L'islam n'a jamais pu, ne peut pas et ne pourra jamais se réformer, c'est une évidence pour quiconque a compris comment il fonctionne. Cela ne fonctionne pas comme une religion quelconque : c'est une idéologie qui a sa logique interne.
Etre musulman, c'est avant tout croire à la shahada (profession de foi) : «
Je témoigne qu’il n’y a de vraie divinité qu'Allah et que Mahomet est son messager. ». Comme tout l'islam est basé sur le Coran et la Sunna, c'est-à-dire sur les paroles de Dieu et de Mahomet, il s'ensuit que si vous croyez en la shahada, vous êtes obligés de mettre en pratique ce qui est inscrit dans les textes, et les textes en question interdisent toute remise en cause. Car dans l'islam, ça n'est pas la foi qui pousse à respecter les règles, comme dans les autres religions, mais la soumission, l'obéissance sans remise en cause qui est un préalable à la foi (Coran, 49, 14 :
"Les Bédouins ont dit : "Nous avons la foi". Dis : "Vous n'avez pas encore la foi. Dites plutôt : Nous nous sommes simplement soumis, car la foi n'a pas encore pénétré dans vos cœurs. Et si vous obéissez à Dieu et à Son messager, Il ne vous fera rien perdre de vos œuvres".) Le Coran étant considéré littéralement comme parole de Dieu, valable en intégralité et de toute éternité, il n'est pas possible de la contester. Il en va de même pour celle de Mahomet, puisque
"Quiconque obéit au Messager obéit certainement à Dieu." (4, 80) et
"Il n'appartient pas à un croyant ou à une croyante, une fois que Dieu et Son messager ont décidé d'une chose d'avoir encore le choix dans leur façon d'agir." (33,36)
Il s'agit pourtant d'une idéologie assez inconsistante : le Coran se contredit lui-même, il contredit la Bible et l'Histoire mais à chaque fois, une parade est trouvée pour masquer l'incohérence : par exemple avec la théorie des versets abrogeants et abrogés (qui permet d'expliquer les contradictions) et avec celle selon laquelle les juifs et les chrétiens aurait falsifié leurs textes (qui permet d'expliquer les divergences entre le Coran et la Bible).
Dans l'islam, tout est fait pour empêcher le croyant de se remettre en cause : il est interdit non seulement de se convertir à une autre religion, de contester ou critiquer le Coran ou le prophète, mais même de lire la Bible ou de se lier avec des chrétiens (
"Ô les croyants ! Si vous obéissez à un groupe de ceux auxquels on a donné le Livre [juifs et chrétiens], il vous rendra mécréants après vous ayez eu la foi." 3, 100). Le simple fait de désirer une autre religion est déjà considéré comme un crime (
"Et quiconque désire une religion autre que l'islam, ne sera point agrée, et il sera, dans l'au-delà, parmi les perdants.", 3, 85).
Les autres religions sont réformables parce qu'elles sont en partie constituées par les hommes au fil du temps (par exemple, dans le catholicisme, le célibat des prêtres ne provient pas des Evangiles, tout comme le dogme de l'Immaculée Conception...). Ce n'est pas le cas dans l'islam puisque toutes les lois remontent à chaque fois au Coran et à la Sunna. Et comme il n'y a pas officiellement de clergé, il est de toute façon impossible que quelqu'un décide d'abroger quoi que ce soit. Car remettre en cause la plus petite chose de l'islam, c'est remettre en cause tout le système : le plus petit changement ferait que tout l'édifice se détricoterait et s'effondrerait comme un château de cartes.
Il peut y avoir, à titre individuel ou collectif, des musulmans modérés ou des pratiques modérées de l'islam mais il n'y a pas d'islam modéré. L'islam appliqué dans sa totalité, c'est l'islamisme, et l'islam pratiqué de façon modérée serra toujours tenté, un jour ou l'autre, de se rapprocher de l'islamisme ; il lui suffit pour cela d'avoir des conditions favorables et d'être réactivé, comme le font actuellement les islamistes. L'islamisme est à l'islam ce que l'arbre est à la graine. Une graine peut rester très longtemps à l'état de graine si elle n'est pas plantée. Mais mettez là dans la terre avec de l'eau et vous aurez toujours un arbre.