Le site du parti de l'In-nocence
Utilisateur anonyme
02 janvier 2011, 18:11   Vœux de plusieurs enfants à un instituteur absent
Verdun, 31 décembre 19..

Monsieur et cher Maître,

C'est pour nous un devoir très agréable à remplir que de vous adresser nos souhaits de nouvel an. 
Les leçons que vous nous donnez, vos soins vigilants, votre patience, votre dévouement, tout nous fait une 
loi de gratitude.
Pour vous, nos vœux se mêlent à ceux que nous formons en pensant chacun à notre père et à notre mère.
Veuillez, Monsieur et cher Maître, nous croire vos élèves affectionnés, respectueux et obéissants.

PAUL.
HENRI.

Les jeunes enfants peuvent joindre à leur compliments un envoi pour prouver leurs progrès : dessin, travail à l'aiguille, broderie, etc.

Le secrétaire pratique ou traité complet de la correspondance par Durand et Meslins - 1946
Arrêtez, Agrippa ; cela fait mal au coeur...
Utilisateur anonyme
02 janvier 2011, 21:21   Re : Vœux de plusieurs enfants à un instituteur absent
Le jeune trentenaire que je suis est également abasourdi à la lecture de ce si symbolique document. Si le coeur n'est pas solide, il faut cesser de suivre les échanges sur ce forum. Venir ici chaque jour est l'équivalent d'un coup de burin : une violence nécessaire à la construction d'une pensée réaliste.

Souffrons ensemble pour l'amour du réel !
C'était la France d'Alain Fournier, de Charles Péguy, une France laborieuse mais bon-enfant que le XXème siècle a plutôt malmenée.
02 janvier 2011, 21:44   Zyva
Nowhere, 31 décembre 20..

ouaich le prof,

tes trop cool, sérieux, tes cours ces trop dla bal.

Bonne anné. Mais t'la raconte pas. Jespère que tu nou donnera tous des bonne notes.


Eythan.
Rachid.
Samantha.
02 janvier 2011, 22:30   Sévrékladolésensmekolalapo
Eythan ???
Oups...

[www.bebe-prenoms.com]

Il est vrai qu'on peut lui préférer Brandon, Daryll, Addison...
Utilisateur anonyme
02 janvier 2011, 22:46   Re : Vœux de plusieurs enfants à un instituteur absent
Florentin, je me délecte ce soir de cette France malmenée en la découvrant notamment sous la plume de Brasillach et de ses quatre jeudi.
Ce doit être un dérivatif bâtard de l'américain "Ethan" (prononcez iessan) auquel on a adjoint l'"y" pour faire plus chic...
. Cette France perdue est comme un refuge pour l'âme, cher Jean-Philippe, en même temps que l'aune d'une exigence.
05 janvier 2011, 20:26   Livres pratiques
Au risque de jouer les avocats du diable, j'observe que cette lettre est un "modèle" et non pas une lettre authentique. De plus, elle est datée de 1946, date à laquelle Peguy et Alain-Fournier étaient peut-être, déjà, en voie d'obsolescence.

N'importe, la lecture des livres pratiques est toujours très révélatrice du temps. Les révélations qu'elle offre sont de deux natures antagonistes. D'un côté, les livres pratiques oeuvrent au maintien de manières déjà, ou presque, disparues. Ils sont conservateurs. De l'autre, ils mettent en avant "l'air du temps" des usages. Ils sont alors progressistes. En cela, ils reflètent souvent mieux qu'un roman le sel d'une époque, impossible à fixer.

Appartient-il au voeu pieux, à la propagande ou indique-t-il la réalité des rapports au sein des entreprises, ce modèle de toast, proposé par un livre pratique de 1931 ? On aurait un peu de mal à le prendre pour un témoignage :

"Cher patron,

Ce n’est pas un devoir de bienséance, encore moins une vaine cérémonie, qui nous réunit autour de vous, c’est un profond sentiment de reconnaissance.
Comment ferions-nous pour oublier tous les titres que vous avez à notre respectueuse affection ?
Nous ne rappellerons pas les encouragements de toutes sortes par lesquels vous nous soutenez dans notre labeur quotidien, votre esprit de justice et d’équité, dont chacun de nous a reçu des preuves, la bienveillance condescendante que vous montrez dans tous nos rapports avec nous.
Ce n’est que la moitié de la tâche actuelle d’un patron qui, comme vous l’avez toujours fait, ne sépare pas ses intérêts de ceux de ses ouvriers, et qui se considère comme le chef d’une grande famille.
Aujourd’hui que toutes les industries subissent une crise qui amène la ruine de tant de grandes maisons, vous, le patron vigilant, vous êtes constamment sur la brèche pour lutter victorieusement et tenir tête à nos rivaux, pour rechercher les perfectionnements sans lesquels l’attention du public se détournerait de notre cher établissement.
Nous n’ignorons pas, cher patron, que tant que vous aurez la santé, vous ne faillirez pas à cette tâche, du succès de laquelle dépend pour nous notre pain quotidien ; aussi nous nous associons de cœur à vos préoccupations et vos travaux.
Croyez, cher patron, que ce n’est pas seulement l’intérêt qui nous inspire ces sentiments, mais une affection reconnaissante pour votre famille.
Nous sommes heureux, à l’occasion du nouvel an (ou : de la Saint-X), de venir vous exprimer ces sentiments et vous dire que nous avons la ferme et unanime résolution de travailler de concert avec vous pour soutenir et développer la prospérité de cette grande maison (nom de la maison) à laquelle nous sommes fiers d’appartenir.

Toasts, allocutions et discours modèles – A. Doriac et G. Dujarric (1931)
Par curiosité, est-ce qu'il existe un modèle commençant par : "Mes chers compatriotes..." ?
Cher Florentin, soucieux de votre éducation, j'ai trouvé ceci mais ne restez pas lire trop tard et que la nuit vous soit douce.
Non, du moins n'en ais-je pas trouvé dans ce volume de près de 500 pages qui, à ce que je comprends, s'adresse principalement, pour ce qui est des autorités, aux maires (modèle Champignac), quelquefois aux conseillers généraux, souvent aux présidents de toute sorte d'amicales, association, groupements, ainsi qu'aux particuliers, dans des situations de la vie sociale où un discours s'impose (qui ont perdu la France, comme chacun sait.)

Or donc, aux maires on propose d'ouvrir leur discours par un "Messieurs", un "Mesdames et Messieurs", beaucoup plus rarement un "Mes chers concitoyens", quelquefois, "Mes amis" ou même "Mes jeunes amis".

Je ne résiste pas au recopiage de ce morceau qui a pour intitulé : "Allocution d'un Maire [la majuscule est du livre] ou d'un Adjoint célébrant un mariage laïque" :

"Mesdames,
Messieurs,
Chers époux,

Je me fais un véritable plaisir d'adresser aux familles X... et Y..., ainsi qu'aux jeunes époux que je viens d'avoir l'honneur d'unir, mes félicitations les plus sincères pour l'acte d'indépendance en matière religieuse qu'ils accomplissent aujourd'hui et qu'ils donnent en exemple à la population républicaine de Z...
Partisans de l'abolition des superstitions religieuses, ils ont voulu affirmer qu'une union consacrée par la loi, que nous considérons comme notre seule règle, n'a pas besoin d'être accompagnée des cérémonies désormais inutiles qu'on a baptisées "pompes de l'Eglise".
Admirant cette trop rare fermeté de principes, je souhaite que l'exemple des familles X... et Y... fasse de nombreux imitateurs. Et je fais également les voeux les plus sincères pour le bonheur et la prospérité des jeunes époux que je viens d'unir sous d'heureux auspices."
Utilisateur anonyme
05 janvier 2011, 23:12   Re : Vœux de plusieurs enfants à un instituteur absent
De nos jours, le champion du Chers compatriotes est incontestablement Laurent Désiré Kabila, voici par exemple un discours où il le prononce pas moins de dix fois : [www.societecivile.cd]

En revanche, Chers compatriotes semble étrangement absent de la collection des discours publics qui rassemble pourtant plus de 100 000 textes émanant des principaux acteurs de la vie politique (président de la République, Premier ministre, ministres et secrétaires d’Etat, responsables politiques et syndicaux).
Merci, cher Eric, je trouve ces intellectuelles trop sophistiquées... poil au nez.
06 janvier 2011, 06:58   Re : Livres pratiques
Au risque de jouer les avocats du diable, j'observe que cette lettre est un "modèle" et non pas une lettre authentique. De plus, elle est datée de 1946, date à laquelle Peguy et Alain-Fournier étaient peut-être, déjà, en voie d'obsolescence.

Je crois me souvenir que ce type de "modèle" eut cours dans les établissements scolaires des campagnes jusqu'au milieu des années 60. Les enfants de pieds-noirs dits "rapatriés", à l'école primaire, nous montraient qu'ils savaient s'y conformer, en 1962. Mais il est vrai que 1946 marque une charnière (année du commencement de la fin, avec la mort de Leclerc et les départs de feu en Indochine). Ce fut aussi l'année où Guénon publia sa "Crise du monde moderne", dont il est question dans un autre fil, livre dans lequel il s'étend sur le sens du mot "crise" et où il se fait l'apôtre de la "Tradition", soit, en vérité et si on le lit bien, d'une redéfinition de l'élite par les "ordres élitistes" -- un retour au Moyen-Age en quelque sorte, prôné par cet homme qui semblait voir dans la Renaissance la source de tous les maux modernes. Ce livre, le ton qui y règne, le désir d'occulte qui l'irrigue, et la pesante arrogance qui semble le commander, m'est particulièrement détestable.
Utilisateur anonyme
08 janvier 2011, 16:46   Re : Vœux de plusieurs enfants à un instituteur absent
Bonjour,

Vous avez l'air très au courant. Pourquoi cette épidémie d'Ethan ces temps-ci dans les maternités de France et de Navarre. C'est très curieux. Cela a certainement un sens.
Merci pour toute information.
Onuphre.
09 janvier 2011, 03:47   La force dans le nom
Signe d'insigne faiblesse et manque d'assurance en ces débuts de siècle incertains, comme l'envahissement du c'est vrai que-placebo voudrait conjurer un douloureux défaut de vérité, puisque "Eytan", en hébreu, ainsi que ses dérivés "Ethan" et autres, veut bien dire "fort", "solide", "assuré" ?
Utilisateur anonyme
09 janvier 2011, 12:41   Re : La force dans le nom
Où il est question du présent fil...

[escalbibli.blogspot.com]
Eh bien, mais c'est parfait, ça, très cohérent. Suffit de lire les commentateurs...

Voix 1 : "il manie la plus belle des langues françaises super châtiée"
Voix 2 : "les grands stylistes que la réaction a fourni à la langue française"
Voix 3 : "j'ai écouté Zemmour parlé de Stéphane Hessel" , "j'ai du trop abusé du café"
Vous me l'ôtez de la plume, cher Francmoineau, la perfidie se prend les pieds dans le tapis... de louanges.
Utilisateur anonyme
09 janvier 2011, 19:08   Re : La force dans le nom
A Alain Eytan,

Explication savante, je ne pense pas que les couples mixtes qui actuellement choissisent ce prénom savent quoi que ce soit du sens du mot "assuré, fort, etc..."
Je pense qu'ils choisissent un mot sans sens, précisément, lisse n'ayant pas de connotation chrétienne, ou juive, ou musulmane. Un mot sans histoire (dans les deux sens du mot). Un prénom typique de la world culture, vide de sens, mais mondialement transzombifique.
Un Ethan né ces mois-ci aimera le foot (il sera "planète foot"), révera de figurer dans un casting de télé réalité, fera dans le fast (food and thought), vivra dans du placoplâtre et sera conforme. Son passage sur terre passera nettement inaperçu malgré les timbales qu'il pourrait décrocher (un 4X4, un Rolex).
Onuphre,

Qu'avez-vous contre le foot ? la fast food, je suis d'accord, mais le foot ? c'est bien français, le foot !
Français, c'est vite dit.
Florentin,


Il n'est pas contestable que le football est le sport le plus populaire en France, et ce depuis bien longtemps, avant même l'immigration massive...
Oui, je sais bien mais pour ce qui est du bien français je verrais mieux la soule !
Utilisateur anonyme
09 janvier 2011, 20:05   Re : Vœux de plusieurs enfants à un instituteur absent
Citation
Jean-Marc
Onuphre,

Qu'avez-vous contre le foot ? la fast food, je suis d'accord, mais le foot ? c'est bien français, le foot !


Le foot est instrumentalisé par les gouvernants pour abrutir les masses. C'est d'ailleurs fort réussi. Surtout c'est un des outils du Grand Désastre. et je m'explique : si vous voulez mondialiser la grouillance humaine sur Terre, l'occuper, vous devez créer un lien "bidon", les religions, vous l'avez constaté avec moi, cela n'est pas une réussite. Donc on a choisi le plus bas dénominateur commun : des milliards d'êtres humains passent l'essentiel de leur vie à regarder déambuler des joueurs sur un champ avec des cris d'hystérie et se doper d'émotions factices fournies et téléguidés par Big Brother. Le quidam n'y voit pouic, il passe sa petite existence à glosser sur des prouesses "footbalistiques" quon lui a fait tenir pour telles. Le quidam est occupé à autre chose que penser à la chose publique (la Politique), c'est là l'essentiel. CQFD.
Il faut reconnaître que le foot a évité depuis pas mal de temps bien des révolutions ou des renversements de régimes. L'équipe de foot d'Algérie a évité à Alger la prise du pouvoir par le FIS.

Sinon, pour se convaincre de ce que le pouvoir entend faire avec le foot, voir la comédie d'un certain Laurent Blanc -très politicien UMPS- qui encadre l'équipe de France actuelle, avec interdiction de manger du porc pour les joueurs (c'est bien français, le foot, dites vous, Jean-Marc, la preuve que non...).
Utilisateur anonyme
09 janvier 2011, 20:11   Re : Vœux de plusieurs enfants à un instituteur absent
Citation
Florentin
Oui, je sais bien mais pour ce qui est du bien français je verrais mieux la soule !

Le rugby n'est pas tombé dans la manipulation comme le foot. Ce n'est pas un hasard. Il y a encore des secteurs désertés par les zombies mondialisés, c'est encore plus net dans les musées, chez les bouquinistes, les expositions, la nature sauvage, etc... CQFD.
Cher Onuphre, vous êtes le Luky Luke du CQFD.
Utilisateur anonyme
09 janvier 2011, 20:51   Re : Vœux de plusieurs enfants à un instituteur absent
Citation
Éric Veron
Cher Onuphre, vous êtes le Luky Luke du CQFD.


Votre humour est corrosif, Man !
Que la nuit vous soit douce et la semaine charmeuse, cher Onuphre.
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