Je crois que bien oui, c'était son vrai nom. Mais ce n'est pas "origine de l'erreur" mais bien "erreur originelle".
Le "chao" de la première syllabe de son nom existe dans une autre graphie dite "originelle", qui est celle-ci :鼂
C'est avec cette graphie que le Wikisource chinois donne la dissertation traduite par Pimpaneau :
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zh.wikisource.org]
鼂 est une graphie un peu inhabituelle aujourd'hui, on y voit aussitôt le "signe de la tortue" et les dictionnaires la donnent comme le nom d'un "batracien non identifié" (le Grand Ricci)
Donc, ce lettré qui vécut entre 200 et 154 avant notre ère, sous la dynastie des Hans de l'Ouest, fut conseiller de l'empereur Wen Ti (180-157 A.C.). Avec Chia I, il proposa de réduire la puissance excessive et princes et critiqua la politique d'apaisement envers les Hsiung-nu (tribus d'Asie centrale aussi dénommés Xiong Nu en lesquelles certains historiens croient reconnaître les Huns).
La congruence de l'époque de Chao Cuo avec celle des Songs du Nord de l'époque de Su shi (11e siècle) est évidente : Les Songs du Nord étaient divisés sur l'attitude à adopter face aux Mongols d'Asie Centrale comme l'avaient été les Hans de l'Ouest face aux Hisung-nu et la tentation d'une politique d'apaisement fut la même dans les deux cas, doctrine de l'apaisement qui voulait que les douceurs de la civilisation finiraient par amolir et convaincre les barbares de ne la point abolir, et avoir raison de leur agressivité envieuse. Chao Cuo critiqua cela, il eut bien tort de le faire puisqu'il finit exécuté sur l'ordre de Chen Ti.
Vous me demandez quelle pertinence cela peut-il avoir avec notre époque. Tournez-vous vers l'actualité du jour, celle d'une Europe pourrissante avant que d'être dont les principaux dirigeants sont convaincus que oui, l'intégration du Barbare à nos douceurs est possible et souhaitable, politique dont les effets calamiteux se constatent déjà à Paris, Rome, Bruxelles ou Berlin, mais aussi dans les harangues de plus en plus menaçantes d'un Erdogan.
Dans les deux époques chinoises visées ici (Hans de l'Ouest et Songs du Nord), les Barbares ne furent jamais adoucis et l'empire chinois finit par s'effondrer dans le cataclysme et l'anéantissement avant de renaître de ses cendres un siècle et demi plus tard : avec les Hans de l'Est puis, bien plus tard les Tangs dans la basse antiquité et le haut Moyen-Age chinois; avec les Mings après la fin des Mongols à l'aube de l'ère moderne.