Je vire encore dans le hors-sujet, mais cela me rappelle un moment cocasse que j'ai vécu en début de semaine dans le métro.
Juste à côté de moi, deux énergumènes en sont venus aux mains pour un regard de travers (je crois) : un noir parlant à peine français, et un russe (ou polonais) en treillis militaire et crâne rasé, assez peu avenant. Ce qui était drôle est qu'ils tentaient néanmoins de communiquer leur haine dans notre langue, à coup de
vazy,
keskiya,
tuveut'bat', bref les quelques seuls "mots" qu'ils étaient parvenus à apprendre en vivant dans notre pays.
Mais ce qui rend vraiment cette situation cocasse est que j'étais en train de lire un passage des
Mémoires de Chateaubriand sur
la guerre civile. Imaginez moi lisant cet extrait, tout en essayant d'esquiver leurs postillons et leurs bras menaçants :
Un peuple s'est souvent retrempé et régénéré dans les discordes intestines. Il n'a jamais péri par une guerre civile, et il a souvent disparu dans des guerres étrangères. [...] Quoi qu'on en dise, les guerres civiles sont moins injustes, moins révoltantes, et plus naturelles que les guerres étrangères, quand celles-ci ne sont pas des entreprises pour sauver l'indépendance nationale. Les guerres civiles sont fondées au moins sur des outrages individuels, sur des aversions avouées et reconnues ; ce sont des duels avec des seconds, où les adversaires savent pourquoi ils ont l'épée à la main. Si les passions ne justifient pas le mal, elles l'excusent, elles l'expliquent, elles font concevoir pourquoi il existe. La guerre étrangère, comment est-elle justifiée ?
En y réfléchissant, en sortant du métro et m'éloignant du danger, je ne savais dire si ce que je voyais, ce duel sans épée, était une guerre civile ou une guerre étrangère...