Carnaval, le procès en Iran d’une étudiante française de « sciences po », jugée pour avoir pris part aux manifestations contre les élections truquées — et qui, dans la tradition des procès staliniens, a avoué avoir comploté contre le régime iranien. Et comme il n’est pas de carnaval sans travesti, on voit sur les images ladite étudiante, affublée d’un immense foulard qui ressemble à ce que porte le savant Cosinus quand il est affligé d’une rage de dents, et encore d’un grand manteau noir qui dissimule ses formes.
Carnaval aussi, l’affublement de voiles plus ou moins amples et plus ou moins flottants, de serre-tête d’aviatrices, de pansements de gaze emmaillotant la tête, portés sur des manteaux, sur des tuniques, sur des combinaisons évoquant les maillots de bain 1900 et les tenues antibactériologiques, affublement qui, en France — et partout en Europe —, caractérise les musulmanes « pieuses », et dont la bigarrure même démontre qu’il est l’improvisation du moment, qu’il n’a point d’autre fonction que de proclamer : nous sommes l’islam ; nous sommes l’avenir ; nous sommes ici chez nous et, puisque nous sommes parfaitement islamiques, nous accomplissons, par notre présence même, l’islamisation de ce territoire. (Il est de fait que ces femmes, jeunes, sont presque toujours accompagnées d’un enfant en bas âge et parfois d’une progéniture nombreuse).
Mais carnaval, tout de même, car depuis quand suffit-il de se promener avec une couronne en carton pour établir qu’on est roi ? Et décidément, ce mot de carnaval, prononcé tranquillement, sans animosité, sans mépris, comme un simple constat, lorsque l’occasion s’en présente (Florentin ne livrait-il pas une expérience semblable sur le fil « burqa » ?) je crois qu’il pourrait accomplir des miracles.