Les Talibans ont peut-être peur des avions mais qu'importe l'avion aujourd'hui ! Dans l'univers 2.0 où nous pénétrons, les déplacements physiques seront superflus, et d'ailleurs, le régime covidien qui se met en place a déjà entamé cette mutation.
S'ils sont confinés dans leurs montagnes (ce qui est tout relatif au vu de la vague migratoire qu'ils se mettent en devoir de grossir), nous autres sommes confinés dans notre jardin ou notre appartement, ou notre territoire national.
Ce que peu de gens comprennent aujourd'hui, cette semaine: que l'islam "arriéré" et la Chine "avancée", loin d'être incompatibles, forment les deux bras d'une tenaille effective dans laquelle nous sommes pris: la dystopie orwellienne ultramoderne du "crédit social" made in China et son cortège de privation de libertés fondamentales (contrôle numérique de la vie des individus, etc.) s'allie très naturellement avec la surrection islamiste dans les moeurs sociales et politiques, comme projet de civilisation.
Cette alliance n'a pas même besoin d'être conçue, elle se passe de toute pensée stratégique car elle est métahistorique et, pourrait-on dire objective et naturelle. Revenir à ce que j'écrivais ici ou ailleurs (www.recherchemetahistorique.fr) dès 2013: en 1644, la grande civilisation chinoise s'effondra avec la chute des Ming, et l'effacement de la Chine, son endormissement, dura trois siècles. En 1683, les Ottomans sont mis en échec définitif à Vienne et les divisions du monde islamique accompagnèrent efficacement un recul général de l'Islam qui dura, lui aussi, trois siècles.
Les deux civilisations majeures, Chine et Islam, ayant seules prétention universaliste en rivalité avec l'Occident chrétien (l'Oumma, c'est l'universel; Confucius et Sun Tzu sont des maîtres de l'universel), se retirèrent de la scène internationale, du tableau des civilisations à prétention dominante,
de manière simultanée, laissant place vide pour une expansion globale de l'Occident, sa suprématie, l'occidentalisation du monde.
A partir de 1945, la roue reprend son mouvement: l'Occident perd ses empires en l'espace de deux décennies à peine (Pays-Bas, France, et Grande-Bretagne se dépouillent de leurs colonies). Années 1970, surrection économique et identitaire arabo-musulmane dans l'ensemble du monde (OPEP, etc.) dans la foulée du nassérisme. 1979: la Chine se défait du carcan maoïste et invite les investisseurs étrangers, tournant du denguisme, et, simultanément, échec et recul de l'Urss en Afghanistan. 1989: écrasement de la contestation pro-occidentale à Pékin en juin.
1991: démantèlement de l'Urss et fin du projet de renaissance/régénérescence de l'Occident par le communisme.
11 septembre 2001: victoire militaire du djihad aux Etats-Unis.
Août 2021: Les Etats-Unis, en pleine crise d'identité (mouvement "woke") rendent les armes en Afghanistan.
Fin de 3 siècles d'or de l'Occident et réveil simultané des deux universalismes défait trois siècles auparavant: la Chine et l'Islam, qui s'apprêtent à enterrer ensemble l'Occident pour plusieurs siècles.
Bien se pénétrer de cette idée, à peu près insupportable: l'universalisme des valeurs propagées par l'Occident sur l'ensemble de la planète pendant trois cents ans n'aura été permis que par un étrange concours de circonstances (effacement simultané des deux autres), il n'est que pur accident!
L'universel lui-même, dans son ontologie et son kairos (l'heure et les moyens de son imposition), s'avère tributaire des circonstances historiques !