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Férule idéologique

Envoyé par Quentin Dolet 
17 novembre 2010, 14:06   Férule idéologique
Le train arrive à Rotterdam. Par les fenêtres, nous apercevons une mosquée rutilante qui happe nos regards et provoque un certain étonnement parmi la compagnie.

- Hum, il est vrai que les Pays-Bas sont déjà très islamisés, dis-je.

- Oui, enfin, il y a des musulmans aux Pays-Bas ! assène ma voisine d'en face, comme un coup de férule.

Silence gêné. Je ne relève pas. On passe vite à autre chose.
17 novembre 2010, 14:08   Re : Férule idéologique
Et je parie que la voisinne d'en face n'avait pas l'air musulmane pour un sou...
17 novembre 2010, 14:12   Re : Férule idéologique
Voilà ce qui intéresse les djeuns:
Ici
Utilisateur anonyme
17 novembre 2010, 14:21   Re : Férule idéologique
Silence gêné. Je ne relève pas. On passe vite à autre chose.

C'est terrible, tout de même, cette toute-puissance de la doxa antiraciste - hein ? Ne plus oser, ne plus dire, ne plus relever, tourner la tête, changer de trottoir, passer son chemin...
17 novembre 2010, 14:35   Re : Férule idéologique
...Raser les murs. Le lache soulagement. A la recherche du temps perdu ... 1940
17 novembre 2010, 14:55   Re : Férule idéologique
La voisine d'en face, une collègue que je ne connaissais que depuis deux heures, était une jeune française de souche, écologiste militante, adepte du bio, et accro à son portable.

A vrai dire, je n'ai plus vraiment peur d'aborder ces sujets de front, mais la plupart du temps, la bêtise me décourage. Un peu plus tard pendant le trajet, elle a fait de gros yeux lorsque j'ai insisté sur le fait que la "racaille" des banlieues était majoritairement d'origine maghrébine et africaine - mais elle n'était pas franchement belliqueuse comme d'autres soldats de l'antiracisme peuvent l'être. L'affrontement a été évité de justesse.
17 novembre 2010, 16:48   Re : Férule idéologique
L'anecdote relatée par Olivier est, je pense, très caractéristique car elle met en évidence l'incapacité, par beaucoup de gens, d'appréhender les choses à leur juste valeur à propos de certains sujets.

Je pense que, pour beaucoup de gens, le fait d'aborder la réalité à propos de l'islamisation ou du Grand Remplacement provoque un état de dissonance cognitive, c'est-à-dire que face à des faits qui contredisent la vision idéologique de la réalité, l'individu va mettre en place des schémas inconscients visant à éviter l'inconfort provoqué par la remise en cause de sa croyance idéologique.

Cela peut se manifester par un changement sémantique, comme on le voit ici : on ne dit plus "islamisé" mais "il y a des musulmans ici", comme si modifier les mots allait modifier la réalité. Cela peut aussi prendre la forme d'une invalidation de la parole de l'autre, soit en le disqualifiant (accusation de racisme, d'être réactionnaire), soit en fermant la conversation, en passant à autre chose.

Beaucoup de gens sont en effet persuadés que si l'on critique l'islam ou l'immigration, c'est forcément que l'on est raciste. Ca peut être le cas, mais les critiques peuvent également être légitimes : il faut pour cela les examiner en détail pour savoir si ce qui est dit est vrai ou non. Or les bien-pensants omettent toujours cette étape : si on dit certaines paroles, c'est forcément que l'on est facho, et il n'y a plus à discuter. Cette non vérification de la véracité éventuelle des faits exposés permet aux Amis du Désastre de rester confortés dans leur ignorance : ils ne veulent rien savoir de la réalité mais désirent simplement persévérer dans leurs certitudes et le confort intellectuel qu'elles leur produisent. Leur dire qu'ils ont tort, c'est mettre en péril la belle image de vertu qu'ils entretiennent d'eux-mêmes, et cette blessure narcissique est tellement insupportable pour eux qu'ils réagissent par le mépris voire la violence dès que l'on pointe les incohérences de leur discours.
Cette emprise de l'idéologie sur la réalité est quelque chose que l'on voit fréquemment notamment dans le cadre du fanatisme religieux ou de certains totalitarismes : il suffit de voir comment certains intellectuels avaient soutenu les dictatures communistes ; comme l'idée du communisme semblait bonne sur le papier et aller dans le sens de l'humanisme et de l'égalité, toute critique était forcément malveillante, donc fausse.

Ces phénomènes sont d'autant plus durs à combattre qu'ils font appel à l'affect, aux sensations et pas du tout à la réflexion. Pour certaines personnes, le simple fait d'entendre prononcer certaines paroles concernant l'immigration ou l'islam fait qu'automatiquement, ils se mettent à ressentir une sensation désagréable qui fait qu'ils mettent automatiquement la personne qui les a prononcés dans la catégorie "intolérant", sans jamais pouvoir aller au-delà de la réflexion.

Je peux en parler d'autant plus facilement que j'ai moi-même été comme cela autrefois : je pensais que ceux qui critiquent l'immigration le font forcément parce qu'ils sont racistes, et j'étais assez imperméable à la réalité. Je sais quels sont les schémas inconscients en jeu, et je sais aussi à quel point ils sont puissants. Je pense qu'ils forment la principale cause de l'aveuglement des hommes politiques et des "élites" concernant le Grand Remplacement et qu'ils sont d'autant plus durs à combattre qu'ils sont entretenus en permanence par l'idéologie ambiante qui règne dans notre société.

Cela fonctionne de la même manière que pour les sujets tabous : s'ils sont tabous, ce n'est pas à cause de leur nature propre, mais à cause du fait que la société les considère comme tels, et que par conséquent les membres de la société vont sécréter un climat dans lequel l'expression de sentiments allant à l'encontre des normes établies sera considéré comme déviant. En conséquence, chaque individu va ensuite éprouver une gêne vis-à-vis des sujets considérés comme tabous. Cela varie évidemment d'une société à l'autre. Par exemple, dans certaines cultures, il est très mal vue de dire que l'on ne croit pas en Dieu ; ça ne veut pas dire que c'est mal en soit de ne pas croire en Dieu, mais simplement que c'est réprouvé par la morale de cette culture. Dans nos sociétés, il est devenu inconvenant de s'intérroger sur son identité ou de mettre en évidence un recul de cette dernière. Cela ne veut pas dire que c'est mauvais en soi ni même raciste, mais simplement que l'on est dans une culture qui verse de plus en plus dans la haine de soi. L'antiracisme dogmatique a traduit la volonté élémentaire de protéger sa culture en manifestation d'intolérance ou de rejet de l'autre. Du coup, toute volonté de s'affirmer de la part du peuple encore majoritaire est perçue comme du racisme et cela empire de jour en jour. Un cas comme celui de la pseudo-affaire Florent Pagny n'aurait jamais été possible il y a vingt ans : on n'aurait jamais considéré cela comme du racisme à l'époque. Cela n'en était en fait ni hier ni aujourd'hui, mais le phénomène de conformisme idéologique décrit ci-dessus fait que ce genre de paroles est davantage perçu comme insupportable dans la société d'aujourd'hui du fait de la progression des tabous concernant l'immigration.


Pour en revenir au cas de Rotterdam, un article intéressant :
[chiesa.espresso.repubblica.it]
17 novembre 2010, 17:49   Re : Férule idéologique
Félix, vous avez de l'avenir.
17 novembre 2010, 17:57   Re : Férule idéologique
Cher Olivier, abordez le sujet sur des points qui peuvent faire mal : petite carrière à mal car même trés compétent(e) en raison de la discrimination positive le poste est automatiquement octroyé à un incompétent(e) mais visiblement non "européen" en raison des labels, de même pour la scolarité des enfants, les places en crèches (cela s' est plutôt pour les trentenaires), etc...
17 novembre 2010, 19:45   Re : Férule idéologique
Nemesia,

Si vous recherchez à ce point l'efficacité, tenez ce genre de discours quand il n'y a pas de femme de ménage à proximité. Tout compte fait, dans la rue, ce risque est écarté, mais alors, que faire s'il y a un chantier, ou si une benne à ordures passe ? dilemme, dilemme...
17 novembre 2010, 20:15   Re : Férule idéologique
Cher Jean-Marc, ces propos seraient-ils trop terre à terre pour votre goût ? Sinon je ne vois pas le rapport avec les femmes de ménage.
17 novembre 2010, 20:26   Re : Férule idéologique
Nemesia,

Vos propos ne sont pas terre à terre, je n'ai jamais dit cela. Olivier nous parle des tenants de la diversité érigée en dogme, et des malfaisants issus de l'immigration. Lorsque je lis votre propos, j'y vois autre chose : la volonté d'instiller dans l'esprit des gens que vous rencontrez l'idée que les immigrés leur passeraient partout devant.

Je vais donc vous parler clairement : beaucoup de Français n'aiment pas les racailles, mais beaucoup de Français n'aiment pas non plus les façons de faire que votre propos sous entend, et qui sont exactement celles de l'ultra-gauche transposées à l'extrême droite.

A vous de voir si vous voulez soutenir l'idée de la lutte contre le Grand remplacement, ou bien si vous souhaitez rendre cette idée odieuse.
Utilisateur anonyme
17 novembre 2010, 20:53   Re : Férule idéologique
Je vais donc vous parler clairement : beaucoup de Français n'aiment pas les racailles, mais beaucoup de Français n'aiment pas non plus les façons de faire que votre propos sous entend, et qui sont exactement celles de l'ultra-gauche transposées à l'extrême droite.

A vous de voir si vous voulez soutenir l'idée de la lutte contre le Grand remplacement, ou bien si vous souhaitez rendre cette idée odieuse.





Euh BCJM vous ne croyez pas que vous... déraillez un peu, là ? A force de vouloir tellement paraître "différent" et "original" vous perdez assurément toute mesure. C'est qu'on ne devient pas meilleur antiraciste en singeant les mauvaises manières des antiracistes et que la meilleure façon de l'être, c'est de l'être naturellement.
17 novembre 2010, 20:54   Re : Férule idéologique
J'entendais tout à l'heure sur Public-Sénat les commentaires d'un certain Benoît Raisky dont le livre ne prend pas la défense de Sarkozy mais dénonce le fascisme de gauche dans ses menaces criminelles.
Et il n'est pas de Droite
17 novembre 2010, 21:08   Re : Férule idéologique
Je comprend votre point de vue, mais vous vous trompez sur mon compte. Par contre dans ma lutte contre le Grand remplacement je n'ai aucun sentiment de culpabilité, je pense sincèrement que tout "français de souche" doit être prioritaire en France, et je ne serais pas prioritaire dans ce cas. Je ne peux supporter comment est traité le pays qui a accueilli mes parents, ainsi que ses "indigènes". Ces nouveaux arrivants n'ont aucune déférence, respect, gratitude et amour envers la France et les français, pourquoi devrais-je prendre des gants avec eux ?
17 novembre 2010, 22:18   Re : Férule idéologique
Le texte de M. Félix me semble tout à fait matière à revue, puisqu'on nous propose une revue... Je vous en dirai davantage rapidement. Les meilleurs textes du forum, quelques nouvelles d'Orimont Bolacre si on arrive à lui arracher, quelques contributions ad hoc...
17 novembre 2010, 22:56   Re : Férule idéologique
17 novembre 2010, 23:03   Re : Férule idéologique
J'ai lu et relu votre texte, cher Félix. Vous exposez les choses clairement et simplement. Merci bien.
18 novembre 2010, 00:31   Re : Férule idéologique
Je suis particulièrement sensible, dans le texte de Félix, à l'idée que l'antiracisme dogmatique est un conditionnement pavlovien. Il est aisément observable que nos contradicteurs réagissent à un stimulus douloureux dès qu'ils entendent certains mots ou certains discours. Ce stimulus les force immédiatement à combattre la personne qui utilise ces mots et ces discours, exactement comme des chiens sont dressés pour attaquer dans des conditions spécifiques.

Je crois que les personnes nées après 1970 sont plus à même de comprendre les effets de ce conditionnement que les personnes plus âgées, qui n'ont pas subi, jeunes, le matraquage idéologique dispensé par l'Éducation nationale et les médias après les années soixante. C'est probablement le retour de l'histoire refoulée de l'extermination des juifs d'Europe qui explique cette volonté de prévenir toute "contamination" de la jeunesse par la tentation fasciste. On s'est mis alors à faire le catéchisme antiraciste dès l'école primaire, puis en cours d'histoire. On a marqué l'âme des adolescents au fer rouge en leur diffusant Nuit et brouillard ou Shoah, dans le silence recueilli des salles de classes transformées pour l'occasion en caves initiatiques. (L'image produisait bien sûr des émotions terriblement efficaces.) L'extrême-droite était unanimement présentée comme une résurgence de l'Abominable. Les enfants étaient alors bercés par les récits héroïques de la Résistance, et tout naturellement, ils voulaient être du bon côté à tout jamais. A vingt ans, ils voyaient le monde comme la scène du grand combat entre les nazis et les forces de libération. Comment ne seraient-ils pas devenus ces soldats hébétés que l'on nomme aujourd'hui les "antiracistes dogmatiques" ?
18 novembre 2010, 09:56   Re : Férule idéologique
Felix,

Je suis entièrement d'accord avec votre texte. Le passage :

Beaucoup de gens sont en effet persuadés que si l'on critique l'islam ou l'immigration, c'est forcément que l'on est raciste. Ca peut être le cas, mais les critiques peuvent également être légitimes : il faut pour cela les examiner en détail pour savoir si ce qui est dit est vrai ou non. Or les bien-pensants omettent toujours cette étape : si on dit certaines paroles, c'est forcément que l'on est facho, et il n'y a plus à discuter. Cette non vérification de la véracité éventuelle des faits exposés permet aux Amis du Désastre de rester confortés dans leur ignorance : ils ne veulent rien savoir de la réalité mais désirent simplement persévérer dans leurs certitudes et le confort intellectuel qu'elles leur produisent. Leur dire qu'ils ont tort, c'est mettre en péril la belle image de vertu qu'ils entretiennent d'eux-mêmes, et cette blessure narcissique est tellement insupportable pour eux qu'ils réagissent par le mépris voire la violence dès que l'on pointe les incohérences de leur discours.
Cette emprise de l'idéologie sur la réalité est quelque chose que l'on voit fréquemment notamment dans le cadre du fanatisme religieux ou de certains totalitarismes : il suffit de voir comment certains intellectuels avaient soutenu les dictatures communistes ; comme l'idée du communisme semblait bonne sur le papier et aller dans le sens de l'humanisme et de l'égalité, toute critique était forcément malveillante, donc fausse.


Me semble fondamental.
18 novembre 2010, 13:27   Re : Férule idéologique
Olivier, je ne suis pas sûr de bien comprendre votre phrase :
Je crois que les personnes nées après 1970 sont plus à même de comprendre les effets de ce conditionnement que les personnes plus âgées, qui n'ont pas subi, jeunes, le matraquage idéologique dispensé par l'Éducation nationale et les médias après les années soixante.
Ne voulez-vous pas plutôt dire: "Les personnes nées après 1970 ne sont pas à même de comprendre les effets ... parce qu'elles ont subi ..." ? ce qui laisse désespérement penser qu'un conditionnement est indélébile.
J'aurais plutôt tendance à vouloir comprendre : "... sont plus à même d'éprouver les effets ...".

Quant au texte de Félix, en effet , il est remarquablement juste.
18 novembre 2010, 13:39   Re : Férule idéologique
J'ai utilisé le verbe "comprendre" parce que je pensais à l'aveu de Félix, qui déclarait avoir été lui-aussi du côté de l'antiracisme dogmatique, avant de prendre conscience de son propre conditionnement. On comprend ce qu'on a soi-même expérimenté, si vous voulez.
19 novembre 2010, 00:03   Re : Férule idéologique
Cher Félix, je me joins aux félicitations qui je trouve vous reviennent pour votre texte, mais il y a je crois, dans la conduite que l'on adopte face à ce que l'on considère comme réel, un autre élément qui vient se glisser un peu comme un bâton dans les roues, et peut fausser assez singulièrement la donne, en brouillant la transparente adéquation que l'on souhaiterait pouvoir établir entre le jugement et le fait : quand on se prononce non sur ce qui est, mais sur ce qu'on voudrait qui soit.
Autrement dit, les meilleurs Amis du Désastre ne sont pas dyslexiques, ou incapables de voir ce qui contredirait leurs convictions, mais tirent de ces faits des conclusions différentes, déterminées par un jugement de valeur portant sur ce qu'impliquerait selon eux une cession immédiate à leur dictat : ce jugement porte sur qui est estimé par eux comme plus important dans un ordre de priorité axiologique : la défense de sa culture, par exemple, ou le rejet de toute manifestation de xénophobie ou de ségrégation entre les hommes, quels qu'ils soient et d'où qu'ils viennent ; l'attachement à un passé et une identité revendiquée, ou l'idée d'une "universalité" autant que possible réalisée politiquement, etc.
Or vous savez bien qu'il n'y a absolument aucun moyen de fonder un quelconque jugement de valeur, qui détermine toujours en dernier recours la façon dont vous vous prononcerez sur ces questions, sur une prétendue vérité d'ordre factuel, cela n'aurait pas de sens, puisqu'on anticipe alors sur le réel pour le modeler selon ce qu'il n'est précisément pas.
N'oubliez pas que les plus importants principes de l'In-nocence eux-mêmes ne se présentent certainement pas comme une univoque traduction de la réalité telle qu'elle est, mais qu'ils se posent avant tout en devoir-être, et que celle-là , en la matière, promeut justement de plus en plus majoritairement ce que ces principes combattent, serait-ce par goût.
Ceci pour infléchir un peu l'opinion trop droite selon laquelle il n'y aurait strictement d'un côté que des réalistes chaussant les uniques bonnes lunettes possibles, et de l'autre des daltoniens égarés fatalement condamnés à mélanger les couleurs et emmêler nos pinceaux.
19 novembre 2010, 08:31   Re : Férule idéologique
Sans doute, cher Alain, mais Renaud Camus a toujours insisté sur le fait que l'in-nocence n'est pas un état initial, une réalité préexistante, mais un devenir possible (un but déterminé par une axiologie en somme) au prix d'un processus difficile, d'un constant travail sur soi et dont le résultat, les acquis — surtout si l'on se situe à l'échelle collective — restent fragiles et facilement réversibles. Ainsi, l'analyse de la réalité qui sous-tend la démarche in-nocente est-elle par nature "non-idéalisante" : si nous péchons par irréalisme c'est en noircissant le tableau de la réalité d'aujourd'hui. Les Amis du Désastre pèchent évidemment, au contraire, par idéalisation ; mais ce qu'ils idéalisent, ce n'est pas la réalité initiale, c'est celle du processus. Le but est lui aussi déterminé par une axiologie, dont certains aspects ne sont du reste pas si éloignés de la nôtre bien sûr, mais la marche vers ces lendemains qui chantent étant entamée, et depuis quelques décennies déjà, ils doivent en défendre les résultats, même imparfaits, à la fois en embellissant le tableau (la vision bisounoursique, potemkinienne de la réalité actuelle) et en estimant que les imperfections ne sont en somme que des scories de l'ancien monde dont il convient de faire table rase avec toujours plus du même — d'où l'extraordinaire ressemblance de ce processus avec la vision des soviets qu'imposaient naguère les communistes.
19 novembre 2010, 08:41   Re : Férule idéologique
les meilleurs Amis du Désastre ne sont pas dyslexiques, ou incapables de voir ce qui contredirait leurs convictions, mais tirent de ces faits des conclusions différentes

Dites-vous, cher Alain ; aussitôt me revient à l'esprit cette phrase de M. Petit-Détour, cueillie sur un autre fil :

Ces gens sont tout sauf niais. Ces gens ne rigolent pas. Ces gens sont très sérieux et sont à prendre au sérieux. Ces gens sont efficaces. Il n'est que de voir l'état du pays pour s'en rendre compte. Ces gens ont un projet qu'ils mettent en oeuvre dans tous les domaines avec une détermination exemplaire, inexorable...
19 novembre 2010, 09:53   Re : Férule idéologique
"Ces gens ont un projet qu'ils mettent en oeuvre dans tous les domaines avec une détermination exemplaire, inexorable..."

J'en suis absolument convaincue depuis assez longtemps. Et " Ils sont partout " ces catastrophiles !
C'est d'ailleurs un célèbre dissident soviétique qui a mis en garde les Européens en affirmant que l'Europe de Bruxelles, par exemple, fonctionnait exactement comme feu l'Union soviétique !
19 novembre 2010, 10:49   Re : Férule idéologique
Citation
C'est d'ailleurs un célèbre dissident soviétique qui a mis en garde les Européens en affirmant que l'Europe de Bruxelles, par exemple, fonctionnait exactement comme feu l'Union soviétique !

Exact chère Cassandre mais il y a deux dissidents qui nous mettent en garde. Le premier fut Alexandre Zinoviev et l'autre est Vladimir Bukovsky. Je vous propose un entretien avec Zinoviev et un article sur Bukovsky par Pryce-Jones, un des mes historiens favoris.

Conversation avec Alexandre Zinoviev

On se rappelle du grand dissident soviétique Alexandre Zinoviev, analyste lucide, non seulement des travers du soviétisme, mais aussi et surtout des travers de l'âme humaine qui conduisent inéxorablement à ces formes de totalitarisme rigide. L'Occidentisme, dénoncé avec autant de rigueur par Zinoviev, est la version américaine d'une mise au pas des âmes, aussi mutilante que l'ex-modèle soviétique. Pour avoir formulé ses critiques acerbes, Zinoviev fut déchu de sa citoyenneté soviétique dans les années 70. Un long exil allait s'ensuivre, à Munich en Bavière, havre de bien des émigrations russes. Dégoûté de l'occidentisme et de sa suffisance, Zinoviev a quitté l'Ouest pour retourner dans sa patrie russe. Son dernier ouvrage La grande rupture (Ed. L'Age d'Homme) est corrosif, sans illusion, amer et lucide. Cette lucidité l'amènera très bientôt, sans doute, à être déchu de la reconnaissance médiatique, pour avoir affirmé haut et clair des vérités qui dérangent.. Notre correspondant à Paris, Xavier Cheneseau, a rencontré cette grande figure intellectuelle lors d'un de ses récents passages dans la capitale française. Il était accompagné de son éditeur et interprète, Slobodan Despot, à qui nous devons cette version française des paroles de Zinoviev.

XCh.: Qu'est-ce que la grande rupture dont vous parlez et qui est le sujet central de votre dernier ouvrage?

AZ: La civilisation ouest-européenne est sans conteste la plus grande civilisation de l'histoire. Son apogée a été marquée par l'émergence des Etats-Nations que sont entre autres l'Allemagne, l'Italie, l'Angleterre et bien entendu la France. Le début du Xxième siècle marque l'apparition de l'idée que cette civilisation européenne serait épuisée et ses jours comptés. Ce qui apparaît aujourd'hui certain, c'est qu'après avoir donné naissance à un phénomène d'organisation supérieur, la civilisation européenne subit l'histoire et ne la fait plus. La rupture dont je parle apparaît avec l'issue victorieuse, pour l'Occident, de la guerre froide, suivie par le démantèlement du bloc soviétique et la transformation des Etats-Unis en unique supra-Etat de la planète, régnant sans partage sur le monde occidental.

XCh.: Selon vous, comment en est-on arrivé là?
AZ: Cela s'explique grâce à la création d'un nouveau degré d'organisation supérieur à celui des sociétés occidentales, à l'intégration des sociétés occidentales en une seule entité qui, par rapport à la civilisation occidentale, apparaît comme "la supra-civilisation et enfin, grâce à l'instauration d'un ordre mondial sous l'égide du monde occidental. J'ai été frappé, il y a plusieurs années, de ce qu'il existe une réalité et un aspect virtuel en toute chose. Ce monde virtuel constitue la culture majoritaire de nos contemporains. Dans les faits, aujourd'hui, nos contemporains perçoivent le monde réel au travers de ce monde virtuel. Ils n'en perçoivent que ce que le monde virtuel leur permet de voir. Le monde virtuel, lui, n'exprime en rien le monde rien.

XCh.: Selon vous, vivons-nous encore en démocratie au regard de ce que vous affirmez?
AZ: Pour qu'il existe une démocratie, il faut qu'il existe un choix, qu'il y ait pluralisme. Durant la guerre froide, il existait un pluralisme, donc une démocratie, au sein duquel coexistaient le système communiste, le système capitaliste et un groupe d'autres pays, dits "non alignés". Le bloc soviétique était influencé par les critiques venues d'Occident et l'Occident était influencé par l'URSS, du fait de la présence de partis communistes sur les échiquiers politiques des Etats occidentaux. Aujourd'hui, il n'existe plus qu'une seule idéologie, au service exclusif des mondialistes. La conviction que l'avenir de l'humanité ne résidait plus dans le communisme, mais dans l'américanisme (forme supérieure de l'occidentalisme) est aujourd'hui partagé par une majorité des Occidentaux.

XCh: Pourtant en Europe et notamment en France, il existe, malgré tout, des forces politiques qui continuent de s'opposer
AZ: Cette existence n'est que virtuelle, elle n'est pas réelle. Regardez, et vous constaterez que cette opposition est de plus en plus formelle. Pour preuve, regardez l'attitude de la classe politique européenne dans la guerre contre la Serbie. A sa quasi unanimité, elle a soutenu l'agression contre cette nation libre et souveraine.

XCh: Peut-on parler alors de totalitarisme?
AZ: Le totalitarisme se répand partout parce que la structure supranationale impose sa loi aux nations. Il existe une superstructure non démocratique qui donne des ordres, sanctionne, organise des embargos, bombarde, affame. Le totalitarisme financier a soumis les pouvoirs politiques. Le totalitarisme est froid. Il ne connaît ni sentiments ni pitiés. Il faut aussi préciser que l'on ne résiste pas à une banque, alors que l'on peut faire plier n'importe quelle dictature politique.

XCh: Mais le système semble malgré tout pouvoir exploser du fait de la situation sociale que connaissent nos pays
AZ: Détrompez-vous. Les mouvements de ce type ne sont plus possibles, du fait que la classe ouvrière a été remplacée par les chômeurs, qui se trouvent en situation de faiblesse, et que ces derniers n'aspirent qu'à une chose: avoir un emploi.

XCh: Si je vous suis dans votre propos, vous voulez dire que nos sociétés ne sont pas démocratiques
AZ: Nous avons dépassé ce stade historique, puisque la fin du communisme nous a fait entrer de plein pied dans l'ère post-démocratique.

XCh: Quel rôle joue dans cette situation le pouvoir des médias?
AZ: C'est un des verrous les plus importants qui fonctionne grâce à une sphère propre qui fait partie des domaines de présence et d'activité des capitaux et des intérêts de l'Etat. C'est une des base sur lesquelles repose le système occidental. Les médias représentent l'instrument le plus puissant de façonnement des goûts, des connaissances, de la grande masse des hommes. Aujourd'hui, les médias représentent un véritable instrument d'influence en prise directe sur les masses. Les médias s'immiscent dans toutes les sphères de la société: sport, vie quotidienne, économie et bien évidemment la politique.. Tout est leur affaire. Ils exercent un pouvoir totalitaire sur nos contemporains, pire, les médias se sont arrogés la fonction de grand arbitre dans les choix idéologiques.

XCh: Comment voyez-vous s'organiser la lutte contre la médiacratie qui nous entoure?
AZ: C'est une lutte historique. Nous sommes témoin et nous participons aussi à la grande histoire. C'est donc le temps historique qu'il nous faut prendre en compte, car il nous faut faire bouger des milliers, voire des millions de personnes, sans avoir la certitude de gagner cette bataille. Il faut prendre en compte que des millions de personnes sont aujourd'hui les victimes de la contagion médiatique. Il n'y a qu'à prendre pour exemple la guerre contre la Serbie pour constater que le nombre de personnes contaminées est important. A cela, il faut aussi ajouter que nous devons être toujours à l'affût, afin que notre attention ne soit pas détournée par le rideau de fumée médiatique.

XCh: Quel regard portez-vous sur la montée vers le pouvoir de Vladimir Poutine?
AZ: Cette montée au pouvoir constitue le véritable premier exemple de résistance intérieure à la globalisation et à l'américanisation. Mais son succès dépend malgré tout de données extérieures à la Russie.

XCh: On parle beaucoup de survivances de l'idéologie communiste en Russie
AZ: A quoi pensez-vous? Les idées sont éternelles. La forme marxiste du communisme, en Russie, a connu une défaite décisive. Elle subsiste mais n'est plus opérante. Aujourd'hui, rien ne peut être fait avec cette idéologie. Pour preuve, même le Parti communiste russe n'est plus révolutionnaire, il ne fait plus référence à la dictature du prolétariat et est même devenu libéral.

XCh: Monsieur Zinoviev, nous vous remercions de nous avoir accordé cet entretien.
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Le 18-05-2005

'EurUrss': Un air de famille effrayant, D. Pryce-Jones

Les dernières pierres de l'Union Européenne se mettent en place, et c'est aussi un processus étrange et insondable. Sur les 25 pays concernés, une dizaine vont organiser des référendums pour ratifier la constitution d'ampleur continentale, déjà approuvée par leurs dirigeants ; les autres font passer en force la question par voie exécutive ou législative. En d'autres termes, la majorité des gouvernements européens, y compris le 'très important' gouvernement allemand, ont trouvé un moyen d'éviter l'épreuve de l'opinion publique, dans le but de finaliser l'empire fédéral désormais clairement visible. L'opinion publique a néanmoins contraint le Président Jacques Chirac à accepter qu'un référendum ait lieu, le 29 mai. Les sondages attestent que le rejet de la constitution par les Français est possible, voire probable, précipitant Dieu sait quel genre de crise.

Que se passe-t-il ? Pourquoi agir à la dérobée ? La réponse la plus convaincante est fournie par l'ouvrage de Christopher Booker et Richard North, The Great Deception [La grande tromperie], une histoire récente et magistrale de l'Union Européenne. Les auteurs montrent comment, décennie après décennie, une petite clique auto-promue de politiciens a oeuvré naïvement à la création d'une Europe supranationale. Ces politiciens se considèrent comme des visionnaires, mais ils ont toujours su qu'ils ne parviendraient jamais à entraîner l'adhésion des électeurs, c'est pourquoi il leur a fallu cacher leur but : selon Booker et North, la tromperie était implicite, et même inhérente au projet. L'intention était de mettre les gens devant un fait accompli auquel ils seraient incapables de s'opposer, et c'est ce que la Constitution d'aujourd'hui a pour but de rendre irrévocable.

Les années de la Guerre Froide ont divisé l'Europe en deux parties, l'une sous la domination soviétique, et l'autre sous la protection des Etats-Unis. L'ambition logique des Soviétiques, et des nombreux partis communistes qui leur sont asservis, ainsi que celle des "compagnons de route" socialistes, était de réduire la présence américaine et, si possible, de l'évincer totalement du continent. D'une manière ou d'une autre, l'Union Européenne a repris les choses là où les Soviétiques les avaient laissées, et il s'avère qu'elle a mieux réussi. A preuve, l'avenir incertain de l'OTAN, la croissance de l'armée européenne, la relocalisation des troupes américaines et de ses bases hors d'Allemagne, les efforts franco-allemands pour paralyser les Etats-Unis à propos de l'Irak, la levée de l'embargo sur les ventes d'armes à la Chine, le soutien sans discernement de l'OLP, et beaucoup d'autres choses encore.

Vladimir Bukovsky entre maintenant en force dans le débat [1]. Aujourd'hui âgé de 62 ans, il a été l'un des dissidents publics soviétiques les plus courageux, ce qui lui a valu de passer douze ans au Goulag et d'être traité pour folie dans une des unités psychiatriques spécialisées dans l'art de briser des gens comme lui. Échangé contre un communiste chilien, en 1976, il s'est installé à Cambridge, en Angleterre, où il est biologiste et écrivain politique. To Build a Castle [Construire un château], le récit autobiographique de son épreuve au Goulag, est un classique. (Une remarque personnelle : quand j'ai rencontré Bukovsky, en 1981, il avait prévu que, dans dix ans, l'Union soviétique s'effondrerait. Ce qui s'est avéré exact.) Il aurait pu être un Premier ministre démocratique de Russie.

Durant le bref laps de temps où c'était encore possible, Bukovsky a fait des recherches dans les archives soviétiques [2], publié des livres comme Reckoning with Moscow [Avoir affaire à Moscou], qui traite des vraies réalités internes du système soviétique. Maintenant, en collaboration avec Pavel Stroilov, un auteur russe, il vient d'écrire un opuscule intitulé "EUSSR: The Soviet Roots of European Integration" ["EurURSS: Les racines soviétiques de l'intégration européenne"] [3], une paraphrase fascinante de la thèse de Booker et North sur la tromperie inhérente au projet de l'Union Européenne [4].

Mikhail Gorbachev a créé une fondation à Moscou pour abriter les documents afférents à l'époque où il était au pouvoir lorsque le Parti Communiste, l'Union Soviétique, ainsi que la Guerre Froide ont pris fin dans un gémissement et non dans le fracas que l'on prévoyait généralement. Étudiant ces documents personnels, Bukovsky et Stroilov ne s'étonnent pas de ce que l'Union Européenne ait repris les choses là où les Soviétiques les avaient laissées. Au contraire, ils estiment que c'est le résultat normal de décennies de socialisme et de compagnonnage de route en Europe.

Comme il seyait au despote du Kremlin, Gorbachev avait l'habitude de recevoir des visiteurs d'Europe de l'Ouest, qui étaient ministres et présidents dans leur pays mais faisaient tous preuve d'une attitude humble comme il convenait à quiconque était autorisé à s'approcher aussi intimement d'un pouvoir absolu. Tous autant qu'ils étaient, ces visiteurs flattaient Gorbachev. La Gauche, ils en convenaient, était partout en crise, parce que l'expérience visant à établir le socialisme avait évidemment échoué et avait besoin d'être réanimée.


«Les solutions progressistes dans le domaine social doivent correspondre au cadre européen», déclarait Alessandro Natta, l'insaisissable secrétaire général du parti communiste italien, en 1986. Gorbachev partageait ses idées sur la manière de procéder. L'un de ses slogans préférés énonçait : "Une Maison Européenne Commune", et son grand but était d'évincer les Etats-Unis de l'Europe et de les remplacer par l'Union Soviétique. La tâche, comme Gorbachev l'expliqua à Natta, consistait à «enrichir le mouvement de gauche, pour gagner de nouveaux alliés». «L'érosion des frontières nationales — géographiques, fiscales, économiques», répondit Natta, a donné à la gauche «une chance de succès».

Peut-être était-ce là le langage convenu d'un communiste. Mais qu'en est-il, alors, de Francisco Fernández Ordóñez, à l'époque ministre des affaires étrangères espagnol, et Socialiste, qui disait à Gorbachev, en 1989 : «Le succès des idées du socialisme dans la communauté mondiale d'aujourd'hui dépend du succès de la perestroïka [les efforts de réforme de Gorbachev]» ? Les Allemands n'étaient pas mieux lotis. Cette même année, l'ancien chancelier, Willy Brandt, assurait à Gorbachev qu'ils étaient témoins d'«une nouvelle qualité de socialisme dans une très grande partie du monde». Pour faire bonne mesure, il offrit de faire ce qu'il pourrait pour étouffer la démocratie qui montait, alors, dans les républiques baltes.

Mais aucun d'eux ne donne autant la chair de poule que les visiteurs français. En novembre 1988, le Président Mitterrand assura à Gorbachev que «l'édification d'une Maison Européenne Commune était une grande idée», et que sa réalisation serait sa principale priorité. Bukovsky et Stroilov citent des petits fragments similaires de conciliation et d'accompagnement amical, dus à Valéry Giscard d'Estaing, autre président français, devenu, depuis, l'auteur de la constitution de l'Union Européenne : «De nos jours, l'Europe de l'Ouest fait l'expérience d'une perestroïka, et change sa structure […] l'URSS devrait être préparée à communiquer avec un grand Etat unique d'Europe de l'Ouest.» Des politiciens et des officiels français de premier plan, tels Chirac et Jacques Delors, confirmaient une telle conception. Le premier ministre socialiste, Pierre Mauroy, se fit servile : «Je suis convaincu que votre société démocratique entrera dans le cadre du mouvement socialiste qui se développe en Europe.»

En écoutant cette clique étonnante, on n'est pas surpris que Gorbachev ait été victime d'une illusion. Il doit en être venu à croire que sa Maison Européenne Commune avait les mêmes valeurs et le même fonctionnement politique que ceux de l'Union Européenne, et que les ressemblances entre l'URSS et l'UE étaient davantage que de simples coïncidences. Booker et North ont raison de penser que les antécédents de l'Union Européenne remontent à bien avant Gorbatchev, mais Bukovsky et Stroilov ont également raison d'estimer que l'Union Européenne est une construction socialiste, une collectivité étatique comparable à l'ancienne URSS, complétée par une nomenklatura et une idéologie ayant des visées hostiles aux Etats-Unis, et qu'il faut absolument 'protéger' l'ensemble de la population d'exprimer sa véritable opinion sur tout cela.

Avec clairvoyance, Bukovsky a jadis prévu la mort de l'Union Soviétique. Mais sept des 24 commissaires européens d'aujourd'hui sont d'anciens apparatchiks communistes, et, selon l'avertissement de Bukovsky, «il reste à voir quel genre de Goulag créera l'Union Européenne». Mais le destin de tous les utopies est le même, conclut-il, et «l'Union Européenne s'effondrera, exactement comme son prototype», même si, «ce faisant, elle nous ensevelit tous sous les décombres». Néanmoins, il espère, bien sûr, alerter l'opinion publique afin d'empêcher le pire.

La folie se répète, mais elle ne peut écraser la dissidence de l'esprit.

David Pryce Jones

© National Review, pour l'original anglais, et upjf.org pour la version française.

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19 novembre 2010, 12:18   Re : Férule idéologique
Merci, cher Rogemi, pour ces textes passionnants.
19 novembre 2010, 21:50   Re : Férule idéologique
» Ainsi, l'analyse de la réalité qui sous-tend la démarche in-nocente est-elle par nature "non-idéalisante" : si nous péchons par irréalisme c'est en noircissant le tableau de la réalité d'aujourd'hui

Cher Marcel, l'idéal de l'In-nocence est ce en regard de quoi ce tableau paraît si sombre ; car il y a bien, et c'est heureux, une idée forte de ce que doivent être les choses, les paysages, les habitations, les villes, les rapports entre les hommes, la langue, la culture, l'être au monde... Ce que je me suis borné à constater, et ce me semble trivial, c'est que l'estimation de l'importance que l'on accorde à certains faits est une fonction du choix de ces "idéaux", et qu'il n'y a donc pas, ou pas nécessairement, pour les plus honnêtes de nos adversaires, une lacune dans le processus même de prise de connaissance de la réalité, mais une différence d'évaluation selon le trébuchet choisi.
Et que la question du choix de ce trébuchet n'est elle-même pas réductible à un plan factuel, donc de plus ou moins juste adéquation au réel.
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