En fait, il est intéressant d'inscrire la guerre d'Algérie dans la perspective des années cinquante.
En 1954, la guerre d'Indochine est perdue dans les conditions qu'on sait. Cette guerre fut incomprise, et resta marquée, dans l'opinion publique, par l'affaire du traffic des piastres et l'image de l'extraordinaire Bao-Daï.
Dans le même temps, la France était en situation délicate au Maroc et en Tunisie.
Pierre Mendès-France, homme politique honnête et de grande valeur, comprit ce qui allait se passer, et mena une politique courageuse. Son successeur, Edgar Faure, était aussi de qualité, mais il ne choisit pas, notamment au moment des évènements de l'été 55, de prolonger l'approche mendésiste.
Edgar Faure utilisa, pour la première fois depuis MacMahon, l'arme de la dissolution.
Les Français furent appelés aux urnes le 2 janvier 1956, les évènements d'Algérie jouant un rôle très important dans la campagne.
Quatre forces étaient en présence :
- une droite extrême, conduite par Pierre Poujade, totalement opposée à une quelconque négociation ;
- un centre-droit, conduit par Edgar Faure, qui n'avait pas de position précise sur la question (les Indépendants étant pour la répression, une partie des radicaux pour la conciliation) ;
- le Front Républicain (SFIO, reste des radicaux...) conduit par PMF, qui était explicitement pour la discussion avec les insurgés ;
- le parti communiste.
Les deux composantes Front Républicain / communistes obtinrent environ 55 % des suffrages. Bien que le centre-droit fut arrivé légèrement en tête, il ne parvint pas à réunir une majorité, et Guy Mollet fut investi.
Il partit en Algérie porter son message de dialogue avec les insurgés, reçut des tomates à Alger et revint, apportant la nouvelle stupéfiante aux Français qu'ils avaient voté pour le dialogue et qu'ils auraient, en fait, les rappelés.