Voici ce que je lis dans les premières pages de
Hygiène et éducation des idiots, publié en 1843 par Edouard Séguin, "ex-instituteur des idiots à l'hospice des incurables - actuellement chargé des mêmes fonctions à Bicêtre" :
"En attendant que la médecine guérisse les idiots, j'ai entrepris de les faire participer aux bienfaits de l'éducation.
Est-il besoin de dire qu'il ne s'agit pas pour eux de l'éducation classique, qui repose sur la mémoire, et se sert des facultés intellectuelles sans s'occuper de leur rectitude et de leur portée plus ou moins problématique.
(...)
Pour entreprendre l'éducation d'un enfant idiot, ou simplement arriéré, il faut posséder une méthode qui tienne compte des anomalies physiologiques et psychologiques, une méthode qui, pour chaque enfant, parte du connu et du possible, si bas qu'il soit dans l'échelle des fonctions, pour l'amener graduellement et sans lacune au connu et au possible de tout le monde. Il faut une méthode qui ne laisse rien au hazard et à la routine, il faut enfin une
méthode positive"
Croirait-on pas jetées là les bases les plus assises de l'idéologie Meirieutique telle que le rejet de toute mnémotechnie, l'"individualisation" des parcours, le dogme de "partir du connu et du possible" ?
(Ajoutons qu' Edouard Séguin, peu satisfait de ses succès en France, émigre en 1850 aux Etats-Unis où l'attend une vraie consécration.)