Le site du parti de l'In-nocence

« Salauds d’Américains ! Ils votent comme des cochons ! »

Envoyé par Gérard Rogemi 
A lire.

Salauds d'Américains ! Ils votent comme des cochons

Luc Rosenzweig

Pendant longtemps, nos observateurs habituels n’avaient pas voulu y croire : leur icône post-raciale, postmoderne, post-tout, Barack Obama, allait se ramasser une raclée majeure aux élections de midterm. Jusqu’à ce que les sondages, dans une lassante répétition, restent bloqués sur le vert pour les Républicains et sur le rouge pour les Démocrates, on avait espéré, dans les principales rédactions françaises que la « magie Obama » allait transformer à nouveau la citrouille en carrosse. Lorsqu’il s’est avéré que cela ne serait pas le cas, il fallait trouver un responsable à cet incroyable comportement de l’électorat d’outre-Atlantique.

Comme il était inconcevable, pour les obamaniaques officiant chez nous dans la politique et les médias, de formuler la moindre critique de l’action du président des Etats-Unis, il fallait trouver d’autres coupables. « Obama dans la bouse, c’est la faute à Fox News. Le peuple n’a rien compris, à cause du Tea Party ! ».

Le modèle explicatif de cette défaite annoncée a pris le ton, en France d’une virulente dénonciation de cette « Amérique que nous haïssons », que l’on avait cru balayée en novembre 2008 avec la déroute des Républicains à l’issue de deux mandats de George W. Bush. Obama n’allait pas perdre, on allait « l’abattre », comme le titrait dramatiquement Libération à la veille du scrutin.

C’est tout juste si on ne suggérait pas qu’on allait assister à une nouvelle forme de lynchage dont les meneurs seraient Glen Beck, le pittbull conservateur de Fox News, et Sarah Palin, la mama grizzly de l’Alaska. On laisse également entendre que le vieux fond de racisme de la société américaine est à l’œuvre dans cette entreprise de démolition du premier président noir de l’Union…

Obama, trop à gauche pour diriger l’Amérique ?

Et si la vraie raison était tout simplement que la majorité des Américains trouvent que Barack Obama est un mauvais président ? Si on a une lecture « européenne » de ses deux premières années de mandat, on ne comprend pas que les électeurs ne lui tiennent pas gré d’avoir étendu la couverture sociale à plus de trente millions de leurs concitoyens, et d’avoir rétabli l’image des Etats-Unis dans le monde.
Sauf que la classe moyenne a découvert que cette extension de la sécu aux plus pauvres augmentait considérablement les tarifs des mutuelles-santé, puisque ce sont les assurances privées qui sont maintenant contraintes, par la loi, d’offrir leurs services à des gens qui ne peuvent pas en payer le prix. Cela vaut particulièrement pour les gens actifs dans le small business ou les travailleurs indépendants qui estiment, en cette période de crise, n’avoir aucunement besoin de ce surcroît de charges. Le plan de relance, dit « stimulus » n’a pas donné les résultats escomptés en termes d’emplois, en dépit d’une injection de 800 milliards de dollars dans l’économie. Quant à la politique étrangère, dont on a fait dans ces colonnes un examen sans concessions, elle n’a pratiquement joué aucun rôle dans ces élections.
Et si Obama était definitely, comme on dit là-bas, trop liberal, à gauche pour diriger un pays dont les valeurs de gauche ne sont pas ancrées dans les profondeurs du peuple ? Les préjugés dont il a pu être victime au cours de ses deux premières années de mandat tiennent d’ailleurs plus à son image d’intello, prof à Harvard qu’à la couleur de sa peau.

L’échec du Tea Party, un succès pour les Républicains

Et maintenant que va-t-il faire ? Que sera sa vie ? Ses amis démocrates se plaisent à évoquer le scénario de Clinton, étrillé aux midterm de 1994 et réélu triomphalement en 1996.
Peut-être, mais peu probable, à moins que l’on assiste à une rapide amélioration de la situation économique. Tout d’abord une nécessaire lapalissade : Obama n’est pas Clinton, et ne dispose pas de la souplesse idéologique de l’ancien président. Ensuite, son « recentrage » nécessaire pour cogérer le pays avec une Chambre hostile et un Sénat dont il faudra ménager les Démocrates conservateurs peut brouiller définitivement son image et lui aliéner les liberals. Ce sont eux, d’ailleurs qui on causé la défaite d’Al Gore en 2000, en dispersant leurs voix sur le candidat « de gauche » Ralph Nader. Enfin, quoi que puissent penser nos commentateurs patentés, les Républicains ne sont pas des buses. Ils ont tiré les leçons de l’élection de 1996, et ne laisseront pas Obama leur faire porter le chapeau des décisions politiques impopulaires comme Clinton le fit avec succès aux dépens de Newt Gringrich, le président républicain de la Chambre.

Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012, l’état-major républicain peut aussi se réjouir de l’échec relatif des candidats étiquetés Tea Party, qui est la cause du maintien d’une courte majorité démocrate au Sénat. Tous les analystes sont d’accord pour estimer que la défaite de Sharron Angle au Nevada et de Christine O’Donnell dans le Delaware, toutes deux pasionarias du Tea Party a privé les Républicains de ces deux sièges cruciaux, qui n’auraient pas échappé aux candidats plus modérés battus lors des primaires. Il ne reste plus à Obama et ses amis à rêver que sa concurrente en 2012 soit Sarah Palin, jugée plus facile à battre qu’un Républicain mainstream. Un pari risqué, car la dame en question a beaucoup, beaucoup appris ces derniers mois. Les paris sont ouverts, aux commentateurs d’établir la cote…
Utilisateur anonyme
07 novembre 2010, 10:40   Re : Salauds d’Américains ! Ils votent comme des cochons
Echec du Tea Party ? Il me semblait que c'était un succés pour ce mouvement débutant. Le Tea Party est l'équivalent du Parti de l'In-nocence en France, sans compromis et moralement ambitieux. Le but n'étant pas de faire un maximum de voix tout comme certains veulent faire un maximum d'argent. On ne fait pas de la politique pour accumuler des voix tout comme on n'écrit pas des livres pour les vendre.
Mais Monsieur Boursier Luc Rosezweig parle d'échec relatif parce que deux figures de proue du Tea Party ont été battues.

Quelqu'un pourrait-il nous dire si depuis 1945 un président en fonction a à mi-mandat perdu un nombre aussi élevé de sièges de députés ?
Utilisateur anonyme
07 novembre 2010, 13:46   Re : Salauds d’Américains ! Ils votent comme des cochons
En 1997, le RPR, après la dissolution par Jacques Chirac de l'Assemblée Nationale, a perdu la moitié de ses sièges dans cette assemblée.

[fr.wikipedia.org]
Comme le répétait alors un mien voisin agriculteur : « Aussi, dissoudre en début d'été quand on manque déjà de flotte !... »
Utilisateur anonyme
08 novembre 2010, 07:47   Re : Salauds d’Américains ! Ils votent comme des cochons
[drhurd.com]

Rudderless Complaints
Daily Dose of Reason - Society & Culture
Written by Michael J. Hurd, Ph.D.
Sunday, 07 November 2010 01:00
Dear Dr. Hurd: My concern with the Tea Party "uprising" is that they are making demands (reduced taxes/government spending), yet they have not properly articulated just how to go about it. Remember what Ayn Rand said about such rudderless demands; the French people demanded Liberty, and they got Napoleon; the Russian people demanded bread, and they got Lenin; the German people demanded jobs, and they got Hitler.....

Reply: Rudderless complaints and criticisms are no more helpful than rudderless demands. What is the alternative to the direction of the Tea Party? Of course specifics are needed, but the context for the Tea Party, and limited government more generally, is to eliminate or reduce an evil, not to create something proactive. What's needed now is essentially the same thing that the early Americans needed and demanded back in 1776: A severely limited government whose sole purpose is to protect the right of individuals to be left alone.

The Tea Party is a movement, not a political party. It is a movement that seeks to take us in the right direction. For that, it deserves credit and support, if only for that. What I got out of reading Ayn Rand is that limited government is the proper approach to politics. But a limited government implies a particular ethical code: A code of individualism and rational self-interest, not self-sacrifice. Liberals and socialists rely on the code of self-sacrifice when they claim, "Others suffer, therefore you must be compelled to help them." Conversely, individualism implies an opposite moral code: "You're free to help other people, if you want to, and if you can. But you're under no obligation to do so. Your only obligation is to take care of yourself."

The ethical code of individualism implies an epistemological need to think and live a rational life. Individuals and societies can only survive and flourish if left free from force, whether the force be from government or from violent criminals. Those with compassion for the masses should support freedom, individualism and capitalism -- the only system and ethical code which leaves the best and brightest free to create, think and produce. The Tea Party deserves credit for promoting more strenuously than anybody in a long time the proper form of government. But they have said little to nothing about ethics. The ethics is implied. When the liberals and the "moderate" Republicans fight back on the premise of self-sacrifice, that's when it will get interesting. And that will be a crucial time for the Tea Party movement.
Citation
Jean-Philippe Boursier
Le Tea Party est l'équivalent du Parti de l'In-nocence en France, sans compromis et moralement ambitieux.

Je me sens proche de L'In-nocence et éloigné des "Tea Pary", malgré mon goût immodéré du thé.
Utilisateur anonyme
08 novembre 2010, 15:05   Re : Salauds d’Américains ! Ils votent comme des cochons
Le PI souhaite une France respectueuse de son passé, de ses valeurs.
Le Tea Party souhaite que les Etats-Unis retrouvent les valeurs de Pères Fondateurs.

Ces deux recherches réactionnaires ne sont pas les mêmes puisque ces deux pays ont deux histoires propres. Mais il s'agit bien de dire non à l'évolution telle qu'elle va pour un retour à des valeurs correspondantes aux histoires respectives de deux pays, à la base, hautement civilisés.
Je crains, cher Jean-Philippe Boursier, que Sarah Palin ne soit pas appréciée à sa juste valeur en ces lieux, sauf par moi qui l'ai, sous les lazzi unanimes, trouvée gironde.
Citation
l'ai, sous les lazzi unanimes, trouvée gironde.

Wahr, un sacré canon et en plus politiquement elle s'améliore de mois en mois. Dans deux ans elle pourrait en étonner plus d'un.
Je préfère le Pari de l'In-nocence, avec tous ces lapsus on ne sait plus où on en est.
Oui, moi aussi, cela va sans dire, en tout cas pour la politique.
Le PI, suivant en cela les analyses de la presse libérale, a fait le procès de Sarah Palin lorsqu'elle est apparue sur la scène américaine. Mais elle a donné du nerf à la campagne bien ennuyeuse du parti républicain. Elle n'a pas la langue dans sa poche, et pour le reste elle est effectivement très sexy. C'est dire qu'elle est la cible de beaucoup d'ismes: le libéralisme bien sûr, mais aussi le féminisme, et même l'In-nocentisme.
"sous les lazzi unanimes"

Cher Marcel, moi aussi, je la trouve gironde.
Sexy, c'est beaucoup dire...
Utilisateur anonyme
08 novembre 2010, 20:29   Re : Salauds d’Américains ! Ils votent comme des cochons
Si une femme doit réellement sortir gagnante du Tea Party, il me semble que ce doit être Ayn Rand.
Gender: Female
Religion: Atheist
Race or Ethnicity: White
Sexual orientation: Straight
Occupation: Author, Philosopher

On ne sait pas si elle aime le thé.
Utilisateur anonyme
08 novembre 2010, 21:21   Re : Salauds d’Américains ! Ils votent comme des cochons
En résumé, l'origine historique du nom Tea Party : The name "Tea Party" echoes the Boston Tea Party, a 1773 incident when colonists destroyed British tea rather than paying what they considered a tax that violated their right to "No Taxation without Representation." ( source wikipédia )

J'avoue, cher Orimont Bolacre, il existe encore des zones d'ombres sur les goûts d'Ayn Rand... A votre grande frustration, je l'imagine !
Pour rire devinez quel était le montant de cette taxe imposée par la couronne britannique sur les importations de thé ?
Utilisateur anonyme
09 novembre 2010, 07:41   Re : Salauds d’Américains ! Ils votent comme des cochons
eh bien, j'imagine qu'elle doit être très faible en comparaison de ce que nous vivons sans même réagir, n'est-ce pas ?
Le montant de cette taxe était de 3 %.

Faire une révolution pour ne pas avoir à payer 3 % de taxe est devenu aujourd'hui parfaitement incompréhensible pour le tout-venant.

C'est pour cette raison que cette information essentielle est très difficile à trouver (essayez sur Wikipedia et je vous souhaite bonne chance) compte-tenu de la disporportion entre la cause et l'effet. Il m'a fallu aller la chercher dans un livre ce qui m'a pris au moins un quart d'heure.
Heu, I hate to contradict you, cher Rogemi, mais c'est un peu plus compliqué. La taxe townshend était de trois pence par livre de thé, laquelle allait être vendue dans les colonies britanniques deux shillings la livre, ce qui revient en fait à 12,5% du prix de vente, si mes calculs sont exacts. Mais de toute façon la révolte portait plutôt sur le principe que sur le montant, d'autant que le Tea act allait en fait aboutir à une baisse du prix du thé ; il s'agissait plutôt d'une protestation au nom du principe "pas de taxation sans représentation (parlementaire)" : si vous voulez nous taxer, donnez-nous une représentation au Parlement. L'article en anglais de Wikipédia n'est pas mauvais (ici).
Un point d'ordre: ne serait-il pas souhaitable d'encadrer de guillemets la phrase qui fait l'intitulé de ce fil, sachant qu'elle se veut ironique et que dans la nouvelle présentation du site de l' In-nocence, qui lui sert de vitrine, elle apparaît en toutes lettres et prête fortement à confusion en induisant dans l'esprit du visiteurs pressé une vision fausse des positions du PI, ou tout au moins, lui donnant l'impression d'un véritable capharnaüm politique et idéologique ?

S'agissant de cette nouvelle présentation du site de l'In-nocence, qu'on me permette d'ajouter que je ne me reconnais pas dans le consensus enthousiaste qu'elle a suscité. J'espère seulement que ces "améliorations" répondaient à la nécessité de loger des contenus inédits et qu'elles ne sont aucunement le fruit d'une lubie ou l'effet d'un "bougisme" de mauvais aloi.
Citation
La taxe townshend était de trois pence par livre de thé, laquelle allait être vendue dans les colonies britanniques deux shillings la livre, ce qui revient en fait à 12,5% du prix de vente, si mes calculs sont exacts.

Vous avez raison de faire cette remarque car le montant de cette taxe est sujet à polémique mais je le tire d'un livre paru en 1954 écrit par un banquier suisse qui n'était pas un affabulateur et qui connaisssait bien l'histoire américaine.

De plus vous constaterez en lisant l'article de Wikipedia que cette affaire était trés compliquée parce que le thé était également importé par des contrebandiers qui le vendaient largement en-dessous du prix officiel, etc.. etc...

L'important est de savoir que pour les gens de cette époque la liberté du citoyen avait pour corollaire la conviction profonde que cette liberté était incompatible avec la levée de taxes considérées comme tyranniques.
Ce Suisse s'est peut-être emmêlé dans les pence et les shillings (lesquels en valaient douze)...
Cher Marcel,
Il se peut trés bien que mon banquier suisse se soit emmêlé les pinceaux mais je viens de trouver un blog qui traite du sujet et qui en arrive aussi e. a. à 3 % mais également à 8 %, etc... etc...

Research into the Amount of Tea Tax Inspiring Boston Tea Party
Je suppose que les Américains ont conclu de tout cela que l'administration britannique était composée d'incapables en matière fiscale, et qu'il valait donc mieux être indépendants.
Le point d'ordre que soulève Francis me paraît important et à prendre en considération sans tarder.
Utilisateur anonyme
09 novembre 2010, 13:26   Re : « Salauds d’Américains ! Ils votent comme des cochons ! »
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Ayn Rand, quelle drôle de bonne femme,"l'exophtalmique à grands principes", comme l'appelle une mienne amie qui la connaît bien mieux que moi...
Avec cet "objectivisme" si confiant, un peu simplet, de pose marmoréenne d'avoir su percer à jour un ordre immuable des choses, coiffé de l'auréole de la selfishness suffisante et si convaincue de ses droits, envers et contre tout, ne frise-t-on pas quelque chose de l'ordre de la pacotille, comme l'exact contraire des œuvres à visée édifiante de la propagande communiste, mais de valeur équivalente ?
Mille fois d'accord sur ce coup-là avec Alain Eytan: Ayn Rand est une sorte de Catherine Clément américaine, penseuse de pacotille pour wannabe de la modernité newyorkaise bien-pensante. Idéale, Ayn Rand (Any Rant comme l'appelait une amie allemande qui avait eu la chance de ne pas la connaître) dans les programmes de philosophie en option inclus dans les MA du MIT quatre ou cinq années avant le crash du Nasdaq, histoire d'aider philosophiquement les poupons de Wall Street à faire leur beurre avant de prendre leurs cliques et leurs claques et de filer s'installer sur les côtes.
Nous avons tous des amies qui vous dégobillent de l'Ayn Rand au p'tit-dèj, c'est fou ça...
Penseuse, ça fait un peu sparadrap.
Merci de votre explication, cher Didier.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter