Vous avez diantrement raison Francis ! Restons humains avec nos frères humains. Montrons nous dignes de l'In-nocence, laquelle, peu ou prou, devrait nous obliger et nous gouverner.
Ceci dit, je n'ai aucune animosité à l'encontre de Monsieur Goux, faut-il le préciser, et je suis persuadé qu'il a des propositions intéressantes à soumettre sur ce fil ou ailleurs, plutôt que de se contenter d'y mal jouer un
méchant second rôle : celui de l'ersatz d'un Beckmesser pointilleux et vétilleux à l'excès.
Mais bon! Tout cela n'est pas bien méchant pour personne.
Quant à vous, cher Francis, je pourrais vous répondre, imitant votre ton d'autorité, que Jimi Hendrix est un des plus grands compositeur-interprète de la pop-music. Mais, me direz-vous, y-a-t-il quelque chose de
grand dans ce type musical ?
Son jeu de gaucher époustouflant, sa virtuosité proprement hallucinante, sa technique irréprochable, en font, dans son genre musical, un des plus grands guitaristes de son époque, à l'égal d'un Rory Gallagher.
Ses pairs (Keith Richard des Stones, Eric Clapton, Pete Townshend, etc), ainsi que pléthore d'autres musiciens pointant à d'autres rivages musicaux, ne s'y sont d'ailleurs pas trompés.
La plupart d'entre eux se demandant comment continuer à jouer de cet instrument après le passage d'un tel ouragan, d'un tel talent inimitable, aux sonorités si fortes et envivrantes.
Ils n'en ont pas cru leurs oreilles, tellement c'était puissant et déroutant. Personne ne pensait qu'une telle maîtrise de l'instrument fût possible.
Tel un OVNI, un diamant tombé des cieux, Hendrix était à mille coudées devant tous les autres, Stones y compris. Ce ne fut malheureusement qu'une étoile filante (4 années de pure magie sonore) laissant une trace magnifique et indélébile.
Bon! N'en jetons plus.
Néanmoins je n'aurai pas la cruauté, ni le sadisme, de vous inviter à une écoute attentive, patiente, de cette oeuvre magistrale et unique, mais préjugée effroyable par vous, sachant qu'on ne passe pas si facilement d'un monde musical à un autre, que l'oreille a du mal à s'aclimater à d'autres sons venus d'ailleurs, que même au coeur de la musique classique le passage du romantisme au baroque ne va pas de soi, idem pour le passage de l'opéra à la musique de chambre, ou d'une symphonie de Mahler à une de Haydn, etc.
L'oreille est très conservatrice et ne s'aventure que très difficilement vers d'autres sonorités. C'est tout simplement dû à sa nature physique. Elle
se fait tirer l'oreille, si j'ose dire, se montre fainéante, passéiste, casanière.
Si, en outre, on lui suggère qu'il n'y a vraiment pas lieu d'aller s'aventurer vers des mondes musicaux de basse souche, de sous-culture, alors elle ne va pas
se mettre en quatre pour le faire, et donc ne se fera pas prier pour rester bien au chaud, entourée de ses fidèles amies musicales qui lui cajolent le nerf auditif.
Tout cela est bien humain.
Depuis plus de 40 ans, à chaque fois que j'évoque le
plaisir en musique, je me vois retourner, par mon interlocuteur, le même type d'arguments que vous m'avez proposés. Ceux-ci étant en partie recevables bien sûr.
Mais si je parle, en ce domaine, peut-être un peu légèrement et abusivement, de
plaisir, c'est avec un sens très élargi.
Nullement restreint à tel sentiment de joie, de satisfaction épicurienne, de félicité ou de ravissement quelconque.
S'y englobent aussi la joie d'être triste (la mélancolie romantique), le plaisir intellectuel et, de façon générale, toute la panoplie des sentiments et passions qui habitent notre imaginaire, notre esprit, nos sens, notre âme qui sait? Y compris les plus douloureux et les plus désespérés!
C'est le plaisir de ressentir, c'est-à-dire de se sentir vivre.
Pour le reste si l'Art dit
contemporain ne doit plus, ou ne sait plus, nous apporter un peu de cette transcendance, alors je le trouve complètement superflu et sans intérêt, car, à ce compte, la philosophie lui est bien supérieure dans l'analyse
froide des concepts.