Une chose m'étonne, dans le parcours du combattant qu'est devenu la location d'un appartement. Les pièces à fournir, justificatifs de toute sorte, n'ont cessé d'augmenter. Outre des bulletins de salaire attestant d'un CDI (et quelquefois un CDI
depuis un an), des déclarations d'impôts, on demande à présent jusqu'à des photocopies de fiches d'état civil, y compris celles du garant ! Il est bien sûr définitivement établi que la parole, l'engagement moral sont devenus aussi efficaces dans ces tractations que la danse de la pluie pour combattre la sécheresse et il faut endurer d'être considéré
a priori, au mieux comme un irresponsable, au pire comme un escroc en puissance. Les agences immobilières justifient ces mesures plus que contraignantes par, disent-elles, la multiplication des impayés. Mais comment se fait-il, puisque l'obligation d'établir des dossiers "en béton" pour louer le moindre deux-pièces est une pratique qui a cours depuis maintenant des années, que les-dits impayés restent un grave problème ?
On s'aperçoit alors que dans ce déluge de paperasse censé établir la solvabilité d'un locataire une pièce justificative n'est pas demandée, au motif que ce serait enfreindre la loi, pièce qui, pourtant, me semble pour un propriétaire une garantie au moins aussi rassurante que toutes ces sacro-saintes fiche de paye. En effet, on ne demande pas d'exciper un document bancaire établissant qu'on n'a aucun crédit en cours, aucune dette. Ainsi, un locataire qui souhaite déménager et cherche une nouvelle location, qui a toujours su organiser sa vie en fonction de ses revenus, fussent-ils modestes, qui ne traîne après lui aucun crédit ni dette, qui a toujours été rigoureusement exact dans le paiement de son loyer et possède le sésame d'un CDI, se verra préféré un autre impétrant qui présente des revenus supérieurs mais à qui on ne demandera nullement si ces revenus ne sont pas mensuellement obérés par toute sorte de crédits.