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Esclavage : petite piqûre de rappel.

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
06 octobre 2008, 15:51   Esclavage : petite piqûre de rappel.
La vidéo ci-dessous est tirée du livre de John Alembillah Azumah, "The legacy of Arab-Islam in Africa". L’auteur est ghanéen et vit au Ghana, c’est un expert de l’Islam en Afrique.

On se souviendra que la Loi Taubira, n'évoquant que la traite négrière transatlantique et la traite dans l’océan Indien, évite soigneusement de mentionner l'existence (ô combien meurtrière) de la traite négrière arabo-musulmane, laquelle a duré du VIIe au XXe siècle, et de la traite intra-africaine.





Excellent même si c'est bouleversant.

Aux temps où les Européens étaient esclaves

Article de Jeff Grabmeier du 8 Mars 2004.

Une étude suggère qu’entre 1530 et 1780, un million d’Européens — voire davantage — furent réduits en esclavage par les Musulmans en Afrique du Nord. Un chiffre bien plus important que ceux avancés jusqu’à maintenant.

Dans son livre, Robert Davis, professeur d’histoire à l’Université de l’Ohio, a mis au point une méthode unique afin de calculer le nombre de Chrétiens blancs réduits en esclavage le long de la côte des Barbaresques. Son étude conduit à des estimations bien plus élevées que celles trouvées précédemment. La suite i c i
Utilisateur anonyme
06 octobre 2008, 17:03   Re : Esclavage : petite piqûre de rappel.
Merci, cher Rogemi. Par contre, je ne sais pas si les chrétiens blancs étaient, eux-aussi, systématiquement émasculés, comme le furent presque toujours les Africains (s'ils ne l'étaient pas, quelle en était la raison ?). J'ai lu aussi que le prix de vente de l'esclave blanc était toujours plus élevé que celui de l'esclave noir (?), pourtant, il semble avéré que l'homme noir avait pour réputation d'être plus "résistant physiquement" que l'homme blanc. Est-ce parce qu'il s'agissait de la réduction en esclavage d'un chrétien ?
06 octobre 2008, 18:06   Esclavage barbaresque
Le chiffre fourni (un million) me paraît très important pour le seul esclavage barbaresque (celui qui concerne l'Afrique du Nord). Je ne sais si les mises en esclavage du bassin oriental ne sont pas comptées.

Par ailleurs, la période me surprend un peu : je pensais qu'il y avait un avant et après Lépante en Méditerranée occidentale (après Lépante, la marine turque n'est plus en état de menacer très sérieusement l'occident, il peut y avoir des razzias, mais très limitées).

Cela étant, l'esclavage barbaresque est très bien connu.

La raison de ces captures d'Européens (et leur grande valeur) était double :

- d'abord, technique. Les Turcs étaient de mauvais marins et leurs galères (hormis la partie "troupes d'assaut" et "artillerie") étaient largement armées par des marins grecs. Voici un site très intéressant sur les galères :

[www.mandragore2.net]

La galère avance de deux façons : à la voile, et à la vogue. Son équipage, nombreux, pouvait (sauf les plus rétifs) passer d'un poste à un autre (en gros ramer ou amener les voiles, abaisser le mât...). On conçoit l'intérêt d'avoir des rameurs-marins expérimentés. Pour cette raison, les Turcs étaient friands de marins occidentaux, ou de captifs côtiers. Ils ne disposaient en effet pas de chiourme. Notons, a contrario, que les occidentaux complètaient la chiourme par des captifs musulmans. Voici ce que Voltaire nous en disait dans le dictionnaire :

Entre les Africains musulmans et les Européens chrétiens, la coutume de piller, de faire esclave tout ce qu’on rencontre sur mer a toujours subsisté. Ce sont des oiseaux de proie qui fondent les uns sur les autres. Algériens, Marocains, Tunisiens, vivent de piraterie. Les religieux de Malte, successeurs des religieux de Rhodes, jurent de piller et d’enchaîner tout ce qu’ils trouveront de musulmans. Les galères du pape vont prendre des Algériens, ou sont prises sur les côtes septentrionales d’Afrique. Ceux qui se disent blancs vont acheter des nègres à bon marché, pour les revendre cher en Amérique. Les Pensylvaniens seuls ont renoncé depuis peu solennellement à ce trafic, qui leur a paru malhonnête.



- ensuite, économique : les captifs avaient une grande valeur marchande. Prenez simplement l'exemple de Cervantès.



Vous concevrez que, dans ces conditions, un esclave noir campagnard était de peu de prix par rapport à un esclave européen tout à fait utilisable techniquement et échangeable contre de l'or.

Notez enfin que les musulmans proposaient systématiquement la conversion aux captifs chrétiens, trop heureux d'obtenir ainsi des marins confirmés, acquis à leurs thèses. Le premier "propriétaire" de Cervantès fut Dali Mami, chrétien renégat et marin turc qui le vendit à Hassan Pacha, autre renégat (vénitien celui-là) et toujours marin Turc.
Utilisateur anonyme
06 octobre 2008, 20:40   Re : Esclavage : petite piqûre de rappel.
"On conçoit l'intérêt d'avoir des rameurs-marins expérimentés. Pour cette raison, les Turcs étaient friands de marins occidentaux, ou de captifs côtiers. Ils ne disposaient en effet pas de chiourme."


"esclave européen tout à fait utilisable techniquement "


Merci pour ces explications auxquelles je n'avais pas, mais vraiment pas pensé. Reste l'émasculation (pardon d'insister), était-elle pratiquée sur les chrétiens blancs ou seulement sur les noirs (considérés comme insatiables sexuellement) ?
06 octobre 2008, 20:56   Emasculation
Je n'en ai pas la moindre idée, mais comme ils étaient capturés à fin de servir sur des navires, ou bien pour être échangés, soit ils n'étaient pas en contact avec les femmes locales, soit trop précieux.
A propos des pays mauresques, me remontent quelques anecdotes relatives à l'infanterie coloniale.

En 1921, Abd-El-Krim écrasa l'armée espagnole à Annual, faisant plus de 10000 tués parmi les forces ibériques et leurs supplétifs. Les survivants espagnols furent systématiquement violés.

Les Espagnols n'avaient pas une grande pratique de la guerre coloniale.

Les Français, voyant le protectorat menacé, intervinrent alors.

L'usage extensif du gaz moutarde (par avions sur les douars) et quelques mesures psychologiques (les prisonniers Rifains étaient assez fréquemment cousus vivants dans des peaux de porc fraîches, puis enterrés, tête en bas, dans cette tenue-là, les pieds dépassant du sol. Il paraît que ce genre de costume n'est guère appréciée à l'entrée du paradis d'Allah) ramenèrent les rifains à une juste appréciation des rapports avec les autorités coloniales.


Par ailleurs, et pour vous démontrer que cette expérience était ancienne, je vous citerai ces immortelles paroles, à chanter sur l'air de "la Coloniale", écrites à propos de l'expédition contre les Poings-de-Justice, en 1900 :

"Ma baïonnette pour le petit singe,

Ma braguette pour la guenon".


Le petit singe et la guenon sont les enfants chinois et leurs mères.
Le petit singe et la guenon sont les enfants chinois et leurs mères.

A y bien réfléchir, il est probable que "le petit singe" désigne l'homme chinois, plus simplement, et de manière légèrement moins gênante pour nous.
07 octobre 2008, 13:06   Remuer le passé
Bien cher Francis,


Vous avez sûrement raison.

Ces quelques messages étaient là pour illustrer un de mes principes : couvrir d'une chappe de plomb bien étanche et bien lourde le passé, ne pas s'adonner à la repentance ni à la nostalgie.

De ce point de vue, les demandes des "Indigènes de la République" et les actions "reconventionnelles" des Pieds-noirs et Harkis participent de cette même logique, tout comme le fait de se pencher sans cesse sur l'esclavage, qui a commencé et qui a fait quoi.

Cessons de regarder en arrière, et de répondre à des horreurs par d'autres horreurs.
Utilisateur anonyme
07 octobre 2008, 13:44   Re : Esclavage : petite piqûre de rappel.
C'est moins nous qui regardons en arrière que d'autres, pour lesquels notre passé ne doit jamais passer.
Il me semble qu'il y a, entre les deux attitudes que vous mettez en parallèle, une grande différence. Les demandes de repentance à propos du passé esclavagiste et colonial de la France sont en grande partie un problème de relation entre la France et ses anciennes colonies ou, quand elles émanent d'Antillais, des récriminations d'arrière-arrière petis enfants adressées aux arrière-arrière petits enfants de ceux dont certains étaient les maîtres de beaucoup de leurs lointains ancêtres. Les questions posées par les rapatriés d'Algérie et les harkis sont une affaire intérieure française contemporaine. Il est a priori légitime, sous réserve d'inventaire et d'analyse, que des Français demandent aux autorités de leur pays des comptes sur la façon dont ils ont été, si j'ose dire, menés en bateau puis reçus somme des pestiférés par leur pays.
Utilisateur anonyme
07 octobre 2008, 14:17   Re : Esclavage : petite piqûre de rappel.
"De ce point de vue, les demandes des "Indigènes de la République" et les actions "reconventionnelles" des Pieds-noirs et Harkis participent de cette même logique,"

De quelle "même logique" parlez-vous ?
07 octobre 2008, 14:23   Autres exemples
Bien cher Marcel,

Que viennent faire, dans cette logique, les commémorations du génocide arménien ?


Bien cher Pascal,


Je parle de cette logique qui est de ne pas savoir tracer un trait sur le passé.
08 octobre 2008, 01:26   Re : Autres exemples
Bien cher Jmarc,

Le problème du passé demeure, comme demeure le passé et sa persistance dans nos existences: si trait nous devrions tirer sur lui, nous devrions tout autant que tous, disparaître avec ce trait. Sinon, où le trait de la disparition devrait obliquer pour nous préserver. ? Qui a le droit de se revendiquer du passé ? A partir de quelle date le passé est revendicable, se cristallise-t-il en valeur, en bien politique, en puissant instrument de pousse-toi-de-là-que-je-m'y-mette ? La terre est maigre, soixante millions de Français ne peuvent tous en revendiquer un coin. Le territoire n'y suffirait pas. Il n'y a pas de "de souche" au sens foncier du terme.

Le passé est un bien privé autant que public. D'où la difficulté de l'éradiquer. Son éradication ne profite à personne car personne sans lui ne possède rien. La desoucherie ne précède (n'anti-date) aucun récit historique car encore une fois, en France, la desoucherie est dissociée de la terre et de ses appartenances, et ce depuis bien avant la Révolution. La desoucherie procède d'un récit historique. La France, depuis Philippe, comme le Brésil, est un vaste terroir de sans-terres, d'où sa difficile histoire, son exigent récit. Un pays comme la France, premier Etat-nation dans cette complexe péninsule de l'Eurasie extrême occidentale, ne peut guère être autre chose qu'une noble et vénérable construction mentale. Elle n'est pas le Japon; elle n'est pas Tahiti.
08 octobre 2008, 08:30   Re : Autres exemples
La véritable desoucherie était paysanne et aristocratique; on sait ce qu'il est advenu de l'une comme de l'autre.
Utilisateur anonyme
08 octobre 2008, 09:11   Re : Esclavage : petite piqûre de rappel.
Dans son essai sur "Les peuples européens" (La Baconnière, Neuchâtel, 1946), Nicolas Lahovary remarquait que "la France est la seule des grandes nations européennes à comprendre des représentants nombreux des 3 races principales de l'Europe : la race méditerranéenne, la race alpine et la race celto-germanique. (...) Constitué par agrandissements successifs du "pré carré" royal, l'Hexagone se présente comme un carrefour géographique et humain".


Cette hétérogénéité française explique que l'unité nationale n'ait pas résulté chez nous d'un lent mûrissement de la conscience populaire, mais d'une autorité centrale, qui lui assigna un cadre artificiel et rigide. En France, comme en Espagne en Angleterre, l'Etat a précédé la nation - au lieu d'en être l'aboutissement, comme en Allemagne ou en Italie.

L'ancienne desoucherie française avait des héritages, des langues, des histoires, des cultures différentes. Les "de souche" contemporains, trop individualistes, perçoivent mal ce qu'ils peuvent encore avoir en commun.
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