Faute de commentaires, je ne sais pas si ces extraits suscitent le moindre intérêt et j'en viens à penser que je suis le seul à leur en trouver, à commencer par cette illustration de l'impossibilité de prévoir correctement ce qui va se passer, petite leçon que chacun, ici et ailleurs, ne devrait jamais oublier.
Je rappelle que les intervenants à ce colloque de "prospective" de 1966 n'étaient nullement des auteurs de science-fiction mais de hauts responsables internationaux, des universitaires, des "rapporteurs" rien moins que fantaisistes. Or, ils se sont trompés, mais en partie seulement. Leurs "prospectives" évoquent les premières mappemondes où l'on distingue tout de même la forme générale des continents, des pays, en dépit d'erreurs grossières. Ce 1/5 ème des hommes entraînés dans un processus de création continue" n'a-t-il pas quelque trait de ressemblance avec cette "hyper-classe" projetée par M. Attali ? le "danger du loisir" ne trouve-t-il pas, aujourd'hui, son incarnation dans le trop fameux "homo festivus" ? La menace sur le travail n'est-elle pas soulignée ? Et la nécessité de "muter" ?
Et cependant, si le "danger de la surpopulation" est mis en avant, je n'ai pas trouvé un traître mot sur le chaos rampant à l'oeuvre dans les mouvements de population devenus incontrôlables. Aucune de ces têtes pensantes (et n'allez pas croire que je les prenne pour des imbéciles) n'a été en mesure de pronostiquer une seule seconde, par exemple, qu'une sorte
d'enclave d'économie et de moeurs chinoises aille prendre racine dans une région italienne comme à Prato, et tel qui, par une étrange illumination, en eût proposé la vision n'eût recueilli qu'haussements d'épaules ahuris ou consternés.
En outre, la lecture ou le feuilletage de ces anciens magazines me semble illustrer l'absence de "plan concerté" dans les affaires du monde et à quel point les dirigeants et les peuples naviguent à vue sans dépasser, au mieux, le moyen terme.
Peut-être le "flirt des élites avec l'Islam", selon l'expression de Cassandre, trahit-il quelque préméditation d'asservissement commode des peuples (les néo-musulmans jouant le rôle de
kapos de l'ultra-modernité, directement ou indirectement (comme on le voit dans le fil "l'Islam conditionne nos existences")), mais cette préméditation ne me semble pas avoir de très anciennes racines et, aussi bien, peut se voir contredite par n'importe quelle nouvelle circonstance.
Ainsi, de toute part, et, peut-être, plus que jamais, chacun loge en lui cette question "Que va-t-il se passer ?" - et dans une mesure qui dépasse de loin les pronostics sur telle ou telle échéance électorale. Encore une fois, n'oublions pas que nous sommes semblables à ces experts de 1966.
Que ne voyons-nous
pas, comme eux n'ont pas vu les transferts de population ? - en dépit de certaines tendances qu'ils devinèrent plutôt bien.