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Humanités en danger

Envoyé par Florentin 
Cette attitude, de la part de fonctionnaires de ce niveau (car j'ai la faiblesse de croire que pour être membre d'un tel jury il faille un certain niveau), est inadmissible.

Un fonctionnaire n'a pas à choisir ses tâches et se doit, suivant un principe constant, d'appliquer les directives qui lui sont données dès l'instant qu'elles ne sont pas à la fois illégales et contraires à l'intérêt public. L'administration est bâtie sur un principe hiérarchique que la syndicocratie sape chaque jour.

Si ces personnes estiment que le Gouvernement a une politique néfaste et incompatible avec les valeurs qui sont les leurs, il leur appartient de se démettre non des fonctions de membre du jury, mais de celles de fonctionnaire et de faire valoir leurs immenses talents dans le secteur privé.

De mon côté, si j'estimais un jour que les orientations du Gouvernement sont incompatibles avec ma façon de voir les choses, je demanderais soit ma mise en disponibilité, soit ma radiation des cadres.
Le Figaro nous dit que M. d'Humières (on se croirait dans Proust) présente les caractéristiques suivantes :

Pour celui qui s'enorgueillit d'avoir enseigné le grec à des classes de soixante-dix élèves dans des banlieues difficiles

Si tout le reste est ejusdem farinae que ces fariboles, le grec et le latin sont mal partis.
05 août 2010, 12:53   Re : Humanités en danger
Citation
Jean-Marc
Le Figaro nous dit que M. d'Humières (on se croirait dans Proust) présente les caractéristiques suivantes :

Pour celui qui s'enorgueillit d'avoir enseigné le grec à des classes de soixante-dix élèves dans des banlieues difficiles

Si tout le reste est ejusdem farinae que ces fariboles, le grec et le latin sont mal partis.

Ne soyez pas mauvaise langue, cher Jean-Marc. Peut-être ce qui est décrit se déroulait-il à Créteil, non loin de la cité des habitants heureux, l'endroit même où Mme Fatou M'Baye "a ouvert une école au Sénégal, joue, à la demande du collège, les médiatrice auprès des parents d'élèves et a trouvé le temps d'élever six garçons dont on apprend, en insistant un peu, qu'ils sont devenus polytechnicien, professeur d'université, architecte, professeur de maths, médecin anesthésiste et avocat".

Pour en revenir à la révolte du jury du CAPES, j'ai plutôt tendance à l'approuver étant donné que pour une fois, il s'agit de tenter d'enrayer la Grande Déculturation plutôt que de l'accélérer. Si le rythme d'allégement des programmes et le pédagogisme béat se poursuivent, nul doute qu'un jour, les professeurs de latin soucieux de remettre l'élève au centre du système en viendront à trouver que le meilleur moyen d'apprendre les déclinaisons sera de les réciter au rythme du slam ou du rap.
appliquer les directives qui lui sont données dès l'instant qu'elles ne sont pas à la fois illégales et contraires à l'intérêt public

Ah bon, parce que réduire les cours de latin et de grec à de vagues séances d'animation pédagogique, et recruter par conséquent de bons animateurs plutôt que de bons latinistes ou de bons hellénistes, vous ne croyez pas, Jean-Marc, que c'est un peu contraire à l'intérêt public ?
Bien cher Chatterton, je pense que le Parti est pour l'ordre et la tradition. Voici comment est rédigé le Statut général de la Fonction publique :

"Tout fonctionnaire, quel que soit son rang dans la hiérarchie, est responsable de l'exécution des taches qui lui sont confiées. Il doit se conformer aux instructions de son supérieur hiérarchique, sauf dans le cas où l'ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public.
Il n'est dégagé d'aucune des responsabilités qui lui incombent par la responsabilité propre de ses subordonnés"


Vous voyez donc que les conditions sont cumulatives. La politique en question est peut être sujet à débat, elle n'est en tout cas manifestement pas illégale.
05 août 2010, 14:57   Re : Humanités en danger
Alors, la Grande Muette, ce n'est plus l'Armée mais l'Education Nationale ?
Je ne dis pas que ces fonctionnaires ne s'exposent pas à des sanctions. Je dis que ce qu'ils ont fait va dans le sens de l'intérêt public. Ils ont protesté par les moyens qui sont les leurs (la démission collective) contre l'éradication programmée du grec et du latin, qui fait partie du grand plan de déculturation de l'école. Il me paraît évident que dans quelques années c'est le français lui-même qui disparaîtra. On cessera d'enseigner la grammaire et l'orthographe. Les « rectification orthographiques » de 1990 vont déjà dans ce sens puisque les fautes les plus courantes ne sont désormais plus des fautes (vous pouvez par exemple écrire exigües et même exigü si ça vous chante).
Bien cher Chatterton, il ne s'agit pas d'une démission collective, puisque justement ils ne se démettent pas de leurs fonctions mais qu'ils refusent une tâche en particulier.
Comment cela, ils ne se démettent pas ?

« ... avons décidé, au nom de toute une discipline sérieusement menacée, de vous présenter collectivement notre démission du jury du Capes de Lettres Classiques à l’issue de la session 2009-2010. »
Mais enfin, c'est grotesque : on dirait que c'est l'Académie française ! ces messieurs et ces dames ne sont pas élevés à la dignité de membre de jury, ils exécutent une tâche pour laquelle ils perçoivent un traitement. S'ils considèrent que ce que fait le Gouvernement n'est que nocence et balivernes, qu'ils partent prodiguer leur savoir dans le privé hors contrat.

Je trouve cela aussi inadmissible que les manifestations de gendarmes, manifestations qui ont ruiné en quelques jours la considération que j'avais pour cette arme.
05 août 2010, 16:18   Re : Humanités en danger
Dans les principes, vous avez sûrement raison, cher Jean-Marc. Dans le contexte précis, non. D'abord parce que le refus collectif d'obéissance est toléré depuis des décennies dans la fonction publique française (le fait que, contrairement à d'autres, nous accordions aux fonctionnaires le droit de grève n'est-il pas déjà en lui-même une incitation à cela ?). Ensuite parce que l'action dont il est question peut très bien entrer dans la catégorie de refus d'instructions de nature à compromettre gravement un intérêt public, c'est en tout cas à mon sens une action qui va dans le sens de l'intérêt public. Et d'ailleurs, la participation à ces jurys constitue-t-elle une obligation statutaire ? C'est à voir.
Bien cher Marcel,


Tout d'abord, sur le ton de la boutade, la tolérance, il y a des maisons pour cela.

Ensuite, les articles L 952-3 et L123-3 du Code de l’éducation font entrer le domaine des examens dans les obligations professionnelles des enseignants.
Confirmé par les arrêts du Conseil d'Etat : 26/07/1996 Janton n°126310 et 22/02/1999 Mme Muguier n°181230.

Par ailleurs, le fond du problème n'est pas là : ces messieurs et ces dames crient maintenant comme chats qu'on écorche, alors qu'ils ont laissé (ou fait) pendant trente leur discipline dépérir. Je ne suis pas convaincu que les professeurs qui ont eu le Capes l'an dernier soient des hellénistes des plus brillants. Le Capes de lettres "2010" n'est pas celui de 1960.
05 août 2010, 16:57   Re : Humanités en danger
Les examens oui, mais les concours ? Je ne sais, il faudrait voir de plus près. Quant à la tolérance, vous esquivez car vous savez bien qu'il y a des milliers de choses qui restent en principe interdites alors que ces interdictions sont tombées en obsolescence depuis longtemps : quand l'adultère a-t-il cessé d'être un délit ? N'est-ce pas en 1975 ? Je n'ai personnellement pas d'opinion tranchée sur la question des droits des fonctionnaires mais si l'on est de votre avis, ce que je conçois parfaitement, il faut commencer par leur enlever le droit de grève. Enfin, ce n'est pas parce que les professeurs (lesquels ? pas tous en tout cas) ont longtemps soutenu la marche à la déculturation qu'il faut s'indigner quand certains entonnent un autre refrain.
L'adultère de la femme a cessé effectivement d'être un délit à ce moment-là, par une disposition législative et non par tolérance. Celui de l'homme n'a jamais été un délit, mais je pense une contravention, et encore à condition que les faits soient accomplis au domicile conjugal.

Pour le fait d'entonner, hé bien qu'ils entonnent, cela ne me dérange guère, mais qu'ils fassent leur travail.

Pour ce qui est du droit de grève, il ne concerne pas les fonctionnaires prêtant leur concours aux activités essentielles pour la Nation et les fonctionnaires d'autorité. Il existe par ailleurs, dans certains services, un droit de réquisition.

Pour l'enseignement, étant donné qu'il existe un enseignement privé, je ne vois pas pourquoi interdire la grève aux enseignants publics (vous savez déjà que je suis très favorable à l'enseignement privé).
Par ailleurs, bien cher Marcel, le texte en cause objet du courroux de M. d'Humières et consorts est un décret. Si un décret ne vous plait pas, il y a une excellente façon de savoir s'il est contraire à l'intérêt public : c'est de l'attaquer devant le Conseil d'État, organisme qui a la meilleure réputation et qui s'y connait fort bien en droit administratif. On ne vote pas des motions de défiance (au fur et à mesure que je relis cet article, je m'échauffe).

Tout cela pour dire qu'on pervertit une bonne idée et un bon sujet (la défense du grec et du latin) par des méthodes qui discréditent leurs auteurs.
Du choix des auteurs : je suis très surpris de voir à côté d'Homère (incontournable, comme on dit) Plutarque. De Démosthène, point, à croire que les orateurs attiques ont été rangés au grenier.

Quant à Catulle, il me semble un auteur des plus appropriés pour la jeunesse.
Bien cher Florentin,


M. d'Humières récidive dans "Le Monde" de ce jour, avec l'article suivant :

[www.lemonde.fr]


J'ai jeté un regard sur les exemples de sujets ("annales zéro", puisque c'est la première fois).

Pour l'admissibilité, il y a une épreuve de français et une épreuve de langues anciennes, toutes deux affectées d'un coefficient 3.

Voici les exemples de sujets de l'épreuve de langues. Je vois mal comment on peut écrire "Il y aura, dès le mois de novembre, un Capes de lettres classiques flambant neuf, sans latin ni grec".

[media.education.gouv.fr]
21 août 2010, 15:37   Re : Humanités en danger
"Supprimer les élèves prendrait du temps, le plus simple est qu'ils n'aient plus de professeurs."

Tout est dit, ça ne va pas assez vite.
Bien cher Florentin,

Seriez-vous professeur de grec ? en lycée ?
21 août 2010, 17:23   Re : Humanités en danger
Non, pas du tout, cher Jean-Marc, mais ces questions sont fondamentales et m'intéressent beaucoup.
21 août 2010, 23:03   Re : Humanités en danger
Je trouve le texte mal écrit et faux. Ce qui s'enseigne encore sous le nom de latin et de grec n'est déjà plus qu'une imposture. Les élèves qui suivent ces cours furent incapables de traduire la devise latine des Lumières que je leur proposai ("Sapere aude") et qui n'est pas bien difficile. Les latinistes savent à peine qui sont Virgile et Cicéron, les hellénistes ignorent Démosthène et Lysias.
Qu'on remplace ces farces par de la culture ancienne, au lieu de faire semblant. Ce qui me peine, c'est l'hypocrisie du texte qui suggère qu'on continuerait vraiment à apprendre latin et grec au collège et au lycée. Or, ce n'est presque plus le cas. De toute manière, il est devenu impossible d'expliquer ce qu'est un accusatif ou un optatif, puisque la grammaire n'est plus enseignée.
Quant à l'argument selon lequel, connaître le latin aiderait à apprendre le français : il est faux. La connaissance du latin éclaire une connaissance préalable du français, elle n'y conduit pas. L'apprentissage de "conducere" n'aide pas à apprendre la conjugaison du verbe "conduire" et ne permet guère d'en deviner le sens.
Latin et grec rendent capables d'étymologie ceux qui les maîtrisent très bien, et qui maîtrisent aussi le français. Qu'on se concentre sur le français, que cette clique de professeurs de lettres n'ont pas assez défendu contre toutes les réformes idiotes depuis 30 ans, refusant dictée et grammaire, etc.
Je rêve de latin et de grec, mais je ne pleurerai pas la fin de la mascarade dont la seule fin est de leur conserver des places.
Virgil,

Vous noterez que je m'étais élevé contre le fait que Humières (d') n'ait pas, dans le texte commis précédemment, fait une quelconque allusion aux orateurs attiques. Le grec sans Démosthène n'a pas de sens.


Par curiosité, je me serais attendu que vous preniez comme exemple l'aoriste, qui me semble être la marque du grec ancien... pourquoi l'optatif ? pour la symétrie avec l'accusatif ?
Virgil,

Cela montre par ailleurs qu'ils ignorent tout de Kant...

Votre histoire de citation me fait penser à un ouvrage de la Hongrie communiste (je lisais à une époque ce que l'est nous faisait passer en traductions, dont le torchon "RDA réalités"). Il s'agit d'une nouvelle de Mora Ferenc, écrite circa 1910.

Un jeune garçon intelligent et pauvre ne peut être admis à l'école supérieure, et il est mis en apprentissage. Il va cependant assister en cachette, en cette fin d'été, aux cours de latin, en écoutant par la fenêtre.

Le prêtre qui dispense ces cours demande aux jeunes bourgeois qui peuplent cette classe de traduire "Unus es Deus", qu'on trouve dans la préface de la Très-Sainte Trinité. Les élèves tâtonnent et trouvent quelque chose du genre "Tu es Un Dieu"... alors, le petit pauvre ne peut se retenir et crie juste avant de s'évanouir : "Tu es un seul Dieu, avec Ton Fils et le Saint-Esprit".

Étonnez-vous avec cela qu'on ne croie pas toujours aux héritiers, et qu'on ait pu croire au communisme.
22 août 2010, 08:19   Re : Humanités en danger
Je partage l'opinion de Virgil selon qui ce qui est enseigné dans les collèges et les lycées sous le vocable "latin" ou / et "grec" est tout ce que l'on voudra, sauf un enseignement suivi, régulier, systématique (bref un enseignement) des humanités ou des langues anciennes.
Le "texte" / "pétition" dans lequel des membres du jury du CAPES expliquent pourquoi ils ont démissionné de ce jury est effectivement faux et plein de mauvaise foi, ce qui n'augure rien de bon de la défense "passionnée" des humanités qu'il est censé susciter. La raison est simple : les démissionnaires font porter sur la réforme des épreuves du concours (placé à Bac + 4 au lieu de Bac + 3 : une année d'études supérieures supplémentaire est exigée des candidats) et sur la "mastérisation" (donc sur le Président de la République, alors que la réforme a été voulue par M. Darcos, que l'on ne peut pas soupçonner de détester les lettres anciennes) la responsabilité du désastre dans lequel s'abîment les humanités (langues anciennes, lettres, langue française, grammaire).

Le débat est récurrent. Il a opposé au XVIIe siècle les jésuites et les jansénistes, alliés de circonstance et pour qui les élites du royaume et de la chrétienté devaient être impérativement formées aux humanités ou par les humanités, aux salésiens, qui jugeaient ces connaissances inutiles dans le cadre d'une instruction de base destinée à tous les croyants ou fidèles, même les plus humbles. Le débat s'est terminé sur un partage des domaines : aux collèges les humanités; aux écoles de paroisse, la lecture, la morale, la religion.
Il a repris au XIXe siècle et pendant la première moitié du XXe siècle, opposant cette fois-ci ceux qui jugeaient que les élites devaient recevoir dans les lycées une formation "moderne", fondée sur les sciences, les mathématiques, les techniques, jugées plus utiles que les lettres pour faire de la France un grand pays industriel, aux partisans des humanités (les lettres, la culture générale, les humanités sont mieux à même que les sciences pour aider de jeunes esprits à maîtriser les langages d'une culture ou d'une société). Ce débat s'est terminé par un partage à peu près équitable de la formation des "élites", suivant le domaine dans lequel celles-ci devaient exceller : sciences, techniques, ingénieries d'une part, lettres, droit, médecine d'autre part.
Ce partage est devenu caduc dans les années 1970. On en connaît les raisons idéologiques : "démocratisme", "égalité de tous devant la culture" (comprendre : puisque la culture est inégalitaire, il n'y a qu'à la réduire au minimum), "haine de soi", "fascination pour la table rase", "pédagogisme", non pas pour apprendre, mais pour formater les apprenants à la nouvelle société "ouverte", "partageuse", "multiculturelle" en gestation, etc. Cette idéologie s'est traduite en lois, consignes, règlements, réformes : 10% Fontanet, lois Haby, réforme Legrand, lois Jospin... En trente ans, le résultat a été le remplacement des humanités par les sciences dans les processus de sélection et les humanités ont été réduites à rien.

Le cocasse de l'affaire est que la plupart des démissionnaires ont approuvé par leur vote ou leur silence ou leurs choix syndicaux ce processus de destruction. Il est probable que certains y ont même participé allègrement en soutenant Jospin, Aubry, Royal, Le Pors, mamère, Voynet ou même Besancenot.
22 août 2010, 08:38   Re : Humanités en danger
J'ai cité l'optatif, parce qu'il est possible de trouver une forme optative dans notre conditionnel et dans notre subjonctif, tandis que l'aoriste n'a pas vraiment de pendant en français (surtout si l'on songe à l'aoriste gnomique qu'on traduit par un présent !). Je voulais simplement expliquer que les professeurs de grec et/ou de latin ne peuvent guère s'appuyer sur de telles connaissances en grammaire françaises : les élèves ne sachant ce qu'est un COD ne peuvent comprendre à quoi sert l'accusatif, ne connaissant plus les formes du subjonctif et peu celles du conditionnel, ils voient difficilement l'intérêt d'un mode optatif.
Imaginez leur trouble quand on aborde le parfait, l'aoriste et le moyen.
22 août 2010, 08:43   Re : Humanités en danger
Il se trouve que j'ai eu l'occasion d'entendre la première signataire de l'article à quelques reprises : voilà une femme très idéologue, qui n'a pas de mots assez durs pour la droite, mais je ne l'ai guère entendu parler contre les socialistes...
22 août 2010, 09:31   Re : Humanités en danger
Citation
Le cocasse de l'affaire est que la plupart des démissionnaires ont approuvé par leur vote ou leur silence ou leurs choix syndicaux ce processus de destruction. Il est probable que certains y ont même participé allègrement en soutenant Jospin, Aubry, Royal, Le Pors, mamère, Voynet ou même Besancenot.

Absolument et c'est cela qui est particuliérement goûteux !
22 août 2010, 13:12   Re : Humanités en danger
Citation

les nouveaux concours, en remplaçant la maîtrise de la langue par une approche culturelle du monde antique (...)

Tout est dit, c'est hélas le sens de l'histoire, et c'est pitoyable.
Il faudra donc aller aux États-Unis pour apprendre le grec ?
(Le sanskrit vient de disparaître de mon université... Des chaires d'éthique se créent...)
Utilisateur anonyme
22 août 2010, 13:28   Re : Humanités en danger
Je confirme qu'on ne rencontre guère d'élèves "latinistes" capables de traduire "sapere aude" ou "cogito ergo sum" dans nos classes. A propos du saccage de l'enseignement de la langue, une amie, professeur de lettres classiques, me confiait récemment que la classe de latin était devenu l'unique lieu dans lequel il était possible de faire apprendre la grammaire française aux élèves. En douce donc, en contrebande presque...
22 août 2010, 14:21   Re : Humanités en danger
Quand j'étais en philo (philo et lettres, section philo pure), nous avions un cours obligatoire de lecture de textes d'Aristote. Ce cours était donné, et cela allait sans dire, sur le texte grec. C'est la raison pour laquelle ce cours était placé au second semestre, de manière à ce que les non-hellénistes puissent prendre des cours accélérés de grec ancien au cours du premier semestre. Actuellement, il n'y a plus, dans les cours sur Aristote, que quelques termes grecs translittérés... Bien entendu, comme vous voyez, "le niveau monte"...
Utilisateur anonyme
22 août 2010, 14:37   Re : Humanités en danger
C'est à dire cher Bernard Lombart, que nous sommes déjà obligés de "translittérer" de courts textes de Descartes ou Bergson...
Utilisateur anonyme
22 août 2010, 14:50   Re : Humanités en danger
(Message supprimé à la demande de son auteur)
22 août 2010, 15:09   Re : Humanités en danger
La plus ancienne chair de sanskrit d'Europe, celle de Berlin, qui fut créée pour Bopp, fut fermée voilà quelques années... Ce n'est donc pas qu'en France !
22 août 2010, 15:11   Re : Humanités en danger
Je confirme ce que dit Fabrice Jakubowicz. Même la langue de Bergson pose des problèmes aux élèves. Ce n'est plus la leur.
22 août 2010, 15:14   Re : Humanités en danger
« Je crois que nous vivons, non pas une décadence ou un effondrement général comme beaucoup de gens le pensent, mais le début de la construction d'une nouvelle grande Tyrannie qui a, me semble-t-il, un programme spontané, lié à ce qu'est devenue la marchandise sur la planète. Ce programme, j'essaie dans La Fête à Venise de l'attraper par un bout très particulier, mais qui me paraît valoir comme métaphore de l'ensemble de la société : qu'est-ce que ce trafic d'art tel que nous le connaissons, très superficiellement, depuis une dizaine d'années ? Je dis métaphore de l'ensemble de la société, car cela vaut pour la littérature, l'édition, la façon dont les gens ne sauront plus lire, dont ils auront un vocabulaire de plus en plus restreint, etc. On pourrait dire que finalement Orwell a été trop simple. Il faut voir la chose dans sa nouvelle complexité. Il n'y a pas quelque chose qui se montre, mais, d'une façon beaucoup plus insidieuse, la construction sourde de cette tyrannie. Pourquoi ? Parce que les gens sont expropriés de leurs propres sensations, de leurs propres réflexions. S'ils ne savent plus lire, s'ils ne savent plus regarder, s'ils ne savent plus sentir, ou s'ils ne savent plus s'observer en train de sentir, leur force de résistance, de révolte ou de contestation s'amoindrit. (...) »
Pilippe Sollers - propos recueillis par Jean-Jacques Brochier et Josyane Savigneau, Magazine Littéraire n°459 - 01/12/2006.
22 août 2010, 16:39   Re : Humanités en danger
Mais voyons , ne désespérons pas ! comme il y a quatorze siècles avec la pensée grecque, les Arabes vont reprendre le flambeau que nous sommes en train de laisser tomber , et comme nous leur avons dû notre première renaissance nous leur devrons la suivante.
22 août 2010, 16:53   Re : Humanités en danger
Ça me rappelle Aristote au Mont St Michel dont nous avons débattu et dans lequel Sylvain Gugenheim montre que les traducteurs arabes étaient chrétiens.
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