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PIE XII - Clarification

Envoyé par Gérard Rogemi 
09 février 2010, 08:50   Re : Persécutions
Citation
Bernard Lombart
Citation
PhiX
Sur le plan théologique, cher Alain, ce que je reproche aux juifs est de ne jamais s'être repenti de la mise à mort de Jésus Christ.

Je rêve !

Ne serait-ce pas plutôt un cauchemar dans ce cas ?
09 février 2010, 09:15   Re : Persécutions
Citation
Rodolphe Braud
Citation
Bernard Lombart
Citation
PhiX
Sur le plan théologique, cher Alain, ce que je reproche aux juifs est de ne jamais s'être repenti de la mise à mort de Jésus Christ.

Je rêve !

Ne serait-ce pas plutôt un cauchemar dans ce cas ?

Le cauchemar de la mise en abîme ?
09 février 2010, 11:12   Re : Persécutions
Un peu comme ces gens qui vous disent que c'est bien grâce à Judas que Jésus, livré au martyre par son truchement, a pu se révéler fils de Dieu, que le traître obéissait de la sorte à une injonction divine et qu'il fut ainsi un instrument décisif du Divin. Pour eux, Judas entre dans le plan, le giron du Divin. Judas ainsi, n'aurait pas été libre de ne pas trahir. C'est la problématique de la théodicée, que Leibniz semblait avoir résolu. Tout devient mise en abîme ainsi: le Mal, finalement, est un bien puisqu'il permet d'instaurer le Bien et de choisir librement la primauté d'icelui.

Seul le diable, qui sépare le Mal du Bien, et retire ainsi au Mal sa fonction d'instrument de justice ultime du Bien, commet l'irréparable, en défaisant l'ordre en gigogne du Mal et du Bien, en rompant leur mise en abîme pour les faire s'affronter. Dans cet affrontement, le Mal n'est adossé qu'au Mal, et l'incertitude du triomphe du Bien au sortir de cette confrontation, est totale. Or il se pourrait que cette totale incertitude ne soit pas condition nécessaire de la liberté. La liberté pourrait s'accommoder de certaines certitudes eschatologiques. La liberté n'aurait pas besoin d'être radicale pour être pleine et l'incertitude absolue pourrait se révéler une cage.

(Jacques Bouveresse donne cet hiver un séminaire et un cycle de conférences au Collège de France sur cette problématique de la liberté et du déterminisme, à recommander à tous - lectures de Leibniz, Georges Canguilhem, La Rochefoucault, etc. )
09 février 2010, 12:14   Re : Persécutions
Citation

Seul le diable, qui sépare...

Dia-bolè, la division, dia-bolos, qui sépare, qui répand la dissension, la calomnie...
09 février 2010, 16:14   Re : Persécutions
Joli, Francis. Si j'avais le temps, j'irais chercher dans Borges, je crois me souvenir qu'il a dit quelques choses intéressantes à ce sujet.
09 février 2010, 17:02   Liberté de Judas
C'est effectivement, bien cher Francis, un bon sujet de méditation.
09 février 2010, 17:10   Re : Persécutions
Oui, je voulais mentionner Borgès mais je ne me suis plus souvenu des références de ce texte sur Judas. Histoire de l'infâmie ? Fictiones ? Quel drame que ce retrait de Borgès de la Pléiade.
09 février 2010, 17:36   Re : Liberté de Judas
Il se pourrait même que ce rouage en gigogne du Mal et du Bien -- le Bien ne saurait se distinguer, s'affirmer sans le Mal qui lui est asservi comme dans un mécanisme d'horlogerie où toute roue à pignons est entraînée par une autre roue à pignon -- rende compte de la nature inclusive du pardon chrétien. Est en effet pardonnable chez les chrétiens ce qui sert ou est susceptible de servir à l'affirmation de la certitude escatologique -- c'est ainsi que le péché, toujours incomplètement déterminé comme Mal absolu (la trahison, l'adultère, le mensonge, la duplicité, ne sont pas absolus, sont relatifs, exploitables par le Bien, enfants déchus du Bien, par nature récupérables dans la mansuétude d'un Créateur bricoleur et ritualistique (cf. Lévis-Strauss), est utile au Bien et la forte probabilité de son pardon en devient indispensable à la doctrine de la rédemption. Le pardon (et avant lui le péché lui-même!) serait donc un maillon, un rouage de ce montage métaphysique chrétien. L'adultère, chez les mahommétans est impardonnable parce que le mahométisme ressort à une autre métaphysique, celle de l'exclusif partage du Mal et du Bien. Ce partage non dynamique y rend le pécheur, au sens strict, irrécupérable, maudit de toute éternité.

Pour le pécheur chrétien, parce que la rémission probable de ses péchés est prévue, non pas dans le code mais par le rite (pénitence et prière), rien ne s'arrête, la vie continue (la vie spirituelle, la vie éternelle, la Vie que la prière nettoie et relance ainsi), si bien qu'il jouit d'une liberté particulière, que l'on pourrait dire à postériori, que seule confère le pardon, même partiel, du péché toujours partiel, jamais considéré péché absolu contre Dieu, départ diabolique contre Dieu. L'incomplétude du péché, l'incomplétude du pardon, voire son caractère conditionnel, font source paradoxale d'une plus grande liberté d'agir et de choix que l'absolu du péché, l'absolu du choix et l'absolu de la pénitence (lapidation pour la femme adultère) des musulmans. La liberté de choix absolue (ayant pour corollaire le découplage absolu du Mal et du Bien) dans un système où Dieu ne reconnaît pas le pécheur comme sien, fait courir un danger de mort (mort spirituelle) au pécheur si bien qu'elle en est, elle aussi paradoxalement, paralysante, qu'elle fait cage, niqab, etc.
09 février 2010, 18:45   Re : Liberté de Judas
Ajoutons que pour certains (dont François Jullien qui se penche sur les arguments des théodicées dans son texte Du mal/Du négatif écrit en 2002 - III. L'assentiment à la vie dans les théodicées ou de l'inconstructible en philosophie), les Stoïciens, Sénèque notamment dans son De providentia, aurait pu (la conjecture est mienne) fournir un socle métaphysique à Paul de Tarse puis à Augustin contre les Manichéens: la vie dans l'incomplétude (qu'entretient la dynamique du péché et de son pardon, aucun des deux jamais complets, toujours pour partie à remettre) reste vie projetée qui rend la finalité possible et s'ouvre à l'escatologie.

On peut seulement regretter que Jullien, initié à la philosophie chinoise, considère, j'exagère à peine, toute théodicée comme perte de temps.

Souvent, Jullien verse dans ce travers: sa forte érudition et ses fines intuitions -- dont certaines n'en paraissent pas moins vaines, comme lorsqu'il s'amuse, barthésiennement, à organiser les logos des Stoïciens et des Manichéens sur les plans de la description émerveillée ou porteuse d'assentiment à l'étant pour ceux-là et du récit qui tranche, scinde le monde et agence les affrontements pour ceux-ci -- lui font perdre de vue le fondamental dans la quête comparatiste qui est la sienne depuis des lustres, ce qui devrait être son mobile premier: qu'est-ce qui a fait la force de l'Occident ? Qu'est-ce qui, dans les philosophies et les spiritualité d'Occident, rendit possible son écrasante domination sur l'Orient ? Voilà la saine question que les Orientaux, du reste, furent les premiers à se poser, et qui n'intéresse Jullien que très marginalement, Jullien que l'on voit presque toujours en entreprise de revalorisation compensière de l'Oriental, aiguillonné en cela par ses éditeurs.
Utilisateur anonyme
09 février 2010, 21:17   Re : Liberté de Judas
Bienvenue au fan club de F. Jullien mon cher Francis !
10 février 2010, 11:01   Re : Liberté de Judas
Goldnadel sur la possible béatification de Pie XII




pour notre débat :

Bibliothèque Médicis


SAMEDI 13 FÉVRIER 2010 / 21H00

Présentation par Telerama :

"Où en est l'Eglise aujourd'hui ? Quelle est sa place dans la société contemporaine ? Jean-Pierre Elkabbach interroge Hans Küng, qui fut l'un des architectes de Vatican II et qui connaît Benoît XVI depuis 40 ans. Il publie le 2e tome de ses mémoires chez Cerf. Philippe Levillain a publié en 2008 «Le Moment de Benoît XVI» (Fayard). Jean-Luc Marion, philosophe proche du cardinal Lustiger, vient d'être élu à l'Académie française. Maxime Rovere a quant à lui publié «Les Méthodes et les Conseils de Spinoza pour exister» (Editions du CNRS)."
.
Voici le lien:
video: [www.publicsenat.fr]

Küng est bien sûr l'adversaire de toujours du cardinal Ratzinger !
13 février 2010, 23:41   Re : PIE XII - Clarification
Adversaires, oui, mais pas de toujours, ai-je entendu. Ils étaient collègues et amis à Tübingen. Küng ajoute que les événements de mai 68 ont effrayé Ratzinger qui n'a même pas voulu terminer son semestre d'enseignement et semble avoir voulu faire carrière dans la hiérarchie ecclésiastique (en somme, le Pape actuel est une lointaine conséquence des manifestations étudiantes de Tübingen). Küng dixit. Ce monsieur est très noble et impressionnant, mais la quantité de lieux communs médiatiques qu'il a déversés m'a un peu déçu. Je n'ai toujours pas compris comment il fait pour associer Pie XII et l'antisémitisme, relation qu'il semble tenir pour évidente et avérée. Il n'a pas réagi quand on lui a fait observer qu'un distinguo s'imposait avec l'antijudaïsme, et l'observation s'est perdue dans le flot de la conversation, très riche je dois dire.
14 février 2010, 00:31   Re : PIE XII - Clarification
Citation
Adversaires, oui, mais pas de toujours, ai-je entendu. Ils étaient collègues et amis à Tübingen.

Collègues bien sûr, amis ils ne le furent qu'un temps très court par contre tous les deux ont été les victimes des violences étudiantes.

Après Tübingen J. Ratzinger a été de 1969 à 1977 professeur de théologie à Ratisbonne et il n'a, en fait, jamais voulu faire carrière dans la hiérarchie catholique mais y fut contraint par Jean-Paul II qui le nomma en 1977 évêque de Munich.

Hans Küng a toujours été le chouchou des médias surtout dans les pays germaniques et la presse majoritairement anti-catholique a fait ses choux gras des disputes entre lui et et le Préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi.

Pour résumer Hans Küng est un Ami du Désastre dans toute sa splendeur.
14 février 2010, 08:22   Re : PIE XII - Clarification
Il semble bien. Pourtant, je le trouvais si digne, si distingué, quand j'ai pris l'émission au vol, que je lui accordais tous les bénéfices du doute, jusqu'à ce qu'il reproche un peu ironiquement à un intervenant de n'avoir pas cité dans son livre deux de ses best-sellers. L'habit ne fait pas le moine.
14 février 2010, 08:46   Re : PIE XII - Clarification
Je n'avais pas vu la dernière mise en ligne par Rogemi de l'interview de Goldnane à mon avis en tous points excellente, . La fin m'a paru particulièrement judicieuse (et pan dans les dents ! me suis-je dit). On espère dans son influence intellectuelle...
14 février 2010, 08:53   Re : PIE XII - Clarification
Hans Küng est un homme rancunier, très rancunier. Il a été le guide aimé de tous les progressistes à l'intérieur de l'Eglise et il doit à la faiblesse insigne de cette institution de ne pas en avoir été expulsé.
14 février 2010, 12:22   Re : PIE XII - Clarification
Hans Küng était l'invité, il y a quelques mois, de Jean-Pierre Elkabach sur la chaine Public-Sénat. Je l'ai trouvé désobligeant vis à vis de Benoît XVI, autant pour la personne que pour la fonction, confusion significative.
14 février 2010, 12:28   Re : PIE XII - Clarification
J'ai vu cette émission, et je suis d'accord avec vous, Florentin. J'ai aussi été frappé de la faiblesse de ses arguments. Je le considérais, jusque là, sans bien le connaître, comme une sorte du gourou de la tendance qu'il représente dans le forum herméneutique. Je l'ai trouvé très décevant.
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