Si vous le désirez, je peux vous parler des heures d'Haïti et de la collusion entre élites locales et pouvoirs occidentaux, ainsi que des divers délires humanitaires.
Je me demande quel démon pousse les occidentaux à vouloir à tout prix et en tout lieu imposer des normes démocratiques qui ne sont tout simplement pas applicables à des pays qui n'ont aucune culture politique, voire même aucune existence autre que celle donnée par des traits sur la carte (les fameuses "frontières issues de la colonisation").
On feint (je ne parle pas du Parti, dont les membres sont de bonne foi) de s'étonner que des africains ou des haïtiens voire certains sud-américains ne résolvent pas tous leurs problèmes par la magie de l'élection.
On oublie que le pays le plus civilisé d'Europe, à mon sens, qu'était l'Allemagne a connu le drame qu'on sait. On oublie que le pays le plus sensible d'Europe, le moins belliqueux, l'Italie, s'est jeté dans les bras qu'on connaît. On oublie que des esprits européens aussi brillant que Frédéric et Irène Jolliot-Curie, et tant d'autres, ont trouvé des charmes incroyable au stalinisme.
Tout cela se passait chez nous, et on voudrait -et je dis cela sans racisme- que des peuples sans éducation se comportent comme des cantons suisses ?
On voudrait que ces gens restent tranquillement dans leur coin et surtout n'immigrent pas chez nous quand leurs élites y engloutissent leur argent, que leurs maigres richesses s'en vont vers l'occident (visitez l'Amérique centrale et ses plantations de banane) et que la parade des 4x4 du PNUD envahit les rues ?
Ce que je vais vous dire va peut-être vous sembler une énormité : je ne suis pas certain que le tiers monde, à l'exception des pays pétroliers, ne soit pas plus exploité que sous l'ère coloniale. Mais on a bonne conscience : tout, on vous le dit, va se résoudre par la démocratie et de libres élections.
A l'époque coloniale, il y avait au moins un semblant d'ordre et, sinon la Justice, au moins une justice.