Renaud Camus a bien voulu proposer aux "refusés" de l'Agora de ses lecteurs, la solution de poster leurs remarques sur ce forum. Voici donc le message que j'ai tenté d'expédier hier, note de lecture sur le tome II de
l'Histoire de la littérature française d'Antoine Adam, p. 90-97, concernant les
églogues de Jean-François Sarasin, 1615-1654:
" Le climat où elles se forment n'est plus celui de l'Astrée. C'est celui de Virgile, admirablement compris et traduit. Les réminiscences virgiliennes fourmillent dans les églogues de Sarasin, et loin de les lui reprocher, le lecteur lui est reconnaissant d'avoir, le premier en France, transporté dans notre langue une des formes les plus émouvantes et les plus belles de la poésie de tous les temps. On est même tenté, devant certaines réussites, de soutenir qu'avec Sarasin, et grâce à lui, commence, dans notre histoire littéraire, cette tradition virgilienne qu'ont illustrée Racine, André Chénier et Anatole France. "
On relève en note ces vers:
Prends ce dernier adieu : l'obscurité plus forte
D'un tourbillon épais m'enveloppe et m'emporte,
Et je te tends en vain, pour gages de ma foi,
Ces inutiles mains qui ne sont plus à toi.
Ce sont les adieux d'Eurydice à Orphée dans les Géorgiques. Je ne savais pas qu'Anatole France était bon poète, n'ayant rien lu de lui que sa prose. Peut-être serait-il temps (me dis-je à moi-même) de le relever du coup que les Surréalistes lui ont donné. L'intérêt de ce passage pour les lecteurs de Renaud Camus est de rappeler que l'églogue est un genre intertextuel dès son origine, et que de Sarasin aux dernières églogues de l'auteur, on peut trouver une continuité.