F. Marche : Bonjour monsieur le commissaire. Je viens vous voir là parce que j'ai tué mon voisin à cette heure.
Le Commissaire : ! Vous avez tué votre voisin !
F. Marche : Voui ! Cette fripouille figurez-vous que depuis quinze ans, quinze ans monsieur le commissaire ! que je dois subir ses nargueries et ses brimades scycologiques, et ses violences symboliques j'en pouvais plus ! J'en pouvais pû d'être sa victime consentante.
Le Commissaire : comment ça victime ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
F. Marche : Eh ben voilà monsieur le commissaire, ça fait quinze ans ce mois-ci que ce monsieur, et son fils, qu'est haltérophile, qui mesure 1,98 m et qu'est moniteur de kick-boxing au club de sport, y font que de garer leur véhicule sur ma place de parking dans la copropriété !
Le Commissaire : Voui et alors ?
F. Marche : Alors j'en pouvais pu de ces vexations et humiliations.
J'en pouvais pû d'être sous leur emprise monsieur le Commissaire, vous comprenez ça ? Quand j'ai voulu leur dire que ben ça suffisait, y z'on rigolé et alors tous les soirs qu'ils passaient sous ma fenêtre après cette haltercation, ils me faisaient un doigt monsieur le commissaire ! Tous les soirs à six heures trente qu'ils passaient, que vous auriez pu régler votre montre dessus !
Le Commissaire : Alors quoi ? Vous avez décidé de les tuer pour ça ?
F. Marche : Que non monsieur le commissaire ! Je suis connu dans le quartier, c'est pas mon genre de tuer les gens !
Mais c'est que voyez-vous je suis homme, j'ai du sang quoi ! Alors un beau soir, c'était vendredi dernier, je les ai halpagués tous les deux et que j'ai pris le père par le colbac pour lui faire entendre que si ça se trouve je peux péter un plomb moi aussi. Et c'est là que je me suis retrouvé le dos couché dans les pétunias du jardin de la copro avec du sang plein la figure et le nez en confiture monsieur le commissaire. C'était le fils, que les voisins peuvent témoigner parce que moi j'ai rien vu venir. Il m'a frappé comme une bête qu'ils disent. Même eux, ils z'ont rien vu venir que pourtant ils étaient là c'est vous dire.
Le Commissaire : C'est fâcheux. Et alors, vous avez préparé votre homicide en représailles ?
F. Marche : Que non monsieur le commissaire ! Si j'ai pris le fusil de chasse c'est pas par momicide projeté du tout mais pour ma défense, ma légitime défense !
Le Commissaire : continuez je vous prie.
F. Marche : ben voilà j'ai attendu derrière la haie claire de leur jardinet. Ils sont au rez-de-chaussée de la résidence, c'est facile, et je me suis posté comme à l'affût aux grives. Et quand le vieux a bronché de sa chaise en toile, c'était à six heures juste, pour se resservir un pastis, j'ai ajusté et j'ai défouraillé. C'est des balles à ailettes. Pour les sangliers. Que ça fait un trou dans la bête qu'une boule de pétanque elle y passerait sans toucher les bords. Alors vous pensez. En plein crâne ça lui a décalotté le front pour commencer, puis le second coup je l'ai envoyé dans la poitrine que ça a fait un son sourd comme dans le thorax d'une bête de trait. Le vieux il s'est rassis tout de suite avec un regard étonné dans ma direction. Puis son nez a piqué sur sa poitrine et s'était fait monsieur le commissaire. Je vous dis pas l'inondation de raisin mais vu votre métier vous devez pouvoir vous faire une idée.
Le Commissaire : un instant monsieur Marche, j'ai un coup de fil.
Voui, il est seul. ... Voui ... pour l'instant il est calme... Oui, il m'en faut quatre... oui quatre gendarmes dans l'heure...avec un sédatif ... Voui un sédatif bordel ! On le défèrera au parquet demain à huit heures mais il me faut le tenir en attendant.
F. Marche : C'est ma légitime défense ... hein monsieur le commissaire que je suis la victime moi dans tout ça, quinze ans merde que j'ai eu à les subir et qu'ils m'ont démonté pour finir... que j'ai des témoins moi merde .... !
Le Commissaire : On va s'occuper de votre cas Monsieur Marche. Y'a pas de souci, dans un quart d'heure un gendarme accompagné d'un délégué du substitut du procureur va prendre en charge votre déposition. Tenez, on va vous apporter un café asseyez-vous dans ce coin en attendant.