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50.000 euros (considérations philosophiques)

Envoyé par Renaud Camus 
Les Conti, qui ne sont pas une branche cadette des Condé mais les salariés de Continental France viennent d'obtenir, en guise d'indemnité de licenciement, cinquante mille euros chacun, des offres de reclassement et, en tout état de cause, soixante-quinze pour cent de leur salaire jusqu'en 2014 (nous sommes en 2009).

« Ça commence à devenir quelque chose d'acceptable », dit un délégué syndical.

Dieux du ciel ! Cinquante mille euros ! Je n'ai jamais eu une somme pareille devant moi, moi. Et si un de ces jours l'un ou l'autre de mes éditeurs décidait de ne pas renouveler le contrat qui nous lie, je n'aurais que mes yeux pour pleurer et pas la moindre, mais pas la moindre, "indemnité". On conçoit que les employeurs hésitent de plus en plus à engager qui que ce soit…

J'ai toujours pensé que les rapports entre employeurs et employés étaient totalement incompatibles, au moins d'un point de vue philosophique, avec les principes d'égalité tant proclamés d'autre part. Si un employeur est responsable de la sécurité de son employé même quand il n'a plus besoin de lui (ce que je conçois parfaitement — cas des vieux domestiques dans l'ancienne société…), quelle égalité y a-t-il entre eux ? Tel qui considère qu'un autre individu est responsable de son bien-être en dehors du strict contrat d'échange de service contre rémunération, celui-là admet implicitement qu'il n'est pas l'égal de l'autre. Ou alors l'autre n'est pas un citoyen comme le premier, cesse d'être un individu; mais n'est plus que partie d'une vague entité (les riches, les employeurs, ceux qui peuvent payer…) dont le premier trouve tout à fait normal qu'elle subvienne à ses besoins, même en dehors de tout échange actif.

« Ça commence à devenir quelque chose d'acceptable… »
« Ça commence à devenir quelque chose d'acceptable… »

Farpaitement.
C'est le "parachute doré" du pauvre, maintenant.
Mais ici on n'est plus dans des rapports ayant un quelconque caractère personnel : l'entreprise Conti est une entité abstraite, constituée de capitaux qui viennent ou s'en vont. Donc l'argent se détache du travail et de l'échange de service; le rapport de force intervient dans cette configuration pour tirer le maximum de ce capital de part et d'autre (ouvriers et dirigeants) en dehors de toute notion de dépendance.
En tant qu'éditeur ma situation est similaire à la vôtre, cher maître, chaque jour apportant son lot de joies et de désillusions. Les livres pouvant être retournés par les libraires, une vente n'est pas une vente tant que le livre n'est pas retourné, et il est systématique de devoir rendre de l'argent qu'on pensait pourtant avoir gagné...
En fait je ne connais pas de métier plus précaire que celui de petit patron. Je cotise même aux Assedic sans pouvoir y prétendre si mon entreprise coule!
"en dehors de toute notion de dépendance" écrivez-vous, Ostinato, alors qu'il n'y a que "rapport de dépendance" dans ce marchandage, de l'argent-lien. Le travailleur indépendant qui doit fermer boutique, parce qu'il est indépendant, retenu par personne, ni humain, ni entité, lorsqu'il a perdu la partie, que son entreprise, quelle que se soit sa taille (unipersonnelle comprise) doit fermer, ne verra jamais aucun lien de dépendance nominale et instituée lui rapporter 50000 euros de la main de personne; auprès de personne, je dis bien personne quand vous nous parlez "configuration", "entité abstraite", il se pourra négocier un tel dédommagement.

L'indépendance est à elle-même sa propre rémunération; elle est gratuite et ne rapporte aucun argent. L'obligation que ces ouvriers de "Conti" se sont imposée d'être là, tous les matins, le fil à la patte, pour que d'autres, des patrons, des contrôleurs, des agents de maîtrise, vérifient qu'ils étaient bien présents, cette obligation vaut compensation, est monnayable, ont-ils estimé, et ils ont obtenu gain de cause.

Tout ce qu'Orimont, de loin en loin, a pu écrire dans ces colonnes sur l'inutilité, la contrainte, le joug de boeuf, l'hypocrisie de la présence contrainte d'hommes à d'autres hommes; l'inutilité du mime utile, l'improductif simulacre du lien de dépendance dans le travail mimé, se trouve vérifié: c'est lui ce lien tout symbolique, c'est bien cette improductivité qui s'excuse en étant là que désormais l'on rémunère. Des manutentionnaires de pneus en gomme noire, objets les plus stupides et obsolètes qui soient au monde, vont toucher ce que bien des artistes, écrivains, penseurs, ne toucheront jamais de personne: ainsi se voient-ils dédommagés d'avoir consenti, vingt ou trente ans durant, à se plier au simulacre social de la dépendance favorablement sanctionnée par le capital et le social.

J'ai lu que l'élu Julien Dray, coupable or fortement présumé coupable de malversations financières éhontées, touche, grâce au cumul de ses divers mandats d'élus et de collectivités territoriale siégeant à diverses commissions où sa présence lui est de surcroît dédommagée par des jetons de présence, quelque 13000 euros par mois.

13000 euros par mois pour être Julien Dray, sur la cassette de la collectivité. Ce personnage assez méprisable, apôtre du "lien" social, de la dépendance généralisée se voit ainsi rémunéré nettement au-dessus de la majorité des cadres et chefs de PME que compte encore le pays.

Qu'a créé Julien Dray ? Rien. De petites officines de pourrissement de la vérité (SOS Racisme, etc.) lui ayant servi de planche à billets et c'est tout. Strictement rien d'autre. Julien Dray, qui vaut moins qu'un manutentionnaire de pneus absentéiste, gagne plus de deux fois le salaire d'un professeur agrégé d'histoire ancienne capable de disséquer les apports arabo-musulmans à l'Occident médiéval, qu'un biologiste ou qu'un mathématicien capable de modéliser des nano-particules qui soigneront le cancer ou la maladie d'Alzheimer, largement autant qu'un architecte de renom ou qu'un pilote de ligne.

Face à ces deux exemples qui illustrent la veulerie sociale dans laquelle on nous fait tremper, je me fais gloire, par exemple, d'écrire ici pour pas un rond. Pour un peu, j'en désirerais être pauvre.
Je pense que les ouvriers ne se sentent aucune dépendance subjective vis à vis de dirigeants des entreprises, aucune obligation "morale", et que leur salaire ne leur apparaît pas vraiment comme une contre partie au travail fourni, ce qui est quand même assez récent. Si les dirigeants qui ont conduit parfois l'entreprise au désastre s'en sortent avec des sommes mirobolantes à leur départ, on ne voit pas pourquoi les autres salariés ne réclameraient pas aussi leur parachute doré, petit relativement à celui des dirigeants, mais quand même très important. Loin de moi l'idée que le travail chez Continental ait été particulièrement intéressant, (peut-être l'était-il plus qu'on le suppose), ou la pensée que le travailleur indépendant tire toujours un revenu correct de son travail ; et encore moins je ne félicite Julien Dray de l'éventuelle escroqueriee dont il serait l'auteur....!
Le parachute doré des dirigeants d'entreprises est souvent, en fait toujours, inscrit dans leur contrat. La raison du parachute doré est bien évidemment liée à une clause de non concurrence - le dirigeant débauché ne doit pas, pendant une certaine durée, parfois des années, aller mettre son savoir faire et exploiter les connaissances du marché au service de la concurrence. Hors toute considération morale, et quelles que soient les dérives ultérieures par rapport à ce principe, la justification économique de cette mesure est évidente.

Rien de tout cela évidemment dans ce que vous appelez "parachute doré du pauvre" s'appliquant à des ouvriers qui aspirent en principe à une issue toute contraire à celle que doit prévenir le parachute doré du dirigeant, à savoir trouver de l'embauche le plus vite possible précisément dans la même branche d'industrie !

Cette notion que "ce que le riche obtient le pauvre doit l'avoir lui aussi" relève d'une pensée sociale et économique de cour de récréation.
Utilisateur anonyme
01 juin 2009, 11:32   Re : 50.000 euros (considérations philosophiques)
Pour votre information, et pour ce qui concerne la Belgique en tout cas, cette indemnité de départ sera cumulée avec les revenus de l'année fiscale en cours. Une telle somme pourrait donc être imposée à 50 %, et l'imposition en grande partie retenue à la base, comme l'est un salaire ici, c'est à dire lors de son versement ! D'autre part si cette indemnité est présentée comme l'équivalent de X mois de salaire, le bénéficiaire n'aura pas droit aux indemnités de chômage pendant cette période. Ce scénario n'est pas le bon, tant de paramètres peuvent intervenir, tant d'interprétations des lois et de leurs applications étant possibles. Mais l'ouvrier de Continental devra faire face à un avenir difficile avec peut-être bien moins d'argent que cette annonce le laisse penser.
Ce qui est parfaitement injuste, c'est que l'employé d'une petite firme ne bénéficiera pas, lui, du tapage médiatique fait autour de la fermeture d'une grosse firme, et se trouvera encore dans une situation bien plus inconfortable alors qu'il n'aura pourtant pas moins travaillé, lui.
Je ne comprends rien au message de Francis Marche, et ne perçoit aucunement là où il souhaite emmener le lecteur. Je souhaite pour moi être claire et expliciter mon histoire de mini parachute doré. Je pense que l'exemple déplorable donné par les dirigeants ne saurait être excusé par un quelconque contrat derrière lequel certains s'abritent (pas tous). Le savoir-faire ? C'est vraiment cher de toutes façons, et encore plus quand.l'entreprise a coulé! La simple déontologie suffit, l'honnêteté professionnelle qui s'achète est pour le moins suspecte. Ces personnages donnent un signal à tout le monde : enrichissez vous sans limite et par tous les moyens ! L'utilité sociale se trouve entièrement déconnectée du la rémunération. Il me semble que les ouvriers de Continental ont joué leur partie dans ce contexte, et ne les en blâme pas. Ce que je regrette c'est la logique qui amène à ce point. A ce point qui doit être complété par la mise en évidence d'autres aberrations allant dans le même sens. Je citerais le RSA. Maintenant c'est l'impôt qui doit financer le salaire décent aussi bien que le chômage. Tout concourt à séparer le travail de sa rémunération, celle-ci devenant quasiment socialisée.
On verse un salaire à un employé même quand il ne fiche pas grand chose (quand son niveau de productivité n'est pas lié à la rémunération, n'est pas mesuré, etc.); la raison en est simple: il s'agit de le "retenir" dans l'entreprise, de le garder disponible à l'entreprise, sinon, il irait ailleurs, "travailler plus pour gagner plus". Le salariat a été inventé pour que l'entreprise garde ses employés à sa disposition, pas du tout en rémunération de tâches quantifiées, pas du tout, donc, à proportion du travail fourni: il s'agit de rémunérer un lien de co-dépendance consenti, de compenser une mise à disposition du salarié.

Le cas des ouvriers qui touchent 50000 euros parce qu'on ne peut plus les garder sort évidemment de ce cadre puisqu'on les paye pour qu'ils aillent s'employer ailleurs ! Or les ouvriers licenciés souhaitent généralement "être reclassés dans la branche", ce qui nous éloigne d'autant du schéma "parachute doré" qu'Ostinato met en parallèle avec celui des dirigeants dès lors que ceux-ci, à leur licenciement, sont priés et tenus (par contrat préalable) de ne pas travailler dans la branche, et que leur parachute leur est versé à cette fin ! Suis-je assez clair ?

Si vous avez compris ce que j'essaie de vous dire, chère Ostinato, vous conviendrez que le parallèle "parachute doré des dirigeants" et "indemnité de licenciement des ouvriers" est nul est non advenu. Voilà entre autres où "je voulais amener le lecteur".

"Le savoir-faire, c'est d'ailleurs cher": il ne s'agit pas seulement de savoir-faire mais de portefeuilles clients et fournisseurs qui ne doivent pas passer à la concurrence.
je me fais gloire, par exemple, d'écrire ici pour pas un rond.

Mais il me semble que nous en sommes tous là, non ? Ou bien j'ai raté un épisode ?
Le problème initial de ce fil, qui était proprement philosophique en effet, s'est comme toujours très rapidement déplacé vers les pôles habituels, l'économique et le social, ce qui fait que la question centrale d'une égalité revendiquée et posée comme préalable à tout échange de service (rémunéré ou non, du reste) a disparu dès le premier virage. Pourtant, elle est grosse de tout ce qu'il peut y avoir d'intéressant et de paradoxal à examiner dans ces champs-là. C'est d'elle en somme qu'il faut partir, puisqu'aussi bien c'est à elle que l'on prétend toujours arriver ; et cependant, il n'est que d'ouvrir les yeux et les oreilles sur le flot continu de l'information quotidienne pour constater qu'il n'en est absolument rien, et que l'on a fait de cette égalité problématique une instance absolument indiscutable (comme certaines autres notions du débat public d'idées en France, et dont ce forum se fait justement un honneur de discuter).
Disons que le présupposé d'égalité demeure puisque sans lui, il ne saurait y avoir de contrat (le supérieur disposerait de l'inférieur sans contrat, en le rémunérant selon son bon plaisir, etc.). Le contrat qui énumère les obligations des parties ne se concevrait pas sans l'égalité fondamentale des signatures en contrebas.

Mais de ce point de vue, il est vrai que le "send-off" de 50000 euros qui permet d'acheter la paix sociale, et qui n'apparaît pas contractuel, se dispense de toute égalité de principe: il est le fruit d'un rapport de force "à chaud". (Donnez-nous de l'argent ou l'on vous séquestre, ou l'on bloque l'accès à vos biens, ou l'on casse tout, etc..)
Utilisateur anonyme
01 juin 2009, 19:51   Re : 50.000 euros (considérations philosophiques)
Pas de panique, voici une piste pour résoudre les problèmes matériels. A toutes fins utiles, voici un plan B qui a fait ses preuves.
"(...) le dirigeant débauché ne doit pas, pendant une certaine durée, parfois des années, aller mettre son savoir faire et exploiter les connaissances du marché au service de la concurrence."

Avant de revenir, autant que possible, aux "(considérations philosophiques)" proposées par Renaud Camus, permettez-moi de dire que j'ai les plus grands doutes sur la réalité de la contrainte ("ne doit pas" etc) mise avant par Francis pour expliquer le "parachute doré" des dirigeants.

Si je le comprends bien, les compensations financières accordées aux dirigeants remerciés trouveraient leur origine et leur justification contractuelle dans le fait que ces dirigeants, spécialistes d'un domaine d'activité (l'aéronautique, par exemple), seraient en quelque sorte, à la suite de leur licenciement, dans l'incapacité d'exercer leurs talents "pendant une certaine durée", autrement dit, ne pourraient plus subvenir à leurs besoins, puisque ce qu'ils savent faire, ce dans quoi ils révèlent toute leur compétence, Dieu sait, eh bien, ils ne peuvent plus l'exercer. Ils seraient en somme comme des cordonniers qui ne savent rien faire d'autre que des chaussures et qu'on empêche "pendant une certaine durée" de ressemeler la moindre babouche et alors on comprend bien qu'ils vont devoir traverser de dures années. Encore en somme, le dirigeant d'Airbus, parachutiste doré s'il en fut (et quelque peu porté à l'initiation), serait en ce moment en train de se ronger les sangs, empêché de par contrat à exercer ses notables talents dans l'aéronautique, obligé de changer de milieu, de cercles, de se mettre à faire quelque chose qui n'aura rien à voir, mais alors rien du tout avec son ancienne activité, du "consulting", du "coaching" de pilote d'avion, allez savoir, tandis que nos séditieux "Conti" brûleurs de pneus, eux, prétendent ne pas négocier d'aussi radicales reconversions, imaginent ne pas changer de branche ! Cette blague.
L'argumentaire pour justifier ces "fortunes de départ" sur la base de l'existence d'un contrat me paraît assez mal fondé, car j'ai ouï dire qu'il s'agit d'arrangements entre amis (gros actionnaires et dirigeants qui se retrouvent dans les conseils d'administration). Le Medef lui-même considère qu'il y a un problème et qu'une régulation est nécessaire. De telles sommes ne seraient pas attribuées semble-t-il si l'assemblée des actionnaires avait son mot à dire dans le contenu des contrats..

Quant à l'aspect philosophique, j'ai essayé- et sans doute ce fut raté- de dire que la liaison entre travail ou service et salaire était en train de se perdre et que l'individu se considère comme un ayant-droit a priori, plutôt que commer un créateur de ses propres droit par son activité. En citant les parachutes, je voulais dire que l'exemple venait de haut (normal pour des parachutes).
01 juin 2009, 20:42   Rapports inégaux
Pour la Chambre sociale de la Cour de cassation, le contrat de travail n'instaure pas une égalité entre salarié et employeur : bien au contraire, il crée un lien de subordination.

L'existence de cette subordination fait que (pour être bref) la puissance publique instaure un certain nombre de garanties en faveur de l'employé.


Le cas des "Conti" est intéressant : la somme promise aux salariés représente à peu près 50 millions d'Euros. Monsieur Forgeard, qui avait beaucoup nui à EADS, avait perçu à peu près 9 millions d'Euros de "Golden Handshake".
01 juin 2009, 21:49   Re : Rapports inégaux
Plus je lis le message de Renaud Camus, moins je m'y retrouve. Il est vrai que ce n'est qu'un message - et très composite. D'abord une stupéfaction s'y exprime, des cheveux qui se dressent sur la tête à ce chiffre de 50 000 euros, tandis que sur d'autres têtes ils frémissent à l'annonce d'autres chiffres. Au fond, c'est une affaire de sensibilité.

Renaud Camus, après son étonnement légitime (du point de vue de sa sensibilité, laquelle, toutefois, rappelle quelques uns des traits, traditionnellement honnis, de ces réactions de "pauvres" contre les "riches"), expose son cas personnel. Or, on a du mal à le faire s'accorder avec d'autres exposés lus dans ses journaux où l'on apprend qu'il est - ou a été - salarié des éditions P.O.L., comme c'est d'ailleurs une possibilité désormais offerte à d'autres auteurs dans d'autres maisons. Les éditeurs qui appliquent ce système de salariat, viendraient-ils à mettre la clé sous la porte, que rien n'empêcherait les auteurs salariés de négocier une indemnité de licenciement, comme cela se pratique couramment dans n'importe quelle entreprise après un certain temps de présence. Rien n'empêcherait ces mêmes auteurs de s'inscrire ensuite au "Pôle emploi" et de percevoir une indemnité pendant un certain nombre de mois. Je ne dis pas que Renaud Camus serait homme à entreprendre de telles démarches, encore moins qu'il obtiendrait 50 000 euros (encore qu'il ne soit pas mauvais négociateur), mais en tout cas, à une indemnité, d'une façon ou d'une autre, il pourrait prétendre en sa qualité de salarié, s'il emploie ce terme de façon exacte.

Les considérations philosophiques viennent là-dessus et la question est mise sur l'égalité, laquelle serait proclamée, si j'ai bien compris, par les "Conti" et autres, afin de réclamer un traitement égal à celui des dirigeants, savoir un bout de parachute, alors que, s'ils n'étaient pas aveuglés par cet égalitarisme hors de propos, ils comprendraient que l'employeur, qui n'est pas leur égal puisqu'il les emploie, peut se séparer d'eux quand il estime n'avoir plus besoin de leurs services. En effet, c'est tout à fait ce qui entre dans les conceptions de l'employeur. Il a besoin, il n'a plus besoin. Mais ce n'est pas ce qu'il dit. Il ne dit pas qu'il n'a plus besoin des services des employés, il dit qu'ils est "contraint" de se séparer d'eux, qu'il voudrait bien les garder mais qu'il ne peut pas et au moment même où il s'engage dans des explications, n'instaure-t-il pas quelque chose qui ressemble à une "égalité" ? Que ces explications paraissent mauvaises aux yeux des employés qui voient l'entreprise réaliser des bénéfices, que ces mêmes employés cherchent par tous les moyens à "gratter" quelque chose et que, pour cela, à l'instar de l'employeur, ils arguent de mauvaises raisons telles que la prétendue égalité, qui ne les comprendra ?

Dans le message de Renaud Camus, les dirigeants des "Conti" et autres, sont dans la même position que le particulier qui engage un jardinier, ou même dix, pour tailler ses haies et quand elles sont taillées, qui ne rirait à l'idée de jardiniers réclamant une indemnité de licenciement parce que le particulier n'a plus besoins d'eux et, par-dessus le marché, sous le prétexte qu'eux, les jardiniers, sont les égaux de qui les a engagés pour tailler les haies ! Il n'y a que sous cet angle des rapports employeur/employés que les considérations philosophiques de Renaud Camus inspirées par les 50 000 euros sont valides. On s'y tiendra donc.
Appeler la foudre en ce jour de paraclet, je vous trouve bien téméraire, cher Orimont.
On ne va peut-être pas s'étendre indéfiniment sur mon cas mais il y a malentendu, Cher Orimont : je ne suis nullement salarié. Je suis "mensualisé", ce qui est bien différent. Je gagne une certaine somme chaque mois, prévue pour un nombre bien déterminé de mois par un contrat (au lieu que la somme soit versée d'un coup elle est versée en douze mois, ou en six, etc.). Quand le contrat est exécuté, un autre peut être signé ou pas. Il n'est pas question de la moindre "indemnité de licenciement".
Merci pour cette précision, cher Renaud, qui trahit chez moi une mauvaise lecture de vos Journaux et je vous prie de m'en excuser.
"Maintenant c'est l'impôt qui doit financer le salaire décent aussi bien que le chômage. Tout concourt à séparer le travail de sa rémunération, celle-ci devenant quasiment socialisée." écrit Ostinato et il me semble qu'elle décrit justement un phénomène qui ne peut être appelé qu'à se développer dans une société entièrement livrée à la technique, laquelle mène inévitablement au collectivisme.
Utilisateur anonyme
03 juin 2009, 23:25   Re : 50.000 euros (considérations philosophiques)
"Maintenant c'est l'impôt qui doit financer le salaire décent aussi bien que le chômage. Tout concourt à séparer le travail de sa rémunération, celle-ci devenant quasiment socialisée."

L'impôt et aussi les cotisations sociales. L'immense majorité des médecins, des pharmaciens et des professions paramédicales et sociales (soit quelques millions de gens) vivent d'un financement socialisé et obligatoire.

L'heure de la retraite venue, le pharmacien (à la fois profession libérale ET commerçant ET prospérant grâce à la sécurité sociale) peut revendre sa licence pour un prix qui ridiculise le parachute du conti !

Même chose pour les autorisations de lits d'hospitalisation privée, pour les licences de taxis etc... joyeux mélange d'économie socialisée et de marché. N'évoquons même pas les notaires et les radiologues dont la rémunération entièrement organisée, non pas par le marché mais par les pouvoirs publics, n'a aucun rapport avec le service rendu, ce qui ne les empêchent pas d'être les professions les plus lucratives qui soient.

Etudiez un jour si vous avez le temps comment est remboursé par la collectivité l'achat par un radiologue libéral du XVIème arrondissement d'un appareil d'imagerie médiacle dernier cri et vous saurez ce que pornographie veut dire.

L'injustice organisée dans la rémunération du travail et la vénalité des charges affectent toujours notre pays. Les contis ont bien raison, tout au plus faut-il leur reprocher leur violence et leur vulgarité.
C'est ce qu'on appelle je crois l'économie mixte...
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