Bien cher W. Zendji,
Je pense, très sérieusement, que nous avons un socle d'idées en commun, mais avec d'assez profondes divergences aux limites (comme on dirait en mathématiques).
Du point de vue tactique, j'ai l'impression que le discours unilatéral des organismes et groupuscules que vous citez commence à lasser, justement par sa répétition. Il nous appartient de ne pas tomber dans le même travers, et de ne pas rester au stade du fait divers, quelque frappant qu'il soit.
Les Français ne sont pas idiots : ce que nous disons ici, à savoir que les "jeunes" sont, en général, issus de la contre-colonisation, ils le savent aussi.
Si vous écoutez de jeunes Français de milieu populaire (je pense à la France des pavillons, car les jeunes gens y sont très majoritairement "de souche", ils sont étudiants, employés, ouvriers, apprentis ou chômeurs, en tout cas pas sociologues), vous constaterez la chose suivante, qui est d'ailleurs assez compréhensible : ces jeunes ne forment pas à proprement parler des bandes, car l'acception est négative. Ils forment des groupes, parfois assez nombreux. Les éléments issus de la diversité y sont fort bien tolérés, dès lors qu'ils ne sont pas nombreux, et ce sont souvent des garçons très bien (ce que j'appelle les "immigrés décents" par opposition aux hordes sauvages. Un jeune maghrébin ou un jeune noir qui va dans un groupe de blancs s'écarte autant du délire communautaire que le jeune blanc qui rejoint un groupe ethnique s'acculture. Tout simplement, ces jeunes gens ne sont pas dans une optique de contre-colonisation, mais d'assimilation). Ces groupes, donc, sont tout à fait capables, dans ces zones hors des cités de s'opposer aux malfaisants, aux racailles : ils ne s'en privent pas, croyez-moi. De même, du point de vue du langage, ils sont bien moins sensibles au politiquement correct que nos médias. Bien évidemment, et je crois utile de le préciser, la majorité des enfants d'immigrés vivent entre eux, mais un nombre non négligeable a fait le choix de notre société. Ils serait dommage, pensez-y cher W. Zendji, qu'ils soient nos nouveaux harkis.
Les jeunes Français de souche dont je parle ont des idées très précises sur la violence des bandes, et savent qu'on ne peut s'y opposer que par le fait majoritaire. Ils ne sont pas parfaits, c'est vrai. Ils boivent plus que de raison, ils fument diverses substances et écoutent des musiques que nous n'aimons pas. Cela étant, ce ne sont pas des mauvais bougres, ce ne sont pas des voyous. Le lisse, le propre Monsieur Besancenot au verbe châtié est un ennemi de la Nation, pas eux.
Je prends à ce sujet Cassandre à témoin, car je la crois habitante de l'Hérault : si, effectivement, la Paillade, le Petit Bard, le quartier de la Pointe-Courte à Sète ont été contre-colonisés, il n'en va pas de même de toute cette kyrielle de villes-lotissements, Paulhan, Fabrègues, Portiragnes, etc...
Le combat n'est pas dans le fait de convaincre ceux qui, issus du peuple, ont souvent des idées saines : je ne vote pas pour l'extrême droite, mais je constate, dans les Pyrénées-Orientales, que je connais bien, dans l'Hérault aussi, que le Front National a atteint, dans ces villes-lotissement des niveaux très forts, plus de 30% en moyenne, et que Monsieur Sarkozy, qui a adopté durant la campagne une posture sécuritaire, a écrasé Madame Royal. Un jeune homme de vingt ans peut écouter des rapeurs, avoir son meilleur ami d'orgine étrangère et voter pour le Front National. Tout cela est compatible. Il y a, à l'évidence, un vivier pour le vote national, s'il arrive à se dépêtrer de cette malédiction qui gâche chaque élection par des excès. Les bandes ethniques sont malfaisantes, les skinheads sont odieux (je ne sais d'ailleurs si on doit les blâmer ou les plaindre).
Le combat se déplace vers la "classe prétendument intelligente", c'est à dire les enseignants, les cadres, certaines professions libérales. Cette classe-là, vous ne la convaincrez pas avec des faits divers. Prenez l'émission de Renaud Camus : quelqu'un qui a fait des études et qui écoute est forcément intéressé et, s'il n'est pas malhonnête, se rend compte qu'il y a un fond de vérité.
J'ai cité un article de Libération, supra. Il aurait été inimaginable il y a encore un an.