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Surgeon, Stolon, Pseudopode ou Sockpuppet

Envoyé par Francis Marche 
C'est un sujet qui nous tient à coeur, et qui en nous, en notre fors intérieur, fait débat. Ceux qui ont les livres d'Arnold Toynbee ou de Raymond Aron ou d'Elias Canetti sous la main sont invités à s'épancher courageusement comme Marcel Mayer, Renaud Camus ou moi-même s'y sont essayés il y a quelques jours: je considère qu'une nation constituée n'accepte pas d'être caractérisée - ses représentants et porte-parole s'y refusent -, est objectivement non caractérisable comme surgeon d'aucune autre, fût-elle née de la main même de ressortissants d'un autre pays, d'une autre nation.

La nation est une nouvelle origine qui puise son existence d'une épisode historique daté, contingent mais qui ne saurait être l'émanation historique d'une tierce nation dès lors qu'elle s'attribue une justification antique, sacrée, textualisée. L'Etat d'Israël, comme les Etats-Unis d'Amérique, marquèrent une nouvelle origine, née d'épisodes migratoires, révolutionnaires d'une part, d'autre part justifiée à postériori dans des textes canons sacrés, des récits primitifs, très antérieurs à la période historique où il a été pris date de la nouvelle origine. Une nation, en se constituant, crée une nouvelle origine qui l'affranchit de toute dette historique envers toute nation contemporaine. Ses pères fondateurs, qui ont pu eux-mêmes, comme cela peut se révéler dans leur biographie, être des éléments transfuges d'autres nations contemporaines, opèrent une rupture telle que la nation qu'ils créent se justifie par l'accomplissement d'une transcendance historique, d'une nécessité ancestrale qui aura portée la nouvelle origine.

Ainsi, il n'est pas juste de considérer les Etats-Unis d'Amérique d' aujourd'hui comme nation héritière de l'Europe des Lumières: cette nation est porteuse (telle un phare, comme le signale aujourd'hui Hubert Védrine) de sa propre lumière, qu'éclaire la Bible en lui confèrant sa destinée manifeste. Et de même Israël, dont l'avènement en 1948 accomplissait une nécessité transhistorique qui usa des événements tragiques du XXe siècle pour se manifester en destin.

Tout le Japon moderne, né à vrai dire trois années à peine avant Israël, fut porté lui aussi par les récits et contes héroïques multiséculaires (les 26 kamis du Kyoushou du récit mythique d'Idzanagui et Idzanami et de la naissance d'Amatérasou-Kami, la Déesse-du-Soleil, rapporté en français par exemple par Jean D'Esme, auxquels se firent échos tragiques les 26 martyrs de Nagasaki au tournant du 17 siècle, dont le supplice marqua l'avènement d'une nouvelle spiritualité humaniste, d'une nouvelle figure du maître bienveillant dans l'archipel, et bien plus tard, bien entendu en ce même point de l'espace, le 6 août 1945, l'avènement d'une immense clarté qui gonfla l'espace - ainsi qu'est décrite la goutte d'eau tombée de l'oeil gauche d'Idzanagui donnant naissance à Amatérasou - et qui devait donner à la nation japonaise une conscience nouvelle d'elle-même et lui conférer une présence nouvelle au monde, une sagesse nouvelle, tout en mettant fin à la fin du monde) au cours de ses multiples fondations successives, toujours nourries d'un flux d'emprunts exogènes (langue, architecture, art militaire, beaux arts) dans tous les domaines de la pensée et de la création.

Au flux des emprunts, des transfuges, et même des migrations, fait pendant le flux des mythes et l'éloignement originel, qui féconde la nouvelle origine, le départ nouveau.

Aux nations européennes vides de mythes, l'emprunt et la migration sont facteurs d'asphyxie, alors qu'elles ne le sont pas à l'Amérique, à Israël, au Japon qui se nourrissent en permanence de justifications anciennes. La France, l'Allemagne, l'Espagne, nations nées d'aucunes autres s'il en fût, apparaissent sans récits fondateurs connus (popularisés, référencés - Sainte Geneviève, Reine Brunehaut, Vercingétorix ne fonctionnenent plus), et de ce fait, ne refondent (de refondre comme de re-fonder) plus leurs apports exogènes, s'étiolent, ayant perdu la condition même d'une origine nouvelle.
Utilisateur anonyme
15 novembre 2008, 14:18   Re : Surgeon, Stolon, Pseudopode ou Sockpuppet
Oui Francis, l' Amérique est née d'une aventure à caractère "religieux" : "biblique" plus exactement. Dès le début le mythe de la Terre promise prend la forme d'une religiosité sociale : on peut dire que l'américanisme trouve son principal support dans la religion.
Votre rapprochement avec Israël est lui aussi très pertinent, car à l'exception de cet Etat, dans aucun autre Etat du monde la Bible ne forme, autant qu'en Amérique, le centre de la vie sociale. Au passage on peut remarquer que même les athés éprouvent un "concern", un "intérêt" pour le biblisme social.
15 novembre 2008, 14:23   Saint Pierre
Bien cher Pascal,


Vous oubliez le Vatican, Etat souverain, pour lequel la Bible a une certaine importance.
15 novembre 2008, 14:34   Europe
On peut craindre que l'Europe n'existe jamais, ne trouve jamais sa nouvelle origine, car orpheline et vide d'un texte - le récit de l'enlèvement d'Europe étant celui d'un départ, d'un vide créé, moins que celui d'une arrivée, d'un établissement ou que le récit lacunaire de cet établissement à Crète (Crète qui bien évidemment est le taureau) ne suffise jamais tout à fait à instaurer une origine première répercutable en une nouvelle origine future.



Où les deux mythes - départ d'Europe pour et sur le Taureau et l'épiphanie d'Amatérasou (天照大御神) - apparaissent côte à côte: l'une s'en va; l'autre vient : [www.brusselsjournal.com]


Amatérasou quittant la grotte où elle s'était réfugiée, par Utagawa Kunisada ((1786-1865)
Utilisateur anonyme
15 novembre 2008, 15:39   Re : Surgeon, Stolon, Pseudopode ou Sockpuppet
"orpheline et vide d'un texte"


L'Europe s'originant dans un texte, se fondant sur un texte ? N'avez-vous pas une vision trop abrahamique de l'histoire et des civilisations, cher Francis ?
Le christianisme (dans le sens que Finkielkraut donne à ce terme, à savoir "judéo-christianisme") n'a été, au fond, qu'une foi importée en Europe d'un contexte religieux tout autre que le sien : le contexte de la religion sémitique, voire juive ("spirituellement nous sommes tous des sémites" (Pie XI)).


Pour ce qui est des "nations européennes vides de mythes", je me permets de citer M. Renauld-Krantz ("Anthologie de la poésie nordique ancienne", ed. Gallimard, 1964) :

"Il est regrettable qu'un peuple dans les veines duquel coule le sang franc, sur le territoire duquel (en France et en Alsace notamment) des dialectes germaniques sont parlés encore aujourd'hui, et qui possède une province appelée Normandie, ait oublié sont héritage nordique et n'ait pas su, en regard de Virgile et de Tacite, placer l'Edda et la Saga islandaise".
L'Islande n'est pas dans l'Europe, Pascal, non plus que la Norvège, qui n'est pas dans l'UE, et il n'est du reste pas tout à fait exclu que tout ce que nous avons avancé dans ce fil n'en fournisse un élément d'explication.

L'UE est vide de saga, elle l'est comme par définition. Sa seule saga s'arrête à ce départ, figuré en amont dans ce fil. Elle a été animée, hermogéniquement, pendant vingt siècles d'une saga importée, universaliste, ce qui a produit des fruits (en art, en science, et même partiellement en politique) miraculeux.

Par ailleurs, il n'y a rien d'abrahamique dans la légende de la Déesse de la Lumière au Japon. En la matière, la question de l'abrahamisme est hors sujet, un écran de fumée particulariste.
Utilisateur anonyme
15 novembre 2008, 16:29   Re : Surgeon, Stolon, Pseudopode ou Sockpuppet
"il n'y a rien d'abrahamique dans la légende de la Déesse de la Lumière au Japon"


Oui bien sûr... mais je pensais à autre chose.

"L'UE est vide de saga, elle l'est comme par définition."

L'UE, mais pas l'Europe (au sens "poético-littéraire" du terme, si jose dire), car la mythologie nordique prolonge dans ses grandes lignes une mythologie germanique commune à nombre de peuple indo-européens. Autant qu'il m'en souvienne M. Renauld-Krantz (cité plus haut) tente, à partir de l'ancienne littérature nordique, d'approfondir le caractère des principaux dieux des Germains (mais là je déborde un peu...).
15 novembre 2008, 16:48   Ossianisme
Je vous concède cela, le volksgaest, et il n'est du reste point dû au seul hasard que l'ossianisme coïncidât avec la tentative de re-fondation européenne par l'entreprise bonapartiste au tournant du XIXe siècle. Napoléon qui décora Malmaison d'images ossianiennes:

Utilisateur anonyme
15 novembre 2008, 17:00   Re : Surgeon, Stolon, Pseudopode ou Sockpuppet
Ouhaou !!!! Superbe ! (Ouf, même plus besoin d'faire appel à G. Dumézil...)
16 novembre 2008, 00:21   Ossian et Appolon
A vrai dire, la tentative napoléonienne (appolinienne) mille ans après le couronnement de Charlemagne réunissait, enfin presque, de manière encore éparse, les ingrédients d'une Nouvelle origine. Ne restait plus qu'à opérer la jonction finale avec les îles britanniques qui lui avaient préparé le liant mythologique : l'ossianisme.

Reconnaissez ceci: les proies de l'Empereur, lui résistant, résistant à la pulsion unificatrice - l'ossianisme étant pour les historiens une résistance de l'âme de ces peuples se cherchant des racines contre la vague universaliste et solaire de Napoléon - , celle d'une naissance européenne, concoctaient, tissaient, les fils d'un mythe dont déjà le Prédateur s'emparait, se faisait fort, se couronnait !

Les petits peuples des îles britanniques, puisant dans leur âme ancestrale en voulant lui résister, se préparaient en vérité à servir comme sur un plateau d'argent à leur vainqueur, plus que le dernier joyau manquant à sa couronne - l'or même de cette couronne appolinienne, celui de l'accomplissement mythique, la saga manquante, de la Nouvelle origine européenne.

Napoléon échouant à débarquer sur les îles où tout et tous l'attendaient, le récit mythique s'échoua, retomba pour mille ans et plus.

(Quand on n'a pas son Dumézil sous la main, on se le recrée, se le convoque en soi, et c'est là un des grands bienfaits des voyages nus de livres, Pascal)
Napoléon débarqué à Sainte-Hélène,: comme pour que lui soit signifié son échec par cet échouage en cette "île britannique" dérisoire, caricature de celles convoitées, celles de la grande jonction, où lui était promise la Nouvelle origine.

Au Japon, les dieux, les déesses, la Déesse du Soleil elle-même, sont ainsi, dans les péripéties de la Fondation, parfois mis en situation d'échec, en exil dans quelque île perdue, quand la tentative de fondation doit être reportée, ayant rencontré un écueil, une trahison, une déception, quand il est patent que le nouveau départ n'avait été qu'illusion, que l'île où le dieu a touché terre se révèle ne pas être terre propice à fondation. Le repli, l'exil, comme le départ, la fondation, ont besoin d'îles, terres punctiformes dont la vocation est de ponctuer l'épopée, soit d'être tantôt la stepping stone, tantôt la maison d'arrêt du récit de fondation.

Napoléon échoué à Sainte-Hélène, c'est toute l'Europe qui depuis erre en rond, en exil d'épopée, en maison d'arrêt.
Utilisateur anonyme
16 novembre 2008, 11:34   Re : Surgeon, Stolon, Pseudopode ou Sockpuppet
Merci pour ces deux très beaux messages, cher Francis.
Mais le pauvre mythe européen, n'est-ce pas cela, justement : les valeurs de la Révolution française, Napoléon lui-même (et quand même : voir Hegel), l'Universalisme, qui nous joue tant de mauvais tours maintenant ?
Cher FRancis, vous avez hélas, raison. Il n'y a pas de nation sans mythes fondateurs qui la créent symboliquement. Ceux de la France ont perdu leur pouvoir. Il est à craindre que d'autres s'engouffrent dans le vide, pour mettre au monde cette France nouvelle, métissée, dont rêvent nos utopistes mondains , nos stars de cinéma et nos rapeurs des banlieues.
Utilisateur anonyme
16 novembre 2008, 20:17   Re : Surgeon, Stolon, Pseudopode ou Sockpuppet
Oui chère Cassandre, et j'entendais récemment le chanteur-écrivain Y. Simon déclarer : "Comment ça l'identité européenne est une coquille vide ?, on dit que nous n'avons plus de repères, et la Shoah, c'est pas un repère, ça !?"
16 novembre 2008, 20:33   L'Europe sans nom ni figure
Il manque à l'Europe une Odyssée, un récit, un fil prophétique. Les rejets successifs de ses textes constitutionnels par les peuples concernés proclament ce besoin d'un texte ponctué d'îles, celui d'un parcours passionnant et périlleux avec ses doutes, ses longs arrêts, ses rebondissements, ses relances, ses interventions divines, et l'acte décisif d'un fondateur appelé par l'histoire.

Pas de figure de fondateur sur les billets d'euros, et pour cause. Des ponts anonymes (point de pont d'Arcole, de César, de Rubicond enjambé, d'homme illustre ou simplement d'homme fort, point d'aigle enserrant une fascine sur fond de nues zébrées d'éclair..), des façades d'édifices atones, sans figure ni déesse. La coque vide est là, innommable, spectrale, défunte avant que d'être, ectoplasmique, absolument sans histoire, sans mythe. Aucun semblant de nation à l'horizon. Une ruine sans nom, lunaire, plus muette qu'un cratère de lune tout de poussière et sans feu depuis la nuit des temps.
Utilisateur anonyme
16 novembre 2008, 21:03   Re : Surgeon, Stolon, Pseudopode ou Sockpuppet
"La France, observe Nicole Belmont, touchant par ses limites géographiques et par son histoire aux domaines respectifs des mythologies germano-scandinave, romaine et celtique, ne possède apparemment pas de système mythologique qui lui soit propre. Il est même impossible de déceler les débris de ce qui en fut peut-être un. Lorsqu'elle s'est constituée en tant que nation, le christianisme s'était implanté depuis longtemps sur son territoire".

"Mythes et croyances de l'ancienne France", N. Belmont, Flammarion, 187 pages.
à mon tour de vous remercier cher Pascal.

Il faudrait descendre à la Révolution-Fondation tardive, à Valmy, au Bonapartisme, au grand gué planétaire des îles napoléoniennes (Corse, Elbe, Saint-Helen) pour trouver l'Odyssée manquante. Napoléon franchissant les ponts, les Alpes, parlant aux Pyramides, faisant terre partout, à Saint-Jean-d'Acre touchant les lépreux, à Antibes, acclamé, à Fontainebleau baisant le drapeau, jusqu'à son Ithaque déportée en l'Atlantique sud et en passant par la présence de son fantôme qui attendait qu'il le rejoigne sur le trône de velours et d'or à Buckingham Palace où tout était prêt pour l'apothéose, pour Joséphine, et qui s'y vit rejoindre en effet mais par son tiers fantôme, son tiers mime sur-tardif: Nap-Trois le Petit.

[www.napoleoncities.eu]
En un sens, le Royaume chrétien de France héritait dans l'universalité chrétienne d'une universalité incarnée (à visage humain, pourrait-on presque dire, ce visage absent des symboles de l'Europe fantômatique d'aujourd'hui). L'Europe de l'Euro souffre du mal de la désincarnation (plutôt que de déchristianisation).

L'universalité désincarnée est une poix. Une poix infortunée à laquelle personne, parce que nous sommes des humains, ne souhaite adhérer.

Les pérégrinations de saint Paul se superposent à celles d'Odysseus et les étendent. La pérégrination mythologique se doublant d'une parole, elle même parole incarnée, l'Europe chrétienne héritait d'un outil de construction et de cohésion d'un type nouveau, d'une arme absolue qui devait faire son oeuvre de construction pendant presque cent générations.

C'est cet oeuvre qui s'est continuée en Amérique, point celle de Locke et encore moins de Shakespeare.
Utilisateur anonyme
16 novembre 2008, 22:39   Hypothèse
"Il manque à l'Europe une Odyssée, un récit, un fil prophétique."

Peut-être doit-on précisément à ce manque le fait que l'Europe ait su se répandre sur toute la surface de la terre.
Le vrai drame, alors, pour l'Europe, serait l'absence de terrae incognitae où transporter l'Odysée de son manque.
16 novembre 2008, 22:58   Re : Hypothèse
C'est fort possible, d'où aussi son impossibilité, son apathie, son non-désir chronique de se fixer des frontières, et d'où alors sa porosité constitutionnelle, son "ouverture" (en l'absence de terrae incognitae, on s'ouvre au monde, on se présente terre inconnue, on désire se faire connaître).

Il faut peut-être ajouter à cela que la mer conférait au monde grec insulaire odysséen les seules vraies frontières naturelles, faisait du monde un gué, un parcours, un cheminement de marin.

(d'où aussi peut-être l'infernale problématique américaine de la Frontière - le monde physique continental n'ayant point de limites à fixer à l'universel, point de parcours à proposer, si ce n'est à travers les déserts et les haltes qu'on s'y impose, seul espace continental propice à une nouvelle Odyssée)
Utilisateur anonyme
16 novembre 2008, 23:52   Re : Surgeon, Stolon, Pseudopode ou Sockpuppet
Autant dire que j'ai toujours le désir, servi par une nostalgie passionnée, de ce qui ressemblerait à une renaissance du Saint-Empire romain germanique...

L'un des principaux essais de Novalis, "la chrétienté ou l'Europe", commence par ces mots :" Ce fut une belle et brillante époque, lorsque l'Europe était une terre chrétienne, lorsqu'une seule et unique chrétienté habitait ce continent si caractéristiquement humain".

Alors peut-être que pour rêver l'Europe nous faut-il à nouveau de grands romantiques... ?
Oui pour de grands romantiques mais surtout pas des Wagner!
» Il manque à l'Europe une Odyssée, un récit, un fil prophétique.

Le problème n'est-il pas que l'on n'apprend plus rien à l'école ? L'Odyssée, que je sache, fait partie de la mythologie européenne, en tout cas de celle que l'on apprenait quand j'étais collégien, et dont l'ignorance était un motif certain d'échec scolaire... Mais comme on l'a fait remarquer ici récemment : demandez à n'importe quel élève de commenter un tableau religieux !... Demandez à n'importe quel élève ce qu'est l'Immaculée Conception !... Je me fais, cher Francis, l'avocat du diable : vous prenez comme exemple qui sert votre démonstration les illustrations de ponts des billets en euros, mais que dites-vous, par exemple, de l'hymne européen ?
Maison d'arrêt odysséenne : Eole (ou Aéa ou Ogygie)

Maison d'arrêt paulinienne : Ephèse (Artémis des Ephésiens)

Maison d'arrêt a-paulinienne : Elbe

Maison d'arrêt européenne: Européenne union

Point de figure, de visage ni de dieux sur les billets de banque de l'Europe unie. Normal: pas de décoration sur les murs de la Maison d'arrêt
Vous voulez donc nous entretenir, cher Bernard, de l'hymen européen ?

La Marseillaise fut le dernier hymen. Il est jugé, étonnez-vous en ! trop sanglant, cet hymen, pour être bienséant. L'hymen ensanglanté de l'Europe, c'est bien sûr encore notre Empélour qui l'eut: l'hymen sanglant élevé, comme les draps de la nuit des noces aux façades des rues siciliennes, ligures, proclamant que the thing was done, comme dans the Twelveth Night de Shakespeare.

La Marseillaise, oeuvre de fondation tardive, chante encore l'hymen ensanglanté des naissances absolues. Si je pouvais avoir là-dessus un avis, je m'écrirais: n'y touchez pas, vous ne savez pas ce que vous faites.
O Freunde, nicht diese Töne!
Sondern laßt uns angenehmere
anstimmen und freudenvollere.
Freude!

Freude, schöner Götterfunken
Tochter aus Elysium,
Wir betreten feuertrunken,
Himmlische, dein Heiligtum!
Deine Zauber binden wieder
Was die Mode streng geteilt;
Alle Menschen werden Brüder,

(Sur un air de Beethoven, d'après Schiller...)
17 novembre 2008, 11:21   Yokohama se souvient
Quand le quartier de Minato Mirai fut créé - cela prit plusieurs années, à partir de 1993 - à Yokohama, non loin de la vieille légation britannique et de la mission française (ruinée par un incendie après le tremblement de terre de 1924), on a bâti de vastes édifices, des musées (celui des Beaux Arts, celui des Douanes, et même un musée des Poupées, sans compter le musée de la Ville retraçant son historique de premier port ouvert du Kanto), et bien entendu, des galeries marchandes, dont l'une, colossal édifice de verre et de granit - tout dans cet espace est gris granit et bleu de mer sous la grande clarté blanche automnale qui fait les ginkos pleurer leurs feuilles jaunes bilobées - dans le foyer duquel se dresse une immense (25 mètres au moins) stèle de pierre noire plaquée au mur où est gravé (en relief, à la main) tout ceci, en grande longueur, dans les deux langues et sans le moindre commentaire :


An die Freude ~歓喜に寄す~

O Freunde, nicht diese Töne! おお友よ、このような調べではなく
Sondern laßt uns angenehmere もっと心地よい
anstimmen und freudenvollere. もっと歓喜に満ち溢れた調べを歌おう

Freude, schöner Götterfunken,  歓びよ、神々の麗しき輝きよ
Tochter aus Elysium 楽園の乙女たちよ
Wir betreten feuertrunken. 我らは感動に酔いしれて
Himmlische, dein Heiligtum! 天上の神殿に入ろう!

Deine Zauber binden wieder, 神秘の力は再び結び合わせる
Was die Mode streng geteilt; この世が強く切り離したものを
Alle Menschen werden Brüder, すべての人々は兄弟となる
Wo dein sanfter Flügel weilt. 汝の優しい翼が憩う所で

Wem der große Wurf gelungen, 大いなる天の恵みを受けた者よ
Eines Freundes Freund zu sein, 真の友情を勝ち得た者よ
Wer ein holdes Weib errungen, 女の優しき愛を得た者よ
Mische seinen Jubel ein! 歓喜の歌をともに歌わん!

Ja, wer auch nur eine Seele そうだ、地上にただ一人でも
Sein nennt auf dem Erdenrund! 地上の友と呼べる者ができるなら!
Und wer's nie gekonnt, der stehle だが、それさえできない者は
Weinend sich aus diesem Bund! 涙を流して静かに立ち去るがよい

Freude trinken alle Wesen すべての存在は
An den Brüsten der Natur; 自然の乳房から歓喜を飲み
Alle Guten, alle Bösen すべての善人もすべての悪人も
Folgen ihrer Rosenspur. 歓びの薔薇の道を歩く

Küsse gab sie uns und Reben, 歓びは我らに口づけと葡萄酒と
Einen Freund, geprüft im Tod; 死ですら奪えぬ友をあたえ
Wollust ward dem Wurm gegeben, 虫けらにさえも悦楽があたえられ
und der Cherub steht vor Gott. 智天使ケルビムが神の御前に立つ

Froh, wie seine Sonnen fliegen 歓喜よ、歓喜よ、神の太陽たちが
Durch des Himmels prächt'gen Plan, 喜び勇んで天空を駆けるように
Laufet, Brüder, eure Bahn, 兄弟たちよ、おのれが道を進め
Freudig, wie ein Held zum Siegen. 英雄が勝利の道を進むがごとく、歓喜に溢れて

Seid umschlungen, Millionen! 民よ、互いに手を取り合おう!
Diesen Kuß der ganzen Welt! この口づけを全世界にあたえよう!
Brüder, über'm Sternenzelt 兄弟よ、星空のかなたに
Muß ein lieber Vater wohnen. 愛する人々の御父が住み給う

Ihr stürzt nieder, Millionen? 民よ、ひざまずいて祈るか?
Ahnest du den Schöpfer, Welt? 世界の民よ、創造主を感じるか?
Such' ihn über'm Sternenzelt! 星空のかなたに、主をさがし求めん!
Über Sternen muß er wohnen. 星々の上に、主は必ず住み給う
17 novembre 2008, 11:52   Re : Yokohama se souvient
Dites-moi qu'il n'y a pas, un tant soit peu, de mythologie là-dedans...
Certes mais il y manque un sujet, un acteur de la Mythologie (Ulysses, Paul, Napoleon, etc.) comme j'ai essaye de vous le dire. J'ai parle de jonction entre mythe et histoire a propos de ce tableau ossanien a Malmaison, j'aurais pu parle comme dans les congres des grands partis: personne, ici pour, en italiques, operer la synthese (entre mythe et histoire).
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