Le site du parti de l'In-nocence

Communiqué n° 730 : Sur l'affaire de l'école Jean-Jaurès de Persan

Le parti de l'in-nocence apprend avec stupéfaction que l'élève de dix ans qui a roué de coups une institutrice à l'école Jean-Jaurès de Persan, dans le Val-d'Oise, ne peut être renvoyé, « les textes ne le permettant pas », d'après la directrice de l'école ; l'inspectrice d'académie ajoutant aussitôt que « C'est notre rôle de service public d'accompagner cet enfant perturbé.»

Le parti de l'In-nocence voit dans ces faits, dans ces réactions, dans ces textes et dans ce rôle prétendu de l'école un emblème parfait, c'est-à-dire accablant, de tout ce qui a conduit au désastre où on les voit gésir, non seulement le système éducatif mais l'ensemble de notre société, sommés en permanence, l'un comme l'autre, d'accepter en leur sein et d'"accompagner" les éléments mêmes qui très visiblement entraînent leur perte. Société et système éducatif sont incessamment mis en demeure, par un lacis de textes qui ne leur laissent aucune échappatoire de survie, et cela même en dépit du plus élémentaire bon sens comme en l'exemple de Persan, de sacrifier leur bon fonctionnement global à une suite ininterrompue de cas particuliers, sertis chaque fois de droits imparables et délétères, éventuellement plus forts que le droit même.
02 octobre 2008, 01:27   Education
Il me paraît évident qu'un enfant de onze ans, perturé ou non, doit recevoir une éducation.

La question est plutôt de déterminer le lieu où cette éducation est dispensée. Un tel cas me paraît relever non d'une mauvaise éducation, mais de la psychiatrie.
Parce-que le système scolaire avant un nouveau texte prévoyait le renvoi des perturbateurs...dans un autre établissement. Les élèves maintenant doivent être punis "sur place". Donc le problème se révèle mieux dans son ampleur, mais n'est pas différent au fond de ce qu'il était avant. Sauf que le renvoi constituait une "soupape" pour des tensions insupportables. Je suis d'accord avec Jean Marc, il s'agit probablement de psychiatrie. Mais pour un cas extrême, on imagine tout un dégradé de situations et chaque école mise en demeure de "résoudre" le problème, ce qui a toutes chances de relever de la mission impossible et d'accaparer l'attention ailleurs que sur l'enseignement. Il me semble que la solution serait d' étendre les capacités et attributions des centres d'éducation spécialisée, pour que l'école puisse effectivement se consacrer à l'enseignement.
Y-a-t-il quelqu'un sur ce forum qui a vu le film et qui pourrait nous en parler ? Ci-après l'éditorial qui est paru aujourd'hui dans le journal Présent sur le sujet.

Entre les murs
Le choc de l‘état des lieux

Sidéré. En pleine sidération. C’est l‘état dans lequel ce constat ultra-réaliste de l‘école de la République aujourd’hui va vous plonger. Un état des lieux remarquable, vrai, juste, parfois drôle, et d’abord terriblement alarmant. Au-delà même de l’alarme, dans la réalité des conséquences, dans la vérité crue. C’est comme ça. On en est arrivé là.

A aucun moment, le mot immigration n’est prononcé dans le film.

Mais c’est pourtant tout le sujet, toute la question. On ne voit que cela, on n’entend que cela, on ne vit que cela : l’inadaptation flagrante de l‘école et des professeurs qui s’en sortent comme ils peuvent, empêtrés dans leurs contradictions et leurs convictions de gauche, face à une classe composée à 70% d‘élèves d’origine immigrée. C’est en cela que le film de Laurent Cantet d’après le livre de François Bégaudeau, est l‘événement politique de la rentrée. D’autant plus intéressant que le réalisateur ne nous dicte pas ce que l’on doit penser. Il offre plusieurs pistes à travers les interventions des uns et des autres.

François Marin, prof de français, s’apprête à effectuer sa rentrée scolaire. La caméra qui filme son regard au moment où il boit son café au zinc juste avant la sonnerie en dit déjà beaucoup. Il va falloir y aller. Et ce n’est pas rien.

Comme l’indique le titre, le film est un huis clos parfois oppressant, toujours vrai, jamais ennuyeux sur le quotidien d’une classe de quatrième d’un collège dit « difficile » du XXe arrondissement de Paris. Le collège s’appelle Françoise-Dolto et c’est déjà tout un programme.

Si l’on peut dire, car de programme justement, il n’y en a plus beaucoup. En français le professeur se heurte aux limites des élèves. Il rabaisse constamment son niveau. C’est parti pour « l’autoportrait » sinon littéraire du moins très vivant : Souleymane, Cumba, Boubakar, Rabah, Esmeralda s’expriment : « J’aime le foot, mais pas l’OM, j’aime ma cité, j’aime le rap, j’aime traîner avec mes potes, etc. »

Constamment, le prof est confronté à des problèmes d’insolence, d’indiscipline, d’injures, de révolte. Mais pour continuer à « faire son cours » il transige sans cesse, discute sans fin, essaye de « jouer collectif » pour reprendre la métaphore footballistique, pour ne pas être débordé. Jusqu‘à ce que lui aussi atteigne les limites de cette méthode pédagogique.

En salle des profs, on s’arrache les cheveux et la crise de colère et de désespoir du professeur de techno est à cet égard extrêmement parlante. Dans le même temps, ces professeurs abandonnés de tous et d’abord de la République se mobilisent pour la mère sans-papiers de l’un des élèves d’origine asiatique. Ces professeurs sont dans « l’humanitaire » mais vont vite atteindre les limites de l’humain.

Le film ne se veut pas manichéen mais son constat est impitoyable. La réalité à l‘écran déborde le cadre comme certaines répliques improvisées ont débordé les scènes dirigées. Le résultat est criant. « Même les pierres crieront. » On y est. Comme l’a dit en substance Laurent Cantet, quelles conséquences les personnalités politiques qui ont applaudi le film à Cannes ou ailleurs (parfois même sans l’avoir vu) vont-elles en tirer ?

CAROLINE PARMENTIER
Article extrait du n° 6686
du Jeudi 2 octobre 2008
Je ne sais pas si je vais avoir le courage d'aller voir ce film, sans doute pas, mais ce que l'on en dit me paraît de nature à valider l'analyse que nous a soumise Cassandre il y a quelques jours : les festivaliers, rockers, acteurs, journalistes et politiciens qui nous dirigent applaudissent à présent à tout rompre non plus les lendemains qui chantent que promet le métissage universel et obligatoire, mais le désastre bien visible qu'il a d'ores et déjà solidement installé.
Tout à fait vivible, le dévastre, en effet…

Ah, zut, vous me coupez tous mes effets, Marcel ! Les remords devraient être interdits !
Si j'avais imaginé que vous auriez dégaîné si vite, cher Boris, je n'aurais pas corrigé.
Allez en paix, je vous pardonne, pour cette fois…
Utilisateur anonyme
02 octobre 2008, 10:59   Re : Education
"Il me paraît évident qu'un enfant de onze ans, perturbé ou non, doit recevoir une éducation.

La question est plutôt de déterminer le lieu où cette éducation est dispensée. Un tel cas me paraît relever non d'une mauvaise éducation, mais de la psychiatrie."

Bien sûr. Sauf que, faute d'éducation, les cas qui relèvent de la psychiatrie sont de plus en plus nombreux, au sein de l'école. Entre les caractériels, les hyperactifs, toutes les maladies de l'attention, le nombre d'enfants qui présentent des troubles du comportement ne cesse de croître. Il ne peut en être autrement, sachant, premièrement, que la plupart de ces bambins commencent toute journée par vingt minutes ou plus d'émissions télévisives et qu'une bonne partie s'endort sous la parole de de ce même appareil, que, deuxièmement, sévit une incroyable maladie du contact qui empêche tout éducateur de montrer sa supériorité physique, ce qui, proprement, rend fou, et les enfants et les éducateurs, qui, d'ailleurs, sont des éducatrices pour la plupart exaspérantes et dont le plus clair de l'action a consisté à faire disparaître l'impératif de la langue française, "Tu arrêtes, tu vas t'asseoir, tu me parles pas comme ça etc". Ce qui serait étonnant , c'est que les enfants ne soient pas perturbés.
Utilisateur anonyme
02 octobre 2008, 11:10   Re : Education
Mais oui, bien sûr, Orimont a raison. Ce qui est loufoque, c'est de vouloir persister à penser que ce genre de cas relève de l'exception.
"les festivaliers, rockers, acteurs, journalistes et politiciens qui nous dirigent applaudissent à présent à tout rompre non plus les lendemains qui chantent que promet le métissage universel et obligatoire, mais le désastre bien visible qu'il a d'ores et déjà solidement installé."
Classique : quand le Désastre dont on est responsable ne peut plus être caché on dit qu'il est joli.
Toutefois, je pense que ce n'est pas un hasard si ce milieu du cinéma, de la télévision et de la presse se félicitent de ce nouveau visage d'une France expurgée de tout "de souchisme" et refusant l'apprentissage de la langue ainsi que de la culture "de souche", langue et culture exigeantes dans lesquelles stars de cinéma, animateurs de télévision et journalistes n'ont en général guère brillé. Ils ne ratent d'ailleurs jamais l'occasion de se vanter d'avoir été des cancres à l'école. Pas le genre cancre magnifique et rêveur à l'âme de poète, mais le vrai, celui que rebute tout apprentissage manuel ou intellectuel. Ils se reconnaissent dans ces néo-Français que montre le film. Ils ne pardonnent pas à la France "de souche" l'humiliation justifiée de leur égo démesuré. On assiste à la grande revanche des derniers de la classe.
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