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Nos chers enseignants

Envoyé par Henri Chatterton 
10 mai 2010, 18:08   Nos chers enseignants
Exemples tirés, au fil de la lecture, de remarques d'enseignants sur des bulletins d'élèves de terminale dans différents lycées généraux, technologiques et professionnels de l'est de la France (bulletins désormais « en ligne », qui exigent donc une saisie sur poste informatique). Je vous fais grâce des phrases où aucun "e" n'est accentué (« l'eleve »), des phrases où la ponctuation est tout simplement absente, et de fantaisies orthographiques mineures (compétances, efféctuer).

ELEVE QUI N'A PAS FOURNIT LE TRAVAIL ATTENDU.

Le travail et sérieu et régulier.

Vous pouvez réussir en vous concentrant d'avantage en classe.

Travaillez d'avantages.

Elève disposant d'un réel potentiel et d'une bonne logique commercial.

Des résultats irrégulier par manque de travail.

Emilie a plusieurs fois manifester un manque de volonté plutot agaçant. [C'est un professeur de philosophie qui écrit ainsi.]

Un bac blanc encouragent.
Je ne voi pas ou et le problaime. La plupar des commentaire sont pourtent positif.
Je trouve cela assez joli... à ce propos, et à la suite des recherches sur "au temps pour moi", l'expression "être monté à son avantage" est du registre équestre, et signifie disposer d'un cheval adapté à votre taille.
Citation
Jean-Marc
Je trouve cela assez joli... à ce propos, et à la suite des recherches sur "au temps pour moi", l'expression "être monté à son avantage" est du registre équestre, et signifie disposer d'un cheval adapté à votre taille.

Parce que certains y voient autre chose ? Mais l'esprit-mal-tourné est partout chez lui alors !
10 mai 2010, 19:46   Re : Nos chers enseignants
Je me rappelle l'époque à laquelle mes bulletins scolaires étaient écrits à la main, à l'ancienne... Après quoi fut le passage à l'ordinateur avec les commentaires des professeurs s'affichant sur le papier dans une froideur toute informatique, sans que l'on puisse reconnaître l'écriture de chacun. Il y avait là, trouvais-je, une vraie perte. Ainsi en est-il sans doute de toute avancée technologique : la praticité qu'elle apporte ne peut se faire qu'au prix de la perte du charme de la technologie précédente, qui résidait justement en partie dans son imperfection.
15 mai 2010, 17:50   Re : Nos chers enseignants
Qui souhaite voir son fils devenir professeur? On attend les réponses! Pourquoi faire un métier de transmetteur quand il n'y a plus rien à transmettre:"Les peuples démocratiques n’ont qu’une estime fort médiocre pour l’érudition, et ils ne se soucient guère de ce qui se passait à Rome ou à Athènes; ils entendent qu’on leur parle d’eux-mêmes, et c’est le tableau du présent qu’ils demandent." Tocqueville
Citation
bellini
Qui souhaite voir son fils devenir professeur? On attend les réponses! Pourquoi faire un métier de transmetteur quand il n'y a plus rien à transmettre.

Vous noircissez le tableau ! Je suis professeur depuis trente cinq ans et toujours heureux de l'être. Il existe encore de bonnes classes avec des élèves auxquels je transmets mon savoir, comme il y a trente ans.
Je suis le premier à déplorer toutes ces réformes pédagogistes qui ont fait tant de mal à notre école, mais tout n'est pas négatif !
Moi aussi, je regrette les bulletins écrits à la main : ils me paraissaient plus humains. D'autre part ils permettaient aux professeurs qui les remplissaient de se voir et de se parler chaque trimestre.
Maintenant chacun est seul devant son ordinateur.
Aujourd'hui les conseils de classe sont devenus des chambres d'enregistrement ennuyeuses : la synthèse est préparée à l'avance par le professeur principal et le plus souvent personne ne dit rien et on passe au suivant.
Il n'y a pas si longtemps, cinq ans il me semble, on élaborait ensemble la synthèse sur chaque élève et il y avait parfois des discussions animées.
Mais malheureusement les technocrates sont passés par là...
Comment ça, "noircir le tableau" ? Mais enfin, on ne l'invente pas, ce qu'on lit ici, et que j'ai déjà lu ailleurs !
Citation
Antoine de Falveras
Comment ça, "noircir le tableau" ? Mais enfin, on ne l'invente pas, ce qu'on lit ici, et que j'ai déjà lu ailleurs !

La réalité n'est pas univoque : elle est multiple et complexe.
Le niveau des grandes écoles n'a guère changé depuis trente ans ; devenir médecin aujourd'hui est probablement plus difficile qu'il y a trente ans et réussir le concours de l' ENAC pour devenir pilote de ligne est une gageure.
Je ne vais pas multiplier les exemples mais vous avez compris qu'il y a toujours formation d'une élite, et que son niveau n' a pas beaucoup changé, excepté en français : on voit aujourd'hui des jeunes médecins faire des fautes de français !
Ce qui a vraiment échoué, c'est l'enseignement de masse : l'objectif des 80% d'une classe d'âge au baccalauréat était une escroquerie morale et intellectuelle et un slogan démogagogique qui a eu beaucoup de succès.
Le baccalauréat représentait pour les français, la clé de la réussite sociale: c'est pourquoi ils ont cru au pére Noël !
Ce slogan imbécile avait pour prémisse que tout le monde a les mêmes capacités intellectuelles : ce qui est une ineptie universalisée par Rousseau et intériorisée par la gauche !
Je réitère mes affirmations : il existe aujourd'hui des classes où l'on travaille sérieusement et où l'on transmet des connaissances avec succès.
Je suis un homme de terrain et je vous parle de ma réalité quotidienne.
Bien cher Geronimo,

Vous avez raison, il est inexact de dire que le niveau global des jeunes ingénieurs baisse. Ils ont du mal à rédiger, c'est un fait. En revanche, ils ont une bien meilleure pratique des langues étrangères, par exemple. Du point de vue de leur technique, je n'ai rien à redire à leur formation, et je puis juger à partir d'un échantillon assez large.
Il faudra donc demander aux jeunes ingénieurs d'écrire et de parler en anglais pour espérer obtenir quelque chose en une langue acceptable.
16 mai 2010, 12:22   Langue acceptable
Bien cher Marcel,

Tout ne tourne pas forcément autour de la langue : il y a quatre-vingts ans les médecins français parlaient un fort bon français, mais la pneumonie vous emportait, en respectant les formes, mais elle vous emportait tout de même.

Vous concevrez que je préfère d'un médecin actuel qu'il maîtrise davantage le Vidal que les Essais de Montaigne.
16 mai 2010, 12:28   Re : Langue acceptable
Certes, et l'on peut du reste très bien soigner les gens en anglais ou même en volapük, à condition toutefois que le patient soit lui-même un peu volapükophone.
De mon point de vue, on demande à un médecin, outre ses connaissances techniques, de maîtriser son jargon professionnel, et de savoir communiquer avec ses patients (qui ne maîtrisent pas forcément totalement la syntaxe). Si le médecin utilise, par exemple, le "ne" explétif, il risque de ne pas être compris.
A ce propos là, je voudrais vous signaler que beaucoup de petits hôpitaux de province ne fonctionnent que grâce aux médecins étrangers dont certains parlent un français approximatif...
Quant aux médecins français, soyons sérieux : les quelques fautes de français qu'ils font, ne les empêchent d'exercer correctement leur métier.
Depuis quinze ans, j'ai vu passer beaucoup d'élèves sérieux et doués, ayant 15 de moyenne générale en Terminale S et qui ont échoué au concours de médecine après deux années de travail intense.
Est-il logique de refuser à ce type de candidats de faire médecin, sachant que l'on va ensuite recruter des médecins étrangers dont la sélection n'est en rien comparable à celle que l'on pratique en France !
Et je ne parle pas des études qu'ils ont suivies ...
On favorise ainsi le Grand Remplacement, peut-être sans le vouloir ???
Utilisateur anonyme
16 mai 2010, 13:56   Re : Nos chers enseignants
Non pas sans le vouloir, en le voulant au contraire, afin d'importer des médecins étrangers financièrement moins exigeants. Dans la médecine comme dans les autres secteurs, l'immigration permet de faire baisser les salaires.
En 2009, le Conseil de l'Ordre aurait agréé près de 7000 nouveaux médecins : 3500 médecins français et 3400 médecins étrangers, venant de pays membres de l'UE et de pays hors UE. Autrement dit, la moitié des nouveaux médecins autorisés à s'installer en France ne sont pas français, ce qui signifie que, dans 20 ou 30 ans, le corps médical en France sera à l'image (actuelle) de celui des éboueurs ou des manoeuvres ou des employés de sociétés de surveillance...
La question qui se pose est : comment en est-on arrivé là ?

L'argument du métier que les Français ne veulent plus faire (argument qui sert sans cesse depuis 40 ans pour justifier l'immigration de peuplement) n'explique pas la situation actuelle, puisque, s'il y a une profession (avec un statut social valorisé) à laquelle les jeunes Français aspirent, c'est celle de médecin : généraliste ou spécialiste. Or, environ 8 de ces jeunes Français sur 10 sont empêchés, non pas d'exercer cette profession, mais d'envisager de l'exercer un jour. Cela a commencé à se faire au milieu des années 1970, quand les économistes de la Sécurité sociale ont imposé à l'Etat le "numerus clausus", sous le prétexte (fallacieux) que l'augmentation des dépenses de santé était consécutive à l'augmentation du nombre de médecins.

La preuve que ce prétexte était faux est fournie par la dégradation constante et inarrêtable des comptes sociaux, et cela depuis l'instauration du numerus clausus, qui n'a servi à rien, sinon à humilier de jeunes Français et à accélérer le remplacement des médecins français par des médecins étrangers, venus du Maghreb, d'Afrique, de tous les pays du monde, c'est-à-dire à étendre à la France un principe qui a été appliqué dans tout le continent africain dès le début des années 1960 : le remplacement des médecins français et étrangers par des médecins locaux, ce que l'on appelait en Algérie ou au Maroc l'algérianisation ou la marocanisation de la médecine, etc. .

Cette politique est suicidaire pour la France et pour les pays d'où la France importe les médecins qu'elle ne forme plus. Au Maroc, la mortalité infantile et celle des femmes en couches sont très élevées pour une raison simple : dans des régions reculées (montagne, éloignement des villes), il n'y a pas de médecin dans un rayon de 100 Km. Pourtant, le Maroc a formé depuis la fin des années 1950 de très nombreux médecins, mais une partie importante de ceux-ci préfèrent exercer en France, aux Pays-Bas ou au Canada, etc. parce que les gains y sont beaucoup plus importants, que les patients y sont solvables (grâce à la CMU, l'AME et la Sécurité sociale) et que les colonies islamiques installées dans ces pays assurent à un médecin du bled une clientèle nombreuse et fidèle.
Pour ce qui est de la France, les études médicales sont excessivement sélectives et exigeantes. Il n'est pas sûr qu'elles le soient autant ailleurs. Il semble qu'en Roumanie, elles ne durent pas plus de 5 ans; qu'ailleurs (en Algérie), il suffise d'un peu de protection ou de "piston" pour y accéder et devenir "docteur", etc. Quoi qu'il en soit, la préférence donnée aux médecins étrangers, qui caractérise le système français, outre que, sur le plan des principes, elle porte atteinte à la Déclaration de 1789 et à la Constitution de la Ve République, en étant une source de discriminations (sélection féroce des Français, pas ou peu de sélection pour les étrangers), n'est en aucun cas un gage ou une garantie de sérieux, de compétences, d'expertise, de savoir-faire, d'éthique, de déontologie. Tout au contraire. Si l'on avait voulu confier la santé des Français à des charlatans ou à des médicastres cupides, on ne s'y serait pas pris autrement.
16 mai 2010, 14:10   Numerus clausus
Bien cher JGL,


Vous êtes lettré, ce n'est pas un compliment en l'air, j'ai lu vos textes.

Nos jeunes médecins, je parle des Français, appartiennent à l'élite intellectuelle, car le niveau des études est vraiment ce qui se fait de mieux, avec les Grandes écoles. Tous les outils de l'enseignement ancien (élitisme, goût de la précision, travail intense, respect des professeurs) sont à l'oeuvre.

Il y a, effectivement, un problème dans leur relation à la culture classique, problème d'autant plus ennuyeux qu'on ne peut le mettre sur le compte d'un effondrement général du niveau, mais bien de l'effondrement du niveau dans un domaine spécifique.
16 mai 2010, 14:40   Re : Numerus clausus
Il me semble, cher Jean-Marc, que votre réponse à JGL est à côté.
Ce n'est pas une réponse, c'est une demande d'avis.
16 mai 2010, 14:56   Re : Nos chers enseignants
Il faut aussi considérer que le Conseil de l'ordre a défendu longtemps un numerus clausus très bas et contribue à la désertification médicale par la revendication de la liberté absolue d'installation qui a pour résultat de créer à la fois un déficit de médecins et une surabondance.
Utilisateur anonyme
16 mai 2010, 15:45   Re : Nos chers enseignants
Il y a aussi le fait que les médecins ne sont pas des fonctionnaires et qu'on ne peut pas les envoyer n'importe où autoritairement. Il a fallu recruter des FFI (faisant fonction d'interne) étrangers justement dans les zones où les médecins français dûment diplômés ne voulaient plus aller (en gros, la très grande couronne parisienne) ainsi que dans les spécialités les moins attirantes, parce que moins lucratives ou plus contraignantes. Et puis, le temps passant, il a fallu transformer ces FFI en authentiques médecins...
16 mai 2010, 16:04   Re : Nos chers enseignants
La médecine se veut libérale pour l''installation mais ne rechigne pas à recevoir ses subsides de la sécurité sociale, ce qui devrait normalement inciter à des compromis dans l'intérêt des patients. Mais rien n'est imposé, on ne va pas s'aliéner cette clientèle électorale... C'est d'ailleurs une grande difficulté d'imposer même des gardes, y compris là où il y a pléthore. Prière de programmer ses problèmes de santé en dehors des week-ends et des fêtes....
16 mai 2010, 16:06   Sécurité sociale
En même temps, elle impose des tarifs...

Je n'ai pas l'impression que les médecins soient plus malheureux dans le système américain.
16 mai 2010, 16:10   Re : Nos chers enseignants
Au concours d'entrée en médecine (fin de première année) d'il y a cinq ans à Lyon, l'épreuve de culture générale dont la préparation m'a paru sérieuse, comptait pour trente pour cent de la note globale.
16 mai 2010, 17:17   Re : Nos chers enseignants
Ces salauds de Français colonialistes n'hésitaient pas, une fois leur diplôme de médecine acquis, à s'installer dans les douars les plus paumés d'Algérie où ils n'avaient pas l'impression de perdre ni leur temps ni leur vie et où ils soignaient les populations avec un dévouement de Samaritain, contrairement aux diplômés algériens qui dès l'indépandance n'ont eu qu'un seul souci : ne pas se retrouver dans le bled et pratiquer si possible à Alger ou à Oran.
16 mai 2010, 17:57   Re : Nos chers enseignants
O tempora ! O mores ! Même le bled de l'hexagone est déserté...
16 mai 2010, 18:58   Re : Nos chers enseignants
Il est exact qu'en zone rurale beaucoup de généralistes ne gagnent pas le smig.
16 mai 2010, 19:10   Gardes
Sans compter le problème des gardes, en milieu rural...

Comment voulez-vous que le médecin rural "s'en sorte" avec des consultations à 22 €, quend vous voyez combien coûte une simple réparation dans un garage ?
16 mai 2010, 19:30   Re : Nos chers enseignants
En fait il gagne je crois le smic horaire mais fait beaucoup d'heures notamment du fait des déplacements. Il n'en demeure pas moins que le corps médical ne paraît pas se sentir vraiment concerné par une amélioration du système de soins et porte surtout son attention sur ses revendications catégorielles. Ils défendent la médecine telle qu'elle est un peu comme des syndicats de fonctionnaires défendent le service public.
Puisque ce fil était consacré aux enseignants au départ, voici une parabole amusante sur notre métier aujourd'hui.

> Enseigner, c’est pas facile…
>
>
En voyant la foule de gens, Jésus alla sur la montagne.
Et lorsqu'il fut assis les douze vinrent à lui.
II leva les yeux sur ses disciples et dit :
« Bienheureux sont les pauvres en esprit car le royaume des cieux leur appartient.
Bienheureux ceux qui souffrent car ils seront consolés.
Bienheureux les doux car ils posséderont la terre.
Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice car ils seront rassasiés.
Bienheureux les miséricordieux car ils recevront la miséricorde.
Bienheureux ceux qui ont le cœur pur car ils contempleront Dieu.
Bienheureux les pacificateurs car ils seront appelés enfants de Dieu.
Bienheureux ceux qui seront persécutés pour avoir choisi la juste cause, car le royaume de Dieu leur appartient. »
Alors Simon Pierre dit : « est-ce qu'on doit apprendre tout ça ?»
Et André dit : « est-ce qu'il fallait l'écrire ? »
Et Philippe dit : « j'ai pas de feuille ».
Et Jean dit : « les autres disciples n'ont pas eu à l'apprendre, eux ! »
Et Barthélemy dit : « est-ce qu'on l'aura en devoir ?»
Et Jacques dit : « est-ce qu'on sera interrogé sur tout ? »
Et Marc dit : « ça sera noté ? »
Et Mathieu quitta la montagne sans attendre et dit : « je peux aller aux toilettes ? »
Et Simon te zélote dit : « quand est-ce qu'on mange ? »
Et Jude dit enfin : « vous avez dit quoi après pauvres...? »
Alors un grand prêtre du temple s'approcha de Jésus et dit :
«Quelle était votre problématique?
Quels étaient vos objectifs et les savoir-faire mis en oeuvre?
Pourquoi ne pas avoir mis les disciples en activité de groupe ?
Pourquoi cette pédagogie frontale ? »
Alors Jésus s'assit et pleura.
16 mai 2010, 20:16   Re : Nos chers enseignants
Très bon !
17 mai 2010, 08:31   Re : Nos chers enseignants
Qu'il y ait encore de bons, et mème de très bons élèves dans certains lycées est indiscutable. Mais les professeurs de ces lycées ont autour de 55 ans. Par qui seront-ils remplacés? Certainement pas par les élèves de ces mèmes lycées qui préfèrent les classes prépas ou la médecine. La prolétarisation de l'enseignement public et privé risque de conduire à un modèle unique de professeur: le besanceno-bien pensant-moralisateur repentant et...sympa .
En lettres, pas de problèmes, on supprime: d'abord l'histoire ( à la fin de l'histoire plus besoin d'histoire ), puis la philo, puis...
Mais en sciences? en maths.... Autrefois un normalien commençait par l'enseignement secondaire, mais aujourd'hui? si vous en trouvez un , il mérite une médaille, mais je doute qu'on en trouve un seul.
La maxime "ab uno disce omnes" est souvent prise en défaut, mais je connais un médecin qui a quitté la ville, où il y avait pléthore de médecins et où il était difficile de se créer une clientèle, pour la campagne, où le besoin de médecins était criant. Je crois qu'il est très heureux de sa décision.
Celle-là, je la garde !
(J'aurais bien vu Jésus se consoler auprès de Marie-Madeleine...)
Un article intéressant du journal Le Monde sur les agrégés qui traduit une certaine réalité.
Il y a trente ans, l'agrégation vous donnait dans un lycée un statut privilègié.
Aujourd'hui, avec la montée de l'égalitarisme dans notre société, être agrégé ne donne plus aucun avantage.
Je me suis même retrouvé une fois, en position d'accusé, à cause de la différence de salaire : " Salaud de capitaliste "...
[www.lemonde.fr]

Les agrégés n'ont plus le moral

Beaucoup de professeurs agrégés estiment ne pas être reconnus et trouvent qu'il existe un écart entre leur formation très pointue et ce qu'il leur est souvent demandé sur le terrain.

L'enquête sur le moral des professeurs du second degré, intitulée " Y a-t-il un malaise enseignant ? " dresse un tableau peu reluisant du moral des agrégés, autrefois aristocratie enseignante du secondaire, et qui se trouvent mis à bas de leur piédestal. Réalisée par la Société des agrégés (8 000 adhérents sur environ 45 000 agrégés en France) qui l'a mise en ligne, vendredi 21 mai, sur son site, elle repose sur les témoignages de plus de 400 de ses adhérents qui ont répondu à son questionnaire. Mais beaucoup de questionnaires retournés étaient inutilisables, car incomplets par crainte de représailles. Ce qui en dit long sur le moral des agrégés.




Première raison du "malaise" : le manque de reconnaissance dans l'exercice de leur métier, ressenti par 81,2 % des sondés qui se trouvent niés dans leur posture d'intellectuels. Les agrégés seraient une caste de "fainéants" (quinze heures de cours par semaine contre dix-huit heures pour un professeur non agrégé) attachée à ses privilèges. "Faux !", répond la Société des agrégés, qui dénonce ces " poncifs " en montrant que ses adhérents sont aussi touchés par la crise qui traverse l'enseignement.

Deuxième raison : l'écart entre une formation très pointue et ce qu'il leur est souvent demandé sur le terrain. Un écart qui s'apparente à un véritable double gâchis, d'abord de temps et de coût investis lors de leurs études, puis de connaissances et de compétences non employées.

Etudiants de haut niveau, ils se sont astreints à passer un concours très difficile à décrocher et permettant, à priori (décret 72-580 du 4 juillet 1972, modifié par le décret 2007-1295 du 31 août 2007), d'enseigner en cycle terminal de lycée, classes préparatoires et enseignement supérieur. Après l'agrégation, certains ont encore passé un DEA ou un doctorat. On comprend alors leur déconvenue lorsqu'ils se retrouvent en collège… qui plus est comme enseignants " titulaires affectés sur zone de remplacement " (TZR), obligés de courir d'un établissement à l'autre plusieurs fois par semaine, au gré des remplacements.

Ce fut le cas de Marie (tous les prénoms ont été modifiés), agrégée de lettres modernes, qui a été " TZR dans 24 établissements différents entre 1999 et 2008 ; dans des collèges, en remplacement de profs qui avaient craqué nerveusement ", témoigne-t-elle.

La Société des agrégés estime qu'en fait, la grande majorité des agrégés sont affectés en collège en premier poste et que, loin d'être une minorité, 22,2 % y enseignent, alors qu'il ne seraient que 2 121 en classes préparatoires. " Ce qui nous a motivés à réaliser cette enquête, explique Jean-Michel Léost, président de la Société des agrégés, ce sont les appels de plus en plus nombreux que nous recevons depuis deux ans de la part d'adhérents qui disent envisager de démissionner. "

DÉTACHEMENT OU MISE EN DISPONIBILITÉ

Selon l'enquête, 45,6 % des personnes interrogées ont été tentées de démissionner et 73,6 % envisagent une reconversion. Les raisons qui pourraient conduire à démissionner sont, à parts égales, le manque de reconnaissance et le stress (70,7 %), suivis de l'insatisfaction intellectuelle. "Agrégée de lettres et ancienne de l'ENS-Ulm, à Paris, j'ai été affectée en 2009 dans un collège ambition réussite et dans un établissement spécialisé avec des handicapés qui avaient un niveau intellectuel de CE1. Je n'étais pas formée à cela. C'est comme si j'avais fait des études pour diriger un département d'une grosse société et qu'on me demande d'être videur. Si c'était pour enseigner ce qu'est un nom ou un article, j'ai perdu beaucoup de temps", se désole Laure.

Aujourd'hui, elle se demande pourquoi elle a étudié la littérature médiévale. Selon l'enquête, le goût pour la matière est en effet la raison première (97,6 %) pour laquelle les enseignants interrogés se sont lancés dans une agreg.

"Beaucoup sentent qu'on leur reproche d'être des intellectuels, alors que c'est le cœur de leur métier", analyse Jean-Michel Léost. Chez l'agrégé, l'argent n'est pas le sujet principal du désenchantement : seulement 29,3 % des personnes interrogées placent les raisons financières au premier rang de leur déception pour leur métier.

Pourtant, certains agrégés gagnent moins qu'un simple certifié. Un agrégé en cours de thèse de doctorat, gagnera 1 693 euros net à plein temps (192 heures/an) quand il est "attaché temporaire d'enseignement et de recherche" (ATER) à l'université, et environ 1 500 euros net (bourse de recherche comprise) s'il effectue son monitorat à l'université à hauteur de 64 heures/an. En lycée, un agrégé titulaire débutera à 1 838 euros net par mois. Rien d'excessif par rapport au nombre d'années d'études.

Beaucoup d'agrégés qui s'estiment déclassés ont recours au détachement ou à la mise en disponibilité. "Agrégée d'espagnol dans un lycée qui pourrait être en ZEP (zone d'éducation prioritaire), j'ai demandé une année de disponibilité. J'en profite pour essayer de devenir traductrice", témoigne Gaëlle.

Mais, finalement, quoi qu'ils en disent, très peu osent démissionner. "C'est difficile de se reconvertir. Et puis ce serait reconnaître un échec et valider ce qu'on me reproche", explique Judith, en butte avec la hiérarchie de son lycée où on lui " reproche à la fois d'être trop compétente et incompétente".

D'avoir trop de compétences pour enseigner des connaissances basiques. Au vu de cette enquête, on ne peut s'empêcher de se demander s'il vaut encore la peine de passer l'agrégation. "Oui, si les textes sont appliqués et que les agrégés enseignent en fin de cycle de lycée, en prépas et dans le supérieur", estime Blanche Lochmann, membre du bureau de la Société des agrégés et auteure de l'enquête.

Marc Dupuis
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