau-l'eau, en eau de boudin, y compris l'eau elle-même et les produits alimentaires de base qui ont nourri des millions d'humains depuis le néolithique. Il aura suffi de quelques barrages grossiers et bien intentionnés, et d'une très légère perturbation des régimes hydriques de ce fleuve et de ses affluents, sous l'effet d'un petit degré d'augmentation de température, pour que ce qui a fait la base matérielle d'une civilisation se retourne contre les hommes et les tue sournoisement et implacablement.

L'Inde et le Bangladesh, pour les mêmes raisons que les pays du bassin du Mékong, sont eux aussi touchés par l'arsenicose :

[soumyadesarkar.blogspot.com]

Et pendant ce temps, on s'émerveille d'avoir trouvé de l'eau sur mars.
Chronique environnementale, en marge de la CdP21 -- comment l'Afrique de l'Ouest est pillée de ses richesses, et par qui:

Les importations asiatiques de « bois rouge » (« 红木 » ou « hongmu ») originaire d’Afrique de l’Ouest ont connu une hausse fulgurante ces dernières années. Entre le premier trimestre 2010 et le premier trimestre 2015, les importations chinoises ont été multipliées par plus de 3 000 en valeur : passant de 21 250 dollars US (total des importations chinoises durant le premier trimestre 2010) à 63 943 732 dollars US (total des importations chinoises durant le premier trimestre 2015) (Figure 1). Ces mêmes importations ont été multipliées par plus de 1 700 en volume, passant de 50 m3 (total des importations chinoises durant le premier trimestre 2010) à 89 301 m3 (total des importations chinoises durant le premier trimestre 2015) (Figure 2). Durant le premier trimestre 2015, près de 30% de la valeur totale des importations chinoises de bois rouge et près de 55% du volume des importations chinoises de bois rouge provenaient d’Afrique de l’Ouest. Cette quantité était négligeable il y a quatre ans. L’Afrique de l’Ouest concurrence désormais l’Asie du Sud-Est comme principale région exportatrice de bois de rose vers la Chine. L’information disponible indique que les importations chinoises de bois rouge venus d’Afrique de l’Ouest se concentrent en réalité à l’heure actuelle sur une unique espèce : P. erinaceus.

Document original, daté de fin octobre :
[cites.org]

Ce pillage des ressources de l'Afrique de l'Ouest par la Chine communiste est mené dans l'illégalité la plus complète bien sûr, et ce bois est de contrebande.

L'essence Pterocarpus erinaceus Poir a pour nom vernaculaire bois de vêne en Côte d'Ivoire. C'est un bois précieux que les méchants colonisateurs blancs avaient tout de même pris soin de ne pas faire disparaître de cette région d'Afrique. Les Chinois n'auront pas ces scrupules.

Les conséquences humaines, sociologiques et géopolitiques de ce pillage sont très graves et touchent prioritairement l'Europe, et non la Chine : les migrants d'Afrique qui s'échouent sur les rivages européens (ou qui meurent avant de s'échouer) ne sont pas seulement migrants économiques et mais aussi migrants écologiques. Leur pays est pillé par la Chine ce n'est pas en Chine qu'ils vont se faire prendre en charge comme en dédommagement de cette curée, mais en Europe, et toujours en invoquant "la colonisation". Et l'Europe, dévorée de culpabilité mal placée, de fausse charité, opine et s'oblige.
Gouvernance forestière : la Chine dans le collimateur

Comment un continent se dépouille de ses ressources naturelles :

« la Côté d’Ivoire est riche en Pterocarpus dit bois de ‘’vêne’’. Il est pratiquement utilisé par des Chinois. Je ne sais pas ce qu’ils ont font, mais nous avons été alertés par la société civile et nous avons fait une descente sur le terrain pour constaté les faits. Affirmatif. Nous avons trouvé beaucoup de bois de vêne en forêt, coupés avec la complicité des chefs de village bradant le patrimoine aux Chinois », avant de poursuivre, « c’est dans la nuit que les camions sont chargés pour partir. Et ses camions et containers disparaissent. Nous avons mené une enquête révélant que ce bois partait en Chine parce qu’il est recherché là-bas. Et donc l’action des parlementaires-OSC a amené le gouvernement à interdire l’exploitation, la commercialisation, l’utilisation du bois de vêne de la Côte d’Ivoire jusqu’à nouvel ordre.»

[oscapvflegt.azurdev.org]
Enfin une voix dissidente se fait entendre : la surpopulation, thème occulté à la CdP21

[www.lefigaro.fr]
Utilisateur anonyme
11 décembre 2015, 08:42   Re : Surpopulation et arsenic (Asie du Sud-Est, Cambodge)
« Il n'y a guère de doute sur le fait que la population de l'Afrique va doubler au cours des 30 prochaines années pour atteindre 2 milliards d'habitants en 2050 et probablement 4 milliards à la fin du siècle. Pour faire face à cet accroissement, l'Afrique devrait créer 20 millions d'emplois par an. Ce continent, qui était deux fois moins peuplé que l'Europe en 1960, le deviendrait cinq fois plus en 2100. La population de l'Asie - 4,4 milliards d'habitants - devrait quant à elle encore s'accroître d'un milliard d'ici 2050. Au niveau mondial, sur une courte période historique de 250 ans, nous aurons assisté à une multiplication par dix de la population. »

Sachant cela, il y en a qui sont encore assez fous pour mettre des enfants au monde (« c'est que du bonheur ! », leur a-t-on dit, et ils l'ont cru, ces naïfs).
Tout cela pour faire plaisir à papa / maman, lesquels sont nés et ont vécu durant les Trente glorieuses, soit une époque où le pays, surtout si on le compare à ce qu'il est devenu, était pacifié, unifié, et d'une certaine façon, prospère. Ah, la famille, ce fourrier anachronique du malheur !

Vu mon année de naissance, il est probable que je ne vivrai guère au-delà de 2060 — 2070, mettons. Tant mieux, car je ne tiens pas plus que cela à voir le déluge qui ne manquera pas de s'abattre alors, et qui, d'ailleurs, aura probablement déjà commencé de s'abattre.
Vu mon année de naissance, il est probable que je ne vivrai guère au-delà de 2060 — 2070, mettons

Qwap !? Un trentenaire ! Sus mes preux !
Utilisateur anonyme
11 décembre 2015, 14:02   Re : Surpopulation et arsenic (Asie du Sud-Est, Cambodge)
Oh, vous savez, d'instinct, la Génération Bataclan me hait, tout trentenaire que je suis ; mais il faut dire que je le lui rends bien.

A part ça, « l'Afrique devrait créer 20 millions d'emplois par an »

Encore et toujours la satanée religion de l'emploi. Voyons, qu'est-ce que cela pourrait bien donner ? Des armées de cols blancs travaillant pour des start-up innovantes ? Des gens qui bossent en mode projet ? Somebody please tell me.
Copie/collé d'un ancien message

Réjouissons-nous! Enfin une bonne nouvelle à annoncer : il n'y aurait pas "d'explosion démographique" à redouter. Toutes les données actuelles convergeraient vers cette bonne nouvelle.
Peut-être est-ce la fin d'une des angoisses les mieux partagées ici!

La population actuelle est de l'ordre de 6,9 milliards. Elle a quadruplé en 1 siècle.
Selon les experts de l'ONU, elle comptera aux alentours de 9,3 milliards en 2050.
Mais cette croissance démographique ne serait nullement due à une procréation trop généreuse et intensive.
En fait on assisterait à une baisse de la natalité et ce, depuis l'an 1798!!
Au cours du XIXème siècle, le taux moyen de natalité dans le monde reste sensiblement le même, avant de baisser considérablement au XXème siècle, et de continuer à baisser au XXIème siècle.
L'une des caractéristiques majeures de cette croissance démographique est une baisse durable de la natalité, comme le monde n'en a jamais connu (le taux de natalité est passé, dans le monde, de 37,2 naissances pour mille habitants en 1950-1955 à 20,3 en 2005-2010, soit une baisse de 45% en un demi-siècle).
De telles baisses n'avaient été enregistrées précédemment qu'en raison de terribles catastrophes (peste noire, Première Guerre Mondiale).
Ce qu'on appele communément "explosion démographique" traduirait un lent cheminement de l'humanité pour faire reculer la mortalité, par la grâce des progrès économiques et sanitaires.
Dans les pays européens, on est passé d'un régime de haute mortalité et de haute natalité à un régime de basse mortalité et de basse natalité.
La population mondiale est passée de 1,7 milliard en 1900 à près de 7 milliards en 2010. Cette croissance démographique résulte principalement de changements structurels majeurs :

1. Le premier est la baisse considérable de la mortalité infantile, mais aussi de celle des adolescents.
2. Le deuxième est la baisse, également considérable, de la mortalité des femmes par suite de couches.
3. Le troisième est la baisse des taux de mortalité par âge pour les quinquagénaires, sexagénaires, septuagénaires...avec l'amélioration de l'espérance de vie des personnes adultes et des personnes âgées.

Mais alors que les deux premières baisses se sont déployées depuis deux siècles, la dernière est beaucoup plus récente (les années soixante-dix pour les seuls pays développés).
Les raisons de ces changements stucturels sont bien sûr une meilleure alimentation et un meilleur hygiène, ainsi que les immenses progrès réalisés par la médecine sans parler du progrès technique qui a fortement diminué la pénibilité du travail.
L'accumulation de ces baisses, portant toutes sur le taux de mortalité, engendre une augmentation considérable, et sans équivalent historique, de l'espérance de vie.
(Par exemple, en France, au milieu du XVIIIème siècle, la moitié des enfants meurent avant l'âge de dix ans et l'espérance de vie n'est que de 25 ans!)
Bien que ce changement de régime démographique se chiffre effectivement par un augmentation de la population, il se caractérise aussi (et surtout) par une révolution des conditions de vie, avec l'effondrement des taux de mortalité et une espérance de vie spectaculairement accrue.
Penser que l'élévation du taux de croissance démographique constatée pendant la première étape de la transition démographique est sans fin est aussi naïf que de croire qu'un adolescent qui grandit va continuer de grandir au même rythme au fil du temps.

Or toute évolution d'une variable démographique a des effets sur les autres variables. Plus précisément, les populations adaptent leur comportement de fécondité aux changements structurels de la mortalité.
En conséquence de quoi la seconde étape de la transition démographique sera celle de la décélération avant, très probablement, la diminution.
Le XXIème siècle sera moins celui d'une croissance démographique, incontestablement ralentie, que d'un vieillissement inédit de la population mondiale. C'est le phénomène majeur des décennies à venir.
En outre le monde d'aujourd'hui connait de réels problèmes liés à la géographie du peuplement. En effet, la population mondiale se trouve concentrée dans quelques régions. La Chine et l'Inde comptant plus du tiers des habitants. Sous l'effet du processus d'urbanisation, jamais le nombre des humains n'a été aussi élevé et, en même temps, jamais les humains ne se sont autant concentrés sur ces territoires réduits que sont les villes.
L'inégalité de la répartition spatiale s'est accentuée dans le monde à toutes les échelles : planétaire, continentale, nationale ou régionale.

Laissons la haine de la vie aux seuls islamistes et autres talibans...
Utilisateur anonyme
11 décembre 2015, 19:09   Re : Surpopulation et arsenic (Asie du Sud-Est, Cambodge)
Bon, tout va bien alors. Nous voilà hyper-rassurés. On passera sous silence le fait que les femmes d'origine étrangère vivant en France, et qui ne sont donc pas pas touchées par les vieux fléaux que vous rappelez, continuent cependant de faire beaucoup d'enfants. Il suffit d'attendre un peu, me direz-vous, le temps que la fameuse “transition démographique” se fasse. A cela il y a bien entendu deux objections :
1) Pendant ce temps le Grand Remplacement aura tout le temps d'être parachevé
2) Rien ne prouve qu'elle aura lieu, dans la mesure où faire ou ne pas faire des enfants relève aussi et surtout de la culture des peuples et des civilisations — avancées économiques et sanitaires nonobstant.

« Laissons la haine de la vie aux seuls islamistes et autres talibans... »

Leur haine de la vie ne les empêche pas du tout de faire d'innombrables enfants, bien au contraire. Il est d'ailleurs pénible d'entendre toujours cette vieille rengaine, ce vieux chantage, à savoir que l'amour de la vie serait forcément lié à la marmaille, si possible abondante. Il n'y a plus grand monde, semble-t-il, pour penser que l'amour de la vie puisse entretenir de nombreux rapports avec l'espace vide, le silence, l'absence, l'abstention, la contrée dépeuplée, le n'être-pas-là.

Pour le reste, votre message, dans sa partie conjecturelle (laquelle déborde comme il se doit de statistiques lénifiantes), repose sur un simple pari. Car en effet vous faites le pari que les pays en voie de développement, comme on les appelait naguère, vont, démographiquement parlant, s'assagir, et finalement adopter les comportements des pays occidentaux. C'est là le raisonnement typique du sociologue contemporain, qui fait superbement fi de la sociologie, de la culture, de l'histoire, car il pense que tous les humains in fine se ressemblent, et qu'ils finiront tous par se comporter en occidentaux, si possible de gauche.

Voilà un pari tout à fait semblable à celui qui consiste à espérer que l'islam sunnite finira par se réformer pour s'acclimater aux nations, autrement dit qu'il renoncera à être une loi fondamentale et un code civil, pour se contenter d'être un vague culte secondaire, semblable au christianisme européen d'aujourd'hui. Ce pari-là, de même que le pari démographique que vous faites, me paraît bien dangereux, et qui plus est peu réaliste.
11 décembre 2015, 19:44   Replay
Attisez votre bile à cet extrait, Afchine,
Les temps ont bien changé : l'estocade est de gauche :


"Dans cette pâtisserie terrifiante, la réflexion qui vient tôt ou tard à l’esprit est une interrogation sur la multitude. Qui fut le géant du XIXème siècle ? Marx ou Malthus ? Nous avons si longtemps cru que c’était Marx, que nous fermions les yeux sur la poussée démographique. Vienne un monde meilleur et l’écorce terrestre se garnirait gaiement de petits communistes. Nous étions assurés du bonheur innombrable, dont le dernier obstacle s’appelait le capitalisme.

Je tiens à rappeler les gorges chaudes que l’on faisait du grand Malthus. Cette pensée lucide avait le tort de mettre en cause le contentement de l’espèce humaine à gonfler comme un sac d’écus. Elle investissait le tabou le plus enfoncé dans la conscience collective, celui de la reproduction. Elle cinglait d’une blessure inavouable la tautologie suprême de l’homme en train de germer sur le terreau de l’homme. Elle était pire qu’un blasphème, pire qu’une injure au tabernacle : elle insultait la majesté de la queue fécondante.

Si Marx a eu raison à l’échelle dérisoire d’une centaine d’années, Malthus n’a pas fini de faire parler de lui. Il avait pressenti que la terre baignerait dans une sauce de poux, deux ou trois siècles après sa mort. Ils sont là, les insectes, et c’est le grouillement de ces hommes semblables qui lui donne la taille d’un géant. Dans l’Angleterre qui sortait des famines, il a eu l’alibi de s’occuper des subsistances et de la courbe des besoins. Mais ce moraliste, déguisé pour la circonstance en économiste, voyait juste quand il fustigeait le surpeuplement.

On procrée. On promiscuite. On se sent fort d’être beaucoup. Cela tient d’une conjuration de l’angoisse et d’une exhibition des bons sentiments. Il y a, dans le tumulte des naissances qui envahit l’état civil, l’apaisement du devoir accompli. Le père jubile, comme un chien fidèle, d’être un maillon dans la chaîne des pères. Rien ne résiste à la tornade du bipède multipliant. On manque toujours de quelque chose : d’écoles ou de maisons. On lotit les grands parcs solitaires et glacés. Cette année, 500 000 touristes déferleront sur Aigues-Mortes, la songeuse Aigues-Mortes, bijou pervers de Bérénice. L’an prochain, 900 000, et dans trois ans, 18 millions. « Toujours plus de… » , c’est le mot d’ordre. Mais plus de quoi ? Plus de volupté ? Plus d’abîmes franchis et de couleurs neuves ?

Non. Toujours plus d’enfants, plus de tonnes d’acier, plus de mètres carrés de surface habitable. C’est le cycle infernal de la natalité et du travail humain. On croit tenir le terme et s’arrêter enfin au pied du Sinaï. Rien à faire. Les champignons vagissent dans le cœur des berceaux. Il n’y aura plus de soir bleuté sur les roches paisibles. On accouche à toute heure. Inexorablement, la terre se couvre de giclées – giclées de vie, grouillements de cités, araignées de buildings et de manufactures – comme un tableau de Pollock.

Cette course au labeur est une histoire de fous. On fabrique des gosses. Après quoi on déclare : ils ont des droits sur nous. Et ces gosses à leur tour n’ont rien de plus pressé, quand ils atteignent l’âge de la reproduction, que de fonder ce qu’on nomme sans rire une famille nombreuse. C’est une ruée obstétricale qui est indépendante des régimes sociaux. Capitalisme ou communisme, vieux pays ou tiers-monde, rien n’y échappe. Les catégories de Marx sont dépassées. On entre dans le règne du nombre où la théorie de Malthus, après cent ans d’occultation, prend justement le sens d’un cri d’alarme.

La civilisation de masse où se dilue, jour après jour, tout ce que nous aimons, est le produit de cette croissance folle. L’harassante expansion de l’économie et le conditionnement des individus à une sous-culture, qui les rend similaires dans les plus bas niveaux de l’activité mentale, sont les deux faces d’un même phénomène, la natalité. Il est temps de dire : ça suffit, nous avons épuisé les joies du troupeau."

Raymond Borde – L’extricable (1964)
Oui la population africaine va doubler d'ici 2050, et l'Afrique comptera le plus grand nombre de moins de 18 ans de tous les continents y compris l'Asie, bien que le taux de fécondité y soit passé de 5,1 (2005) à 4,7 (2015).
La population européenne va par contre diminuer.
Quant au Grand Remplacement il n'a cure de ces prévisions là! Effectivement il est malheureusement bien en marche forcée. Que la population globale mondiale stagne ou pas après 2050, peu lui chaut.
Il n'y a pas que les avancées économiques et sanitaires qui contribuent à faire baisser le taux de natalité chez les femmes, mais aussi l'accès à plus d'éducation et la sortie de l'illétrisme.
Ces statistiques n'ont rien de très lénifiant. Bien au contraire puisqu'elles suggèrent, à terme, une possible disparition de notre espèce. Espace vide, silence et absence assurés à gogo.
Le problème majeur est la surconcentration de populations dans un espace restreint, l'urbanisation effrénée. C'est cela qui est ravageur
11 décembre 2015, 20:36   Re : Replay
Francis, je propose que nous fassions comme les Sentinelles.
Deux clans s'opposent, ils se font la guerre. Leur population est fragile, ils sont peu nombreux car ils savent combien le contrôle des naissances est important et combien chacun d'entre eux est important. Au premier mort, la guerre s'arrête. Évidemment, la guerre s'arrête au premier mort parce qu'une tribu ne peut se permettre de voir disparaître plusieurs membres au cours d'une même guerre. Le vainqueur est immédiatement déclaré. Ainsi, en plus de l'enjeu initial, il gagne le droit de retourner chez lui avec son trophée, à savoir le mort de la tribu adverse. Ainsi, la population de la tribu des vainqueurs s'accroit-elle d'un individu qui rejoindra bientôt le cimetière de la tribu tandis que la tribu vaincue verra sa population diminuer.
S'il le faut, on peut le manger, mais c'est pas obligatoire. Généralement, mieux vaut l'éviscérer de sorte que sa momie dure le plus longtemps possible. Ainsi, les jours suivants, tour à tour, chacun pourra-t-il lui tenir la main et lui conter les histoires de sa nouvelle famille. Rien ne vaut la famille.
Utilisateur anonyme
11 décembre 2015, 20:39   Re : Replay
Merci beaucoup, cher Thomas Rothomago.
Utilisateur anonyme
11 décembre 2015, 20:45   Re : Replay
« l'accès à plus d'éducation et la sortie de l'illétrisme »

En quoi cet accès est-il garanti ? En France, par exemple, on va vers moins d'éducation et plus d'illétrisme (j'en sais quelque chose). Et ailleurs ?

Et quand bien même éducation et sortie de l'illétrisme il y aurait, en quoi cela est-il une garantie de naissance moindres et de dépeuplement ? Encore une fois, ce qui a eu lieu en Europe à l'époque moderne n'aura pas forcément lieu ailleurs au XXIème siècle et après.
L'économie marchande veut la surpopulation. Le marchand, le fabricant de déodorant à aisselles compte que pour tout doublement de population, il y a aura deux fois plus d'aisselles et donc quadruplement de ses ventes puisque tout humaine est doté de deux aisselles. Le consensus sur le "dividende démographique", vous l'avez là. Plus il y a d'humains, mieux se comporteront les ventes de biens aux humains. L'économie capitaliste chevauche ce petit train, n'en démordra jamais : plus le matériel humain est important, plus on vendra de chaussettes, de tubes de dentifrices, de téléphone à tout faire et de pneus d'autos, quatre aisselles pour deux humains, huit pneus pour deux autos, ce qui doit d'abord amortir les "investissements en capacité de production", avant de permettre l'acquisition d'immeubles sur la Costa Brava, voire de chasses en Sologne où, si les aisselles et les roues de 4X4 ont été assez nombreuses, on pourra se rendre en petit jet privé.

Proliférez ! C'est bon pour ma caisse.

Tout le reste, y compris les savantes spéculations emmanuel-toddiennes et autres fariboles sur l'illétrisme, sont littérature.
L'Inde est un pays de penseurs politiques supérieurs, et l'on peut affirmer qu'ils le sont parce que ces gens ne connaissent et ne pensent et ne pèsent que les qualités, jamais les quantités.

L'esprit, en Occident, s'est appris de long temps, avec les premiers grands penseurs germaniques modernes, à penser la qualité comme soumise, fille réticente, à la lourde matrice des quantités subvertisseuses du signe qualitatif. Les quantités engendrent les qualités, Shopenhauer, Hegel, et toutes les fines et puissantes conversions dialectiques entre ces deux ordres, quantités et qualité, nous ont enseigné à nous méfier des quantités, qui sont des facteurs d'inversion des signes qualitatifs.

Les Indiens quant à eux, continuent de vivre bravement dans l'intraitable et inflexible arithmétrique des idées, dans l'idée très supérieure à nos méfiances et réticences que la quantité est inessentielle à la qualité, que la qualité du faire est indépassable, immune à la relativité des quantités.

Cette semaine l'Inde argumente contre l'Occident. A la CdP21, elle lui dit que l'époque coloniale, toujours elle, scène primitive des temps modernes, vit l'Occident polluer par l'exploitation du charbon mise au service du développement des puissances occidentales et que par conséquent il n'est que justice, il n'est que normal et humainement rétributif, que l'Inde de 2015, lourde de son petit milliard d'Indiens, prenne sa revanche et transpose dans son histoire cette petite histoire, à sa vaste échelle, et qu'elle s'autorise ainsi de commettre les crimes contre l'environnement mondial dont séminalement, l'Occident (les Britanniques en Inde) s'est rendu coupable sur son sol du temps de la Reine Victoria.

Telle est la pensée justicière, toute principielle, et passablement aristotélicienne, de l'Inde face au réel de 2015.

Ce faisant l'Inde se détache des considérations sur les quantités, elle ignore le facteur quantitatif qui ruine, mine et subvertit la pensée des principes et des qualités : jamais l'Occident, dans ses pires moments, du fait de sa faiblesse démographiques relativement à la démographie mondiale en laquelle l'Inde évolue aujourd'hui, n'égalera, même de loin, les montagnes de nuisances environnementales que l'Inde se réjouit de produire en réponse, en rétribution, aux saccages coloniaux du temps de la Reine Victoria. Un kilo de charbon consommé par tête d'habitant en Grande Bretagne ou en Europe en 1900, s'il doit être payé par une kilo de charbon par Indien en 2015, par l'effet du facteur démographique, entraîne une démultiplication de la riposte environnementale indienne de l'ordre de un pour 1000.

Telle est la tartufferie de l'ordre qualitatif : l'Inde triche d'un facteur de un pour mille dans cette négociation. Le kilo de charbon britannique de 1900 vaut, à l'échelle des effets planétaires de sa consommation, un gramme de charbon par Indien, jamais un kilo.

Mais la pesée des nations, le poids démographique de l'Inde dans ces négociations, sont tels que la tartufferie passe avec le sourire. Ces Indiens ne sont qu'un exemple de faux intelligents, qui occultant le facteur démographique et généralement l'ordre des quantités de leurs démonstrations, entraînent l'humanité vers le suicide environnemental auquel ils joignent leurs propres populations dans la grande réjouissance d'avoir eu raison dans les principes et dans l'histoire.

Pauvres fous. Le Tiers-monde est gouverné par de faux intelligents, très méprisants pour les effets que leur fausse raison peut avoir sur les peuples qu'ils gouvernent et qui leur confient leurs destinées. Tenir tête aux puissants de jadis dans le plus grand mépris du sort de leurs peuples d'aujourd'hui, telle est la cause intime et profonde de ces Tartuffes enturbannés, jurant l'amour de leur patrie en cachant leurs avoirs sur quatre continents.
''L'économie marchande veut la surpopulation. Le marchand, le fabricant de déodorant à aisselles compte que pour tout doublement de population, il y a aura deux fois plus d'aisselles et donc quadruplement de ses ventes puisque tout humaine est doté de deux aisselles.''

C'est exactement à ça que je pensais quand j'ai fait part de mon interrogation sur le silence récent concernant l'actuelle explosion démographique, silence coïncidant trop avec l'idéologie mondialiste pour ne pas être suspect. Toujours plus de consommateurs déculturés prêts à acheter n'importe quoi, mais aussi toujours plus de miséreux faisant pression sur les salaires à la baisse et, à la place de peuples unis, des populations éclatées en communautés hostiles qui ne se solidariseront jamais entre elles pour lutter contre l'exploitation économique. Si on m'avait dit qu'un jour je regretterais la bonne vieille lutte des classes de papa...
L'article 4 est au coeur du dispositif en passe d'être adopté au Bourget. Il consiste en ceci:

In order to achieve the long-term temperature goal set out in Article 2 [*], Parties aim to reach global peaking of greenhouse gas emissions as soon as possible, recognizing that peaking will take longer for developing country Parties, and to undertake rapid reductions thereafter in accordance with best available science, so as to achieve a balance between anthropogenic emissions by sources and removals by sinks of greenhouse gases in the second half of this century, on the basis of equity, and in the context of sustainable development and efforts to eradicate poverty

[*] Article 2
1. This Agreement, in enhancing the implementation of the Convention, including its objective, aims to strengthen the global response to the threat of climate change, in the context of sustainable development and efforts to eradicate poverty, including by: (a) Holding the increase in the global average temperature to well below 2 °C above pre-industrial levels and to pursue efforts to limit the temperature increase to 1.5 °C above pre-industrial levels, recognizing that this would significantly reduce the risks and impacts of climate change;


C'est à dire que RIEN n'est contraignant dans ces décisions, où il n'est prévu que des "réductions rapides" des GES en vue d'atteindre "un équilibre entre les émissions anthropiques par sources et les volumes de GES séquestrés dans la seconde moitié du siècle, en se fondant sur l'équité, et dans le cadre du développement durable et des efforts d'élimination de la pauvreté." Et pour un maintien du réchauffement "très en dessous de 2° C" (article 2). Donc, RIEN, tout continue comme avant. Accord poudre aux yeux qui, en cas d'échec programmé, permettra à certains de se retourner contre les pays développés pour n'avoir pas "joué le jeu" en éradiquant la pauvreté chez les pays les plus nécessiteux.
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