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Mais bien sûr... 21.04.10 | 17h38
Bêtise que ce titre! Si boycott il y a, il est simplement humain. Un peu de compassion d'une personne vers une autre qui souffre. Pourquoi toujours tourner autour du pot. Il y a des moments où on en a ras le bol.
Pas de commentaire de Cassandre jusqu'à présent mais cet exemple, que je cite ci-dessus, refléte en fait la motivation première des partisans du boycott quand ils ne sont pas violemment antisémites.
Mais pour moi ce qui sent le plus mauvais c'est le caractère unilatéral de la condamnation:
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Ni la Chine, ni la Russie, ni l'Iran, ni tous ces autres pays où règne l'oppression la plus extrême, où la liberté d'expression est soit totalement bannie, soit trop dangereuse pour être pratiquée, où l'exploitation économique des masses est sans limite, où la discrimination raciale, sexiste, ethnique, politique est la norme naturelle aux yeux des gouvernants et des castes majoritaires, ne font l'objet d'un mouvement militant du genre de celui qui aujourd'hui vise Israël.
Vous aurez remarqué la bonne conscience absolue des intervenants du Monde.
Je cite ci-après deux extraits d'un article qui avait à sa parution fait sensation à propos de la visite de Sharon au mont du Temple :
Palestine: l’auberge des imbéciles par Bruno Deniel-Laurent
"Comme le souligne judicieusement
Eric Marty (l’un des premiers à s’être élevé contre le mythe spontanéiste) dans son Bref séjour à Jérusalem (Gallimard) :
«Bien sûr, l’acte de Sharon et son identité n’étaient pas insignifiants. Cette visite était politique. Elle visait, à un moment où le gouvernement Barak s’apprêtait à céder une souveraineté palestinienne sur une partie de Jérusalem, à affirmer symboliquement que le mont du Temple devait, lui, demeurer sous le contrôle de l’Etat d’Israël, seul susceptible de maintenir les droits de chacun et de chaque religion (…) On pouvait bien sûr discuter de l’opportunité de cette visite, à la condition de rappeler, en outre, que cette visite ne fut en aucun cas une visite inopinée, sauvage ou profanatrice.» Le Journaliste ne pouvait pas ne pas omettre ces petits faits têtus. Sa cosmogonie d’irréformable idéaliste lui interdisait par avance d’innocenter une brute galonnée. Sharon souhaitait le durcissement du conflit, c’est une chose admise. Encore faut-il rappeler qu’Arafat, lui aussi, voulait passionnément la guerre et que, contrairement à Sharon, il était au pouvoir lors du déclenchement de la deuxième Intifada.
«La pierre ne ment pas» : elle brille au firmament des barricades et des luttes de Mai, elle est le symbole archétypal des justes causes. Pour le Journaliste, douter de la spontanéité de la guerre des pierres, ç’eût été trahir l’Eternelle Jeunesse et la Révolution. Nuancer, ç’eût été se renier et s’écouler dans le camp de la Répression. Le Journaliste est fondamentalement pauvre en ce monde (sinon, il ne serait pas journaliste) ; il lui était vital d’enfermer l’Intifada Al-Aqsa dans le théâtre balisé de la mystique de participation, assigner aux protagonistes un rôle intelligible et relier le face à face à des schémas historiques connus. Si le Journaliste avait reniflé, dans les caillasses palestiniennes, non seulement la geste héroïque des gavroches orientaux mais aussi l’ombre fabuleusement ARCHAÏQUE de la lapidation, il se serait condamné à sortir de sa confortable bauge nihiliste pour se pencher vers un univers qui lui est à jamais interdit : le Sacré, avec ses lieux, sa temporalité et son langage. S’arrêtant sur la date du 29 juillet 2001 où, un an jour pour jour après le début de la seconde Intifada, des Palestiniens lapidèrent, une fois encore, des fidèles juifs,
Eric Marty note que
«ce n’est pas un acte qui relève d’une conscience populaire moderne et autonome – une révolte populaire – mais un acte qui n’est que la perpétuation d’une tradition archaïque d’arraisonnement à un espace sacré, dont la possession suppose la soumission de tout Autre (…) L’une des raisons pour lesquelles l’Europe parvient si difficilement à imaginer que l’Intifada ne fut pas, dans sa mise à feu, la révolte spontanée de démunis et d’humiliés aux mains nues, mais un acte de pure domination, un acte de violence pure, un ACTE DE MAITRE, c’est que l’Europe, dans le positivisme social qui lui tient lieu de clef universelle, est incapable d’imaginer qu’une communauté dominée économiquement et politiquement soit capable, à un autre niveau, de maintenir des prétentions d’assujettissement et d’exercer des fantasmes de domination, et cela de toute la force et de toute la violence que son apparente faiblesse lui permet de concentrer et de préserver.» On postulera évidemment qu’un ex-élève de l’ESJ [Ecole Supérieure de Journalisme. NDLR d’upjf.org] de Lille ne pourra jamais intégrer ce genre de nuances hautement essentielles.