Pour M. Gabin, toute l'oeuvre de Daniélou ou plutôt tout ce qu'il a dit de l'Inde trouve son explication dans le rejet du catholicisme intransigeant de sa mère (et de son frère, Jean, le cardinal) et son homosexualité. Il aurait fait de l'hindouisme une religion du plaisir (et entre autres du plaisir homosexuel) en réaction au puritanisme supposé et à l'homophobie de la France des années 20-30. Il en aurait fait aussi un polythéisme par haine du monothéisme maternel. Et, pour imposer à ses lecteurs cette vision de l'Inde, il aurait délibérément trafiqué les textes.
Le problème, c'est que J.L. Gabin n'est en aucune façon un indianiste, qu'il ne maîtrise aucune langue indienne et n'a donc pas la compétence d'aller par lui-même vérifier les textes en, question. Il a donc recours en permanence à l'argument d'autorité (Untel a dit que Daniélou s'est trompé, donc Untel a raison...). Le problème, surtout, c'est que ce livre est un livre de ressentiment comme l'a justement noté M. Lombart, un meurtre du père (spirituel), tellement simpliste et caricatural qu'il rend attachant l'auteur qu'il attaque.
Que l'oeuvre de Daniélou ait peu de valeur scientifique, nul ne le conteste. Mais l'essai de JLG en a encore moins. JLG écrit par ailleurs assez mal, alors que Daniélou, quoi qu'on pense de ses livres, est un authentique écrivain.
J'ai croisé M. Gabin à Bénarès l'an passé (il y réside une partie de l'année). Le personnage m'a semblé profondément déplaisant, et ses sympathies affichées pour l'extrême-droite religieuse (car ce livre a été écrit, aussi, pour plaire aux nationalistes hindous qui ne supportent pas la manière dont les Occidentaux interprètent leurs mythes et leurs symboles rituels, comme le lingam) me le rendent plus déplaisant encore.