Et pendant ce temps, pas très loin du royaume de Sobrarbe...
[
www.libetoulouse.fr]
Le quartier du Mirail impuissant face à la violence de ses gamins
Mauvais temps sur le Mirail-Reynerie, ce jeudi matin.
La pluie qui tombe sur le marché hebdomadaire de la place Abbal n’arrange rien.
Un contrôle esquivé qui s'est conclu par deux CRS renversés et ponctué par des coups de feu sur les fuyards, la veille : le fort déploiement policier de la nuit précédente n’incite pas à l’optimisme. Paroles d’habitants
Le marché de la place Abbal fait grise mine ce jeudi matin. Photo : DR
A la sortie de la station Reynerie, Marie éducatrice dans une association du Mirail traverse la place Abbal. L’équipe avec laquelle elle travaille l’attend pour «faire le point» sur les incidents de la veille. «La situation s’est tendue depuis quelques semaines. Mais le fond du problème vient des plus jeunes. Certains d’entre eux renvoyés des collèges sont complètement déscolarisés. Ces gamins sont difficiles. Nous les voyons traîner dans la rue du matin au soir», explique la jeune femme. «L’éducation spécialisée doit se donner les moyens d’agir avec ce public là», ajoute t-elle.
Elle développe: «Les parents ne savent plus quoi faire. Les habitants sont blasés. Tous voudraient que ces gamins soient vraiment pris en charge».
Marie dit aussi n'avoir assisté à aucune violences policières à l’encontre des habitants du quartier. Mais elle redoute que «la forte présence des Crs ne mette tout le monde sous tension».
Plus loin, Azzedine, 42 ans, travaille depuis 10 ans dans la boucherie hallal du quartier. «C’est calme jusqu’à 5 heures de l’après-midi. C’est souvent après que les problèmes commencent», raconte-t-il. Le plus «dur», selon lui, c’est surtout «à la fin du mois quand les gens viennent au magasin demander des crédits et de l’aide à cause de la vie trop chère».
Azzedine aimerait aussi voir revenir les policiers d’autrefois. «Des policiers de quartiers qui connaissent le système et le quotidien des gens qui vivent ici. Les CRS viennent d’ailleurs. Un mauvais regard de leur part et tout tourne mal».
Ahmed qui travaille pour un bailleur HLM intervient dans la conversation : «Après une relative période d’accalmie, ça repart toujours», s’emporte-t-il: «Violences, accalmie, violence... Le cycle suit son cours. Les gamins se relaient, génération après génération. La responsabilité vient autant des parents que des pouvoirs publics».
En fin de matinée, les travées du marché de la place Abbal s'animent un peu. Mais la plupart des habitants "ne veulent pas parler". Le silence, les mines fermées, les regards qui se détournent sont le lot commun. La raison invoquée est "que de toutes façons ça ne sert à rien, car rien ne change içi".
Pierre père de famille, finit par répondre : "Mon fils est obligé d'aller au collège du quartier dans des classes archi pleines de gamins qui viennent tous d'ici. je ne doutes pas que les programmes scolaires soient les mêmes partout. Mais les gosses sont cantonnés ici. Le mien ne fait pas de bêtises. Mais comme tous ces copains, son seul horizon c'est ces barres d'immeubles 365 jours par an".
Le tonneau sans fond de la violence urbaine? En tout cas, c'est l'impuissance de chacun qui s'exprime.
JME.