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Michel Rocard et la Turquie

Envoyé par Marcel Meyer 
27 septembre 2009, 10:20   Michel Rocard et la Turquie
« La situation en Turquie s’est beaucoup détériorée, (…) l’opinion pro-européenne est tombée sous les 50 %. Tout cela est grave, car l’Europe n’a pas un voisinage paisible. (…) la perspective de changer les habitudes turques, car la Turquie n’est pas une démocratie depuis longtemps, n’est pas la tradition chez eux. Il faudrait une forte pression européenne pour qu’ils changent d’attitude sur le problème kurde, qu’ils traitent le dossier chypriote dans des conditions équilibrées, et laissent l’histoire établir ce qu’il s’est passé en 1915 avec les Arméniens. Tout cela choque la communauté turque. (…) Le pays pourrait se refermer sur une identité plus musulmane, plus dure et moins soucieuse de la démocratie. Tout cela est très alarmant. »

Conclusion de Michel Rocard : « Il est de plus en plus urgent de reprendre le processus d'adhésion de la Turquie à l'UE. » Il est du reste plutôt optimiste : « Je pense que M. Sarkozy peut prendre conscience que, les choses s’aggravant, il faut laisser faire le processus. (…) J’espère que [ le moment venu, il n'y aura pas de référendum en France sur l’adhésion de la Turquie ]. Le référendum est une offre aux médias pour manipuler des symboles. Ce n’est plus du tout la démocratie, c’est le coup de force, l’intimidation sur des tabous. »

Comment les hommes politiques, y compris les plus honnêtes et les plus intelligents, tournent le dos au bon sens et à la démocratie.

C'est ici.
27 septembre 2009, 10:29   Re : Michel Rocard et la Turquie
Oui c'est vraiment inoui de voir comment nos élites n'emploient que des arguments négatifs pour justifier l'adhésion de la Turquie. Pas une seule raison positive n'est avancée pour légitimer l'entrée de ce pays dans l'Union Européenne.

Au nom de quoi devrait-on obliger les Turques à adopter nos valeurs démocratiques et surtout faire pression sur eux pour qu'ils changent d'attitude.

Pauvre Rocard il ne voit même pas qu'il déraille complétement ...
27 septembre 2009, 11:34   Re : Michel Rocard et la Turquie
Ce que je trouve extraordinaire dans son raisonnement, c'est que plus la situation en Turquie est mauvaise, plus sa ré-islamisation progresse, plus il est urgent qu'elle soit intégrée, comme s'il était évident que c'est l'Union qui transformerait la Turquie alors que tout montre que ce serait presque à coup sûr l'inverse : il suffit de regarder les Turcs émigrés. Il ne semble même pas se poser la question. Sont-ils aveugles ou cyniques à un point inimaginable ?
Utilisateur anonyme
27 septembre 2009, 11:41   Re : Michel Rocard et la Turquie
"Le référendum est une offre aux médias pour manipuler des symboles." C'est comme les élections. Sacré Rocard.

Le président arménien Sarkissian va aller le 14 octobre assister à un match de football en Turquie. La parlementaire turque Canan Aritman l'a déjà informé qu'il serait "aggressé par des manifestations imprévues". Cette députée du parti du Peuple Républicain (opposition) s'était déjà illustrée par ses propos sur la prétendue origine arménienne de la mère du Président turc Abdullah Gül.
Ah ! Le ton de voix et le débit de Michel Rocard, ce sempiternel air satisfait, douloureusement satisfait, comme fatigué de devoir exposer ses lumières, ayant saisi ce que les autres n'ont pas vu, les pauvres, cet air de sauce pragmatique de celui qui ne se fait pas d'illusions, qui veut toujours faire "redescendre sur terre" ces farceurs de Français ou, maintenant, d'Européens, cette extraordinaire et prestigieuses toge de cuistrerie experte dans laquelle il se drape depuis des années qu'on le voit grimper des escaliers ministériels, descendre des perrons, une sacoche pleine de dossiers à la main authentifiant le "gros bosseur", quel cinéma que cet homme ! Il faudrait un nouveau Roland Barthes pour augmenter les Mythologies d'une entrée "Michel Rocard".
Utilisateur anonyme
27 septembre 2009, 12:29   Re : Michel Rocard et la Turquie
Oui, jamais compris comment Finkielkraut le prenait tellement au sérieux.
27 septembre 2009, 13:39   Re : Michel Rocard et la Turquie
Sarkozy se sert de Rocard comme de Besson, Lang, etc, car il considère, au fond, que l'entrée de la Turquie dans l'Europe est inéluctable, comme l'immigration massive est l'avenir de notre pays; pays qu'il connaît mal, qu'il n'aime pas, qu'il confond avec autre chose.
Utilisateur anonyme
27 septembre 2009, 21:13   Re : Michel Rocard et la Turquie
C'est un peu comme lorsque l'on entendait à propos des émeutes de banlieue ou des sifflets dans les stades que la violence, la rage et la haine de la France de la part des immigrés juvéniles montraient bien qu'ils ne sont que trop français, et qu'ils cherchent une reconnaissance de la nation ingrate.
Autre scie pernicieuse, l'impossibilité de stopper l'immigration pour ne pas avoir l'air de "stigmatiser" ceux qui sont déjà là.
Ce genre de raisonnement qui défie la logique ne peut s'expliquer que par le trouble amoureux, l'amour du désastre s'entend.
Comment autant d'inéluctabilité a-t-elle pu naître en l'absence de quelque décision ou volonté politique que ce soit ? Tout n'évolue que par glissement et compromission, il est impossible d'identifier la source positive de ce chambardement. Voilà le grand et tabou paradoxe de ces trente dernières années.
27 septembre 2009, 22:53   Re : Michel Rocard et la Turquie
Pas si illogique ou incohérent que ça, ce pauvre M. Rocard, si bien brocardé : il m'a toujours semblé qu'il se fichait éperdument de la Turquie en fait, mais souhaitait établir une sorte de zone-tampon entre l'Europe et le monde musulman à ses portes, comme on calfeutre les abords et grise une zone mitoyenne entre deux parties antagonistes, pour atténuer l'effet trop brutal de friction à l'intérieur de ce qui est considéré comme son camp propre.
Sous cet angle cela peut se concevoir, mais cette seule possibilité n'est évidemment pas un gage suffisant de la justesse d'une telle conception.
Utilisateur anonyme
27 septembre 2009, 23:49   Re : Michel Rocard et la Turquie
Citation
Tout n'évolue que par glissement et compromission, il est impossible d'identifier la source positive de ce chambardement. Voilà le grand et tabou paradoxe de ces trente dernières années.

Pourquoi serait-ce impossible ? Il suffit, entres autres, de remonter l'historique de la création de l'Union Européenne pour s'en faire une petite idée.
Utilisateur anonyme
28 septembre 2009, 00:10   Re : Michel Rocard et la Turquie

Pourquoi serait-ce impossible ? Il suffit, entres autres, de remonter l'historique de la création de l'Union Européenne pour s'en faire une petite idée.


Cher Phix, je parle de l'adhésion de la Turquie ou de l'immigration de peuplement : de fil en aiguille nous nous retrouvons devant des faits accomplis alors qu'il n'y eu jamais de décision démocratique sur ces matières et que Michel Rocard en est à espérer que le référendum promis soit escamoté. La création de l'Union Européenne, même en lisant les "petits caractères", ne contenait aucune clause d'adhésion turque.
» Pas une seule raison positive n'est avancée pour légitimer l'entrée de ce pays dans l'Union Européenne.

Certains Grecs avancent que le budget militaire de la Grèce en serait divisé par... je ne sais plus combien...
Utilisateur anonyme
28 septembre 2009, 19:35   Re : Michel Rocard et la Turquie
Ce que je voulais dire est qu'il est instructif de savoir que l'Union Européenne est l'aboutissement d'un long processus initié en 1926 par un certain Richard Coudenhove Kalergi (1894-1972).

Voici un extrait de son discours prononcé en 1950, lors de la réception du Prix Charlemagne :

« Le Conseil de l'Europe à Strasbourg, fruit du mouvement Paneurope, est le premier pas vers ce grand objectif. Mais le chemin qui mène à une Europe unie, de l'Islande à la Turquie (ndlr : l'intégration de la Turquie dans l'Europe est déjà prévue !) comme de la Finlande au Portugal, est encore loin. Des années passeront avant que nous puissions l'atteindre. D'autant plus que nous devons mettre nos meilleures forces au service de l'organisation strasbourgeoise afin qu'un jour tous les peuples d'Europe s'associent. »
28 septembre 2009, 21:24   Michel Tocard et la Rurquie
Il l'a initié à quoi ?
Utilisateur anonyme
28 septembre 2009, 21:55   Re : Michel Rocard et la Turquie
Je pensais à l'initialisation et non à l'initiation. Mais je m'aperçois tout honteux en consultant le dictionnaire que ce sens n'existe pas en français. C'est sans doute un anglicisme (provenant de "to initialize") qui s'est subrepticement introduit dans mon esprit. Merci de l'avoir débusqué, cher Renaud Camus.

Je corrige donc :
Citation
l'Union Européenne est l'aboutissement d'un long processus débuté en 1926 par un certain Richard Coudenhove Kalergi (1894-1972).
28 septembre 2009, 23:25   Re : Michel Rocard et la Turquie
Mais débuté non plus ne convient pas, Monsieur : inauguré, commencé, lancé, a pris l'initiative de...
28 septembre 2009, 23:34   Question de verbe
Bien cher Marcel,

.
28 septembre 2009, 23:37   Re : Michel Rocard et la Turquie
Consulter le dictionnaire, c'est bien, cher PhiX, avoir toujours son Répertoire des délicatesses du français contemporain à portée de main , c'est mieux.
Utilisateur anonyme
29 septembre 2009, 00:50   Re : Michel Rocard et la Turquie
J'avoue que je n'ai aucune excuse.
29 septembre 2009, 00:53   Re : Michel Rocard et la Turquie
« Euh, euh, Monsieur PhiX, Monsieur PhiX, vous nous entendez ? »

(Je crois qu'il commence à revenir à lui).
Utilisateur anonyme
29 septembre 2009, 01:14   Re : Michel Rocard et la Turquie
Je vous entends mais je n'ose plus répondre ! Une relecture du fameux Répertoire s'impose, comme un plaisant remède à toutes mes indélicatesses.
Utilisateur anonyme
29 septembre 2009, 08:26   Re : Michel Rocard et la Turquie
Le Répertoire doit devenir une idée PhiX.
29 septembre 2009, 09:56   Michel Tocard et la Rurquie
Oh, vous n'en commettrez jamais plus que moi, et sans doute moins de fautes d'orthographe...
Utilisateur anonyme
29 septembre 2009, 20:20   Et toc à Rocard
Phix, on trouve aussi dans la Wikipédie, en suivant le lien que vous indiquez, une toute autre facette de son projet européen :

Pour diffuser ses idées, il fonde le mouvement paneuropéen, dont le premier congrès, qui réunit plus de 2000 participants, a lieu à la Konzerthaus de Vienne du 3 au 6 octobre 1926. Il choisit comme symbole du mouvement la croix rouge des croisades, symbole le plus ancien d’une union européenne supranationale face à un ennemi commun, sur un soleil d’or, le soleil d’Apollon, qui figure l’esprit européen dont le rayonnement a éclairé le monde entier. Ainsi sont réunies les sources grecques et chrétiennes de l’Europe.
29 septembre 2009, 20:33   Bon sens wikipédiesque
Regardant la notice de ce monsieur, je tombe sur la phrase suivante :

En 1938, du fait de l'Anschluss, il doit se réfugier en Suisse, d'autant que sa femme est juive et qu'il est haï d'Hitler.
Utilisateur anonyme
29 septembre 2009, 21:41   Re : Michel Rocard et la Turquie
Cher Guillaume Audrige, la Grèce antique, et la civilisation européenne à sa suite, prônait un équilibre de la pensée et un respect des limites à ne pas dépasser, loin de toute ubris. Il faut croire que ces références aux sources grecques de l'Europe n'ont pas été très fertiles dans la construction européenne, tant on peine à en distinguer les fruits.
29 septembre 2009, 22:10   Re : Michel Rocard et la Turquie
Cher PhiX, il n'est pas si sûr que la Grèce antique et "la civilisation européenne" prônassent la même chose. Pas sûr du tout.

Oswald Arnold Gottfried Spengler (1880 – 1936) dans Der Untergang des Abendlandes semble même avoir produit la démonstration convaincante du contraire. Le respect des limites, si vous parcourez n'importe qu'elles galeries d'art de Berlin ou de Paris, n'a vraiment jamais été le fort de l'Occident, vous en conviendrez. Il y eut en Occident une mathématique des formes (dont le contrepoint "faustien" de Bach aurait été l'accomplissement selon Spengler), tandis que la Grèce excella dans "la mathématique de la beauté" avec la fresque et la sculpture "apolliniennes" du Canon de Polycleitosqui en représente l'achèvement. Dans les deux cas, la recherche de l'absolu reste une recherche de dépassement, ou tout au moins, de tutoiement des limites.
Utilisateur anonyme
30 septembre 2009, 09:52   Re : Michel Rocard et la Turquie
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
30 septembre 2009, 14:56   Antique Teraillon
Et oui, l'épreuve du pèse-personne remonte à la plus haute Antiquité.
30 septembre 2009, 15:56   Re : Antique Teraillon
Encore qu' Athéna n'ait guère de raison de s'en faire, car elle ne présente vraiment aucune surcharge pondérale.
30 septembre 2009, 21:30   Re : Michel Tocard et la Rurquie
Je ris :

« Pour diffuser ses idées, il fonde le mouvement paneuropéen, dont le premier congrès, qui réunit plus de 2000 participants, a lieu à la Konzerthaus de Vienne du 3 au 6 octobre 1926. Il choisit comme symbole du mouvement la croix rouge des croisades, symbole le plus ancien d’une union européenne supranationale face à un ennemi commun, sur un soleil d’or, le soleil d’Apollon, qui figure l’esprit européen dont le rayonnement a éclairé le monde entier. Ainsi sont réunies les sources grecques et chrétiennes de l’Europe. »
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