Cher Alain Eytan, permettez-moi tout d'abord de vous rappeler que l'expression “génocide par substitution” a été inventée ou en tout cas réinventée par Aimé Césaire il y a une quarantaine d'années :
« Tous les Martiniquais sont frappés par l’arrivée ici, massive, de ce que certains appellent métropolitains… Et donc le mot de génocide par substitution est en train de revenir à la mode.Nous mêmes nous pensons que nous ne sommes pas à l’abri d’un génocide par substitution.
Ce qui se passe ici en Martinique, on se rend bien compte qu’il y a de plus en plus de Français, de plus en plus de Blancs qui s’installent un peu partout… je suis allé dans un petit bouiboui, et je rentre et les propriétaires étaient des Blancs, c’est toujours très surprenant.
Ces populations françaises qui sont là, ces populations blanches qui sont ici, le problème c’est pas leur présence qui me gène, ce qui me gène c’est que ces personnes se comportent comme des Français, c’est à dire comme des colons. Il faut foutre tous ces gens dans des vols charters et les renvoyer en France. »
La destruction des Juifs d'Europe entreprise par les nazis visait à leur élimination physique, un génocide direct, donc, purement et simplement. L'entreprise n'ayant abouti qu'imparfaitement (même si l'aire ethno-culturelle du “Yiddishland” a été bel et bien éradiquée), on peut en effet parler de génocide inachevé ou de tentative imparfaitement aboutie de génocide.
Ici on parle de quelque chose de différent. Il ne s'agit pas d'éliminer physiquement les Européens de souche mais de les supprimer en tant que peuples spécifiques (en tant que race(s) au sens ancien de ce terme), de les submerger, marginaliser, absorber par métissage et conversion et donc, finalement, les éliminer bel et bien en tant que nations, cultures, civilisations, d'opérer en somme en Europe ce qui a été assez bien réalisé sur l'autre rive de la Méditerranée. Dans ces conditions, l'expression de “génocide par substitution” n'est pas si mauvaise.
Concernant la question du consentement indigène, on lit souvent en effet, sous des formes diverses, que la submersion migratoire serait imposée aux populations européennes contre leur gré ou même à leur insu. Mais non, certainement pas, c'est impossible. Personne n'est assez bête ou assez ignorant de la réalité pour ne pas savoir ça, à part quelques idiots congénitaux et quelques hommes des bois, mais certainement pas une majorité suffisamment nette pour qu'on puisse dire que “les populations européennes” ne sont pas d'accord ou même pas au courant. C'est parfaitement absurde, quelques soubresauts comme l'ambigu Brexit nonobstant. Prétendre cela est donc une façon d'ignorer la réalité, à savoir le consentement actif ou tacite, ou à tout le moins la résignation, d'une majorité de la population à sa propre submersion, une affirmation tout aussi aberrante que le discours des médias et des intellectuels d'approbation qui font semblant de croire et qui affectent de démontrer que le Grand Remplacement est un fantasme. Toute réflexion, tout discours qui ignore ce consentement majoritaire constitue une fuite devant la véritable question : pourquoi ce consentement ?, et, ce faisant, contribue activement à la submersion. Ne pas poser la question c'est accepter.