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Cinq Bunkers

Envoyé par Francis Marche 
27 août 2009, 16:14   Cinq Bunkers
Août 44: l'armee francaise libere son territoire. Les vrais heros sont encore la pour en parler. Qui en France serait aujourd'hui pret a egaler ces gens ? Pourtant ils sont vivants, presents, parlent notre langue: face a eux qui semblent remonter du fond des siecles, l'actuelle generation de "rebelles" ressemblent a des mutants neoteniques.

video sur Var Matin.fr
Utilisateur anonyme
28 août 2009, 09:06   Re : Cinq Bunkers
... l'actuelle generation de "rebelles" ressemblent a des mutants neoteniques.


Quand le culte du moi règne en maître absolu, quand la citoyenneté économique remplace l'appartenance nationale, quand la modernité se confond avec l'"activisme du bien-être" (Baudrillard), la "rébellion" n'est plus qu'un gadget pour dessus de cheminée.
Utilisateur anonyme
28 août 2009, 09:12   Re : Dessus de cheminée
Les gargarismes, ce sont des formules dont on se gargarise, des trouvailles amères qui plaisent à certains palais au point qu'on se demande si ceux-là ne croient trouver la parade au désastre dans la jubilation malsaine à le décrire.

On ne dira jamais assez à quel point cette phrase d'Orimont Bolacre est extraordinairement pertinente !
Utilisateur anonyme
28 août 2009, 09:21   Re : Cinq Bunkers
Té, vous iriez très bien, vous, au dessus de ma cheminée...
Utilisateur anonyme
28 août 2009, 12:44   Re : Rock around the bunker
Té, vous iriez très bien, vous, au dessus de ma cheminée...

Entre la croix de fer 1939 de 1ère classe et la photo d'Eva Braun ?
Utilisateur anonyme
28 août 2009, 12:59   Re : Rock around the bunker
"Entre la croix de fer 1939 de 1ère classe et la photo d'Eva Braun ?"

Eh bien dites, ça vole très haut, ici !
28 août 2009, 13:15   Re : Cinq Bunkers
Pourquoi tant de laxisme et d'aveuglement devant la barbarie chez les politiques qui se réclament des idéaux de la Résistance ?
Utilisateur anonyme
28 août 2009, 13:45   Re : Cinq Bunkers
Pourquoi tant de laxisme et d'aveuglement devant la barbarie chez les politiques qui se réclament des idéaux de la Résistance ?

Pour qu'il y ait "résistance", il faut au moins que subsiste un creuset où cette résistance puisse s'opérer. Lorsqu'un peuple n' a plus d'identité, comment pourrait-il encore résister à quoi que ce soit ? Plus une nation est hétérogène, moins, c'est l'évidence, les sociétaires résisteront (contre quoi ? contre qui ? puisque les intérêts de chacuns sont tellement divergents).
28 août 2009, 15:35   Homogénéité
Comme exemple d'échec des nations hétérogènes, vous avez les Etats-unis qui ne sont arrivés à rien, c'est bien connu, et la Suisse, ravagée comme chacun sait par tout un ensemble de fléaux.
28 août 2009, 16:00   Re : Dessus de cheminée
Je ne sais pas au juste qu'elle "formule" est visée par votre commentaire Alexis. Je ne produis aucune formule: la néoténie est cet état larvaire prolongé dans lequel baigne la génération post-soixantuiarde qui ne grandit pas, a pour héros des potiches (footballeurs, showmen, etc.). On ne sait rien de ce que sont capables nos contemporains (et très peu nous-mêmes). Ils se reproduisent sans naître vraiment. Ils vivent sans connaître la mort (la mort donnée comme la mort-don de soi) qu'ils nomment de ce terme monstrueux: fin de vie.

Il y a seulement 65 ans, de jeunes volontaires de vingt ans prenaient cinq bunkers allemands en une journée, en entonnant la Marseillaise, sous la féroce mitraille qui rappelait à De Lattre, Douaumont. Le plus formidable aujourd'hui est que ces hommes sont encore présents pour en parler. Il doit y avoir une grande sagesse dans le silence qu'ils observent sur le monde contemporain. Le regard qu'ils posent sur nous m'est un mystère.
Utilisateur anonyme
28 août 2009, 16:06   Re : Cinq Bunkers
« Pour qu'il y ait "résistance", il faut au moins que subsiste un creuset où cette résistance puisse s'opérer. Lorsqu'un peuple n' a plus d'identité, comment pourrait-il encore résister à quoi que ce soit ? Plus une nation est hétérogène, moins, c'est l'évidence, les sociétaires résisteront (contre quoi ? contre qui ? puisque les intérêts de chacuns sont tellement divergents). »

Cela me semble une évidence. Et je ne vois vraiment le rapport ni avec les USA ni avec la Suisse.
Utilisateur anonyme
28 août 2009, 16:09   Re : Cinq Bunkers
Ouais BCjmarc, le bel exemple américain... m'enfin si vous, ça vous fait (encore ?) fantasmer, après tout pourquoi pas... ?



"Une seule nation qui parvient à faire baisser l'intelligence, la moralité, la qualité de l'homme sur presque toute la surface de la terre, cela ne s'est jamais vu depuis que le globe existe. J'accuse les Etats-Unis d'être en état constant de crime contre l'humanité."


Montherlant, Le chaos et la nuit.
Utilisateur anonyme
28 août 2009, 16:11   Re : Cinq Bunkers
Et je ne vois vraiment le rapport ni avec les USA ni avec la Suisse

Mais si, mais si cher Alain, il y a sûrement un rapport (ou DES rapports), attendons...
Utilisateur anonyme
28 août 2009, 16:23   Re : Dessus de cheminée
Je ne sais pas au juste qu'elle "formule" est visée par votre commentaire Alexis.

Comme mon titre l'indiquait, je commentais l'intervention de Zendji, et nullement la vôtre, cher Francis. Je partage par ailleurs votre sentiment concernant les héros dont vous nous parlez si justement et si brillamment.
Utilisateur anonyme
28 août 2009, 16:50   Re : Montherlant
Il faut dire qu'en matière d'analyse politique, l'auteur du Solstice de juin a toujours été d'une exemplaire lucidité. Il écrivait par exemple ceci à Roger Peyrefitte, en avril 1941 : "L'Angleterre sera knock-out avant la fin de l'année, les USA vont mettre les pouces car ils craignent une révolution communiste chez eux."
28 août 2009, 16:53   Re : Cinq Bunkers
Les Etats-Unis, cher Jmarc, sont, à mon sens, un très mauvais exemple. Ils sont devenus une nation homogènene à partit du moment où les indigènes indiens ont quasiment été exterminés. Les divers peuples venus d'Europe chrétienne et d'Asie n'ont pas plus nui, fondamentalement, à leur homogénéité que les divers peuples venus de la même Europe chrétienne et d'Asie n'ont nui à la nôtre avant l'arrivée des masses arabo-musulmanes. Et comme les USA, la France redeviendra, sans doute, une nation homogène quand les divers peuples venus d'Afrique musulmane auront réduit, sans le moindre complexe, à la portion congrue, les indigènes français -et assimilés- et qu'ils règneront fièrement sur le territoire de ces derniers, car le "communautisme" , la fierté communautaire, est le ciment des musulmans comme le patriotisme, la fierté nationale, celui des USA, ciment que l'on s'est employé avec sucès à nous ôter.
28 août 2009, 17:18   Re : Cinq Bunkers
Je ne crois pas que le pouvoir intéresse les Africains, ils ne sauraient pas quoi en faire. Profiter des avantages leur suffit, sinon c'est le chaos et le retour à la case départ.
Utilisateur anonyme
28 août 2009, 17:27   USA
Merci, Chère Madame, d'avoir une fois de plus dit ce que je ne faisais que pressentir sans être capable de le formuler aussi clairement que vous.
28 août 2009, 18:18   Chrétiens
Bien chère Cassandre,

Je partage vos craintes quant à l'immigration musulmane. Je pense en revanche que nous ne devons pas nous opposer à l'immigration chrétienne.
28 août 2009, 18:25   Re : USA
Pour être plus claire, cher Alain Borda : ce qui eût fait des USA une véritable nation hétérogène et multiculturelle c'eût été d'avoir conservé et laissé prospérer les communautés indiennes sur son sol. Non seulement ils ne l'ont pas fait, mais ils se sont construits sur la disparition des populations indigènes. Avec cette disparition l'hétérogénéité multiculturelle des USA n'est qu'un leurre. De même ce qui fait, aujourd'hui, de la France une nation hétérogène c'est de laisser s'installer et prospérer les populations issues des pays musulmans. La différence est que nous, les "de souche" sommes dans le rôle des Indiens et les musulmans dans celui des envahisseurs européens. Et comme ceux-ci ont fait en Amérique aux dépens des Indiens, ils vont homogénéiser la France à nos dépens.
J'ai toujours trouvé les USA extrordinairement gonflés de nous faire la leçon à ce sujet.
28 août 2009, 18:33   Re : Cinq Bunkers
Je ne vois pas de dynamique musulmane, je vois de l'archaïsme à tous les étages de sorte que la comparaison ne me convainc pas, chère Cassandre.
28 août 2009, 18:50   Re : Cinq Bunkers
Qu'entendez-vous par "dynamique" cher Florentin ? Il y a déjà, quoi qu'on en dise pour se rassurer, la dynamique du nombre . D'ailleurs si vous allez sur les sites musulmans, la perspective d'une France islamique n'y fait plus aucun doute. Les divergences concernent seulement le temps qu'il y faudra.

Qu'il n'y ait chez les msulmans aucune dynamique sociétale ou culturelle digne de ce nom ne les a pas empêchés de dominer des empires bien plus civilisés qu'eux dans le passé. Je dirais même que l'archaïsme est peut-être leur atout principal, sous la forme d'une dynamique communautariste séculairement rodée pour laquelle tous le smoyens sont bons.
28 août 2009, 19:14   Re : Cinq Bunkers
On joue sur les mots; je vois plus de l'inertie dans le nombre que de la dynamique. J'entendais aussi sociétale, culturelle, scientifique. Surtout scientifique. Il est vrai que nos institutions sont fragiles face au nombre et au fanatisme.
Utilisateur anonyme
28 août 2009, 19:14   Re : Cinq Bunkers
« D'ailleurs si vous allez sur les sites musulmans, la perspective d'une France islamique n'y fait plus aucun doute. Les divergences concernent seulement le temps qu'il y faudra. »

Exactement. C'est tout à fait l'impression que cela donne, quand on se promène un peu sur le Net.
28 août 2009, 20:17   Re : Cinq Bunkers
» Les Etats-Unis, cher Jmarc, sont, à mon sens, un très mauvais exemple. Ils sont devenus une nation homogènene à partit du moment où les indigènes indiens ont quasiment été exterminés.

Il me semble que le problème "communautaire" des États-Unis ne concerne plus les Amérindiens depuis longtemps, il suffit de se promener dans les rues de Washington pour le constater...
28 août 2009, 20:35   Re : Dessus de cheminée
» On ne sait rien de ce que sont capables nos contemporains (et très peu nous-mêmes). Ils se reproduisent sans naître vraiment. Ils vivent sans connaître la mort (la mort donnée comme la mort-don de soi) qu'ils nomment de ce terme monstrueux: fin de vie.

Il y a seulement 65 ans, de jeunes volontaires de vingt ans prenaient cinq bunkers allemands en une journée


Apparemment, vous faites de l'homme d'aujourd'hui une effigie modelable à souhait, totalement dépendante de son époque, de ses mots d'ordre et circonstances, tant idéologiques que matérielles.
Il est douteux qu'en trois générations les hommes aient sur ce point fondamentalement changé.
Ce qui veut dire que le reproche que vous adressez aux contemporains est précisément ce qui garantit leur héroïsme possible, pourvu que l'air du temps change, et les circonstances l'exigent.
28 août 2009, 22:33   Re : Dessus de cheminée
Il y a une part de mystère qui est la part plastique du fait humain (mou et pliant aux circonstances mais gardant pour lui les limites extrêmes de son ressort, l’homme est rétif aux définitions que les circonstances imposeraient à sa nature, et jamais ne se laisse enfermer par la définition de ce qu’il ne peut pas faire – il peut à peu près tout et laisse aux circonstances sur lesquelles il exerce sa maîtrise limitée, le soin de borner son omnipotence, sa surprenante, indéfinissable force).

Je ne sais bigrement pas ce dont nous sommes capables ; ces héros ne le savaient pas davantage. Des troupes de chocs, des régiments de légionnaires et Raoul Salan et ses hommes, prirent cette semaine-là des positions imprenables, tout autour de Toulon, Hyères et La Garde (que le jeune Bonarparte avaient jadis enlevé aux Anglais, avant de connaître la carrière que l’ont sait). Toulon et Hyères sont crénelés de forts imprenables, construits, bichonnés par l’armée française elle-même ; imprenable est un mot faible. Ils furent imaginés, dans un demi millénaire d’histoire militaire française, pour nous protéger des Sarrasins, puis des Anglais (à qui Toulon se livra, avant que Bonaparte n’en décide autrement). Or voilà ces jeunes vaillants de l’armée de De Lattre, vingt ans d’âge, debout sur le Georges Lègue, canonnés par la terrible Allemagne, qui le matin du 15 août, fête de la Vierge qui brille au-dessus de Cannes, chantent la Marseillaise, approchent des côtes et, venus de Corse et de Tunisie, débarquent. Et partent à l’assaut de ces positions, que les Allemands, soldats intelligents, pratiques, fins comme des Français, increvables comme le fer, avaient faites leurs, sous un déluge de feu. Et voilà ces « jeunes » qui emportent ces positions, tuent ou font lever les bras sur la tête à ces invincibles Allemands. Et voilà la race des seigneurs, doigts croisés sur la tête, poches vides, chemise flasque, désarmés, qui défilent devant eux, à coups de pied au cul.

Où sont les circonstances ? où sont les hommes ? Les Allemands, obéissant au chef, n’ayant plus rien à perdre si ce n’est leur peau, ne devaient rien lâcher, leur avaient tiré dessus pour, non pas sauver l’Allemagne et la gloire erronée dont l’avait habillée son chef à moustache, mais sauver la peau qui habillait encore la chair de leur dépouille en sursis.

Vous dites qu’il est douteux que les hommes, en trois générations aient « sur le point de leur réponse plastique aux circonstances », changé. Je crois que le ressort humain, celui qui se plie et répond aux circonstances, est si profondément seul et de ce fait même, exposé à l’usure que oui, sa fatigue modifie l’homme générationnel, et que les hommes que nous sommes sont étrangers à ces héros, aussi étrangers à eux qu’à ceux qui en 1757 disputaient le continent américain aux Anglais et aux Iroquois. Je nous crois, non pas incapables de hauts faits d’armes, ce serait peu dire, non plus que « capables de rien », mais bien plutôt incapables d’être et de mourir dans l’action, dans le sens-action, simple et irréductible, celui qui, irréductible à l’acte qui le porte, ne se justifie point autrement que dans l’absurde don, couvert et porté par le sens futur, soit l’étendard.

Par quelles voies, quel ressort l’homme change, et si nous trouvons ce ressort, qu’est-ce qui nous interdit de lui accorder que trois générations peuvent nous changer ? L’homme, dans la paix et la satisfaction paisible de soi, change plus vite, et tout aussi fondamentalement que dans la guerre. Chose curieuse, la guerre lave cet homme paisible de ces réels changements et le ramène au premier homme, sensible aux circonstances.

La plasticité définit cet homme et sa nature profonde reste mystérieuse. Elle le restera. Il nous reste à la connaître, à la servir, et, tant que nous ne la connaîtrons pas complètement, à nous en servir, en concurrence avec les âges, l’Histoire et le reste des hommes.
Bien cher Francis,

Je suis persuadé qu'il est très difficile de préjuger des réactions d'un peuple.


Regardez l'Espagne de 1936. Depuis quarante ans, l'Espagne allait de désastre en désastre, au prix d'un grand ridicule. La valeur militaire des Espagnols était considérée comme nulle. Or, les combats de 1936 et de 1937, surtout, furent d'une extrême violence malgré la faiblesse du matériel... et cette violence était dans les deux camps.

Regardez aussi les explosions de violence à Ceylan et au Cambodge, alors que les peuples présents n'avaient pas la réputation d'être des fanatiques...
Oui et non, mon bien cher Jmarc, d'abord parce que peuple il n'y a que de problématique, comme vous-même le reconnaissez en affirmant que nous évoluons dans ce pays vers "deux France". Je ne crois pas que la France soit l'Espagne, elle ne le fut jamais: la France ne fut un peuple qu'à travers son Etat et son projet national. Elle vint à exister plus tôt et plus charnellement que l'Allemagne, et aussi, par cela même, plus durablement mais cependant, elle ne fut jamais l'Espagne; ainsi, l'avenir, le devenir et les réactions du peuple de France, peuple que plus personne aujourd'hui ne connaît ou ne veut subsumer, sont inconnus de tous. L'histoire, de ce fait acquiert un poids particulier, un poids d'enseignement. Pétain, Laval et leurs hommes ne se doutèrent jamais que de jeunes hommes (qui devaient être les concepteurs politiques de la France d'après - Giscard, Poniatowski, etc. avaient été des hommes de De Lattre) refonderaient traitreusement, créativement, fidèlement, la France en montant dans les chars des libérateurs venus de la rive sud de la méditerranée. Le destin français encore au 20ème siècle, retombe sur ses pieds, rebondit, trahit, est fidèle, séduit, offre à nouveau son sourire vainqueur, ainsi curieusement et très naturellement. Pourtant, la suite de cette histoire a usé cette essence. La paix, lourde, travailleuse, use les essences, l'affaiblit, est sujette aux dépens, façonne la dette historique, si bien que les héros de la guerre d'hier ne reconnaissent plus rien dans la fausse paix régnante. Je ne vois aucun peuple français du XXIe siècle. Je vous lis très bien cher Jmarc: disant cela je vous dit aussi que je ne vois en lui aucun peuple espagnol non plus.

Nicolas Sarkozy, qui est tout sauf un imbécile, a factorisé ce fait: la France, animal européen central, ne crée de l'Europe, et ne se sauve, qu'en trahissant fidèlement: son Union méditerranéenne est là pour rappeler que des hommes du Sud, en août 1944 vinrent sauver la France d'hommes du Nord.
Utilisateur anonyme
29 août 2009, 12:21   En deçà de la cheminée...
Comme mon titre l'indiquait, je commentais l'intervention de Zendji, et nullement la vôtre, cher Francis



"Pour rendre quelqu'un antipathique, il suffit de ne pas lui donner ce qui lui est dû. Il réclame. On s'obstine. Il en appelle à tous, lasse tout le monde. C'en est fait : il est classé comme emmerdeur, cesse d'être pris au sérieux. C'est ce qu'on voulait."



Montherlant, Carnet XXI.
29 août 2009, 20:35   Re : Dessus de cheminée
Cher Francis, j'aurais envie de vous répondre que ce "ressort humain" dont vous parlez, ou plutôt son degré de souplesse et d'efficace à réagir, est lui-même circonstanciel, c'est à dire qu'il varie à proportion de la plus ou moins grande lattitude laissée à l'individu dans des conditions sociales et politiques différentes.
Ce que vous appelez son usure n'est peut-être que le résultat de la "mentalité" individualo-centriste qui se met en place, semble-t-il irrésistiblement, dans les temps de paix sociale. Cette mentalité vaut alors pour paradigme, pratiquement dans le sens que donnait à ce terme Kuhn, définissant les rapports qu'il est d'usage de considérer comme normatifs entre l'individu et la collectivité.
C'est donc cette plasticité essentielle de la nature humaine, susceptible d'être si bien encadrée par certains paradigmes donnés, qui ne me semble pouvoir avoir changé en trois générations.

Je ne sais ce que vous entendez au juste par "solitude du ressort humain" ; en faites-vous une sorte de donnée autonome, "inconditionnée", une idéalité pour ainsi dire organique subissant l'usure du temps ? Mon hypothèse de travail est que nous recevons à notre naissance un lot d'aptitudes et de fonctionnalités en parfait état de marche, qui en tant que tel ne peut être "fatigué". Mais ces kits d'adaptation et de comportements possibles nous sont livrés avec des modes d'emploi différents, en fonction de ce qu'impose et réclame un milieu particulier.
Bien peu cratylien tout cela...
Cela ressemble un peu à une usure. La paix use les hommes autant que la guerre, moins vite qu'elle, certes, mais sa lenteur particulière est telle qu'elle introduit en eux l'oubli, celui des hommes qui, un temps, se montrèrent capables d'être beaucoup plus qu'on ne leur prêtait, ou que ne leur prêteraient les circonstances. Tout meurt, et à tout prendre la mort cataclysmique et rapide a cet avantage de ne pas permettre l'irrémédiable oubli de ce que l'on fut quand l'on était soi, oubli que la lente paix, au fil de son temps, impose aux hommes. La paix ne conserve rien, pas davantage que la guerre: les hommes de 44 sont mort à notre temps, qui n'en fait rien; et eux-mêmes, en s'abstenant de critiquer ce que nous sommes aujourd'hui, ont consenti à leur disparition, au bienheureux trou mémoriel que leur a aménagé la paix extérieure entre les nations. Ils furent les héros d'une guerre qui n'aura plus lieu, la dernière à opposer des nations occidentales, et qui fut donc, dernière pour de bon, la vraie fin du monde.

Le monde des guerres pour l'être (voir ce qu'on en disait ici récemment) est advenu après cette fin; on va se battre, désormais, pour se définir, s'identifier, imposer un être identifiable et nommable que seul le combat et la victoire auront le privilège de nommer. On se battra pour faire connaître, et, dans le même mouvement, savoir, qui l'on est. Dans ce combat, dont nous n'entrevoyons encore qu'à peine les formes et les modalités, les acteurs qui donneront et accepteront la mort naîtront à eux-mêmes dans cette action. Après la fin du monde (et l'ultérieure "fin de l'histoire" qu'elle a amenée) je ne vois point d'autre guerre possible que de ce type-là, dont étaient, autrefois, les guerres de religion.

De quoi sommes-nous capables alors, et de quoi serons-nous capables ? Les circonstances étant abolies (fin de l'histoire des nations en Europe occidentales) qui auraient pu nous aider à avancer une réponse, seule l'action déterminée et déterminatrice des hommes le dira. L'agir et le potentiel d'action coïncideront pour livrer leur réponse. L'action qui définira les hommes dans cette lutte dessinera seule le profil nouveau de ceux qui en naîtront: héros, gredins, ombres, ils seront et l'on parlera d'eux selon ce qu'ils feront et auront fait. Et ils auront acquis ce privilège des rois qui est de ne rien tolérer de relatif au sujet d'eux-mêmes.
A vous lire, on jurerait vraiment que quelque "soi" qui vaille ne pourrait jamais advenir que dans et par le conflit, que la dernière occurrence estimable de son expression eut lieu en 40, où l'on était enfin quelque chose (en fait, quelques-uns seulement), plutôt que ce rien humain n'en finissant pas de se dissoudre dans une paix torpide autant qu'illusoire, finalement...
C'est une vue assez restrictive.
En se battant l'on est, et ne se battant plus on se perd, ce qui provoque le prétexte idéal au déclenchement d'une nouvelle guerre, de définitions celle-là, seule échappée identitaire possible dans le néant nombriliste de nos consciences emasculées, je ne sais pas... Francis, vous êtes une nature agoniste.
Et si nous avions d'autres chats à fouetter ?
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