Ce matin, dans les
Matins de France Culture, l'ineffable Baddou interrogeait Pierre Boulez. A un moment donné, Alain-Gérard Slama intervint dans la discussion, en évoquant au passage Sviatoslav Richter, Patrice Chéreau et George Bernard Shaw ; notre bon Ali crut bon, alors, de préciser que tous les auditeurs de France Culture n'étaient pas censés connaître ces personnes...*
Heureusement, Slama a eu le réflexe de protester, et a rétorqué que si, bien sûr, tous les auditeurs de cette chaîne les connaissaient, voyons...
Voilà une anecdote qui en dit long sur l'état d'esprit de ceux mêmes à qui sont confiées les rênes d'un lieu où, il n'y a pas si longtemps, l'on n'aurait pas songé une seconde à envisager une telle éventualité, et encore moins à en faire la remarque.
J'ajoute cependant que, pour une fois, A.B. a laissé parler Boulez sans du tout l'interrompre, lui permettant de développer son discours jusqu'en ses incises, ce qui était souverainement appréciable. J'ignore pourquoi ! Respect, intimidation, dûs à la forte personnalité, à l'autorité, au savoir de l'interviewé, probablement.
*Je ne résiste pas au plaisir de citer exactement le passage :
Baddou : "N'oubliez pas que nous avons des auditeurs qui ne connaissent pas tous ni Richter, ni Bernard Shaw, ni les autres !"
Slama : "Mais si, les auditeurs de France Culture ils connaissent, et en tout cas ils ont compris que Richter est un pianiste et que Patrice Chéreau est un metteur en scène et que Pierre Boulez, ça, je pense que tout le monde le connaît !"