Autres déclarations de M. Blair, tout aussi fracassantes, cette fois sur la politique des Conservateurs en matière de criminalité, analysées par
Melanie Phillips.
Traduction par Google et moi :
Fascinante interview que celle de Tony Blair dans le Telegraph d'aujourd'hui, dans laquelle il qualifie la coalition dirigée par les Conservateurs, entre autres, de « laxiste face au crime ».
M. Blair dit qu'il désapprouve fortement la politique pénale libérale de Kenneth Clarke, le ministre de la justice. « Il faut mettre en prison ceux qui méritent d'y être » dit-il, en ajoutant que la Grande-Bretagne devrait prendre exemple sur les pays en développement qui, « tout simplement, n’acceptent pas la criminalité ». « Les familles qui ne fonctionnent pas et produisent des enfants qui, à 14 ans, se poignardent à mort les uns les autres » font « de la vie des gens un enfer ».
Certains peuvent trouver cela étrange ou drôle que Blair vienne ainsi se positionner sur ce qui est communément considéré comme la droite du Parti conservateur en accusant celui-ci d'être trop à gauche. Cela n’a rien d’étrange. Il y a maintenant un vide énorme en Grande-Bretagne à la place qu’occupait autrefois le conservatisme. La raison en est la conviction oiseuse et superficielle de David Cameron selon laquelle les conservateurs devaient adopter l’idéologie de gauche pour avoir une chance d’être élus.
Le Premier ministre ne semble toujours pas avoir commencé à comprendre que c’est précisément à cause de cela que son parti n’a pas remporté une victoire sans partage lors des élections de mai dernier, alors que tout le monde s’accorde à penser que les Travaillistes étant alors en état de faiblesse terminale, elles ne pouvaient pas être perdues. La conviction de Cameron est d’autant plus perverse qu’on le dit obsédé par Blair et sa performance d’avoir réussi à tenir les Conservateurs à l’écart du pouvoir pendant trois législatures successives.
Mais la cause que Cameron attribue à cet exploit de Blair est en réalité l’exact opposé de la vérité. Cameron pense que c'était parce que Blair était en phase avec l’air du temps prétendument socialement libéral, tolérant, large d’esprit de l'époque. En réalité, Blair a gagné parce qu'il était perçu comme étant au diapason d’angoisses socialement conservatrices sur l'atomisation de la société et la désintégration des normes sociales — en particulier sur les questions touchant la loi et l'ordre. Pour commencer, Blair avait après tout remporté la direction du Parti Travailliste en y établissant un accord politique profonde en se plaçant du côté de tous ceux dont les vies étaient rendues intenables par les jeunes délinquants et l’épidémie de criminalité.
Il n'est donc pas surprenant que Blair ait aujourd’hui choisi ce thème pour démolir les Conservateurs — parce que les déclarations paresseuses et stupides de Ken Clarke sur le non-fonctionnement de la prison résument de la façon la plus dure et la plus brutale, le profond mépris que les conservateurs cameronais affichent pour les préoccupations profondes et tout à fait réalistes et justifiées des gens ordinaires, en particulier des pauvres dont la vie est pourrie par la criminalité. S'il y a une chose qui révèle l’indifférence totale des nouveaux conservateurs cameronais pour ceux qui sont au bas de l'échelle, c'est bien ce mépris « éclairé »
de haut en bas [en français dans le texte] affiché par Ken Clarke.
Et de fait, Blair semble maintenant aller encore plus loin que son ancien personnage « sans merci pour le crime, sans merci pour les causes du crime » :
« Il est fascinant de constater que certains des pays émergents ont essayé d'adopter des systèmes renforçant la loi et l’ordre pour en finir avec cette situation. Dans certaines de ces sociétés, ils n'ont même pas ces niveaux de criminalité. Ils sont simplement résolus à ne pas les accepter, et ils ne vont pas les accepter, et nous, nous avons besoin d'un débat sur les mesures à prendre à ce sujet ici. Cela peut signifier qu’il nous faut être beaucoup plus sévère.
... Il faut mettre en prison ceux qui méritent d'y être, mais le problème est beaucoup plus vaste. J’ai parcouru le même chemin que les Conservateurs, croyant qu’il y avait là le symptôme d'une société brisée. » Maintenant, son attitude s’est durcie. Ce qui ne fonctionne vraiment pas doit être « combattu de façon bien plus sévère et plus précisément ciblée ».
D'où l'on peut conclure que, si Blair était de retour au 10 [Downing Street], il s’efforcerait de transformer la Grande-Bretagne en une espèce de Singapour. Le Londres
bien-pensant [en français dans le texte] peut bien s’étrangler d’indignation à cette idée, ceux sur qui la culture britannique de la violence et de la canaillerie se déverse penseront sans aucun doute : « si seulement... »
Malgré toutes les années qu'ils ont consacrées à la déconstruction obsessionnelle de la formidable machine à gagner les élections qu’a été Tony Blair, les Conservateurs n'ont tout simplement pas encore compris. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, Tony Blair a été, et demeure, un personnage hors pair.