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Rashomon au Parc des Princes

Envoyé par Francis Marche 
15 octobre 2008, 12:14   Rashomon au Parc des Princes
La Marseillaise a été sifflée lors du match France-Tunisie au Parc des Princes hier soir. Les commentaires des responsables politiques font songer à la pièce Rashomon (un meurtre a eu lieu, les témoins-interprètes de la vérité la livrent en un prisme collectif, qui masque et habille la vérité mais qui la constitue en même temps, tout entière, étant la vérité crue de l'instance énonciative collective), ou encore, dans le domaine sportif, à la chanson "Qui a tué Davy Moore" de Dylan: chacun a son explication dans laquelle il transcrit sa vision du monde tout comme sa part de responsabilité. On notera le commentaire de Marie-Georges Buffet, secrétaire général du Parti des Fusillés, qui entonne à l'occasion un couplet bobo compatissant de la plus belle eau. L'état idéologique de la France politique d'octobre 2008 tient tout entier dans ces commentaires (extrait du Figaro), et le consensus national tient comme une devise nationale en quatre mots: IL FAUT LES COMPRENDRE, prononcé par un symbole vivant, en fin de texte:

«Les sifflets sont inacceptables», écrit quant à lui Razzy Hammadi, secrétaire national du PS. «En effet, même si la France a eu pendant des années une politique coloniale en Tunisie, même si les Français d'origine tunisienne, et plus largement les Maghrébins ou les Français d'origine maghrébine (...), sont trop souvent victimes de discrimination et de harcèlement policier (...) il n'en demeure pas moins que la République, en dépit de ses promesses non tenues, n'est pas à humilier en sifflant son hymne», écrit l'ancien président du MJS.

Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, a jugé que ces sifflets étaient l'expression de gens en «souffrance» qui «ne se sentent pas bien chez nous».

Quant à la chanteuse Lââm, elle a avoué avoir «eu un peu les boules» d'avoir été sifflée. «Pour un match amical c'est bête, a regretté la chanteuse. J'étais fière d'être là. Après il y a toujours trois abrutis, enfin là ils étaient un peu plus, pour siffler la Marseillaise...».

Pour sa part, Raymond Domenech s'est seulement dit «ému» par les hymnes, tout en ajoutant avoir été «un peu sourd» pour «le reste». C'est-à-dire les sifflets qui lui étaient également destinés, ainsi qu'aux joueurs.

Le plus conspué a été Hatem Ben Arfa. Le milieu de terrain de l'équipe de France, né à Clamart de parents tunisiens, avait en effet opté pour la sélection française malgré les sollicitations de la Fédération tunisienne.

Il a toutefois déclaré qu'«il n'en voulait pas» aux spectateurs. «On s'attendait tous à ça, a affirmé le joueur. On l'avait vu contre le Maroc et l'Algérie. (…) C'est un peu dommage mais ce n'est pas grave. (…)Ils ont besoin d'exister, il y avait plus de Tunisiens que de Français, il faut les comprendre
Le match avait lieu à Saint-Denis.

Jamais l'hymne national n'a été sifflé au Parc des Princes, et il ne le sera sans doute jamais.
Utilisateur anonyme
15 octobre 2008, 12:26   Re : Rashomon au Parc des Princes
Je lis dans le figamonde que les Bleus, emmenés par un grand Henry, ont disposé de la Tunisie. L’utilisation de disposer de au sens anglais de se débarrasser de, se défaire de semble de plus en plus courante.
Pardon jlchambon. En effet, ça change tout. Si je dois effacer mon message, dites-le moi.
Le pire des anglicismes dans ce domaine reste quand même l'insupportable emploi de "jouer" transitif en calque direct de l'anglais: "la France joue la Tunisie ce soir", comme elle jouerait le 8 à la roulette ou son 4x4 au poker. A propos de 4x4 on remarque l'apparition sournoise de l'appellation américaine "SUV" depuis quelques temps. Incorrigible.
Utilisateur anonyme
15 octobre 2008, 14:51   Re : Rashomon au Parc des Princes
Roselyne Bachelot, après une réunion à l’Elysée, affirme qu’en cas de Marseillaise sifflée, le match serait désormais "systématiquement arrêté". Bernard Laporte, quant à lui, propose de délocaliser certaines rencontres. Faute de se faire respecter, on légifère...
15 octobre 2008, 16:00   Re : Rashomon au Parc des Princes
Le mieux est de rendre le sifflet obligatoire. Et ceux qui n'y arrivent pas, qu'ils aboient.
"Faute de se faire respecter, on légifère..."

Exactement : c'est vraiment la rustine sur le gouffre béant.

Aucun journaliste pour noter que c'est l'équipe "black black black" qui est sifflée, pour relever cette haine de la France métissée ?
Parce que vous croyez que le métier de journaliste consiste, de nos jours, à relever des choses ?
Utilisateur anonyme
15 octobre 2008, 19:41   Re : Rashomon au Parc des Princes
Écoutez, on ne va pas faire la fine bouche ! Si les matchs de football sont annulés au moindre sifflet de notre hymne national, nous allons être tranquilles, nous qui n'aimons pas le foot. Pour ma part, ça me va assez bien.
15 octobre 2008, 21:06   Re : Rashomon au Parc des Princes
A l'attention de Boris et de quelques mélomanes:
le son, toujours le son
Le "franco-tunisien" ou "tuniso-français" qui dirige une officine du PS écrit : "Il n'en demeure pas moins que la République, en dépit de ses promesses non tenues, n'est pas à humilier en sifflant son hymne» (la syntaxe "approchative" de cette phrase dit que c'est la République elle-même qui a sifflé son propre hymne !). Apparemment, cet individu qui a exercé des responsabilités dans les mouvements de jeunesse et parmi les étudiants - président ou secrétaire du MJS - et qui aspire à exercer un jour de plus hautes responsabilités ignore que la République n'a pas d'hymne, du moins pas d'hymne officiel, que la cosi-detta Marseillaise est l'hymne national, c'est-à-dire qu'elle n'est pas l'hymne d'un régime politique, mais celui d'un pays ou d'une nation, qui a pour nom la France, et que c'est la France et ses citoyens qui ont été humiliés par ces Tunisiens du SDF.
Il y a aussi la tartufferie sensible entre les lignes, mais qui a sous-tendu ses déclarations à Europe 1, où il a répété trois fois le mot "stigmate" pour excuser ses compatriotes et coreligionnaires qui ont hué l'hymne de la France. Apparemment, il ignore aussi le sens de "stigmate". S'il le connaissait, il éviterait de l'employer à tort et à travers, à moins qu'il ne tienne ce mot pour son propre stigmate : celui de la Bêtise qui explique et excuse tout par la reductio ad socialum .
Bravo, cher JGL, belle intervention.
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