Parlons-en, des "traités inégaux", si vous voulez Pascal : j'ai vécu 14 ans à Hong Kong (cité fondée sur un "traité inégal" par excellence), dont deux années comme professeur de français (début des années 80), ayant pour étudiants des jeunes adultes de tous les milieux sociaux. Dans chaque classe, j'avais au moins un "nageur". Savez-vous ce qu'étaient ces nageurs ? Des jeunes gens courageux qui avaient fui la Chine continentale par les eaux en nageant sur des vessies de porc, au péril de leur vie. Ils avaient fui le paradis maoïste pour gagner la colonie de Hong Kong et débuter une vie nouvelle dans la dignité.
Ma femme était Hongkongaise, née dans la Colonie : son point de vue sur la question des "traités inégaux" était parfaitement clair et simple à résumer : s'il n'y avait pas eu cette colonie, j'aurais passé ma jeunesse les pieds nus dans la boue à repiquer du riz, dévorée par les moustiques et sous la menace des "tontons" du Parti (céder à leurs avances ou finir dans un camp de rééducation).
La Chine communiste réécrit l'histoire, c'est son job depuis 75 ans. Le révisionnisme historique est la spécialité du régime. Pour commencer, la Chine n'a JAMAIS été colonisée par les Européens et pas davantage "humiliée" (les Européens ayant essuyé tous les refus possibles et imaginables de commercer équitablement avec la Chine des Manchous, ils ont eu alors recours à des méthodes fortes -- c'est rarement mentionné dans la littérature mais l'opium fut introduit en Chine par les Occidentaux qui se ruinaient en thé de Chine sans aucune contrepartie commerciale de la part de l'Etat manchou). La Chine vend mais refuse d'acheter, sa balance commerciale ne saurait être autre que positive avec le reste du monde. C'est l'approche chinoise de la domination : par le commerce et les trafics d'influence (le couple Zuckerberg aujourd'hui) quand les armées n'en peuvent mais.
Deuxième point essentiel et noyé dans le fatras qu'ont dans la tête les Occidentaux à propos de cet empire qu'ils aiment rien tant que se figurer "éternel" : la Chine fut écrasée, dominée et colonisée pendant 400 ans en tout au cours du seul deuxième millénaire de notre ère; elle le fut par les Mongols d'abord, puis, plus tard (après la chute des Ming) par les Manchous. Si bien que la période de la renaissance chinoise, la Chine des Ming qui s'intercale dans ces longues périodes de colonisation, pourrait fort bien être vue comme un intermède dans cette suite d'humiliations à laquelle les Européens n'eurent aucune part.
Le Parti communiste chinois s'est comporté pendant l'offensive militaire japonaise du siècle dernier sur le sol chinois très exactement comme le Parti communiste français face à l'offensive allemande sur le sol français en 1940:
on ne bouge pas, on attend notre heure.
Les armées chinoises qui ont résisté héroïquement à cette offensive (deux victoires chinoises sur trois engagements militaires avec les forces japonaises)
étaient toutes des armées de la République, celles de Tchang Kai-shek. Les Communistes se frottant les mains en attendant que les Japonais aient "fini le job" contre leurs adversaires politiques du Kuomintang.
Tchang Kai-shek avait bien caractérisé cette tactique dans une formule restée célèbre :
Pour la Chine, les Japonais sont une maladie de peau; les communistes chinois sont une maladie du coeur.
Le PCC fut le parti des traitres et des lâches, qui prirent la fuite face à l'offensive étrangère et se réjouirent de l'humiliation de la patrie et de la République chinoise par le Japon.
Voilà en quelques touches ce qu'il fait garder en tête quand on traite avec ces gens et les victimes de leur propagande révisionniste.