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Nouvelles d'Alain Finkielkraut (en hâte)

Envoyé par Renaud Camus 
Je sais que beaucoup d'entre vous vous êtes fait comme moi beaucoup de souci pour notre ami Alain Finkielkraut qui est passé, médicalement, par des moments très difficiles. Aussi ne puis-je pas résister au plaisir de vous dire qu'aujourd'hui, pour la première fois, après des semaines d'inquiétude et même d'angoisse, j'ai eu de lui des nouvelles bien meilleures. Il est bien sûr très fatigué et ne pourra sans doute pas reprendre son émission et ses activités avant un certains temps mais il va mieux, il reprend des forces et j'ai même pu lui parler directement, avec la joie que vous pouvez imaginer. Je voulais vous la faire partager.
Utilisateur anonyme
13 octobre 2008, 21:06   Re : Nouvelles d'Alain Finkielkraut (en hâte)
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À la santé d'Alain Finkielkraut !
13 octobre 2008, 21:14   Encourageant
Bien cher Maître,

C'est avec beaucoup de plaisir que je lis cette nouvelle (étant personnellement confronté à ce genre de problème, j'imagine facilement ce qu'Alain Finkielkraut doit ressentir).
Cher Renaud, merci infiniment de partager cette bonne nouvelle.
Merci de ces bonnes nouvelles.

Et prompt rétablissement à Jmarc, également.
Merci, pour l'annonce de ces bonnes nouvelles, cher Renaud Camus.
Quelle jolie rêverie, en hommage à un philosophe opéré, cher Boris !
13 octobre 2008, 22:50   Egarement
Cassandre, le bonheur vous égare !

Alleluia ! vous n'y pensez pas ! je crois que cela veut dire "louez Jéhovah", et je ne sais pas si c'est adapté compte-tenu de la religion d'Alain Finkielkraut (à vrai dire, je n'en sais rien, mais mieux vaut vérifier).

Mazel Tov, voici ce qui convient !
Ah non, ne nous dites pas qu'étant un peu rassurés à propos d'AF nous devons nous inquiéter au sujet de jmarc ?
13 octobre 2008, 23:13   Priez et veillez
Ne vous inquiétez pas, bien cher Maître, car nous sommes tous entre les mains de Dieu : nous ne connaissons ni le jour, ni l'heure, mais il semblerait que les montres de certains soient en avance sur celles d'autres !

Pour le moment, ça va. Il y a quelques années, cela allait plus mal, et cela peut aller plus mal, mais Dieu seul le sait.

Cette situation présente néanmoins de grands avantages (paraphrasant Epictète, il y a des choses qui dépendent de nous, et des choses qui ne dépendent pas de nous : de celles-là, il convient de ne pas se soucier outre mesure) : elle permet de remettre les autres soucis à leur place !

Autre avantage, cynique celui-là : on peut, dans ces cas-là, plaisanter de la maladie (de cette maladie), comme je l'avais fait, de façon d'ailleurs malheureuse lors de la mort de Pascal Sevran !

Rassurez-vous : rien n'est, en ce domaine, certain. Pour prendre un parallèle anecdotique avec les élections américaines, prenez le cas de M. Hoover. En 1948, la convention républicaine lui fit un accueil du style "Oscar pour l'ensemble de sa carrière" ou "César Global", sorte de mise en bière politique.

M. Hoover fut fidèle au rendez-vous en 1952 et en 1956.

En 1960, il déclara : "Apparently, my last three good-byes didn't take."


Il mourut en 1964, n'ayant pas assisté à la convention de cette année-là.


Dites donc de ma part, bien cher Maître, à Aain Finkielkraut, s'il a souffert de la maladie à laquelle je pense, que je suis d'autant plus heureux pour lui que je connais très exactement cet instant durant lequel le monde change définitivement, et ces instants où on vous dit que, finalement, ce n'est pas pour tout de suite !

Enfin, comme disait Marc-Aurèle : "Tout ce qui arrive arrive justement".
13 octobre 2008, 23:52   La maladie
Quelqu'un qui avait souffert de la maladie à laquelle pense Jmarc m'a un jour confié cette pensée médicale et philosophique: cette maladie, nous l'avons tous, ceux chez qui elle se déclare ouvertement sont ceux qui ont connu un doute, qui ont momentanément abaissé leur garde, qui ont subi une perturbation, qui ont été ébranlés, la maladie alors se dénude, se dégaine et mord. Les personnes saines sont simplement celles qui parviennent à lui intimer avec assez de force de rester couchée comme on le fait à un chien méchant et dangereux, un nombre d'années suffisant pour finir vieux.

C'est une maladie sensible à l'intimidation. Elle n'atteint pas, ou que très rarement, les forts en gueule, les sûr d'eux. C'est bon à savoir.
14 octobre 2008, 00:10   Re : La maladie
Citation
Elle n'atteint pas, ou que très rarement, les forts en gueule, les sûr d'eux. C'est bon à savoir.


La première pensée que j'ai eu en apprenant la nouvelle de la grave maladie d'Alain Finkielkraut fut:

"Cette maladie ne serait-elle pas le résultat des attaques permanentes qu'il a du subir depuis une dizaine d'années et qui je crois l'ont beaucoup touché et ainsi affaibli ses mécanismes de défense immunitaire"?.

A. F. n'est pas un fort en gueule mais plutôt quelqu'un qui doute, du moins c'est l'impression qu'il me fait.
14 octobre 2008, 00:12   Justesse
Bien cher Francis,

Ce que vous dites est d'une grande justesse. Il y a assez souvent un facteur déclenchant de cette nature, dû par exemple à un très fort stress (cela s'explique scientifiquement). Les variables explicatives majeures sont cependant autres : génétiques et environnementales.
J'ai pensé la même chose que Rogemi : AF a dû subir des agressions qui ne pouvaient peut-être pas laisser indemne un homme de sa sensibilité.
14 octobre 2008, 03:46   Re : La maladie
Je partage votre sentiment Roland. La scène que lui ont faite ces petits cons de Sciences-Po (entonnant le Chant des nouveaux partisans) où on l'a vu baisser la tête et croiser les bras face au chahut m'est revenue en mémoire. Ses gestes rassemblant ses documents avant de quitter les lieux étaient empreints d'une résignation de mauvais augure. Souhaitons-lui un prompt rétablissement, de même qu'à notre ami Jmarc.
Et le livre de Tristan Garcia, tout de même, pardonnez-moi d'y revenir, mais être loué par le "tout Paris littéraire" pour avoir couché d'obscènes intrigues imaginaires entre AF alias Leibowitz et une maîtresse journaliste à Libé, puis les menées du susdit pour devenir Ministre... tout ça ne doit pas laisser tout à fait indifférent, se retrouver immortalisé chez Gallimard en Juif arriviste, islamophobe et réac...
Citation
tout ça ne doit pas laisser tout à fait indifférent, se retrouver immortalisé chez Gallimard en Juif arriviste, islamophobe et réac...


Oui cher Bruno l'impact de ce livre a dû être épouvantable.

Mais j'ai aussi en mémoire de multiples émissions de télévision dans lesquelles il avait quasiment tous les invités contre lui et se trouvait contraint de croiser le fer avec des gens malintentionnés, de mauvaise foi et souvent dans une tension à couper au couteau.
Utilisateur anonyme
14 octobre 2008, 09:14   Re : Nouvelles d'Alain Finkielkraut (en hâte)
En effet, ces attaques doivent être d'autant plus pénibles qu'elles sont le plus souvent d'une bêtise extrême (je me souviens en particulier de certains numéros de "ripostes"; O Dio buono...)
Mais pour l'heure, je me réjouis moi aussi de ces bonnes nouvelles.
Je partage tout ce qui a été dit avant moi sur ce fil. Le terrorisme intellectuel doucereux qui sévit aujourd'hui se donne des gants : il n'envoie pas devant les pelotons d'exécution, il ridiculise et tue à petit feu ceux qui s'opposent à lui.
Cher Jmarc, je suis désolée d'apprendre que le mal vous touche aussi. je vous souhaite de tout coeur le même rétablissement que pour ce cher Finkielkraut.
Utilisateur anonyme
14 octobre 2008, 09:42   Re : Nouvelles d'Alain Finkielkraut (en hâte)
Et moi aussi, Cher Jmarc ! Décidément, cette maladie n'épargne que peu de ceux que nous aimons.

Comme vous, Bruno, je me dis que ce livre a dû faire son sale petit travail souterrain. Vous l'avez lu ?
» Comme vous, Bruno, je me dis que ce livre a dû faire son sale petit travail souterrain.

Vous croyez ? Le portrait, dans le livre, tel que nous le décrit Bruno Chaouat me semble tellement composite...
J'apprécie certaines de ses observations, je souhaite à Alain Finkielkraut un bonne convalescence.
Très heureux pour Alain Finkielkraut d'apprendre qu'il est convalescent ! Je dois cependant être le seul sur ce forum à ignorer la nature du mal qui l'a frappé, si j'en juge par les sous-entendus et les périphrases employés pour l'évoquer. Je ne dis pas cela méchamment, je suis juste un peu surpris. Il me semblait qu'on ne pratiquait guère l'euphémisation en ces parages, et qu'on y appelait un chat un chat.
Utilisateur anonyme
14 octobre 2008, 12:25   Chat
Cher Francmoineau, vous vous trompez, je crois. Il y a que personne, à part Renaud Camus, ne connaît le mal dont est atteint Finkielkraut, mais que tout le monde a pensé spontanément au cancer, si je ne m'abuse.
Sur France Culture, samedi matin, la présentatrice parlait d'une intervention chirurgicale et adressait un message de sympathie au convalescent qui, peut-être, écoutait la radio. Je n'en sais pas plus.
Oui, c'est bien ainsi que je l'entendais, Boris.
Ce que j'apprends ici me comble de soulagement.
14 octobre 2008, 14:57   Re : La maladie
Francis Marche écrivait:
-------------------------------------------------------
> Quelqu'un qui avait souffert de la maladie à
> laquelle pense Jmarc m'a un jour confié cette
> pensée médicale et philosophique: cette maladie,
> nous l'avons tous, ceux chez qui elle se déclare
> ouvertement sont ceux qui ont connu un doute, qui
> ont momentanément abaissé leur garde, qui ont subi
> une perturbation, qui ont été ébranlés, la maladie
> alors se dénude, se dégaine et mord. Les personnes
> saines sont simplement celles qui parviennent à
> lui intimer avec assez de force de rester couchée
> comme on le fait à un chien méchant et dangereux,
> un nombre d'années suffisant pour finir vieux.
>
> C'est une maladie sensible à l'intimidation. Elle
> n'atteint pas, ou que très rarement, les forts en
> gueule, les sûr d'eux. C'est bon à savoir.


Certains ont-ils lu Mars, de Fritz Zorn?

Le déclenchement de la maladie serait un signe de santé psychique, comme prise de conscience de la pathologie sociale en nous. Le doute qui affaiblit la santé physique serait force d'âme, grande santé.
14 octobre 2008, 15:06   Re : La maladie
Citation
Le déclenchement de la maladie serait un signe de santé psychique, comme prise de conscience de la pathologie sociale en nous. Le doute qui affaiblit la santé physique serait force d'âme, grande santé.

Autrement-dit dans une société juste cad sans pathologies sociales la maladie n'existerait plus. Comme quoi...
14 octobre 2008, 15:42   Re : La maladie
"Certains ont-ils lu Mars, de Fritz Zorn?"

Pas moi. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Utilisateur anonyme
14 octobre 2008, 15:43   Fritz
Un rapport avec John Zorn ?
14 octobre 2008, 15:50   Re : Fritz
Pour en savoir un peu plus sur Fritz Zorn cliquez
I C I

ou

I C I
Utilisateur anonyme
14 octobre 2008, 15:52   Re : Fritz
Merci Rogemi, je vais me le procurer.
14 octobre 2008, 15:59   Re : La maladie
Cher Marcel,
j'ai lu ce livre il y a plus de vingt ans. Je me souviens plus de son atmosphère que de beaucoup de détails précis.
C'était un jeune homme (entre 20 et 25 ans), né sans doute pendant ou juste après la deuxième guerre, qui a écrit une élégie sur sa vie, il était au bord de la mort (ce devait être un cancer, mais ce n'était pas précisé, je pense à une leucémie, mais quelle importance). Sa famille vivait sur les hauteurs du lac de Zürich, très fortunée, et vivant d'une manière très protocolaire. Le narrateur se désolait de n'avoir pas su prendre son envol loin de cette vie pesante, de n'avoir connu que les études, et rien d'autre. Même les camarades qui le visitaient devaient être dûment acceptés par une mère très pointilleuse. Il ne se plaignait de personne, c'était simplement très triste.
Peut-être est-ce l'inaction qui l'a rongé de l'intérieur. (Je viens seulement en expliquant celà de comprendre peut-être le titre : Mars). Le dieu de la guerre, guerre qu'il aurait dû mener contre ses chaînes
14 octobre 2008, 16:06   Re : Fritz
J'ai souvenir d'un ouvrage bien écrit et assez étouffant. Mais du cas de ce jeune auteur suisse, je crois, il me paraît difficile d'extrapoler. C'est une expérience violemment subjective, et non généralisable, que la sienne. De plus, cher Julien Fleury, employer le syntagme grande santé, nietzschéen par excellence, ne me paraît en cette occurrence guère approprié.
Oui, Boris, lu ce livre. Je ne comprends pas sa réception, je dois vous sembler d'une naïveté désarmante, mais je n'ai jamais vu un pareil torchon publié par une maison un tant soit peu respectable, ou qui jouit du moins de quelques vestiges de respectabilité. Le livre ne tient sur aucun plan : romanesque (le récit est insipide), stylistique (le style "oral" pseudo-célinien est à pleurer), documentaire/historique (rien qui rappelle ou évoque une époque en allée). C'est un non-livre, bête et méchant. Il fut un temps où la bédé prétendait au statut d'art majeur, aujourd'hui, c'est la littérature qui prétend au statut de pop art.
J'ai eu un doute, mais vous parlez du livre contre lequel AF a protesté, pas de Mars, cher Bruno Chaouat, n'est-ce pas ?
Le livre de Tristan Garcia, en effet.
Utilisateur anonyme
14 octobre 2008, 16:35   Re : Nouvelles d'Alain Finkielkraut (en hâte)
« C'est un non-livre, bête et méchant. »

Vous nous mettez l'eau à la bouche, Cher Bruno ! (Marcel, je ne crois pas qu'il y ait une confusion possible, si vous voulez mon avis…)

Pourrait-on plagier ce livre en remplaçant AF par quelqu'un d'autre, à votre avis ?

Au fait, Tristan Garcia, c'est un pseudonyme, non ?
Le portrait de Leibowitz dans le livre reprend intégralement la charge anti-AF des trois dernières années (y compris l'affaire Finkielkraut, etc.) Je ne suis pas sûr de saisir votre question, cher Boris.
Utilisateur anonyme
14 octobre 2008, 16:51   Re : Nouvelles d'Alain Finkielkraut (en hâte)
Non, c'était une idée idiote, laissez tomber… (Envie de venger Finkielkraut en montrant qu'on peut ainsi ridiculiser quelqu'un d'autre, avec les mêmes procédés exactement, mais en choisissant une proie d'un autre bord…)
C'est un pseudonyme ? J'avoue que je l'ignore, désolé d'être si peu utile.
Je me souviens du Mars de Fritz Zorn, un livre très fort que je ne conseillerais pas à des personnes qui dépriment.
Mars de Fritz Zorn : à mon sens un très grand livre sur la maladie, sur la nature psychologique et sociale de la maladie. On peut difficilement décrire situation plus noire : l'auteur est tout simplement empoisonné par son environnement familial bourgeois, implacablement, nécessairement détruit par le néant profond de son existence.
14 octobre 2008, 20:01   Re : Fritz
Francmoineau écrivait:
-------------------------------------------------------
> J'ai souvenir d'un ouvrage bien écrit et assez
> étouffant. Mais du cas de ce jeune auteur suisse,
> je crois, il me paraît difficile d'extrapoler.
> C'est une expérience violemment subjective, et non
> généralisable, que la sienne. De plus, cher Julien
> Fleury, employer le syntagme grande santé,
> nietzschéen par excellence, ne me paraît en cette
> occurrence guère approprié.

... Vous êtes un peu dur, involontairement. Ma maîtrise de philosophie portait justement, il y a une dizaine d'années, sur ce rapport inapproprié entre Nietzsche et Zorn.
Je suis désolé cependant de ne pouvoir immédiatement entrer dans les détails : j'ai une fort mauvaise mémoire, et je n'ai actuellement sous la main ni ma maîtrise ni le livre de Zorn.

Je crois pourtant, dans l'attente d'une relecture, que je soutiendrais :
- que cette expérience n'est pas "violemment subjective" : elle est au contraire présentée comme la seule réaction valable à l'étouffoir que constitue la rive dorée zurichoise;
- que la maladie de l'auteur peut être rapportée à la grande santé nietzschéenne, au sens où tomber malade est selon lui le signe d'une profonde santé de son être, qui parvient à prendre conscience, à expliciter somatiquement ce qui jusqu'alors était d'autant plus puissant que c'était diffus, inconscient, accepté comme une évidence : le rabaissement, l'amenuisement de la vie que constitue la morale zurichoise (voir les textes joints);
- que le changement de nom de l'auteur, de Angst à Zorn, et le titre de l'ouvrage, peuvent être rapprochés de la métamorphose de l'esprit qui de chameau devient lion dans Zarathoustra.

Voici le début de l'épilogue de Nietzsche contre Wagner :
"Et ne dois-je pas à l'état maladif dans lequel je vis depuis longtemps infiniment plus qu'à ma santé ? Je lui dois une santé plus haute, qui est plus forte de tout ce qu'elle ne tue pas. Je lui dois aussi ma philosophie... La grande souffrance seule est l'ultime libératrice de l'esprit, elle enseigne le grand soupçon qui de tout U fait un X, un véritable X, c'est-à-dire que derrière l'avant-dernière lettre, elle montre cachée la dernière... Seule la grande souffrance, longue et lente, dans laquelle nous sommes comme brûlés par un feu de bois vert, qui prend son temps pour brûler, nous contraint, nous les philosophes, à monter dans nos dernières retraites et à nous débar­rasser de toute confiance, de tout ce bénin, ce voilé, ce doux, ce médiocre, en quoi auparavant peut-être nous faisions consister notre humanité. Je doute qu'une telle souffrance « rende meilleur », mais je sais qu'elle nous rend plus profond... Soit que nous apprenions à lui opposer notre superbe, notre sarcasme, notre force de volonté, comme cet Indien qui, cruellement torturé, s'estime vengé s'il exerce contre son bourreau la méchanceté de sa langue ; soit que devant la souffrance nous nous retirions dans le néant, dans l'abandon, dans l'oubli, dans l'effacement muet, inflexible et sourd, du Moi : de ces longues et dangereuses pratiques de domination sur soi-même, on sort un autre homme avec quelques points d'interrogation de plus — et avant tout avec la volonté à l'avenir, de questionner plus, plus profondément, plus sévèrement, plus durement, plus méchamment, plus tranquillement, que jamais jusqu'ici sur terre il n'a été questionné... La confiance dans la vie a disparu ; la vie elle-même était un problème. Il ne faut pas croire que l'on soit nécessairement devenu pour cela un être ténébreux, un oiseau de nuit ! L'amour même de la vie est encore possible — seulement on aime autrement... c'est l'amour pour une femme qui nous inspire des doutes..."

Voici l'incipit de Mars :
"Je suis jeune et riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé‚ et seul. Je descends d'une des meilleures familles de la rive droite du lac de Zurich, qu'on appelle aussi la Rive dorée. J'ai eu une éducation bourgeoise et j'ai été sage toute ma vie. Ma famille est passablement dégénérée, c'est pourquoi j'ai sans doute une lourde hérédité et je suis abîmé par mon milieu. Naturellement j'ai aussi le cancer, ce qui va de soi si l'on en juge d'après ce que je viens de dire. Cela dit, la question du cancer se présente d'une double manière : d'une part c'est une maladie du corps, dont il est bien probable que je mourrai prochainement, mais peut-être aussi puis-je la vaincre et survivre ; d'autre part, c'est une maladie de l'âme, dont je ne puis dire qu'une chose : c'est une chance qu'elle se soit enfin déclarée. Je veux dire par là qu'avec ce que j'ai reçu de ma famille au cours de ma peu réjouissante existence, la chose la plus intelligente que j'aie jamais faite, c'est d'attraper le cancer. Je ne veux pas prétendre ainsi que le cancer soit une maladie qui vous apporte beaucoup de joie. Cependant, du fait que la joie n'est pas une des principales caractéristiques de ma vie, une comparaison attentive m'amène à conclure que, depuis que je suis malade, je vais beaucoup mieux qu'autrefois, avant de tomber malade. Cela ne signifie cependant pas que je veuille qualifier ma situation de particulièrement agréable. Je veux dire simplement qu'entre un état particulièrement peu réjouissant et un état simplement peu réjouissant, le second est tout de même préférable au premier.
Je me suis donc décidé à noter mes souvenirs dans ce récit. Autrement dit, il ne s'agira pas ici de Mémoires au sens ordinaire mais plutôt de l'histoire d'une névrose ou, du moins, de certains de ses aspects. Ce n'est donc pas mon autobiographie que j'essaie d'écrire ici, mais seulement l'histoire et l'évolution d'un seul aspect de ma vie, même s'il en est jusqu'à présent l'aspect dominant, à savoir celui de ma maladie."
14 octobre 2008, 21:43   Re : une pensée
toute spéciale pour vous cher JMarc. Je forme les voeux les plus sincères pour votre santé.
Utilisateur anonyme
14 octobre 2008, 21:50   Re : Résistez ! Résistez !
Puis-je dire que j'ai lu également Zorn il y a une vingtaine d'années et que je n'avais pas été totalement convaincu ? Une certaine forme de complaisance à son propre malheur. La facilité du rejet de toute responsabilité sur son milieu familial doré. Rien d'exemplaire. Cosette avait de bien meilleures raisons de nous faire un bon cancer.
Je suis donc de l'avis de Francmoineau :
Citation

C'est une expérience violemment subjective, et non
> généralisable, que la sienne.
Utilisateur anonyme
14 octobre 2008, 22:06   Re : Nouvelles d'Alain Finkielkraut (en hâte)
"Puis-je dire que j'ai lu également Zorn il y a une vingtaine d'années et que je n'avais pas été totalement convaincu ?"


Corto vous me mettez l'eau à la bouche... et c'est précisément parce que cet auteur ne vous a pas convaincu (comme Céline, comme Muray, comme Baudrillard...) que je vais m'empresser de commander ce livre !
Baudrillard : « Dans la pathologie traditionnelle, somatique ou psychosomatique, le corps réagit à des agressions externes, physiques, sociales, psychologiques: réaction exotérique. Tandis qu’avec le cancer, il s’agit d’une réaction ésotérique: le corps se révolte contre sa propre organisation interne, il déjoue son propre équilibre structurel. C’est comme si l’espèce en avait assez de sa propre définition et se lançait dans un délire organique. »

Zorn est une incarnation de la "révolte génétique". Son cas particulier dépasse de loin sa petite personne.
Utilisateur anonyme
14 octobre 2008, 22:54   Re : Nouvelles d'Alain Finkielkraut (en hâte)
(Il me faut ce livre, et vite !...)
Utilisateur anonyme
15 octobre 2008, 17:58   Re : Des critères de choix confondants
Mais vous m'en voyez ravi, cher Pascal ! Et la prochaine fois, n'hésitez pas à me consulter.
Merci pour votre réponse, cher Julien Fleury. Je ne suis toujours guère convaincu, mais vos précisions sont intéressantes.
Quant à vous, cher Corto, vous m'avez fait mourir de rire (jaune) avec votre
"Cosette avait de bien meilleures raisons de nous faire un bon cancer. "
Utilisateur anonyme
29 octobre 2008, 19:55   Re : Nouvelles d'Alain Finkielkraut (en hâte)
Bonsoir Monsieur Camus,

deux longues semaines ont passée depuis votre message nous donnant par la plus grande gentillesse des nouvelles d'Alain Finkielkraut ; j'aimerai beaucoup savoir si il continue d'aller mieux ? je suis profondément peinée de ce qui lui arrive et ne trouve pas de mots supplémentaires pour vous dire à quel point j'aimerais savoir comment il se porte aujourd'hui.

Par avance, merci beaucoup.

Très sincèrement,

Carolaine
Utilisateur anonyme
07 novembre 2008, 12:49   Re : Nouvelles d'Alain Finkielkraut (en hâte)
Bonjour,

Je joins ma demande à celle de Carolaine.
Alain Finkielkraut, sa présence à "Répliques", son charisme et sa grande honneteté intellectuelle manquent.
Quelqu'un pourrait-il donner de ses nouvelles?
Merci à vous

Isa.
Utilisateur anonyme
08 novembre 2008, 09:57   Re : Nouvelles d'Alain Finkielkraut (en hâte)
J'ai rêvé qu'il était mort, quel cauchemar horrible, rassurez-nous s'il vous plaît : Répliques, c'est un rayon de soleil dans la semaine, sorte de messe du samedi. Le petit jeune qui le remplace, c'est quand même pas pareil !
Utilisateur anonyme
09 novembre 2008, 08:37   Re : Nouvelles d'Alain Finkielkraut (en hâte)
Eh oui, pas facile d'être traité de "réac" par une intelligentsia qui ne se satisfait que du mouvement et du neuf, au risque du déni de civilisation auquel nous assitons aujourd'hui : pour la première fois depuis deux mille ans au moins, on dit à notre jeunesse, et c'est presque (pourquoi dis-je presque ?) un mot d'ordre ministériel : "vous travaillez trop, on va diminuer les horaires, vous pourrez en faire moins, et on vous donnera les diplômes". Et on les donne...
Vieil enseignant, je n'envisageais de quitter mon métier qu'avec horreur et chagrin. Ma vision des choses change. Alain Finkielkraut, dans son combat quotidien contre la bêtise et le laisser aller m'a aidé à vivre. Merci lui soit rendu, et à bientôt sur "Répliques".
Paul
Utilisateur anonyme
15 novembre 2008, 17:01   Re : Nouvelles d'Alain Finkielkraut (en hâte)
Après tout ce monde, dire à Alain Finkielkraut que son destin nous importe, on se trouve un peu démuni. Tant pis, à défaut de trouver une formule plus brillante, je lui souhaite une meilleure santé et, plus égoïstement, j'espère l'entendre à nouveau, très vite. Il manque à mes samedi-matins.
Utilisateur anonyme
23 novembre 2008, 16:45   Re : Nouvelles d'Alain Finkielkraut (en hâte)
Effectivement après tout ce beau monde, dire simplement qu'Alain FINKIELKRAUT nous manque cela parait peu, mais sa musique ainsi que celle de Glenn Gould que je suis en train d'écouter en ce moment nous manquent beaucoup.
Nous espérons qu'il se rétablira et que nous pourrons l'entendre à nouveau, avec ses critiques et sa verve.
Merci de lui transmettre et dites lui de revenir vite.
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